AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,84

sur 468 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Seksik raconte Zweig. Rien qu'avec leurs deux noms, 50 points mini au scrabble. Autant dire que c'est du lourd.
Mais loin d'une partie de jeu, Seksik se fait simplement le modeste messager des derniers jours de l'énormissime et talentueux Zweig.

Point d'emphase lyrique ou d'éloge débordant. Mais une écriture à l'image de l'homme : dans la retenue, jamais expansive, emplie autant de sensibilité que de compassion.
Et Zweig apparait dans toute sa détresse des derniers mois. Ou détresse d'une vie plutôt. Quelques flashbacks, et on (re)découvre un homme blessé, sensible, vulnérable. En perpétuelle fuite. Vienne, Londres, New-York, Petropolis. Exilé et libre nulle part. Epuisé, il aspire à une tranquillité dans la tourmente de ce XXème siècle qui le dépasse. Tourmenté de longue date, la traque du juif par les haineux aura raison de son éternelle désespérance.
Et pressé notamment par un Bernanos vif et enclin au combat par l'écriture, Zweig, l'ami de Rilke, Hesse ou encore Roth, étouffe sous son habit d'auteur internationalement reconnu, attendu pour porter la parole de la lutte anti-nazie.
Le doute toujours à l esprit : en refusant l'engagement politique, est-il faible? Ou pire, lâche?

Seksik ne juge pas l'homme mais rend un hommage vibrant et sobre à celui qui fut toute sa vie dévasté par ce monde de haine, d'intolérance. Pour finir emmuré dans un terrible abattement physique et moral. Lotte, sa seconde femme, à l'amour plus solide que sa fragile santé, ne pourra le sauver de l'inéluctable issue malgré un soutien indéfectible. Résignée, passionnée, le suivre dans son tombeau de désarroi sera son ultime geste d'amour.
 
Somptueux récit ou émane une discrète mais néanmoins fervente tendresse pour ce fabuleux apologiste du pacifisme, cet humaniste meurtri. Incontournable pour les amateurs du grand Zweig.
Commenter  J’apprécie          7311
Que dire si ce n'est que ce roman est magnifique, écrit par un auteur dont j'ai apprécié La légende des fils avec pour sujet Stefan Zweig dont j'ai aimé tout ce que j'ai lu.
Stefan Zweig a fui son Autriche natale ; avec Lotte, sa seconde épouse, après Londres, ils accostent à New York où Stefan Zweig assailli par les demandes de visas, d'argent, ... de juifs connaissant sa renommée, décide de mette le cap sur le Brésil, pays qu'il connaît bien pour y avoir déjà séjourné et écrit un livre le Brésil : Terre d'avenir. Il se souvient des propos que lui avait tenus Rolland dans sa dernière lettre : «Je ne vous vois pas installé au Brésil. Il est trop tard dans votre vie pour y prendre racines profondes. Et sans racines, on devient une ombre.», cela résume bien son état d'esprit. Six mois après son arrivée au Brésil, le dimanche 22 février 1942 après avoir congédié la gouvernante, donné congé au jardinier, écrit des lettres à ses amis, il se suicide avec Lotte éprise jusqu'au sacrifice ultime.
Laurent Seksik précise : Ce roman repose sur des faits réels et des événements historiques recoupés dans des archives de l'époque, témoignages et documents ; il cite la bibliographie sélective des documents concernés par l'écriture de cette fiction.
À lire !

Challenge Petits plaisirs 2017 – 112 pages
Commenter  J’apprécie          716

Un roman choisi, débuté et injustement abandonné en 2013... Cette fois, j'ai lu ce
roman d'une traite. Une très belle écriture, à la fois poétique, empathique et généreuse...
Ce texte bien documenté embrasse les six derniers mois de l'écrivain autrichien,
Stefan Zweig, avec sa seconde épouse, Lotte Altmann, sur les chemins de l'exil...
: L'Angleterre, Les Etats-Unis, New-York, et la terre du Brésil, où il mit fin à ses
jours avec sa jeune femme, le 22 février 1942.

Un auteur autrichien qui se trouve dans mon Panthéon... depuis fort longtemps.
Un texte poignant, bouleversant qui relate subtilement la complexité de la personnalité de Zweig, qui déjà très jeune, était habité d'idées sombres et prémonitoires...Laurent Seksik relate aussi admirablement la genèse de certaines oeuvres, dont la rédaction de la biographie de Montaigne qui fut une vraie lumière dans cette période de l'exil, et après ses bagarres , difficultés pour avancer son travail sur Balzac, qui ne le satisfaisait pas...

