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EAN : 9782081268791
450 pages
Flammarion (19/03/2014)
3.73/5   122 notes
Résumé :

En 1893, une entreprise indienne propose à Mohandas Karamchand Gandhi, tout jeune avocat, de se rendre en Afrique du Sud pour y défendre ses intérêts. Gandhi accepte. Il ne le sait pas encore, mais c'est le tournant de sa vie. Il découvre l'apartheid, l'humiliation, et se lance dans un combat acharné contre la discrimination dont sont victimes ses compatriotes indiens.

C'est là qu'il expérimentera pour la première fois une arme redoutable : ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
3,73

sur 122 notes
Attention : propos déroutant mais bienveillant.


Quand mon jeune frère m'a mis ce bouquin dans les mains, je ne me doutais pas qu'il s'agissait d'une biographie romancée des pérégrinations de Gandhi en Afrique de Sud. Bon, j'aurais pu lire la quatrième de couverture qui résume bien l'histoire, c'est vrai. Sinoué, j'en apprécie le talent de conteur et c'est avec plaisir que j'avais lu de ses romans historiques en des temps pré-babeliens commençant par L'enfant de Bruges, dont je me souviens, enthousiaste, avoir recommandé la lecture ; et plus récemment, d'une toute autre veine, plus psychologique, L'homme qui regardait la nuit, peut-être mon préféré, le seul que j'ai chroniqué. Aussitôt reçu, aussitôt lu donc, pour pouvoir le rendre rapidement bien entendu^^.


Cela et le film Gandhi vu à sa sortie en salle début des années 80, difficile de nier un effet de halo même si je continue à défendre que tout livre mérite d'être apprécié dans l'absolu. Satyagraha : « le combat pour la vérité » entré dans l'Histoire marque l'inconscient collectif. Par honnêteté il me faut donc partager mes émotions contrastées au sortir du cinéma des galeries, aujourd'hui disparu. Admiration sans borne pour le courage physique, l'intelligence roublarde et la détermination sans faille du Mahatma, étonnement teinté de scepticisme par rapport à certains positionnements, colère quant à sa façon de traiter ses proches, sa famille. L'apôtre de la non-violence, je le considérais aussi tyran domestique, égoïste et égocentrique. Le passage qui m'avait le plus marqué ? Ce voyage en diligence (au départ de Charlestown en Afrique du Sud en date du 5 juin 1893) émaillé d'incidents, immédiatement suivi le 7 par la nuit de Maritzburg.


Point de basculement dans la vie de ce jeune avocat indien jusque là timide et qui s'engage à ce moment précis dans la résistance civique non-violente, pas étonnant que Gilbert Sinoué titre ainsi son roman à la fin duquel j'éprouve le même malaise vis-à-vis de la personnalité de Mohandas Karamchand Gandhi. Rien de changé si ce n'est que la colère aveugle s'est en partie transmutée en tristesse. Car effectivement ce nouvel éclairage confirme un type de personnalité que les psys ont maintenant associée à deux mots qui condamnent à la vindicte populaire toute personne ainsi étiquetée : Pervers Narcissique.


Gandhi : pervers narcissique, ouvre grand les portes à un questionnement multiple, pour moi la marque d'un grand livre ! Au cours des réflexions qui prolongent ma lecture, cette pensée notamment me traverse : Et si l'admirable accomplissement de Gandhi résultait justement du fait qu'il était ce qu'il était ? Aujourd'hui, serait-il emprisonné pour d'autres raisons ? Donc j'ai de loin préféré son fidèle Hermann Kallenbach parce qu'Allemand il embrasse par amour une cause étrangère, seule sa soumission excessive m'inpportune quelque peu, en fin de compte ma véritable héroïne sera une personne moins connue mais ô combien attachante Sonja Schlesin, au départ simple secrétaire…


Mais que l'on ne se m'éprenne pas, en ces temps troublés que n'avons-nous un nouveau Mahatma : « Grande Ame » pour prôner en toute dignité la Satyagraha ? Quant à moi si loin de ces engagements admirables je ne peux en juger aucun, juste émettre mon ressenti le plus honnête et espérer l'effet papillon.
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Une étonnante plongée dans ce que fut la genèse du destin hors du commun de Gandhi. le roman de Gilbert Sinoué nous raconte comment le simple petit avocat, timide et peu affirmé, débarqué en Afrique du Sud pour représenter une entreprise indienne va se transformer en "Mahatma" (grand âme). Découverte de la ségrégation raciale et des violences à l'encontre des "non blancs" ,humiliations directes,tout ceci va construire Gandhi qui sacrifiera tout à ce premier combat, sorte de répétition générale, même s'il ne le sait pas encore, de ce qui l'attend plus tard en Inde.

