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EAN : 9782757888940
224 pages
Points (08/04/2021)
4.19/5   211 notes
Résumé :
Liberté, égalité, sororité !

Longtemps laissé en sommeil, le concept de sororité a refait surface avec le mouvement #Metoo : être soeurs, c'est être, ensemble, plus fortes. Envisagée comme outil de pouvoir féminin, la sororité nous invite à repenser ce que signifie être une femme aujourd'hui, à questionner les rapports de domination et à imaginer le monde de demain. Sous forme de récits, fictions, textes réflexifs, poèmes et chansons, ce collectif, di... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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💜Ce que j'ai ressenti:

« Autant, à force, ça prend. » Lauren Bastide

sororité. C'est un mot qu'on dirait presque magique. J'aimerai me l'approprier un peu, mais comme toute magie, il renferme des mystères et des rituels qui m'échappent encore. Alors je le prends dans mes mains, je le regarde, je le cajole, je me laisse séduire, j'essaie de le placer dans mes espaces, j'aimerai le faire pousser, le faire grandir, avec mes Soeurs…L'écrire tellement de fois, que mon correcteur, enfin, arrête de me le faire voir comme une anomalie, une faute d'orthographe, un mot inconnu. J'aimerai le voir briller dans vos yeux, dans vos coeurs. Qu'il devienne non seulement un possible mais une réalité…Contrer le sort de cette disparition du mot de nos quotidiens, mais il n'en sera possible que si nos mains se rejoignent et que nos esprits dépassent certaines mauvaises habitudes…

Alors cet ensemble de textes différents, c'est une manière de ressentir le potentiel de ce mot, la richesse de cette entraide formidable, si jamais, elle avait enfin lieu. On a de la poésie et des chansons, de l'intime et du concret, de l'idéal et des vérités crues, des récits et des témoignages, de la douleur et de la résilience, mais de l'espoir. Beaucoup, beaucoup d'espérances dans ce concept, et en découvrant ces pages, on se rend mieux compte de la pluralité des courants du féminisme et des efforts qu'il reste à fournir pour atteindre cet objectif. Lire ces femmes qui osent, qui s'insurgent, qui écrivent, qui pensent, qui réfléchissent d'une autre manière, qui donnent de la voix, qui ouvrent la voie, qui résistent pour que ce mot sororité, prenne de la valeur, de la profondeur, de la puissance, une place dans nos vies, c'est émouvant autant que salvateur.

Alors ne vous retournez pas mes Soeurs, avancez vers ce nouvel horizon. Ce recueil de textes 💯% féminin est un indispensable et un énorme coup de coeur! Pour l'intention et le plaisir de découvrir de nouvelles plumes et des femmes sur-puissantes, je ne saurai que trop vous conseiller de vous laisser émerveiller par cette lecture inspirante!

Ne te retourne pas, ma Soeur. Car tu n'y verrais rien. Tout se transforme, enfin. En toi, il y a le feu. Et les métamorphoses. C'est ton poème, vaillant, qui devient prose…Juliette Armanet.

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Babelio ainsi que les éditions Points de leur confiance et l'envoi de ce livre.
Lien : https://fairystelphique.word..
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Je remercie Babelio et les éditions points de m'avoir envoyé ce livre, dans le cadre de la masse critique. 

Mes enfants en voyant le livre m'ont demandé : Maman, qu'est-ce que ça veut dire SORORITÉ?

Tout d'abord : sororité, c'est le substantif du latin soror : soeur.
La sororité est un mot qui a toujours existé, il a fallu attendre le mouvement feministe de 1970 pour qu'il soit utilisé.
La sororité, c'est la fraternité, au féminin.
La sororité, c'est être soeurs, des soeurs qui le sont devenues en tissant un lien, par une démarche consciente, qui n'est pas venue naturellement. Une attitude sororale, c'est s'entraider, être à l'écoute des unes et des autres. C'est exclure de nos rapports, la rivalité, la compétition. C'est être ensemble, plus fortes, plus courageuses, être ouvertes, dans l'empathie, en confiance.

