C'est une lecture rapide et troublante. Comme toujours, l'écriture est simple et pourtant complexe. Par exemple, dans une même page,
Sagan passe du point de vue de l'un des protagonistes au suivant, presque sans prévenir. Les sous entendus et les pensées des personnages viennent ajouter des couches de lectures.
Les thèmes abordés : la sollitude (des femmes de bientôt 40 ans, des hommes dits "indépendents", des jeunes en quête d'amour fou), l'amour et les interdits (anciens divorcés, refus de mariage, différences d'âges), les conventions sociales (être une femme indépendente, être un jeune homme qui réussit, etc). Evidemment, tout cela parle d'un univers très bourgeois, très daté aussi, mais il garde une certaine justesse par rapport à la société contemporaine, qui a moins évolué qu'on aime à le penser.
En lisant d'autres avis, je me rends compte que plusieurs personnes sont troublées (voire rebutées) par le monde bourgeois, mais aussi la l'immaturité des personnages, notamment Simon qui semble bien jeune pour ses 25 ans. J'ai trouvé, au contraire, que chacun à sa manière raconte un enfermement psychologique. Je m'explique : Paule est enfermée dans la vieille fille qu'elle devient, sans avoir la force de demander à Roger d'arrêter de la faire souffrir, Simon est enfermé dans un début de carrière qui ne l'excite pas, Roger est enfermé dans sa conception du mâle libre et dominant.
Est-ce que les personnages évoluent ? Comme souvent,
Sagan prend une fenêtre minuscule pour montrer l'instant dramatique de la vie des personnages, et semble, plutôt que de les faire évoluer , vouloir montrer jusqu'où ils peuvent s'enfoncer dans leur absence de bonheur.
J'ai beaucoup apprécié ce court roman. le personnage de
Sagan m'intrigue de plus en plus.