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EAN : 9782081222922
169 pages
Flammarion (07/10/2009)
3.49/5   50 notes
Résumé :
L'auteur est hospitalisé. Le corps et l'esprit malmenés, il décide d'ouvrir les portes de son imaginaire. Il rencontre un mystérieux Grand Singe, remonte le cours de sa mémoire, revoit son enfance, sa mère, ses voyages en Afrique, le souvenir chaleureux des amis disparus comme le peintre et cinéaste Charles Matton ou Philippe Léotard...
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
3,49

sur 50 notes
Eh Tonton, est-ce que t'as regardé dehors ?
Sur l'avenir de nos enfants il pleut de
plus en plus fort
Quand je pense à eux pourtant,
j'aimerais chanter un autre thème
Mais je suis plus trop serein, je fais
pas confiance au système
...
Ma petite gueule d'amour, mon Polo,
mon ami Châtaigne
On va rien lâcher, on va aimer regarder
derrière pour rien oublier,
Ni les yeux bleus ni les regards noirs
On perdra rien, peut-être bien un peu,
Mais ce qu'il y a devant c'est si grand
...
Un extrait que j'ai dû à mon grand regret entrecouper car il est très long : "Course contre la honte", chanson cosignée en 2019 par Richard-Bohringer et Grand Corps Malade.
"On va aimer regarder derrière pour rien oublier... Mais ce qu'il y a devant c'est si grand". Voilà qui résume parfaitement ce sublime roman.

Richard Bohringer est né en 1942 à Moulins dans l'Allier, un père allemand (un soldat), une mère française, pas facile tout ça surtout dans les années 40. Élevé par sa grand-mère il voue très tôt une passion pour le jazz, l'écriture et la comédie. Passionné il le restera et notamment par l'Afrique (il est nationalisé sénégalais). L'Afrique qui déploie ses ailes tel un oiseau majestueux tout au long de ce récit que le poète Bohringer nous livre de sa chambre d'hôpital où il a été admis pour une vilaine maladie.

"Le capitaine de tous les bateaux de la mer" prend la barre de son rafiot imaginaire pour affronter la tempête, la fièvre qui le terrasse. Et Vogue le poète, des flots de mots, à fleur de peau, qui vous donnent le vertige, qui vous bousculent, qui vous bouleversent. Mon Dieu que c'est beau !

De délires en rêves éveillés : l'Afrique, le Mali, la Bolivie, Bogota, paysages merveilleux, s'entremêlent avec la réalité cruelle de l'univers aseptisé de l'hôpital. Visions éphémères, doux mirages d'un passé pas si lointain resurgissent alors qu'il s'accroche à la vie, qu'il s'accroche au bateau pour l'empêcher de sombrer. Un récit qui résonne tel un exutoire, Richard Bohringer fait son mea-culpa, il invoque ses démons, l'alcool, la drogue, souvent avec dérision. Il convoque ses proches et ses amis disparus, tous là-haut dans l'aéronef, son père, sa mère, sa grand-mère, son frère, Philippe Léotard, Charles Matton, Mano Solo, Bernard Giraudeau (en postface) et j'en passe, sous la houlette de l'énigmatique "Grand Singe", son ange gardien, qui ne le quittera qu'une fois le rafiot remis à flots.

Il y a de l'amour, beaucoup d'amour dans l'écriture de Richard Bohringer. Il y a de la colère aussi, une putain de colère mais comme il dit si bien : "La colère ça fait vivre, quand t'es plus en colère, t'es foutu !"
"Traîne pas trop sous la pluie" c'est le cri de révolte qui vient du coeur, les regrets avec lesquels il faut vivre, mais c'est aussi l'apaisement et le pardon d'un homme sensible, écorché vif, à qui la vie n'a pas toujours fait de cadeaux. Ouvrir ce roman c'est pénétrer dans la dimension "Bohringer", c'est pénétrer dans les tréfonds de l'âme d'un homme dont la prose magnifique, lunaire, crue, apporte une dimension onirique et mémorielle très intense à l'ensemble de ce récit qui m'a bien souvent laissée dans un état de pure béatitude, émue, admirative de l'écrivain mais aussi de l'homme qu'il est, bien au-delà de l'acteur.