Mais le roman est aussi et surtout celui de sa relation "amoureuse" bien que chaste avec Hermann Kallenbach, architecte juif allemand, le mieux placé pour observer la mue progressive de cet homme, qu'il aime mais dont il mesure également les dégâts collatéraux causés par l'acharnement de celui qui ne veut pas dévier de la cause qu'il défend. Sous le grand homme se cache un vrai tyran domestique, exigeant de sa famille en premier lieu, les sacrifices exemplaires qu'il demande à tous dans le combat (chasteté, végétarisme, obéissance, dépouillement…).

"Suis-je cet homme impitoyable? Un despote? Un personnage qui se sert des gens comme des instruments?"

Ces paroles prononcées par Gandhi résume parfaitement le portrait que nous dresse l'auteur à travers les mémoires d'Hermann Kallenbach, juif allemand, architecte à Johannesburg qui a rejoint la cause indienne et partager le quotidien et l'intimité du Mahatma pendant dix années.

Un roman historique passionnant qui nous laisse songeur sur la personnalité de Gandhi et qui nous fait découvrir un épisode peu connu de sa vie, prémices à son combat futur pour l'indépendance de l'inde.
Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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Un portrait en noir et blanc qui ternit quelque peu la légende de Gandhi, l'apôtre de la non-violence. Alors qu'il est plus connu pour son action de résistance pacifique en faveur de l'indépendance de l'Inde, Gilbert Sinoué nous raconte sa vie d'avant, en Afrique du Sud où il initie sa croisade contre la discrimination raciale, les humiliations, la soumission aux colons européens.
Sa vie d'ascète prônant le jeûne et l'abstinence, le recours aux médecines naturelles, la chasteté et la pauvreté semblent bien excessives et me font penser aux flagellants du Moyen Age. Ce qui est le plus choquant, c'est sa façon d'imposer ses austères règles de vie à son entourage : femme, enfants et à son disciple et ami Hermann Kallenbach envers qui il se comporte en gourou fanatique.
"Vraiment, Hermann, suis-je cet homme impitoyable décrit par lui ? un despote ? Un personnage qui se sert des gens comme d'instruments ?"

Je m'interroge sur la part de vérité de ce récit qui révèle des aspects inconnus et troublants de la personnalité du Mahatma et de sa non moins troublante relation avec Hermann qui écrit : "J'avais vécu dix années auprès de Gandhi dans un état second. Dix années, plongé dans un maëlstrom géant".
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Un ouvrage à l'écriture plutôt simple, pas recherchée, pas stylisée. Choix qui s'explique par le fait que Gilbert Sinoué fait raconter à Hermann Kallenbach, architecte juif allemand immigré en Afrique du Sud, sa vie, qui, de fait, recherche une forme de simplicité suite à sa rencontre avec Gandhi et à l'amitié inconditionnelle qui s'est développée entre eux.
Nous assistons aux années africaines de Gandhi, vingt-trois années pendant lesquelles il a forgé progressivement son arme de résistance passive (mais pas sans violence - surtout vis-à-vis de soi-même) pour défendre les droits des Indiens en Afrique du Sud. Arme qu'il utilisera par la suite de retour en Inde, pour la libérer du joug britannique.
Le style ne m'emportant pas, j'ai été surprise d'être happée par le récit de cette lutte mais elle est loin d'être monotone : des combats sans relâche, la persévérance et l'abnégation d'un homme et d'un peuple, jamais à court d'idées et de sacrifice pour essayer de faire plier des politiques sans foi ni loi, un environnement quotidien aménagé par ces hommes et ces femmes (communautés à peu près auto-suffisantes) pour mieux répondre à leurs besoins et à leurs valeurs. Cela force le respect.
Pour autant, ce roman n'est pas un éloge de Gandhi, de ses méthodes, de son style de vie. Il est montré dans toute sa dureté, qui peut prendre une certaine forme de violence, vis-à-vis de lui-même et de son entourage, en particulier de sa famille.
Dans la dernière partie qui évoque l'entre deux geurres mondiales, on découvre davantage Hermann Kallenbach, qui mène de nouveau sa propre vie, et qui s'investit dans le mouvement sioniste en recherche de l'appui de Gandhi.
J'ai trouvé très intéressant d'observer les convergences et divergences des luttes entre les différentes minorités (indiennes d'Afrique du Sud, indiennes d'Inde face à l'Empire britannique, juives d'Allemagne et de Palestine), les jeux de réseaux très forts entre ces différents activistes. Un panorama intéressant de la première moitié du XXème siècle dans des parties du monde que j'ai pour ma part peu l'habitude de fréquenter. J'ai appris beaucoup de choses et cela m'a donné envie d'en savoir plus sur l'histoire de l'Inde, de l'Afrique du Sud et de la région Israël / Palestine.
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Ce livre est un roman historique très documenté sur le parcours de Mohandas Karamchad Gandhi. Nous assistons à la naissance du Mahatma.

