Comme après ma première lecture de
Romain Sardou, "
Pardonnez nos offenses", je termine "La treizième colonie" avec des sentiments partagés.
Il s'agit indéniablement d'un honnête roman historique.
Comme l'atteste la bibliographie fournie, l'auteur s'est largement documenté sur l'histoire et les conditions de vie au tournant du XVIIe et du XVIIIe siècle, dans les îles britanniques, les colonies d'Amérique et chez les peuples indiens.
L'histoire, sur fond de conflit anglo-irlandais et de colonisation des territoires indiens, croise les destins de deux familles que tout oppose : les Muir et les Bateman. Les jeunes Lilly et Harry Bateman, Irlandais catholiques, s'exilent en Amérique pour fuir les persécutions (petite déception pour les fans de Michel : ils viennent de la région de Dublin et non du Connemaraaaaa !). Les Muir sont de riches négociants et armateurs londoniens d'origine germanique (un vrai tyran, cet Augustus Muir !). En découle une ribambelle d'aventures, de rebondissements, voire de coups de théâtre...
Alors, que demander de plus, me direz-vous ? Et je vous répondrai : de l'équilibre, du souffle, de la profondeur, du style... pour lier tout cela !
J'ai trouvé que
Romain Sardou survolait trop rapidement certains personnages et événements importants, comme par exemple l'installation des Bateman à New York et la naissance de leur fils Charles. À l'inverse, le passage sur le système d'emprisonnement des endettés à Londres m'a semblé interminable, d'autant plus que je me demandais où l'auteur voulait en venir. En lisant un roman intitulé "America", on ne s'attend pas à passer autant de temps dans une prison londonienne...
La narration, avec ses chapitres annonçant à chaque fois la famille dont on parle, ainsi que la date, m'a paru aussi lourde qu'abrupte. Enfin, l'emploi fréquent de sentences, sous forme de paragraphes d'une phrase, assèche encore le récit.
Pourtant, quand l'auteur veut bien s'attarder sur un caractère, il arrive à donner vie à certains protagonistes, comme la fille adoptive d'Augustus Muir, Shannon Glasby, qui en devient attachante. Mais il faut pour cela atteindre la page 170 et, au passage, ne pas se laisser décourager par les coquilles laissées par l'éditeur XO...
America offrira certainement une lecture distrayante aux amateurs de romans historiques, mais il m'a manqué l'étincelle de passion nécessaire à ce genre de saga. Voyons ce que donnera le tome 2...