C'est un ouvrage collectif coordonné par la romancière et féministe Chloé DELAUME, qui regroupe les textes de quatorze femmes aux préoccupations différentes, romancières, journalistes, militante des luttes LGBT et féministes, philosophe, professeure, interprètes etc…

Certaines collaborations m'ont marqués plus que d'autres :

Dont celles de :
Lola Lafon, célèbre romancière et musicienne. 
Une jeune fille s'est fait violer par son petit ami. Elle décide de rejoindre un groupe de parole où elle se rend une fois par semaine. Une amitié indéfectible va naître avec deux autres filles fréquentant le groupe. Ensemble, elles se soutiennent, elles se posent les mêmes questions à des moments différents. S'entraident pour ne pas tomber plus bas dans la déperdition.

J'ai adoré ce poème “Ne te retourne pas ma soeur” de Juliette Armanet, autrice compositrice dont voici un court extrait : “Puis un jour, tu t'es tue. Et j'ai tout entendu. Et j'ai osé, je crois, te dire, au fond de moi. Depuis tous mes enfers, dessus toutes les lois, à mon tour, sans détour et de toute ma voix, Ne te retourne pas. Je suis avec toi.”

Estelle-Sarah Bulle, romancière, avec sa nouvelle UN CAFE, avec sa prose contre une femme entrain d'en descendre une autre. Lui expliquant que pour avancer ensemble, il faudrait entre nous de la bienveillance, de la considération et quand c'est possible de la solidarité envers les autres femmes.

Lydie Salvayre, romancière, qui s'approche de la sororité avec son texte percutant ANNE MES SOEURS ANNE que je lirai souvent.

Maboula Soumahoro, Docteure en civilisations du monde anglophone, nous relate dans son récit cette solidarité entre cinq soeurs  du même sang. Une blessure a rendu leurs corps et leurs esprits indivisibles : soeurs qui soignent, se conseillent, mettent en garde, protègent, font attention, s'aiment, se parlent.

Jeanne Chehral, autrice-compositrice-interprète, m'a ravi avec son poème CE GENIE, C'EST MA SOEUR.

Ovidie, réalisatrice, documentaliste et autrice se demande si nous ne sommes pas les propres gardiennes de notre oppression. La sororité n'est en rien innée et nécessite un apprentissage.  Elle nous oblige à désapprendre, à déconstruire. Se réjouir de la réussite d'une autre femme lui apporter son soutien, lui accorder toute sa bienveillance. 

Iris Brey, qui se souvient de toutes ses mains nues de femmes qui se sont emparées des siennes. 

Lauren Bastide, journaliste, nous livre l'intime...la mort de sa soeur. Comment a-t-elle envisagé la sororité, elle qui n'avait plus sa soeur de sang? 

J'ai été moins touchée par les textes sur la sororité politique, et je sais que c'est ceux-là que beaucoup d'entre vous préféreront.

Je suis ravie d'avoir lu ce livre-outil, qui amène à se questionner sur ce qu'est être une femme de nos jours, sur les rapports de domination. Et à imaginer quel pourrait-être le monde de demain.
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Qu'elles soient romancières, réalisatrices, journalistes, ou encore chanteuses, les femmes de ce recueil ont toutes accepté d'écrire autour de la notion de la sororité, et ce, sous la direction de Chloé Delaume. Ainsi, quatorze textes sont présentés au lecteur.

Quel recueil original. Si on entend beaucoup la notion de féminisme, il faut dire que l'on entend bien moins celle de sororité. Autour de cette notion, les femmes de cet ouvrage vont nous permettre une véritable remise en question et quelques pistes de réflexion.

S'il est vrai que certains textes m'ont davantage plu que d'autres, je dois dire qu'aucun ne m'a laissée indifférente. Toutes ces auteures m'ont fourni matière à réfléchir et m'ont amenée à me poser des questions.

Les plumes sont variées. Il y en a pour tous les goûts. Chacune des auteures a su me captiver. J'ai tour à tour été bouleversée, touchée, intriguée. m'a bouleversée. Certaines réflexions sont très intéressantes et bien amenées. Aucun texte ne m'a déçue.

Un recueil mettant en avant la sororité et amenant à de véritables pistes de réflexions. À découvrir.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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sororité (nom féminin) : Attitude de solidarité féminine.
(définition du Larousse)

Chloé Delaume a voulu créer un ouvrage collectif féminin sur cette notion peu connue de sororité, qui est moins utilisée que son homologue masculin, la fraternité.
Liberté, égalité, sororité : le slogan en jetterait et permettrait d'inclure les femmes, grandes oubliées dans les textes législatifs français.
Je ne peux pas parler de ce livre sans évoquer la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d'Olympe de Gouges.

