Nid de vipères.
Ce hors-série s'ouvre d'abord sur une introduction revenant sur le succès de la collection. Si l'on a l'impression d'assister à une séance d'autocongratulations, force est d'admettre qu'elle est plus que méritée, tant Une Heure-Lumière regorge d'excellents textes qui résonnent chez les lecteurices. le pari est réussi.
Puis vient le gros morceau, une nouvelle de
Priya Sharma, précédée d'une incroyable illustration d'
Anouck Faure, terrible, hypnotique et fabuleuse, qui donne parfaitement le ton.
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Ce texte est un nid. Un nid de vipères.
Et de choses bien plus dangereuses.
Une famille aux nombreux non-dits, et une petite fille toute particulière. Quand tous ses membres finissent par se retrouver, l'horreur crache son venin.
Les secrets et traumatismes enfouis remontent, se devinent par sous-entendus, comme les motifs des écailles de serpent qui se dévoilent et disparaissent lorsque leurs anneaux roulent et s'entremêlent, lovés entre eux.
Horribles et bien réels.
Les thématiques sont dures, comme la coquille de leurs oeufs, qui ne se fissure que pour éclore d'une échappatoire, ténue, étroite, dans laquelle il faudrait ramper et sinuer pour l'emprunter. Car par les lézardes passent un peu de lumières, et beaucoup d'émotions.
De nombreux parallèles sont faits avec les contes tout au long de la nouvelle. En effet, d'une certaine façon, on y retrouve bien des princesses au sommet d'une tour, un roi cruel, un vieux château familial... Et l'ogre. le dragon.
Ainsi que les monstres. Surtout les monstres. Étranges. Inquiétants. Fabuleux. Comme ce texte.
Mais si c'est un conte, c'est alors un conte percuté par l'horreur de la réalité, dévoyé par un fantastique étrange et organique, nécrosé par le venin.
S'il y a du conte dans cette nouvelle, ce n'en est que la mue, une ancienne peau. Ce qui en a émergé, visqueux et rampant, est tout autre chose.
Un récit étouffant comme l'étreinte du reptile qui t'avale, hypnotique comme le regard de l'animal.
Marquant, comme la morsure du serpent. Son venin brûle dans les veines, mais on l'adore.
Car fabuleuses sont ces bêtes.
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Le numéro se conclut par la présentation des différents ouvrages de la collection à travers divers menus bien pensés et originaux, par Camille Vinau.
Son compte insta m'avait déjà aiguillé sur le deuxième numéro à prendre pour obtenir ce Hors-Série (offert pour l'achat de deux UHL lors de l'opération consacrée), ces menus m'ont permis de dénicher les prochains sur lesquels me jeter.
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Un Hors-Série de qualité qu'il serait dommage de manquer.
Allez, laissez-vous mordre.