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Putain Richard, là je dois l'avouer tu m'as scotché (je te tutoie, j ‘ai vaguement l'impression qu'on pourrait être frangin de coeur). Ton bouquin m'a fait passer par tout les degrés de l'émotion. Ca prend aux tripes, c'est d'une beauté à tomber, c'est une invitation aux voyages, aux rêves, une déclaration à cette satanée vie qui n'est pas toujours simple. Ton cri enfiévré m'a secoué, mis la larme à l'oeil, bouleversé. J'aurais aimé continué un bout de chemin avec toi. Bien heureux que l'Aéronef est raté l'arrêt. Emu que tu parles de Roland Blanche (nous avions discuté un soir après « L'Ouest, le vrai » que vous jouiez en tournée il y a une vingtaine d‘années). Un magnifique souvenir pour un de tes fans anonymes. Merci pour tout ça. Richard « Traine pas trop sous la pluie », continue à écrire s'il te plait.
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Traîne pas trop sous la pluie, un conseil comme une sorte de bulletin météo de l'en vie. L'envie de vivre, encore un peu. Juste pour embrasser ce bien précieux qu'est la vie, négligé trop longtemps et transmettre à qui veut cette conscience d'avoir la chance d'être au monde.
Bon, dit comme ça c'est pas forcément très sexy au premier abord. On pourrait se dire que c'est encore un bouquin genre recette miracle à deux balles capable de te faire culpabiliser d'entretenir ton cholestérol, de prendre ta voiture pour aller chercher des clopes ou d'avoir explosé trois putains de moustiques la nuit dernière.
Vous n'y êtes pas du tout. Traîne pas trop sous la pluie, c'est Bohringer et quand c'est Bohringer la seule leçon qu'on puisse recevoir elle serait plutôt ascendant humanité.
Ce n'est pas de la littérature, c'est de l'authentique, du brut de coeur, une essence d'âme, et merde aux mots qui font joli. Une mise à nu, c'est toujours poétique même quand ça bouscule ou que ça n'est pas toujours tiré à quatre épingles. C'est, à mon avis, toujours la plus belle des histoires.
Du Bohringer dans le texte, touchant, bouleversant.

Traîne pas trop sous la pluie, tu risques de t'enrhumer. Tu risques de ne plus sentir la magie d'une respiration, tu risques de ne plus t'émerveiller d'une pulsation. En fait t'es au bord de l'abîme où te font plonger tes tracas quotidiens, souvent futiles, tes envies qui sont si souvent éloignés de tes besoins. Tu perds un temps fou, ce temps qui t'es compté.
Traîne pas trop sous la pluie, c'est un bulletin de santé de la planète Bohringer, un état des lieux qui vacille. L'ami Richard est malade, salement malade… le genre de truc qui t'achève ou qui te fait combattant.
Richard écrit les maux de Bohringer. Un Bohringer cloué par la douleur dans une chambre d'hôpital.
La fièvre nourrit les délires et instaure un dialogue complice entre le « capitaine de tous les bateaux » et l'infirmière, entre le malade et le médecin. Un dialogue parfois surréaliste accompagné par la morphine.
Le voyage est mouvementé entre l'enfance, ses parents la Française et l'Allemand dans une période qu'on dira trouble, sa grand-mère, l'Afrique, le temps où il fait l'acteur et les amis disparus.
Dans le gris du ciel, ce ciel ou les dépressions se succèdent, Bohringer trouve toujours un petit nuage bleu histoire que Richard se réconcilie avec Bohringer.
Le « capitaine de tous les bateaux » a en point de mire « l'aéronef ». Un vol long courrier, un aller simple sur lequel ses potes ont pris un billet, ceux qui sont de son sang. Philippe Léotard, Roland Blanche et quelques autres. Et c'est à ce moment que la boule dans la gorge s'est rappelée à mon souvenir. Quelques mots rajoutés en fin d'ouvrage, quelques lignes qui disent l'amitié, l'amour, la tendresse pour ceux qu'on sent de sa famille, celle qu'on s'est choisi. L'ami Bernard Giraudeau vient d'être accueilli par le capitaine de l'aéronef, Philippe Léotard.
Rideau…

« Ce matin Philippe Léotard, capitaine de l'aéronef, et Roland Blanche ont accueilli Bernard Giraudeau. Calme toi, calme toi, mon coeur. Souris lorsque tu penses à lui. Tendre ami ».

Prends soin de toi Richard, reste encore un peu parmi nous. Traîne pas trop sous l'haut des cieux.
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Hospitalisé suite à une hépatite C, l'auteur nous livre ses souvenirs liés à sa période d'hospitalisation. Il se voit tour à tour accompagné de celui qu'il appelle Grand Singe, capitaine de navires et bien d'autres choses encore. Bref, Richard délire et pourtant il nous dit des choses tellement vraies. Peut-être n'est-on vraiment lucide que lorsque la fièvre nous ronge de l'intérieur. D'ailleurs, cette fièvre, il voudrait ne jamais s'en débarrasser et surtout continuer à écrire...
Il nous livre aussi des souvenirs liés à son enfance, à sa mère et à ce père qui a servi dans l'armée allemande. Il met son coeur à nu et avoue à sa mère, même si elle n'est plus là aujourd'hui pour le lire qu'il ne lui en veut pas d'avoir eu des amants pendant que son père était au front car il faut bien vivre et même au prix de vendre son corps.