Ici, Chloé Delaume a réuni 14 femmes d'origine et de situation différentes, en leur demandant ce que la sororité leur inspirait.

Chloé Delaume "De la sororité en milieu hostile"
Lola Lafon "La traversée" : viol
Juliette Armanet "Ne te retourne pas, ma Soeur"
Estelle-Sarah Bulle "Un café" : dialogue féministe, histoire de l'art
Lydie Salvayre "Anne mes soeurs Anne" : Barbe Bleue
Maboula Soumahoro "Nous sommes cinq" : Fratrie et solidarité entre africaines
Jeanne Cherhal "Ce génie, c'est ma soeur" : poème d'admiration d'une soeur envers une autre
Ovidie "A cause des garçons" : Cette chanson célèbre qui montre que la société a moulé les femmes à sa façon, pour préférer qu'elles soient concurrentes plutôt que solidaires. Et le symbole de la schtroumpfette entourée de schtroumpfs, pas si anodin que ça...
Iris Brey "Nos mains nues" : L'avortement
Lauren Bastide "sororité, adelphité, solidarité" : car une femme ne naît pas forcément femme, on peut aussi devenir femme
Kiyémis "La sororité comme horizon" : L'importance de la sororité dans un milieu créé par et pour les hommes, la politique / et le combat pour obtenir l'égalité financière
Fatima Ouassak "Protégeons nos enfants, ensemble !" : le viol des enfants en France
Camille Froidevaux-Metterie "La sororité, un a priori féministe" : la société met volontairement les femmes en concurrence pour éviter la sororité et trop de féminisme
Rébecca Chaillon "Et j'ai vu beaucoup de soleils se coucher." : d'un journal intime jusqu'à des actions concrètes pour que les femmes s'entraident
Alice Coffin "Sister Insider" : confrontation de points de vue entre Alice Coffin et des femmes célèbres (politique, journalisme).


Ce collectif rapporte des actions concrètes, constitue un outil avec des débats très intéressants sur ce qu'est la sororité, avec une nuance par rapport au féminisme.
Il montre toute la difficulté au quotidien pour les femmes de devoir se faire une place crédible dans la société patriarcale, dans le monde du travail sur des postes à responsabilité, dans le monde politique.
Une femme doit constamment prouver qu'elle mérite son statut, chose que les hommes n'ont pas besoin de faire.
Pour cela, au lieu de se tirer dans les jambes, il vaut mieux être solidaires, se soutenir mutuellement et s'entraider, bref, faire preuve de sororité.
Pourquoi se jalouser alors que l'on devrait être fière de ce que nos Soeurs accomplissent, faisant avancer sur la longue route pour obtenir l'égalité hommes/femmes à tous les niveaux.
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Coordonnées par Chloé Delaume, quinze femmes, quinze artistes, se sont réunies autour du mot sororité pour exprimer le lien indéfectible qui devrait exister entre les femmes, histoire de contrer un peu les hommes et le système patriarcal bien établi dont ils profitent depuis des siècles.

Les textes sont variés. On en trouve de poétiques, forts, qui font dresser les poils des bras et se nouer la gorge, comme celui de Juliette Armanet :
"Ne te retourne pas, ma Soeur. Car tu n'y verrais rien. Tout se transforme, enfin. En toi, il y a le feu. Et les métamorphoses. C'est ton poème, vaillant, qui devient prose…"

Il y a des tranches de vie, dans lesquelles on se reconnaît, mine de rien. le Café d'Estelle-Sarah Bulle rapporte une discussion souvent entendue entre femmes :
"- Je ne suis pas en guerre contre les hommes.
- Moi non plus. Mais en guerre contre les inégalités qu'on subit toutes, c'est déjà pas mal, non ?"

Il y a des récits en forme de conte, qui nous replongent dans l'enfance avec des yeux adultes - Lydie Salvayre - :
"Mais il arrive que nous soyons saisies d'une certaine mélancolie, parce que les Barbe Bleues continuent envers et contre tout, à sévir et à se reproduire. Alors nous montons tout en haut de la tour, nous resserrons nos rangs, nous observons les alentours et nous affûtons nos pointes."

