Ce livre est un roman historique très documenté sur le parcours de Mohandas Karamchad Gandhi. Nous assistons à la naissance du Mahatma.
Avocat en Afrique du Sud, "il gagnait beaucoup d'argent, vivant comme un patriarche, mais n'en tirait guère de satisfaction" (p 99). Jusqu'à cette nuit de Maritzburg où, victime de ségrégation, il prend conscience du combat à mener pour que la minorité indienne d'Afrique du Sud obtienne l'égalité des droits.
Commence alors un parcours de plus de dix ans pour le narrateur, Hermann Kallenbach, juif allemand, architecte à Johannesburg. ''Comment a-t-il pu aimer un homme si peu attachant''? Cette question, Hermann se la posera régulièrement après leur séparation en 1914.
Pendant dix ans, il a rejoint la cause indienne, investissant sans compter, partageant le quotidien, l'intimité de Gandhi. Il est ''envoûté'', et il a la ''jubilation de servir enfin à quelque chose''. Mais surtout, il avait conscience du Gandhi en devenir.
Ses mémoires, sous la plume de
Sinoué, oscillent entre temps de l'écriture ( en janvier 1945, lorsqu'il décide de les rédiger), temps de la narration (le retour sur ses dix ans de vie commune avec Mohan, comme il appelle Gandhi), et retour en arrière, de la bouche de Gandhi, pour rapporter un événement antérieur à la rencontre entre les deux hommes.
Gilert
Sinoué replace ces trois strates d'écriture dans le contexte international, pour mieux situé l'action de Gandhi. L'Afrique du Sud, l'Angleterre, la première Guerre Mondiale, la montée de l'antisémitisme et du nazisme dans l'entre-deux guerre, le sionisme.
On se rend compte alors que Gandhi était à la fois un visionnaire ( il avait compris avant tout le monde que la création d'un état d'Israël ne se ferait pas sans heurt), mais en même temps, il faisait preuve d'une grande naïveté et d'une incroyable crédulité. En effet, il ne pouvait concevoir la noirceur du coeur humain, il faisait spontanément confiance aux hommes, ce qui l'amena à appeler Hitler "cher ami" dans un courrier daté de 1939.