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EAN : 9782702163382
304 pages
Calmann-Lévy (02/11/2023)
3.56/5   8 notes
Résumé :
« Cela fait un an que je t’écris, que je m’écrie ton nom. Je dors avec toi, je me réveille à tes côtés, je partage avec toi mon petit déjeuner, ma salade de fruits, mon jus de grenade. Et je m’ébats avec toi. Je fantasme sur toi… C’est pourquoi je te parle, et je te tutoie, sans que tu me connaisses. »

Dans cette fantaisie littéraire, Atiq Rahimi nous invite à suivre sa conversation imaginaire avec Mehstî, une des premières poétesses en persan clas... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dégustée en prenant mon temps, j'ai découvert une écriture qui court facilement, qui coule de source, même si le sujet devient parfois ardu. En effet, je me suis laissé porter par ce fleuve laissant sur ses rives les alluvions de mes incompréhensions et de mes manques de connaissances.
Tel le sculpteur de glaise qui fait surgir sous ses mains une statue, Atiq Rahimi, avec ses mots charnels, sculpte pour nous les traits littéraires de la poète persane Mehsti.

Honnête, il nous explique comment il a procédé pour nous faire assister à la naissance de cette Grande dame parmi les grands (Omar Khayyam, entre autres). Sous ses mots, Atiq Rahimi donne vie à cet être qui le fascine, le passionne, qu'il aime profondément.

L'auteur nous montre qu'une fois de plus, que l'Histoire est toujours écrite par les vainqueurs : ici les phallocrates jaloux (tu penses, c'est une femme qui lâche des mots crus), les ulémas et les religieux radicaux. Ils ont tant agi qu'ils ont pratiquement réussi à l'effacer des patrimoines littéraires persan et moyen-oriental, poussant le bouchon jusqu'à la fatale question : a-t-elle vraiment existé ?

Atiq lui donne vie dans un barzakh, espace imaginal, un inter-monde, entre l'être et le néant, le réel et l'imaginaire, l'essence et l'apparence. Une sorte de taverne dont le clair obscur est rendu par une lampe tempête pendue au plafond.
Un inter-monde où on est à la fois dehors et dedans, le domaine des formes et des images en suspens !
C'est théologiquement un lieu où l'âme quitte le corps et subit certaines épreuves pour l'absolution des péchés. Pour m'arranger avec ma très chrétienne culture occidentale : une sorte de purgatoire !

L'ensemble de l'oeuvre est parsemée de rubaï (s ?), francisés en « quatrains », composés de deux distiques, les deux vers du premier rimant avec le dernier vers du second, vers lui même précédé d'un vers libre.
Rimailleur à mes heures, je m'y suis essayé ! Si, si pour le plaisir de suer ! Modestement, voici ma production :
Les voilà donc pondus, ces quelques vers
Qui m'ont conduit aux portes de l'Enfer :
Feuille blanche, inepte, inapte: tête pleine de toi ô Mehsti
Me suis donc essayé, rimailleur du pré vert.

Offert pour les fêtes, ce livre n'est toutefois pas un cadeau ! En ce sens que je n'ai pas su extraire toute la matière (la glaise à réflexions) façonnée par l'auteur.
Alors, outre mon invite à lire ce beau livre, il me faut l'étoiler !!!

Ambiance à bord : je ressens une puissance sans pouvoir la percevoir pour l'écrire, si ce n'est son point d'origine Mehsti ! Je le relirai, en condition plus ensoleillées.
En conséquence, je ne peux sanctionner l'auteur et l'ouvrage pour mes manques. Donc cinq étoiles (ainsi je ne me mouille pas trop :-)) )

Ancelle, le 9 janvier 2024

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Il y a des lectures pour lesquelles on ne trouve les mots. Comme il y a des paysages qui coupent le souffle, il y a des livres qui coupent les mots.

L'auteur, virtuose, joue avec eux, en français et en persan et le lecteur se laisse embarquer au fil de cette fantaisie, dans cet "intermonde" ou "barzakh" que l'auteur propose de partager avec Mehstî, poète perse des cinquième et sixième siècles de l'Hégire (vers 1050-1123 ap. J.-C.).

Un dialogue imaginaire avec une femme dont on sait peu de chose. Une femme mystérieuse qui provoque le rire, le désir ou la haine. L'admiration surtout. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en commençant ma lecture. et je me suis fait surprendre. La forme aurait pu être déstabilisante à lire mais au contraire, j'ai été captivé par la magie des mots. Ceux d'Atiq Rahimi comme ceux de Mehstî.

On découvre la Perse, la poésie, la liberté des mots et des êtres, la confusion d'une période, les religions et l'islam surtout. On met en regard ce passé et le présent, on rapproche les iraniennes d'aujourd'hui de cette poète perse.

