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EAN : 9782253124047
337 pages
Le Livre de Poche (13/11/2008)
3.84/5   45 notes
Résumé :
Une aventure en Amérique

Notre monde à nous, c'était le chemin d'eau. Un grand silence nous entourait. Nos canots se frayaient leur route à travers un no man's land de deux cents années, soit le temps qui nous séparait des découvreurs et des pionniers de l'ancienne Amérique française. J. R.

1949. Jean Raspail a vingt-trois ans et un rêve : descendre en canot du Saint-Laurent à La Nouvelle-Orléans sur les traces des premiers explorateurs... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Jean Raspail nous a quitté aujourd'hui 13 juin 2020.
Je l'avais revu en décembre dernier, lors d'un salon du livre où avec son attention et sa gentillesse habituelle, il confiait une anecdote à chacun et m'avait avoué sa fatigue.

Depuis « Le Tam-Tam de Jonathan » en 1971, j'ai lu et apprécié son oeuvre immense et cette après midi je souhaiterais vous emmener en sa compagnie naviguer « En canot sur les chemins d'eau du Roi ».

En 1949, âgé de 23 ans, Jean et trois amis scouts pagayent pendant 200 jours, sur 4500 kilomètres du Canada à La Nouvelle Orléans en empruntant les cours d'eau, ou plutôt les chemins d'eau, qui mènent du Saint-Laurent au Mississippi, et traversent ce qui fut l'Amérique française de 1673 à 1763, époque ou le Royaume de France était la première puissance mondiale.

En 2005, Jean Raspail rouvre ses carnets de notes de l'époque et publie ce témoignage, distingué par la Société de Géographie, qui apparait être une synthèse de sa vie, de son oeuvre et son testament spirituel. le lecteur y lit sa nostalgie de la France civilisatrice et sa piété pour celles et ceux qui ont bâti notre empire au cours des siècles et son espérance que notre pays saura retrouver sa vocation. (thème de son chef d'oeuvre « Sire »)

Un message plus optimiste que celui transmis par « Le camp des saints », son ouvrage le plus célèbre, prophétie terriblement pessimiste sur l'avenir de l'occident noyé sous la vague migratoire.

« En canot sur les chemins d'eau du Roi » respire la joie de vivre et c'est ce souvenir que je conserverai de Jean Raspail.
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En 1949 Jean Raspail a 23 ans et ne sait pas trop quoi faire de sa vie. Avec trois camarades, scouts comme lui, il s'engage dans la traversée en canots, d'une bonne partie de l'Amérique du nord. de Trois-Rivières (au sud de Québec) à la Nouvelle-Orléans, sur les traces des explorateurs français des 17° et 18° siècles et sous le patronage du père Marquette (1637-1675) qui convertit les Indiens, à travers ce qui fut la grande Louisiane française. le périple dure près de sept mois, du 25 mai au 10 décembre 1949. 55 ans plus tard, à l'occasion d'un déménagement, Jean Raspail retrouve dans un carton oublié le journal de bord qu'il avait tenu. C'est l'occasion de réécrire cette aventure de jeunesse dont on comprend qu'elle fut fondatrice pour lui. En canot... est paru en 2005.

C'est un vrai exploit sportif qu'ont réalisé ces quatre jeunes gens, prenant tous les risques avec l'inconscience de leur âge. A plusieurs reprises les choses auraient pu très mal tourner. le trajet commence à contre-courant, en remontant le Saint-Laurent et l'Ottawa. Il faut pagayer ferme. Quand ce n'est pas possible ils avancent à la cordelle : les canots sont remorqués depuis la rive ou, plus souvent, en marchant dans le cours d'eau. Les rapides trop abrupts sont franchis au portage : les canots et leur contenu sont portés à dos d'homme. Encore faut-il dénicher un sentier de portage. Les coureurs des bois d'autrefois les avaient équipés d'étapes de repos avec point d'appui pour le canot qui soulageait le porteur sans qu'il ait besoin de poser sa charge à terre. Loin de tout les voyageurs découvrent une nature sauvage qui bien souvent n'existe plus aujourd'hui. La traversée des grands lacs n'est pas facile non plus. Ce sont presque des mers avec des vagues et parfois des tempêtes. Une fois arrivés sur le Mississippi ils sont dans le sens de la descente, ce qui demande moins d'efforts.

