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EAN : 9782246512226
184 pages
Grasset (17/03/2004)
4.3/5   28 notes
Résumé :
En 1932, La Fontaine des Lunatiques avait ébloui et traumatisé la critique. C'est vrai qu'ouvrir un tel livre, c'est ne pas en revenir. Trois hommes vivent dans une grande maison à l'écart d'un village. Hugues, le fils de 18 ans, est d'une grande beauté. Son père, fou de musique, occupe ses nuits à jouer du piano. Dans sa chambre, le grand-père paralysé se tait. Sa mort et l'apparition d'une jeune femme enterrée depuis cinquante ans brisent les liens du père et du f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
«Silence et obscurité que ne venait troubler aucune voix de l'au-delà. Aucune présence surnaturelle. Aucune présence humaine. le monde avait oublié qu'ils étaient là, et les hommes qui habitaient la maison étaient sans souvenirs.»
«La Maison peu de gens l'avaient vue bien qu'elle ne fût située à guère plus de cinq kilomètres du village.
(...) On disait la Maison... et l'on faisait suivre ce mot si simple d'un silence qui lui donnait une signification étrange.»
Trois hommes vivent à l'écart d'un village, le village de Sabran, dans une grande maison «entourée d'une sorte de cercle magique», en compagnie d'une vieille servante, la mère Malon, qui va chercher les provisions une fois par semaine le samedi, «trop vieille et trop légère pour laisser derrière elle la moindre trace de son passage». Elle est leur seul lien avec l'extérieur.
M.Charles revenu de la ville, qui «aime éperdument la musique et a tout abandonné pour 
elle» vit là en compagnie de Hugues, son fils de 18 ans d'une grande beauté
«Il était beau. Ses cheveux châtains, bouclés et coupés au ciseau, dans lequel le brouillard s'était pris, scintillaient de mille gouttes d'eau. Dans son visage, que la flamme éclairait par saccades, seuls ses yeux bleus brillaient -- les yeux de sa mère, un peu relevés vers les tempes»
Il faut ajouter le grand-père qui , depuis 15 ans, est enfermé dans une vie végétative assisté par le dévouement de la vieille Malon. 

Hugues réussira difficilement à s'extraire de l'atmosphère de la Maison et de l'emprise du père pour tenter de vivre sa vie. Il y reviendra après avoir traversé de grandes épreuves, rappelé par une musique ensorcelante qui l'atteint au plus profond de lui-même.
Le lecteur est lui-aussi pris dans une atmosphère inquiétante, oppressante, où la folie rôde, que la belle écriture poétique de André de Richaud sait rendre fantastique. Ce livre étrange, mystérieux, à la beauté ténébreuse, comme en nous jetant un sort, tient en haleine jusqu'au bout.

A ce conteur fabuleux qu'est André de Richaud pourrait s'appliquer le beau poème en prose de Baudelaire «Les bienfaits de la lune» car on retrouve bien dans «La fontaine des lunatiques» ce que la Lune dit à l'enfant endormi qu'elle élit : «Tu subiras éternellement l'influence de mon baiser. Tu seras belle à ma manière. Tu aimeras ce que j'aime et ce qui m'aime : l'eau, les nuages, le silence et la nuit ; la mer immense et verte ; l'eau informe et multiforme ; le lieu où tu ne seras pas ; l'amant que tu ne connaîtras pas ; les fleurs monstrueuses ; les parfums qui font délirer ; les chats qui se pâment sur les pianos, et qui gémissent comme les femmes, d'une voix rauque et douce !
Pourquoi André de Richaud pourtant soutenu par Cocteau et Delteil et admiré par Camus, en particulier pour son premier roman «La Douleur», est-il tombé dans l'oubli ?
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J'avais découvert il y a quelques années sur les conseils d'une amie….ai été subjugué.
C'est un grand ! Un écriture magnifique, il faudra que je le relise car je l'ai dévoré.
Certains livres demandent plusieurs lectures, il en fait partie.
Un fruit sublime à déguster, à savourer, s'imprégner….tu accompagnes les personnages,ils te parlent,tu vis avec eux, dans des moments suspendus…magiques.
Curieusement André de Richaud fait partie de ces auteurs relativement méconnus…pourtant !

Tellement méconnu et oublié que….
Anecdote ( dans la préface « Cahiers rouges ») :

Il s'était retiré de tout, avait triché sur son âge , avait intégré une maison de retraite pour avoir le gîte et le couvert.
Il lit le journal, y voit sa nécro…
Ni une ni deux, il écrit « je ne suis pas mort » aussi sec, non mais !

Anecdote 2 :
J'ai lu aussi « la douleur » qui l'a fait connaître.Et reconnu par ses pairs ( Mauriac, Bernanos, Julien Green …)
C'est en lisant « la douleur » qu'Albert Camus décida d'être écrivain.
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Dans une maison éloignée et cachée du village habitent 4 personnes : Hugues 18 ans, son père mélomane, son grand-père tétraplégique depuis 15 ans, une domestique.
Après un fait étrange au cimetière, lors de l'enterrement du grand-père, le fils ne pense plus qu'à fuir, tandis que le père construit un orgue en argile au sommet d'une montagne dans l'espoir que le vent interprétera le concerto de sa vie. (construction qui m'a fait penser au facteur Cheval)
Roman parfait : poésie, conte, fantastique, voyage initiatique et sensuel.
Ce livre se savoure par la prose magnifique. Difficile de se limiter pour les citations, il y en a tellement de belles.
Belle découverte grâce à Babelio.
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Les cahiers rouges de Grasset. Goût de reviens-y des années trente imaginatives. Une pointe de névrose littéraire russe aussi?