Ce livre, dédié à sa femme, est une éloge de la vie, de l'écriture mais aussi de l'amour. J'ai eu un peu de mal à suivre l'auteur dans ses délire mais j'avoue que cela m'a impressionné qu'un si petit livre puisse dire autant de choses à la fois et surtout des vérités que l'on ne devrait jamais oublier ! A découvrir !
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A Marina,
Vive vos rêves, vos espoirs
Dédicace d'une écriture élancée, rapide, écorchée... à l'image de ce qu'il est et représente. Et cette écriture m'a réellement convaincue. Il a une façon de raconter les choses, de se raconter, tellement hors norme, incomparable et bouleversante.
Je suis tombée sous le charme de sa plume car en plus d'être un bon acteur, un merveilleux conteur, il est aussi un grand écrivain.
Des mots à fleur de peau, mélancoliques, percutants, chantants et tellement vivants...
Des phrases saccadées, poétiques, brèves, tumultueuses, qui nous touchent au plus profond de nous-mêmes...
Un homme combatif, entrainant, ravagé par la vie, charismatique, humaniste et d'une force incroyable...
Un roman atypique, qu'on peut lire et relire...
Une invitation à un voyage que je suis prête à refaire avec ce "capitaine de tous les bateaux des mers du monde"...
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Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
J'aime la nuit. Ses sanglots dans les tuyaux. Le frigo qui se remet en marche. L'eau qui coule du robinet pour le chat. Il ne boit qu'à l'eau fraîche qui l'éclabousse. Sa langue rose. Je revisite le silence. Les nuits du monde. Les nuits immenses et lointaines qui bruissent. Les présences animales dans la nuit sans lune, le scarabée qui se hâte, celui qui te veut du bien ou du mal, un cheval qui broute malgré tout, un regard qui fuit, une invention qui te file le frisson, la lune qui court sur le grand piano céleste, effleure les arbres, explose, sur le bord de la rivière, découvre un pêcheur solitaire sans nom et sans sommeil, l'homme est un ami. Il salue la lune qui court, en trébuchant dans la forêt aux mille vies, mille odeurs, mille rêves sombres, mille matins saveurs.
Les loups en colonne trottinent le long de la lisière. J'incante la nuit. J'incante la lune. Je suis un adorateur.
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J'aime la route. Ma mémoire au volant. Les plaines de France. J'aime la route. Je la connais. Quand j'étais môme, je me faisais un petit trois cents bornes à vide. Aucun but. Le plaisir intense d'une aventure inventée à chaque nouveau décor.
J'aimais conduire. Vite. En rupture avec la raison. Nuit et jour. Au petit matin. À l'heure du blues crépusculaire. Avec des bouts de lumière qui te pètent dans l'oeil, avec Marvin Gaye qui chante à la radio. Des courbes qui s'engouffrent dans le noir des longs tunnels. Faut pas lâcher le pied. Faut lui garder son centre de gravité à ta bagnole et remettre le pied à fond pour sortir de la courbe radieux. Encore sauvé ! Putain de pied de nez !
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Quel bonheur ! Écrivons comme la locomotive tire ses wagons. Avec le sentiment de s'ouvrir au vent. D'ouvrir le vent. Sentiments d'adolescent ou d'Amérindien. Amoureux fou de l'espace et des saisons. L'inspiration n'a pas d'horizon et vole jusqu'à l'épuisement. Souvent, elle s'endort sur ton épaule.
Se foutre la tête dans sa propre vidange pour se secouer l'âme et gerber le trop plein. Ne plus s'aimer. Être inspiré. Inspirer. J'entends Eddy Louiss. Je suis un païen troublé.
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La culpabilité ne sert à rien. Seule la conscience est ta sœur. Elle te dit la vérité. Elle n'a rien à cacher, à te cacher. Elle est pure. Elle est ce que tu voulais être et que tu n'es pas.
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Traîne pas trop sous la pluie
C'est pas Bogota, c'est Paris
Il y avait du cygne blanc dans
cette fille-là
Et puis du cygne noir
Est-ce que tu m'aimes encore, le corps?
La peau a ses raisons
Le mystère a du frisson
Traîne pas trop sous la pluie
C'est pas Bogota, c'est Paris
Derrière les vitres des bars
enfumés
Des jeunes filles légères
lisent des livres graves
Au milieu des hommes
aux yeux cernés
La selle du vélo est chaude
Sous les fesses assassines
Traîne pas trop sous la pluie
C'est pas Bogota, c'est Paris.
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