Laurent Seksik nous rappelle de même la préférence de Zweig pour Kleist et pour les poètes aux fins tragiques qu'il étudia attentivement dans le passionnant "Combat avec le démon"....

Nous assistons également à sa rencontre mémorable avec un autre écrivain exilé comme lui , complexe et torturé...dans cette "terre d'accueil du Brésil",Georges Bernanos...

"Il avait longtemps hésité avant d'aller rendre visite à Bernanos, qui vivait à Barbacena, à quelques heures de train de Petrópolis. Il redoutait d'imposer au Français son inconsolable tristesse, ses lourds silences, en un mot sa présence. Mais il voulait voir un écrivain, parler avec un écrivain, retrouver le sentiment d'exister avec une âme soeur- un autre auteur ayant
choisi l'exil absolu. Il rêvait de parler à nouveau français, retrouver Paris, au milieu du Brésil. Et qui sait ? Puiser dans la ferveur de son hôte la force de se remettre au travail" (p. 141)

Un très beau roman , vibrant, qui redonne des envies démultipliées de lire et relire les écrits de Stefan Zweig; pour ma part, un grand élan pour retourner vers "Le combat avec le démon" et la biographie de Montaigne... parmi les envies les plus immédiates et impérieuses !!!

Une lecture à ne pas manquer pour tous les passionnés de Zweig et aussi ceux qui ont envie d'aborder son oeuvre...

Commenter  J’apprécie          470
Laurent Seksik embarque son lecteur dans les six derniers mois de la vie de Stefan Zweig, le génial écrivain autrichien qui nous a laissé une oeuvre magistrale incluant des nouvelles d'une incroyable finesse.
Zweig a fui le nazisme en partant à Londres en 1934, puis il a dû mettre davantage de distance entre le monstre et lui, et s'est exilé au Brésil en 1941.
C'est de là qu'il assiste, impuissant et atterré, au déferlement de la barbarie, jusqu'au coup de grâce, en février 1942, de l'annonce de la victoire des Japonais sur les Anglais à Singapour.
"Singapour, dernier rempart de la civilisation, s'est rendu aux Japonais. Jamais on n'aurait pu imaginer. [...] le dernier bastion est tombé. maintenant, les barbares ont le monde à leurs pieds. L'horizon s'ouvre à eux. [...] Dans un an, les barbares seront à Rio. La fête est terminée. Il n'y a plus de repaire, plus d'abri nulle part." : voilà les pensées que Laurent Seksisk prête à l'écrivain rattrapé par le désespoir au lendemain d'une fête de Mardi Gras particulièrement animée à Rio.

L'auteur nous dit en fin d'ouvrage : "Ce roman repose sur des faits réels et des événements historiques recoupés dans des archives de l'époque, témoignages et documents. Les propos et réflexions de certains personnages se veulent respectueux de l'esprit dans lesquels ils ont été tenus dans les correspondances, les journaux, les articles et les livres sur les protagonistes." Mais s'il a effectué de nombreuses recherches (la bibliographie en témoigne), l'exercice était tout de même périlleux.
Les faits sont historiquement établis, mais comment rendre compte des pensées et de l'état d'esprit d'un homme sans y glisser sa propre interprétation ?
Sans sombrer dans l'émerveillement béat et écrire une hagiographie sans grand intérêt ?
Sans, inversement, rester trop neutre et produire un roman sans âme ?
Tout est une question d'équilibre. Et cet équilibre, l'auteur a très bien su le trouver.

On sent de l'admiration dans ce texte, mais qui va le reprocher à Laurent Seksik ? Certainement pas les nombreux lecteurs de Stefan Zweig qui font de lui l'écrivain étranger le plus lu en France au vingtième siècle.
On sent également beaucoup de respect : l'auteur en dit suffisamment, mais ne veux pas dépasser certaines limites. Il avance en quelque sorte sur la pointe des pieds, pour ne pas déranger, pour ne pas troubler l'intimité d'un homme.
Je crois qu'il n'est pas exagéré de dire que, dans un style différent, Laurent Seksik a essayé le plus possible de faire preuve de la même finesse de pensée que Stefan Zweig : d'une certaine façon, l'écrivain autrichien a un peu déteint sur l'auteur français qui raconte sa vie.

Laurent Seksik arrive formidablement bien à nous faire ressentir les tourments intérieurs d'un homme infiniment sensible, sa tristesse permanente qui vire à l'abattement puis au désespoir conduisant à une fin prévisible et inéluctable.
Comme il a dû souffrir, cet homme de culture, intellectuel et humaniste ! Comme il a dû ressentir dans tout son être l'horreur qui s'abattait sur le monde ! Comme il a dû être profondément et irréversiblement blessé, cet homme si fin, si délicat ! Cet homme à qui cette citation de Heinrich von Kleist s'applique parfaitement : "Mon âme est si meurtrie que lorsque je mets le nez à la fenêtre, la lumière du jour me fait presque mal."