Avocat en Afrique du Sud, "il gagnait beaucoup d'argent, vivant comme un patriarche, mais n'en tirait guère de satisfaction" (p 99). Jusqu'à cette nuit de Maritzburg où, victime de ségrégation, il prend conscience du combat à mener pour que la minorité indienne d'Afrique du Sud obtienne l'égalité des droits.

Commence alors un parcours de plus de dix ans pour le narrateur, Hermann Kallenbach, juif allemand, architecte à Johannesburg. ''Comment a-t-il pu aimer un homme si peu attachant''? Cette question, Hermann se la posera régulièrement après leur séparation en 1914.
Pendant dix ans, il a rejoint la cause indienne, investissant sans compter, partageant le quotidien, l'intimité de Gandhi. Il est ''envoûté'', et il a la ''jubilation de servir enfin à quelque chose''. Mais surtout, il avait conscience du Gandhi en devenir.

Ses mémoires, sous la plume de Sinoué, oscillent entre temps de l'écriture ( en janvier 1945, lorsqu'il décide de les rédiger), temps de la narration (le retour sur ses dix ans de vie commune avec Mohan, comme il appelle Gandhi), et retour en arrière, de la bouche de Gandhi, pour rapporter un événement antérieur à la rencontre entre les deux hommes.

Gilert Sinoué replace ces trois strates d'écriture dans le contexte international, pour mieux situé l'action de Gandhi. L'Afrique du Sud, l'Angleterre, la première Guerre Mondiale, la montée de l'antisémitisme et du nazisme dans l'entre-deux guerre, le sionisme.
On se rend compte alors que Gandhi était à la fois un visionnaire ( il avait compris avant tout le monde que la création d'un état d'Israël ne se ferait pas sans heurt), mais en même temps, il faisait preuve d'une grande naïveté et d'une incroyable crédulité. En effet, il ne pouvait concevoir la noirceur du coeur humain, il faisait spontanément confiance aux hommes, ce qui l'amena à appeler Hitler "cher ami" dans un courrier daté de 1939.
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critiques presse (3)
LaPresse
08 août 2014
Les amateurs d'histoire apprécieront certainement, mais ce n'est pas une lecture réjouissante.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaLibreBelgique
04 juillet 2014
Gilbert Sinoué raconte un épisode méconnu de la vie du Mahatma Gandhi.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Lexpress
10 avril 2014
Gilbert Sinoué écrit un grand "roman" dont la lecture, pasionnante, laisse songeur.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
Je vais vous faire une confidence. Au moment de partir pour l'Angleterre, je considérais la violence comme une réponse cohérente à l'injustice. Ma poltronnerie, qui allait de pair avec une timidité maladive, y trouvait une sorte de bouclier. La découverte du Royaume des Cieux a modifié cette vision, et ma perception du monde en fut totalement changée. J'ai compris que le précepte ''œil pour œil'' n'avait d'autres conséquences que de rendre l'humanité aveugle, et que la vraie violence, la pire, c'est la misère. p 39
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Au cours de ces années vécues en Afrique du Sud, à aucun moment je ne me suis senti déraciné. J'ai toujours su que les seules racines qui comptaient sont celles que l'on tisse au jour le jour, au temps présent. Des racines qui n'attachent pas, qui ne vous séparent de personne. Rester noué à une terre, sa terre, sa maison, sa famille, voilà autant d'entraves qui vous empêchent d'aller vers les autres et vous rendent incapable de les accueillir pleinement
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Mes frères, il existe sept pêchés dans ce bas monde : gagner de l'argent sans travailler ; posséder la connaissance, mais sans partage ; faire du commerce sans moralité ; une science sans humanité ; aimer sans sacrifices et ... peut-être le pire de tous : pratiquer une politique dépourvue de principes. Ce péché-là, je ne peux le pardonner.
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- Vous ne désespérez donc jamais ?
- Bien sûr que si. Seulement, lorsque cela m'arrive, je me souviens que, tout au long de l'histoire de l'humanité, le chemin de la vérité a toujours fini par triompher. Le monde connu des tyrans, des assassins, et pendant un certain temps, on les a crus invincibles. Mais, en fin de compte, ils se sont toujours écroulés. Je ne l'oublie pas.
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Tout compte fait, si je devais retenir quelque chose de ma vie, l'essentiel n'est pas ce que j'ai fait, mais ce que j'ai essayé de faire : aider les miens du mieux possible dans la période la plus effroyable de leur histoire. Retiendra-t-on cela ? J'en doute, car le mal perpétré par les hommes leur survit. Le bien est souvent enterré avec leurs os...
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