La nouvelle de leur aventure a circulé par la presse mais aussi par les canaux catholique et scout et, quand ils passent à proximité d'un lieu habité, ils ont régulièrement la surprise d'un accueil enthousiaste par la bonne société locale.

Mais ce récit est aussi l'occasion pour Jean Raspail de nous présenter la geste glorieuse des Français qui colonisèrent ce territoire avant que le traité de Paris, qui, en 1763, cède une bonne partie des territoires d'Amérique du nord aux Anglais, ne les pousse à partir. C'est une légende dorée du génie français qui nous est contée là. Les quelques fois où je vérifie un point sur internet j'en découvre les révisions ou les omissions en une minute. Pour la précision historique, on repassera. du coup je me dis qu'il faudrait que je lise une (vraie) histoire de la Louisiane. Jean Raspail est en effet royaliste et catholique traditionaliste. Il est aussi réactionnaire ("il appartenait à la vieille école, qui est la bonne") et nationaliste. Face à la domination britannique, les Français sont dépeints en perdants magnifiques : "Voilà une race d'hommes, très française, devant laquelle s'ouvrait un immense pays, des milliers et des milliers de lieues, de quoi occuper plusieurs vies, et qui, en s'y engageant comme si l'affaire était déjà dans le sac, portaient leur regard intérieur aux bornes extrêmes de la Terre, en une sorte de transcendance. le monde appartenait à ces hommes-là.

Pendant ce temps, les Anglais, retranchés dans leurs six colonies dévotes derrière les monts Alleghanys, labouraient, défrichaient, plantaient, vendaient, achetaient, suaient à l'ouvrage, prospéraient et importaient de Guinée leurs premiers esclaves noirs. Un abîme les séparaient des Français du Canada. J'emprunte au sport une comparaison : d'un côté des amateurs de génie, doués d'intuitions fulgurantes, de l'autre des professionnels durs et obstinés, de ceux qui gagnent toujours, à la fin".

Bien sûr, ce n'est pas la "race" qui explique cette différence, mais le nombre. Les colonies britanniques sont des colonies de peuplement, l'infériorité numérique des Français les oblige à la colonisation d'exploitation et à la fraternisation avec les Indiens : "Commerçants, trappeurs, soldats, leurs pères avaient marié des femmes indiennes, à la différence des orgueilleux mâles des treize colonies atlantiques qui en faisaient volontiers leurs concubines mais ne les épousaient jamais". Les Anglais sont venus avec leurs femmes, pas les Français. En Inde, à la même époque, les Anglais épousent les Indiennes (ils se font même musulmans). En Algérie, colonie de peuplement, les Français n'épousent pas les Algériennes.

Le nationalisme confine au racisme quand les Indiens sont régulièrement qualifiés de sauvages, "aux moeurs le plus souvent sanguinaires".

La fin de leur équipée amène nos navigateurs à traverser des territoires où, en 1949, la ségrégation raciale sévit encore. Ils en sont embarrassés quand ils doivent utiliser les transports en commun pour aller au ravitaillement mais leur gêne cède lors de leur réception à Vicksburg, ville sudiste. Pour faire honneur à leurs hôtes ils se sont procuré des fanions confédérés. Car, nous dit l'auteur, "un nombre infini de Français" savent que si le Sud s'est battu ce n'est pas pour préserver l'esclavage mais "un style de vie, une façon d'être et d'envisager le bonheur, des usages, une certaine urbanité partagée par toutes les classes de la société".

"un style de vie" avec esclaves ?

"envisager le bonheur" des esclaves ?

"toutes les classes de la société" même les esclaves ?

On est ici encore dans le mythe et la réécriture. C'est pour éviter qu'un spectateur ignorant puisse croire ce genre de chose qu'Autant en emporte le vent a besoin d'une introduction qui replace l'oeuvre dans son contexte. Je ne pense pas cependant que Jean Raspail était ignorant. A 23 ans peut-être, sûrement pas à l'âge où il a écrit ça.