Quelle tristesse ! Quel gâchis !

Voilà un roman sombre et magnifique, plein de pudeur et particulièrement émouvant.
Une très belle façon pour les lecteurs de Zweig de découvrir l'homme derrière l'oeuvre. Pour les autres, cette lecture pourra leur donner envie de découvrir La confusion des sentiments, 24 heures de la vie d'une femme, Amok... et bien d'autres chefs-d'oeuvre de ce génie dont la disparition fut une grande perte pour l'humanité.
Commenter  J’apprécie          4610
Un court roman qui en dit pourtant long sur Stefan Zweig, non seulement sur les derniers mois de sa vie, en terre d'exil , le Brésil, mais aussi sur ses terres d'adoption transitoire, l'Angleterre, les Etats-Unis, et sur son pays d'origine, l'Autriche, qu'il a fui dès 1934, pressentant des heures sombres pour sa communauté, un autodafé ayant été déjà organisé et les juifs de Vienne humiliés, dépouillés, "invités" à s'expatrier .

L'auteur met parfaitement bien en lumière les zones d'ombre et de désespoir qui enveloppent chaque jour davantage Zweig, s'interroge sur les racines profondes de ce mal qui le ronge depuis longtemps, et qui va l'engloutir peu à peu, entraînant dans cette spirale sa jeune épouse, Lotte, dont le mal-être et la détresse m'ont particulièrement touchée !

Nous croisons par la même occasion nombre de ses amis et relations, Joseph Roth, Freud, Thomas Mann, Bernanos, Romain Rolland, restés au pays ou exilés engagés, qui ne comprennent pas sa fuite ou son impassibilité devant l'adversité.
Zweig, juif un peu malgré lui, comme il se définit, se sent coupable de son inertie. Se sentant traqué même au bout du monde, il va suivre parallèlement le même chemin de l'anéantissement.

Quelle richesse que ce roman , qui nous laisse entrevoir un Zweig en proie à de profonds tourments, portant le poids d'une lourde hérédité ancestrale. Atavisme puissant évoqué déjà dans sa première nouvelle, "Dans la neige" écrite en 1901.

Une envie folle de lire encore du Zweig, mais aussi du Seksik, découvert ici.
Commenter  J’apprécie          3914
Vu de loin, la mort de Stefan Zweig, c'est celle d'un grand humaniste qui a vu le monde qui représentait toute sa vie anéanti par le régime nazi et qui, exilé au Brésil, s'est suicidé avec son épouse. Evidemment s'agissant de Stefan Zweig, ce raccourci est frustrant et on ne peut que se réjouir de l'excellent travail de Laurent Seksik . Un roman biographique écrit avec modestie, pudeur et respect, dans un style qui pourrait presque être celui de Zweig. Bien sûr une telle fin conservera toujours une part de mystère, mais l'impression d'intimité qui se dégage de ce livre est remarquable comme la troublante référence aux lignes écrites par Zweig sur Kleist dès 1925. Un livre indispensable à lire pour tous ceux qui aiment Zweig.
Commenter  J’apprécie          290
Saisissant, j'étais prés de Zweig, je ressentais son mal être et le comprenais.Le comprendre d'ailleurs est sans doute fort, il faut le vivre pour le comprendre.
Un superbe roman franchement

