AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,83

sur 118 notes
En ce jour de Saint Valentin 1989 il n'y eut pas que des messages d'amour : Salman Rushdie apprit qu'il était condamné à mort par l'Ayatollah Khomeiny. Son crime? Avoir écrit Les versets Sataniques.

Ma première réaction : c'est fichtrement bien écrit cette autobiographie! Ma deuxième, après que Rushdie ait expliqué en quoi consistaient ces fameux versets : il ne semblait pas y avoir de quoi fouetter un chat!

Dans ce copieux document, très détaillé (au bout d'un moment je n'ai plus trop cherché à retenir qui était qui, policier, éditeur, agent ou autre), et absolument indispensable, Salman Rushdie évoque brièvement sa vie "avant", mais surtout les conséquences de la fatwa pour lui, ses proches, et les professionnels de l'édition qui lui étaient liés, et sa vie "pendant".

Dès le début, les policiers lui demandèrent de choisir un nom. Ce fut Joseph Anton, qui combinait deux écrivains qu'il aimait, Conrad et Tchékov. Dans son livre, Rushdie n'utilise pas le "je", mais le "il", ce qui introduit une distance entre Rushdie et Anton, l'aidant sans doute à considérer cela comme du passé, à l'époque où il écrit, mais introduisant aussi une distance entre lui et le lecteur, sans doute volontaire, car il ne cherche pas à se faire plaindre, mais à argumenter et témoigner calmement.

Les policiers, oui. Car il fut durant de longues années sous surveillance étroite; il rend hommage à ces hommes et femmes dont certains devinrent des amis, mais relate les problèmes soulevés quand il désirait plus de liberté. Il est amusant de connaître les différences entre les pays, les anglais préférant la discrétion, et les américains se la jouant "film de guerre". Pourtant il vivra aux USA des moments beaucoup plus libres qu'en Angleterre.
Mis à part ce côté "roman d'espionnage" , nous avons aussi l'écrivain en tant que créateur -avec les pannes dues à la tension- et ses démêlés avec le monde de l'édition. Il garde contact avec d'autres auteurs de par le monde et explique la genèse des ses romans ultérieurs.
Avec les journalistes, les services de sécurité, les auteurs de la fatwa, c'est la douche écossaise...
Mais le plus étonnant, bien que ce soit normal finalement, c'est que sa vie privée continue! Divorce, rencontre, et même une naissance!

Le moment qui laisse passer une forte émotion, c'est vers la fin, quand il peut retourner en Inde, son pays natal, avec son fils aîné (et que tout se passe bien, contrairement aux craintes de certains).

Pour finir, demeure l'impression d'un témoignage honnête, à lire, vraiment (gare! 700 pages tassées) sur ses luttes personnelles pour la liberté d'expression. Mais "la lutte continue".
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
Commenter  J’apprécie          30
Voici un livre qui m'a bien trotté dans la tête... A tel point que ma critique comporte des épisodes...

(Février 2015) Lorsque Salman Rushdie se vit infliger une fatwa, à l'occasion de la publication des "Versets Sataniques", il fut contraint de devenir une sorte de passager clandestin de sa propre vie, sous le nom de Joseph Anton. L'auteur nous narre ces années jusqu'à ce qu'il choisisse d'abandonner sa protection policière, alors que la menace pesant sur lui n'est toujours pas définitivement écartée. L'atmosphère est pesante et le livre paraît long, mais sans doute ces traits traduisent-ils cette sorte de chape de plomb qui s'est abattue sur Rushdie le jour où des Mollahs décidèrent de lancer cette chasse à l'homme contre lui. Une observation retient l'attention: l'hostilité qu'avait suscité Rushdie dans la presse à l'époque. Son bouquin fut vilipendé et l'auteur parfois calomnié par une presse réputée libre et indépendante. Les tabloïds lui reprochèrent le coût de sa protection. Le monde réagirait-il de la même manière aujourd'hui ? Ce que j'ai apprécié dans cette autobiographie est que l'auteur est sans complaisance vis-à-vis de lui-même. Il n'apparaît pas particulièrement sympathique mais Salman Rushdie réussit à mettre en évidence que tel n'est pas le propos ni le problème, la question étant celle de l'avenir de la liberté d'opinion et de pensée...