Encore un passage qui me hérisse le poil : "Le scout voit dans la nature l'oeuvre de Dieu. C'était simple, clair et net. (...) Nos écolos voient-ils dans la nature l'oeuvre de Dieu ? Sinon, à qui et à quoi se réfèrent-ils, quel autre mobile les anime que leur existentiel ennui, puisqu'ils ont perdu la clef.

Le scoutisme, en son temps, la tenait, cette clef..."

Etroitesse d'esprit de l'intégriste religieux qui est incapable d'imaginer qu'on puisse avoir une autre conception du monde que la sienne. Quant à moi qui ne crois pas en Dieu, je conçois qu'on puisse voir son oeuvre dans la nature. Et je vis sans existentiel ennui puisqu'en fait, il y a plusieurs clefs. Il est vrai que quand les choses sont simples, claires et nettes, on ne doute pas.

Et pourtant Jean Raspail a un vrai talent de conteur et écrit bien. Si on est prêt à abdiquer son sens critique et à se laisser embarquer, la lecture peut être plaisante. Pour moi cependant l'idéologie gâche le plaisir du voyage.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Drôle de sentiment que de lire ce récit de voyages à notre époque d'emprisonnement à cause de la dictature sanitaire et de l'incompétence de la bureaucratie fonctionnarisée. C'est donc le récit de voyage de l'auteur avec trois autres amis qui on descendu les “chemins d'eau du Roiˮ. Ils refont an quelque sorte, en leur mémoire, souvenirs et hommage, les explorations de nos compatriotes. Même pas glorieux, tel n'était pas leur motivation, simplement curieux et aventureux. L'auteur entrelace les récits de voyage des pionniers avec celui de notre quatuor. Une occasion de revisiter l'Histoire et la géographie de ces temps lointains de terres vierges, d'Indiens (pas gentils !), de têtes brulées, de missionnaires. Quel contraste avec notre époque de trouillards et d'assistés de “précautionˮ. le principe, cette crapulerie intellectuelle, n'était pas entré en religion écolo. Heureux temps d'hommes libres.
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Équipés d'un matériel passablement sommaire, quatre scouts français entreprennent en 1949 un périple fou : refaire en canot le parcours de Marquette en Amérique du nord, en "avironnant" !
Une fabuleuse aventure humaine qui nous rappelle également une histoire assez méconnue, celle de la présence française en Amérique du Nord.
Jean Raspail écrit toujours très bien et nous conte cette aventure avec bonheur.
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En 1949, Jean Raspail décide de traverser une grande partie du Canada et de l'Amérique du Nord avec trois amis scouts sur deux canoë. Il suivent « les chemins d'eau du roi », sur les traces d'un père jésuite, Jacques Marquette et d'un explorateur, LouisJolliet, qui firent le trajet en 1673.

Sur leurs traces, de mai à décembre 1949, le jeune Raspail (24 ans) remonte depuis Trois-Rivières par le Saint-Laurent jusqu'aux Grands Lacs, pour redescendre par le Mississippi jusqu'à la Nouvelle-Orléans. L'aventure est périlleuse, car il faut remonter le courant, passer des rapides, traverser des lacs immenses et agités comme des mers intérieures. L'expédition est courageuse aussi car tout se fait à la force des bras, qu'il s'agisse d'avironner ou de portager les canoës et l'équipement sur des sentiers souvent vertigineux et glissants. Avec très peu d'argent, beaucoup d'encouragements, puisqu'ils sont honorés à chaque étape, et une belle santé, l'équipe atteint son but, ce que n'avait pu faire leurs infortunés prédécesseurs.

Le récit est l'occasion d'évoquer le temps des conquêtes et des colonies, le beau langage, Le Roy, son drapeau, sa Foi, mais aussi un continent qui garde encore la somptuosité des ses espaces naturels même si l'industrialisation galopante commence à le gâter sérieusement. A défaut d'Algérie française, Raspail rêve d'un pays qui aurait dû rester français, sans insister d'ailleurs sur l'identité de l'auteur de la royale braderie.