Et nos illusions d'enfants peuvent prendre la forme d'une chanson, quand Ovidie nous remet les pieds sur terre, de façon abrupte, en disséquant A cause des garçons dont je ne résiste pas à l'envie de retourner voir le clip pour vérifier que ce qu'elle raconte est vraiment vrai… https://m.youtube.com/watch?v=uuF7-uT1xlE

Certaines, comme Iris Brey évoquent la maternité, l'accouchement mais surtout le besoin de contacts charnels entre femmes :
"Tendre la main vers une autre, c'est l'amener vers soi, la tirer de ce qui l'englue, de ce qui peut-être même la tue, pour aller ensemble vers le mouvement."

On peut d'ailleurs s'interroger sur cette place que prend la maternité dans la vie d'une femme et le prisme à travers lequel certaines vivent la sororité ou le féminisme. Faut-il forcément être mère pour être femme ? Ce n'est pas mon avis mais je perçois ceci chez Fatima Ouassak.
"A nous de politiser notre rôle de mère, notre quotidien, nos combats. Devenir des dragons puissants."

On aborde aussi la question sous un angle politique avec Kiyemis :
"La réalité, c'est que la sororité politique, la vraie, est difficile. Elle est difficile parce qu'elle appelle à une volonté de changement collectif et que nous sommes dans une ère qui incite à se recroqueviller sur nos cercles très réduits."

Et aussi avec Camille Froidevaux-Metterie :
"Pendant qu'elles sont ainsi accaparées par l'exigence de modeler leurs visages et leurs corps au moyen de filtres magiques, pendant que leurs mères s'échinent à perdre du ventre, à muscler leurs fesses et à gommer leurs imperfections, le monde des hommes continue de tourner sans elles. Tout ce temps passé à s'embellir et à quêter une attention fugace constitue du temps perdu pour les études et pour les projets, ce sont alors autant de possibilités de conquêtes qui s'évanouissent."

Au final, on s'interroge : la sororité est-elle vraiment possible ? N'est-ce pas une utopie ? Ne faudrait-il pas lui préférer l'adelphité, comme le suggère Lauren Bastide ?
"A terme, nos énergies sororales se transformeront en une prise concrète de pouvoir, un vrai "nous". Pas un "nous" forcé par je ne sais quel destin biologique, un "nous" de coopération et de cooptation, une vraie réponse à leur boys'club. Et chaque fois qu'ils ressentiront un instant la chaleur cuisante de la honte, le petit pincement de la lose, le serrement de la peur, chaque fois qu'ils perdront une poignée de cheveux, débanderont trop vite, arriveront derniers, ils sauront que c'est notre sororité qui les mate. La sororité est révolution féministe."

Un ouvrage à lire. Parce que la variété et la densité des textes séduisent même si ils sont selon moi assez inégaux. Parce qu'il invite à la réflexion sur nos rapports entre femmes mais aussi envers les hommes. Parce qu'il cite ses sources et ouvre des perspectives pour qui s'intéresse au sujet.
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critiques presse (1)
LesInrocks
20 avril 2021
La maison d’édition Points lance une collection de poches dédiée au féminisme avec quatre ouvrages, dont “Sororité”, un recueil de textes inédits de Lydie Salvayre, Juliette Armanet, Lola Lafon, Ovidie et bien d’autres.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Ce génie, c'est ma sœur de Jeanne Cherhal

Quand je l'ai vue saigner à se plier en deux
Le ventre condamné par des assauts fiévreux
Le corps humide et pâle, éreinté de douleur
J'ai ressenti son mal en pensant : c'est ma sœur

Quand je l'ai vue chargée de mille poids trop lourds
Assaillie, débordée du jardin à la cour
J'aurais juré qu'en elle, il s'en cachait plusieurs
Mais non, elle était seule. Elle assurait, ma sœur.

Quand je l'ai vue blessée par l'insulte et la haine
Qui pourrissent au fossé de la bêtise humaine
J'ai voulu la chérir et la couvrir de fleurs
Pour conjurer le pote. On fait ça, entre sœurs.

Mais quand je la vois forte avec le poing levé
Déverrouiller les portes et battre le pavé
Reléguer l'impossible au rang des vieilles peurs
Je la trouve invincible, invincible ma sœur.