Un conseil : ne pas lire la préface, ni la quatrième de couverture.

Diablerie. Hypnose forestière. Pluie.
Le grand-père n'est plus qu'un songe.
La vieille servante fonctionne.
Le père est fou, perdu dans l'harmonie.
Le fils est néophyte.
Et la jeune fille revient.

Diablerie. Hypnose forestière. Cercueil de plomb. Odeur de mer. Éclats de lumière. Éclatement du récit. Eau.

Hugues est parti.
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le fils, le père et le grand-père vivent isolés dans une vieille demeure à l'étrange atmosphère. Personne n'entre ni ne sort, si ce n'est Malon, la servante, seul lien vers l'extérieur, dévouée au grand-père végétatif, un peu perdue entre le père focalisé sur la musique et le fils, taiseux, qui rêve d'un ailleurs. Jusqu'au jour où un décès viendra perturber le quotidien de cette maison.

Planter le décor est suffisant. Entrer dans le détail et raconter l'histoire serait assez facile mais, à mon avis, n'aurait pas tellement de sens. En effet, l'intérêt du livre repose principalement sur son étrange ambiance teintée d'irrationnel. Pourtant, il y a une intrigue, des personnages malmenés, en pleine quête initiatique, confrontés à leurs démons. Mais ce roman est avant tout un conte mélancolique, une prouesse stylistique et l'oeuvre hautement poétique d'un romancier maudit injustement oublié.

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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Tous les vieux meubles étaient enfouis dans une ombre épaisse, pareil à un beau velours noir.Ils étaient immobiles, comme un troupeau de bêtes endormies qui rêvent. Que ce fût l'hiver ou l'été, c'est-à-dire qu'au dehors le vent soufflât chargé d'une pluie glacée ou que le grand soleil tordît les arbres et les hommes dans ses mains de feu, les choses se passaient toujours de la même façon depuis vingt ans.Peut-être au mois de mai, le vieux bois des fauteuils est-il triste de ne pas sentir circuler dans ses veines la sève qui court dans tous arbres du pays ?
Peut-être au début de l'hiver certains objets se réjouissent- ils de voir le feu ? M.Charles n'y prenait pas garde.Il vivait seul.Son piano était pour lui l'unique bête intéressante du troupeau immobile et silencieux.Il le flattait de la main, défendait qu'on l'approchât.

( Grasset, Cahiers rouges, 2005)
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Le repas se termina par les fruits qu’aimait Hugues : les pommes dont le feu ne réchauffe que l’épiderme et dont l’intérieur est comme un marbre frais. Les poires presque liquides, sur lesquelles le couteau glisse comme sur du cuir, puis qui se crèvent par surprise. Les raisins qui ont passé un mois sur les claies, à la chair plissée, dont le sucre s’est concentré et qui, déjà, après avoir été les choses les plus naturelles du monde, les présents directs de la terre, sont devenus des sucreries précieuses, comme nées de l’art des hommes.
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Hugues était peu sensible à la musique. Pour lui, elle n'arrivait jamais à être aussi significative que les grands silences enflammés de la campagne, en été, ou les silences bleus et chargés de cris d'oiseaux qui se forment, au-dessus des maisons solitaires, les nuits d'hiver.
Son père l'admiration de mépriser- ou tout au moins de méconnaître- ce qui avait été la grande passion de sa vie; ce qui lui avait fait abandonner tous les sortilèges du monde pour venir terminer son existence dans cette maison, aux limites de la terre.Parce son fils préférait le silence à la musique, il en avait déduit qu'il était d'une essence encore plus précieuse que lui-même et Dieu sait s'il se jugeait bien !


( Cahiers rouges , 2005, 1ère édition 1932)
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Les grands arbres faisaient une voûte au-dessus de la rivière et on avait l’air d’être dans une crypte verte. Par les interstices des branches, le soleil passait et faisait des ronds jaunes sur l’eau. De grands iris d’eau se miraient, dorés dans l’eau claire. Les végétaux de toutes sortes envahissaient les rives : longues guirlandes allant d’un arbre à l’autre, pierres moussues, graviers blancs, et, au-dessus de tout cela, ce grand silence, ce grand silence du monde dont le bruit de l’eau qui coule mollement, révèle la majesté...
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Il n’est pas vrai qu’un miracle éclate brusquement, sans aucune préparation, qu’un grand bouleversement arrive sans avoir été précédé de signes avertisseurs, mais il est vrai que nous ne prêtons aucune attention à ces signes, occupés que nous sommes aux petites choses de la vie. Un criminel regarde par une fenêtre la famille qui va être anéantie par l’arme qu’il a à la main. Les futures victimes continuent à manger si elles sont à table. Pourtant, lui, celui qui sait, remarque les changements de leurs visages qui sentent venir la mort. A leur insu, leur âme se prépare. Ils s’agitent sur leurs chaises, mangent plus vite ou ne mangent plus, suivant qu’ils veulent goûter jusqu’au dernier moment les choses de la vie ou qu’ils sont déjà résignés à mourir. Ainsi le romancier qui sait ce qui va se passer regarde avidement toutes les transformations qui s’opèrent sur le visage de ses héros. (p.76-77 édition Les Cahiers Rouges de Grasset).
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Video de André de Richaud (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André de Richaud
André de RICHAUD – Une Vie, une Œuvre : 1907-1968 (France Culture, 1990) Émission "Une Vie, une Œuvre", par Jacqueline de Roux, diffusée le 3 mars 1994 sur France Culture. Invités : Maurice Baquet, Pierre Seghers, Pascal Mazzotti, Georges Abbé, Robert Morel, Léon Gabriel Gros et François Marie Lemonnier.
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