Scout, à forte connotation militaire, épris de cérémonies et de parades (camp, couleurs, faisceaux) mais aussi à tendance abbé Cottard (les jeunes scouts ne portent même pas de gilet de sauvetage !), sans grand souci de ses deux « canots de maître», (cinq mètres, une cinquantaine de kilos, en bois léger avec un entoilage étanche) soumis à si rude épreuve et aussi héroïques que leurs passagers, Jean Rapail laisse sa plume s'appesantir de l'affichage ostensible de ses opinions vieille France et de ses manières matamores. Voilà qui gâte un peu le récit de ce voyage dans le temps plein de références savantes et pittoresques et de péripéties nautiques.
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Notre entreprise inspirait de l'intérêt, et aussi de la curiosité à l'égard du petit pavillon tricolore qui flottait à l'arrière de nos canots. Dans nombre de ces bourgades du bord de l'eau, en cet immédiat après-guerre, on n'avait jamais vu de « Français de France », ni lorsque nous fûmes aux États-Unis, entendu parler leur langue. Nous représentions une sorte de préhistoire, ce qui fut et qui n'est plus : l'Amérique française. Nous étions quelque chose comme des explorateurs posthumes, des découvreurs d'un monde disparu venus l'espace d'un court moment réveiller de très anciens souvenirs et aussitôt les emportant avec eux dans le sillage de leurs canots.
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« Apprenez, mon jeune ami, et retenez une fois pour toute, qu’il n’existe pas de Canadiens français. Il n’y a que des Canadiens, point à la ligne, et c’est nous ! Les autres, ce sont les Anglais, établis par la force chez nous dans un pays qui fonctionnait très bien sans eux depuis cent cinquante ans, un pays déjà exploré, reconnu, administré, dans lequel ils n’ont eu que la peine de s’installer. Ça n’en fait pas pour autant des Canadiens. »
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On les appelait voyageurs, ou engagés du grand portage. Par les fleuves, les lacs, les rivières qui formaient une trame naturelle dans l'immensité nord-américaine, au XVIIe et XVIIIe siècles, convoyant à bord de leurs canots des explorateurs et des missionnaires, des marchands ou des officiers du roi, des soldats en tricorne gris des compagnies franches de la Marine, des pelleteries, des armes, des outils, renouvelant jour après jour, les mains crochées sur l'aviron, des exploits exténuants, ils donnèrent à la France un empire qui aurait pu la contenir sept fois. A chacun de leurs voyages, ils en repoussaient encore les frontières, vers le nord-ouest, vers l'ouest, vers le sud.
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Parmi ceux qui me liront, la plupart ne connaissent pas cette prière, mais certains s'en souviendront. Ce n'est pas une prière mièvre. Elle a le mérite d'être courte et d'en dire beaucoup en peu de mots, dans une langue claire. Mêlée au grondement du Talon, elle avait, si j'ose dire, de la gueule :
Seigneur Jésus, apprenez-nous,
A être généreux,
A vous servir comme vous le méritez,
A donner sans compter,
A combattre sans souci des blessures,
A nous dépenser sans attendre
D'autre récompense
Que celle de savoir
Que nous faisons votre sainte volonté.
C'est une prière de féodal adressée à son suzerain. On notera aussi le vouvoiement. Fermons la parenthèse.
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A genoux dans mon canot d'écorce,
Je vogue à la merci des temps,
Je brave toutes les tempêtes
Dans les grandes eaux du Saint-Laurent,
Et plus tard, dans les rapides,
Je prendrai la Vierge pour bon guide...
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Videos de Jean Raspail (34) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Raspail
Petits éloges de l'ailleurs : chroniques, articles et entretiens Jean Raspail Éditions Albin Michel
Recueil d'articles publiés dans la presse au cours des trois dernières décennies, consacrés à des sujets de société, à certains aspects de la langue française, au voyage, à l'histoire ou à des écrivains, parmi lesquels Jacques Perret, Jean Cau, Michel Mohrt et Sylvain Tesson. L'ouvrage offre un tour d'horizon des univers multiples dont s'est nourri le romancier. ©Electre
https://www.laprocure.com/product/325795/raspail-jean-petits-eloges-de-l-ailleurs-chroniques-articles-et-entretiens 9782226470478
+ Lire la suite
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Géographie générale>Géographie de l'Amérique du Nord (142)
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