Quand je la vois nature, animale et sauvage
Épouser le futur au rythme de son âge
Creuser sa propre terre et trouver son bonheur
J'en serais presque fière : ce génie, c'est ma sœur.

Quand je l'entends chanter l'urgence et l'absolu
L'amour, la liberté, les carcans révolus
Les grands vents dans les blés, les sorcières en chaleur
Je veux lui ressembler et par chance, c'est ma sœur.
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Cet ouvrage collectif est un geste sororal. Ici, quatorze femmes se penchent sur le sujet. Romancières, essayistes, chercheuses, chanteuses, journalistes, poétesse, réalisatrice, metteuse en scène. Leur univers, leur parcours, leur pratique diffèrent, autant que leur façon d'aborder la question. Pour certaines, l'expérience de la sororité commence par le rapport avec leurs sœurs de sang, pour d'autres c'est une rencontre avec des inconnues. Elles racontent, interrogent, explorent ce qui constitue pour elles ce lien si particulier. Un lien tissé volontairement, qui ne s'impose pas de lui-même, y compris au sein de la cellule familiale. La sororité n'est pas une évidence, questionner le pourquoi peut aussi s'imposer. Parfois même, elle rebute, pouvant être perçue comme contraignante, voire déficiente. La sororité est un choix où le pouvoir individuel abdique au profit d'une force collective bientôt prête à l'action. La sororité relève du politique, et a le concret pouvoir de modifier le réel. Ce recueil a été pensé pour être à l'image du mot même : un outil, donc, dont chacune peut maintenant s'emparer.
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Sororité. Substantif féminin, du latin soror : Sœur. En latin médiéval, le mot sororité désignait une « communaute religieuse de femmes». Rabelais l'a fait sortir de l'enceinte du couvent, à partir du XVI siècle sororité devient une « Communaute de femmes ayant une relation, des liens, qualité, état de soeurs ». Hors de la foi chrétienne, de la structure familiale, de toute domination masculine. Une relation horizontale, sans hierarchie ni droit d'ainesse. Qualité, état de soeurs. Un rapport de femme à femme, indéfectible et solidaire. Un rapport de femme à femme, ni fille ni mère, égalitaire. Le mot était dans le dictionnaire et il y a dormi des siècles, il a fallu attendre le mouvement féministe des années 1970 pour qu'il soit usité.
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Lauren Bastide, « Sororité, adelphité, solidarité »

Lire, comprendre et partager les pensées des femmes. Manifester. Soutenir. Écouter. Comprendre et partager la rage. Pousser vers le haut. Faire circuler les noms. Céder sa place. Passer son tour. Faire ruisseler l’argent vers les associations, vers les cagnottes, vers les projets révolutionnaires. Acheter les bouquins, les disques, voir les films. Consommer des produits vendus par nos adelphes. Encourager les créations. Rendre visible, rendre audible. Créer des groupes de soutien. Appeler, consoler, booster. Répondre, conseiller, remercier, encourager. Se retrouver, se donner de la force, se bourrer la gueule, se serrer dans les bras, se pleurer sur l’épaule, monter des projets, avoir des idées, écrire des trucs, créer, faire l’amour, procréer, construire, rêver. Jouer avec passion sur ce spectre. Faire place, dans nos vies, à un espace libre de toute coopération forcée avec la cismasculinité.
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Il faut mesurer la dangerosité du concept : par la sororité surgit l’indépendance, voire l’autogestion. Le système dominant n’a aucun intérêt à être perturbé par un contre-pouvoir. Longtemps on a pu croire que le mot fraternité n’avait pas d’équivalent féminin. Jusqu’à accepter sans moufter que le masculin devienne universel au creux de la devise française. Liberté, Égalité, Fraternité : dans un pays qui compte aujourd’hui plus de femmes que d’hommes l’idée de prendre le burin au fronton des mairies peut parfois démanger.
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Vidéo de Chloé Delaume
Rencontre avec Chloé Delaume autour de son dernier roman Pauvre folle publié aux éditions du Seuil.


Chloé Delaume, née en 1973, est écrivain. Adepte de l'autofiction et de littérature expérimentale, elle a notamment publié chez Seuil: Dans ma maison sous terre (2009), Une femme avec personne dedans (2012), Où le sang nous appelle (2013), Les Sorcières de la République (2016), Mes Bien chères soeurs (2019), le coeur synthétique (2020).


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01/02/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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