"tu n'as pas été lapidée de ton vivant, parce que tu étais la protégée du sultan, mais L Histoire t'a assassinée. En faisant de toi un personnage fictif, en te dépossédant de ton existence."
Merci à Atiq Rahimi de nous offrir de te rencontrer aujourd'hui Mehstî.
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critiques presse (3)
Actualitte
14 décembre 2023
Atiq Rahimi fait renaître la poétesse car il estime que notre monde a besoin de son regard. Il mériterait un peu de son ironie… peut-être pour nous obliger à nous réveiller.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LePoint
27 novembre 2023
Atiq Rahimi mène l’enquête sur la géniale Mehstî, une autrice du Moyen Âge, surprenante d’insolence et de talent. […] Sortie de l'ombre par Atiq Rahimi, la poétesse Mehstî éclaire notre présent de sa lumière radieuse.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeFigaro
31 octobre 2023
L’écrivain fantasme sur une poète perse du XIe siècle, libre et insolente. Un bijou.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Quatre à la suite
Comment peut-on philosopher sans douter ?

L'Homme n'est pas immortel, mais éternel

On rit pour dompter ses craintes

Pour toi (Mehsti) ton corps est bien une arme poitique
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Désolé de partager avec toi toutes les larmes des femmes afghanes sous les fouets de l'armée des ténèbres, alors que toi, jusqu'ici, tu m'as envoûté, et avec quelle générosité, à travers ton rire.
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Un soufi, dans le silence de sa méditation, eut soudain la vision d'une femme se livrant aux jeux de l'amour dans une maison de passe.
_Seigneur, soupire le soufi, de grâce, donne-moi cette femme !
_Non, fit la Voix, pourquoi n'as-tu pas prié que je te donne, toi, à elle?
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Lorsque tu regardes ton image, sens-tu, comme moi, l'étrange sensation de devenir enfant ? Non, pas un enfant mais un être primitif. Celui qui découvre pour la première fois l'ombre de son corps , ou son reflet à la surface de l'eau, bien avant la naissance du miroir.
Moi je deviens cet homme sauvage qui, inquiet et émerveillé, interroge son image : "Qui es-tu ?"
D'où surgit cette question ?
De mon âme ou de mon corps ?
Ni l'un ni l'autre.

Je ne suis pas corps et âme.
Je ne suis pas seulement le corps non plus.
Ni l'âme.
Ni le corps de l'âme.
Ni l'âme du corps.
Je suis seulement djân.

Ce mot n'est pas un triste trope, mais une joyeuse lexie de la langue persane.
Il en est l'unique expression.
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"Que voulez-vous que je vous dise de moi ? Je ne sais rien de moi ! Je ne sais même pas la date de ma mort. " Citation de Jorge Luis Borges
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Videos de Atiq Rahimi (55) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Atiq Rahimi
"Bienvenue aux éditions P.O.L", un film de Valérie Mréjen. Pour les 40 ans des éditions P.O.L, quelques un(e)s des auteurs et des autrices publié(e)s aux éditions P.O.L écrivent une carte postale et laissent un message aux éditions P.O.L. Avec par ordre d'apparition de la carte postale: Violaine Schwartz, Jean-Paul Hirsch, Lucie Rico, Emmanuel Lascoux, Jacques jouet, Philippe Michard, François Matton, Frédéric Boyer, Catherine Henri, Suzanne Doppelt, Lamia Zadié, Marianne Alphant, Suzanne Duval, Laure Gouraige, Emmanuel Carrère, Jean Rolin, Elisabeth Filhol, Célia Houdart, Nicolas Fargues, Nicolas Bouyssi, Louise Chennevière, Frédérique Berthet, Marie Darrieussecq, Jocelyne Desverchère, Jean Frémon, Kiko Herrero, Julie Wolkenstein, Emmanuelle Bayamack-Tam, Liliane Giraudon, Frédéric Forte, Pierric Bailly, Valère Novarina, Hélène Zimmer, Nicolas Combet, Christian Prigent, Patrice Robin,, Emmanuelle Salasc, Alice Roland, Shane Haddad, Mathieu Bermann, Arthur Dreyfus, legor Gran, Charles Pennequin, Atiq Rahimi, Anne Portugal, Patrick Lapeyre, Caroline Dubois, Ryad Girod, Valérie Mréjen / Dominique Fourcade, Marielle Hubert, Robert Bober, Pierre Patrolin, Olivier Bouillère, Martin Winckler, Jean-Luc Bayard, Anne Parian, Nathalie Azoulai, Julie Douard, Théo Casciani, Paul Fournel, Raymond Bellour, Christine Montalbetti, Francis Tabouret, Ryoko Sekiguchi,
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