Commenter  J’apprécie          160
Mon dieu quelle écriture ! Quel destin ! Il m'aura fallu plus d'une semaine pour m'atteler à la critique des Derniers jours de Stefan Zweig de Laurent Seksik qui en ce moment fait la une de la rentrée littéraire avec son livre consacré au fils fou d'Einstein (Le cas Eduard Einstein).
Une semaine pour digérer ce livre, pour me remettre doucement du choc émotionnel causé par ce roman. Je suis littéralement restée pantoise et décontenancée par cette pépite de talent, où chaque phrase parfaitement ciselée, chaque mot choisi, frappent juste et dégagent un tel ras de marée d'émotions. Rarement livre m'aura à ce point émue.
Tout est dit dans le titre vous vous en doutez. Stefan Zweig, icône littéraire de cette Europe cosmopolite de la première moitié du XXe siècle, fervent défenseur de la paix et de l'humanisme, témoin de ce siècle d'effervescence sociale et culturelle, figure de prou de cette Mitteleuropa d'autrefois, croit trouver dans le Brésil une terre d'accueil, lui qui fuit le régime nazi. Accompagné de sa seconde épouse, la douce et fragile Loth, si admirative et si éprise de cet homme (jusqu'à l'obsession), il assiste à l'effondrement d'un mythe, d'un idéal de valeurs d'humanité et de générosité auxquels il avait tant cru. Nous vivons les derniers mois de ce couple, miné par le plus profond désarroi, par le plus insoutenable pessimisme. A travers le regard de Loth notamment, nous assistons désemparés, à la lente déchéance de Stefan Zweig, mari peu soucieux de sa fragile épouse, aveugle à l'amour qu'elle lui porte et qu'elle espère tant lui offrir pour le sauver. Car le livre est le récit de cette dualité : d'un côté l'écrivain, qui ne croit plus en rien et ne veut plus survivre à l'horreur répandue dans une Autriche et une Europe tant aimées, de l'autre Loth, qui incarne ce renouveau et l'espoir d'un recommencement (d'une renaissance) dans ces contrées lointaines et exotiques.
Laurent Seksik est un merveilleux auteur et son écriture, fluide et si poétique, rend parfaitement hommage à cette histoire tragique, à ces destins brisés. Les passages sur Loth sont tout simplement poignants, tellement d'ailleurs que j'aurais tant aimé secouer Stefan Zweig et lui ouvrir les yeux, le livrer enfin aux douces caresses du bonheur conjugal ! Les derniers jours de Stefan Zweig est un livre rare qu'il vous faut lire, je n'ai pas d'autres mots !

Lien : http://livreetcompagnie.over..
Commenter  J’apprécie          142
J'aime beaucoup Stefan Zweig... il a l'art de raconter et sa plume est magique, belle et poétique... C'est donc tout naturellement que je me suis tournée vers ce récit de Seskis. le personnage m'intéresse, et je voulais me faire raconter ses derniers jours... J'ai adoré cette oeuvre... C'est fourni de faits historiques et l'auteur nous amène à mieux comprendre le choix qu'à fait Zweig de se donner la mort. Entre les amis qui disparaissent à tour de rôle, ce désir fort d'écrire l'oeuvre parfaite sans y arriver, les événements sociétaux, l'exil, le sentiment de rien ne pourra aller mieux... le mal de vivre de Zweig est juste et on arrive à comprendre les motivations, sans pour autant les cautionner, parce que le définitif est loin d'être acceptable. Et puis, cette envie d'encore plus fouiller l'oeuvre de Zweig qu'à réussi à créer chez moi Seskis est pour beaucoup dans mon appréciation de ce récit... Vraiment une très bonne lecture que je recommande à tous les amoureux de Zweig !
Commenter  J’apprécie          120
le roman débute en Septembre 1941 et se termine le 22 Février 1942. Les 6 derniers mois de Stefan Zweig conté par Laurent Seksik. Il n'est pas seulement question de Stefan Zweig mais également de Lotte Altmann sa seconde épouse, de leur vie à Petrópolis au Brésil lorsqu'ils fuirent le régime nazi. On côtoie Zweig sa vie, ses tortures mentales (il se sentait traqué), sa nostalgie d'un pays perdu et de l'époque de ces grands écrivains qui ont marqués la littérature (beaucoup de références aux oeuvres de Stefan Zweig et de ses contemporains : Thomas Mann, Georges Bernanos, Ernst Toller, Walter Benjamin..).

La fin de son monde le pousse au désespoir car celui qui s'annonce est sombre et sauvage. Sa ville Vienne très chère à son coeur est aux mains des allemands, et ce n'est que le début, d'après lui les forces nazies vont finir par débarquer sur le continent américain et traquer tous les juifs qui s'y sont cachés mais surtout il était navré de voir la langue allemande celle qu'il utilisait pour ces oeuvres devenir la langue de l'infamie. Il a tout perdu : certains de ses amis, sa demeure de Salzbourg, ses livres…
C'est donc cette chute dans les ténèbres qui nous est contée dans ce roman, la fin de l'auteur le plus lu de son époque ; leur suicide qu'il qualifiait pourtant de lâcheté.

Il est difficile d'attacher des mots à un destin, d'expliquer un geste ou de le faire comprendre ; difficile de rester neutre devant la vie de Stefan Zweig ; difficile de se mettre dans la peau d'un homme à l'âme torturée. Je ne peux expliquer très longtemps les sentiments qui m'habitent une fois la dernière page tournée, juste un mot : bouleversant.

Lien : http://www.stemilou.over-blo..
Commenter  J’apprécie          120




Lecteurs (1048) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1725 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}