(Août 2015) Retour sur ce livre pour une double réflexion qui me fait froid dans le dos. L'auteur révèle que les services de sécurité britanniques l'obligèrent, à un moment donné, à changer de domicile, la maison précédente étant estimée trop peu sûre. Il fut ainsi contraint d'acheter une maison bien plus chère sur laquelle il dut faire réaliser des travaux de sécurisation particulièrement onéreux. Et le tout à ses frais. Heureusement pour Rushdie qu'il est un écrivain à succès, qui vendit des centaines de milliers de livres sinon plus et que tout cela s'est passé à une époque où les gens achetaient des livres bien davantage qu'aujourd'hui...
Première réflexion: pour un Rushdie heureusement sauvé, combien d'écrivains plus confidentiels assassinés notamment parce qu'ils n'ont pas eu les moyens de se protéger ?
Seconde réflexion: la paupérisation croissante des artistes - pas seulement écrivains, je songe notamment aux musiciens dont la musique est aujourd'hui pillée mais il y en a plein d'autres - pose en elle-même un grave problème, qui dépasse largement les individus concernés. Outre l'appauvrissement de notre culture, due au fait que nombre d'entre eux "laissent tomber" ou ne tentent même plus la "carrière" artistique, la paupérisation croissante des artistes marque également l'épuisement des formes d'expression "non conformes", originales ou avant-gardistes. En fait l'on constate que les seuls artistes vivant encore correctement aujourd'hui, à quelques exceptions près, sont soit des vendeurs de soupe (ils ont toujours existé) soit plutôt des artisans que des artistes, c'est-à-dire des faiseurs, des "répéteurs de déjà-vu". J'ai la chance de connaître un certain nombre d'artistes - des vrais - dont la carrière est déjà longue. Tous concordent pour dire qu'il leur serait difficile voire dangereux de "refaire" aujourd'hui des œuvres créées il y a 20 ou 30 ans. Et, quelque part, que les artistes se trouvent ainsi de facto muselés, n'arrange pas que les intégristes de tous poils mais aussi ceux qui détiennent aujourd'hui le pouvoir économique (avec la complicité des Etats) et qui se montrent de moins en moins regardants sur les moyens de le préserver et de le renforcer...
Commenter  J’apprécie          20
Biographie de Joseph Anton, pseudonyme choisi par Salman Rushdie en l'honneur de Conrad et Tchekov alors qu'il était sous la protection de la special branch à partir du 14 février 1989, jour du lancement contre lui de la fatwa par l'Iran. C'est aussi le récit de son combat pour la liberté. Liberté d'expression mais aussi liberté personnelle, puisque la protection l'a forcé à vivre en reclus avant qu'il ne gagne pas à pas sa liberté de circuler et d'assister à des événements littéraires grâce au soutien d'écrivains du monde entier. Un livre qui fait réfléchir au combat mené par cet homme pour la liberté d'écrire et de s'exprimer. On découvre l'homme derrière l'écrivain.
Commenter  J’apprécie          20
J'adore la plume de Rushdie. J'ai un faible pour sa prose un peu too much, ses descriptions délirantes, et son imagination. J'ai positivement adoré les Versets, par exemple.

Joseph Anton, c'est un peu le "making of" de l'affaire Rushdie, qui l'a conduit à vivre neuf ans dans la clandestinité. C'est fascinant de voir cette affaire qui a secoué le monde de l'autre côté de la barrière. Et on comprend à quel point cela peut être dur.

Cependant, j'en suis à la moitié du récit à peu près, et j'ai toujours peine à voir où tout cela va. Il se veut exaustif... c'est peut-être bien pour un docu historique, mais franchement la lecture n'en finit pas. Ajoutez à cela le fait qu'il utilise ce bouquin pour régler ses comptes avec tous ceux qui l'ont lâché pendant cette période : pour ma part, j'ai fini par ne plus me sentir concerné et je suis passé à autre chose.

Ce livre est une lecture en cours, et, en ce qui me concerne, elle le restera...
Commenter  J’apprécie          20
Le 14 février 1989, la vie de Salman Rushdie auteur des versets sataniques bascule. Il apprend par un journaliste que l'Ayatollah Khomeini a lancé une fatwa contre lui. Désormais sa tête a un prix. Durant neuf longues années, sa vie et celle de sa famille sont bouleversées. Il est placé sous protection policière en permanence et devient Joseph Anton un personnage clandestin. Sa liberté est réduite à néant. Son domicile ressemble à une forteresse, le peu de ses déplacement doit être approuvé par la police. Il est comme un prisonnier qu'il n'a commis aucun délit. S'il trouve du soutien auprès de ses amis, de certains écrivains ou de personne connues, son cas embarrasse à plus d'un niveau. Sur les places politiques, on lui lui offre un soutien déguisé devant les journalistes. Mais la diplomatie et les relations avec l'Iran sont pour certains pays plus importantes que le cas Salman Rushdie.
Au fil du temps, les médias s'insurgent du coût de sa protection payée par le contribuable, certains de ses éditeurs font marche arrière pour la publication des versets sataniques en livre de poche et d'autres prennent le risque. La fatwa est une pieuvre qui s'étend à tout ce qui touche l'auteur et son livre.
Si chaque 14 février est un anniversaire particulier, l'opinion publique semble lassée mais Salman Rushdie continue à se battre pour la liberté. Un combat qui mobilise tant d'énergie que l'auteur n'écrit plus ou presque. Sa vie d'homme, d'époux, de père, d'auteur et d'homme est en affectée. Face à des moments de solitude, il ne perdra jamais espoir ni son sens de l'humour.

En 1999, la fatwa est levée et Joseph Anton n'est plus mais la fondation 15 Khorad offre aujourd'hui 3,3 millions de dollars pour son meurtre...
Dans ce livre dense qui fourmille de détails, l'auteur a choisi de s'exprimer à la troisième personne. Sans se placer sur un piedestal, il se montre tel qu'il est toute franchise avec ses faiblesses et en revenant sur les erreurs qu'il a commises.

Malgré quelques longueurs, j'ai très vite été passionnée par ce livre qui interpelle et qui est une véritable mine de réflexions sur la liberté d'expression, l'Islam intégriste, les intérêts politiques qui hélas peuvent prendre le pas sur la vie d'un homme.
Un plaidoyer pour la liberté à mettre entre toutes les mains ! Un livre hérisson tant j'y ai inséré de marque-pages...

http://fibromaman.blogspot.fr/2013/04/salman-rushdie-joseph-anton.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          20
Salman et Joe

Une longue autobiographie de 700 pages pour nous raconter comment vit un écrivain (riche, heureusement pour lui), quand il a été condamné à mort par les dirigeants d'un pays musulman. Sous protection policière, et donc privé d'intimité, Joseph Anton fait cependant tout pour essayer de vivre le plus normalement possible. Une lutte de titan... Pris dès les premières lignes, on n'en rate pas une miette, et on se languit avec lui de voir la fin de cette aventure un peu singulière. Ce Joseph Anton est un sacré gaillard, et ce Salman Rushdie un sacré écrivain.
Commenter  J’apprécie          20
Joseph Anton de Salman RUSHDIE

La voix de Salman Rushdie demeure un témoignage capital dont on ne saurait se passer, il révèle les symptômes d'une époque malade dans laquelle les libertés sont plus que jamais en danger, y compris en occident.

Critique du livre sur le BLOG:
http://faranzuequearrieta.skyrock.com/3120390543-Joseph-Anton-de-Salman-Rushdie.html

Lien : http://faranzuequearrieta.sk..
Commenter  J’apprécie          20
Un livre très dense : 700 pages et seulement 10 chapitres avec une écriture très resserrée. Les premières années après la fatwa sont racontées avec beaucoup d'humour et de faconde. Rushdie est un excellent conteur et peut-être a-t-il inventé des détails croustillants sur ses nombreux gardes du corps car les deux cents premières pages sont truculentes. Les passages sur ses déboires avec ses éditeurs sont un peu répétitifs par contre . le meilleur livre de Salman Rushdie d'après Arnaud Viviant (Le Masque Et La Plume).
Commenter  J’apprécie          10
Premier livre que je lis de Salman Rushdie. J'ai adoré ce passionnant récit sur la fatwa qui s'est abattue sur lui. Jamais je ne me serais imaginé ce que pouvait être une telle vie. Ce livre n'est pas parfait (il y a quelques passages longs et peu intéressants, beaucoup trop de personnages) mais l'humour et l'écriture donnent envie de s'accrocher. Bizarrement et d'après les descriptions qu'il fait de ces livres, je n'ai pas du tout envie de lire son oeuvre romanesque après la lecture de ce récit... Je conseille vivement ce témoignage.
Commenter  J’apprécie          10
« le 14 février 1989, Salman Rushdie reçut un coup de téléphone d'un journaliste de la BBC : il avait été « condamné à mort » par l'Ayatollah Khomeiny. Son crime ? Avoir écrit Les versets sataniques, un roman accusé d'être « contre l'Islam, le Prophète et le Coran ».

Ainsi commence l'extraordinaire histoire d'un écrivain devenu clandestin, changeant sans cesse de domicile, sous la protection permanente d'une équipe policière. Comment continuer à écrire ? À vivre des histoires d'amour ? Vaincre le désespoir et se relever ? Salman Rushdie nous raconte l'une des plus importantes batailles de notre époque pour la liberté d'expression. Il dit les réalités parfois cruelles, parfois comiques, d'un quotidien sous surveillance armée, retrace ses combats pour gagner le soutien des gouvernements, réfléchit au rôle de l'écriture dans nos sociétés » (synopsis éditeur).



Très factuel ce roman autobiographique qui relate les onze années de « cavale » de Salman Rushdie. Protégé par les services de police anglais, contraint à vivre caché pour se soustraite à la menace de mort qui plane sur lui depuis que l'Ayatollah Khomeiny a prononcé une Fatwa suite à la publication des « Versets sataniques ». Publiée le 14 février 1989, la fatwa oblige Rusdhie à vivre dans la clandestinité. Plusieurs mois après, à la demande des services de police qui assurent sa protection, il choisit le pseudonyme de « Joseph Anton » pour pouvoir effectuer un minimum de transactions (retrait bancaire, location d'un logement, réservation d'un hôtel…).

Ce retrait forcé de la société le terrasse. Au début, il n'y croit pas, il ne parvient pas à se rendre compte ce que cela implique. Il a également peur pour la vie de son fils. Puis, la sidération et la peur pour sa propre intégrité physique prennent le dessus avant de laisser la place à la révolte, qui sera chassée à son tour par la résignation. Peu à peu, il apprend à trouver de nouveaux repères, à accepter l'inacceptable mais jamais au grand jamais il ne cessera de dénoncer cette atteinte à la liberté d'expression. Et jamais au grand jamais il n'a centré le combat sur sa propre personne, cherchant en permanence à sensibiliser les autres acteurs du monde littéraire au diktat que tente d'imposer l'islam.

Ce témoignage s'ouvre sur une longue présentation de son parcours. Il se présente, parle de ses origines indiennes, de ses parents, de son choix d'orientation universitaire qui l'amène à s'installer seul en Angleterre. Durant cette période d'études, il se cherche, a du mal tisser des relations amicales, se questionne en permanence sur ses racines. C'est à cette époque qu'il commence à s'intéresser à la religion dans le cadre d'une recherche qu'il effectue pour mener à bien un mémoire qu'il doit rendre. Il trouve-là, sans le savoir, des éléments qui enrichiront sa réflexion et aboutiront – quelques années plus tard – à la finalisation des « Versets sataniques ». le récit s'oriente ensuite naturellement vers les prémices de la rédaction des « Versets sataniques », comment le roman a lentement pris forme dans son esprit puis sur le papier. On comprend l'importance que revêt pour Rusdhie le fait de définir clairement la notion d'identité ; il ancre de plus en plus sa vie en Angleterre mais voyage régulièrement en Inde, pays de ses racines.

Il décroche plusieurs boulots alimentaires qui lui permettent de subvenir à ses besoins et de consacrer son temps libre à l'écriture. Ses premiers romans sont publiés tandis que l'ébauche des « Versets sataniques » continue de croupir dans un coin de son bureau, à végéter dans un coin de sa tête. Il se décrit comme un homme qui reste à l'affût de tout, des autres comme de l'actualité ; il emmagasine des détails qui lui permettront de donner forme au roman qui a fait éclater le scandale.

Il s'arrête longuement, et à plusieurs reprises, sur son rapport à l'écriture et la place de la littérature dans la société. Il partage également de nombreuses réflexions sur le rapport que l'individu nourrit avec la société comme avec la religion, sur l'amitié, sur le processus de création.

Il décrit ces onze années de clandestinité, critique la position du gouvernement à son égard, l'amitié qu'il a nouée avec certains agents chargés de sa protection. Les premières années sont marquées par la lente acceptation de la peur, l'aboulie, le manque d'inspiration, les multiples points de chute où il vivra temporairement… Puis, le retour à une forme de stabilité est permis via l'achat d'une maison londonienne, la reprise de quelques meeting littéraires en Angleterre comme à l'étranger.
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (328) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1830 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}