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EAN : 9782070769773
192 pages
Gallimard (04/09/2002)
2.92/5   26 notes
Résumé :
Philippe Sollers avait annoncé au cours de l'été que son prochain roman serait "un 11 septembre de l'édition". Pour être juste, le 11 septembre n'était guère prévu. Voire il était impensable. Après cette annonce tonitruante, il reste tout de même un livre prévisible de la part d'un Sollers, toujours en transe quand il s'agit de déranger. Plus exactement, on le retrouve tout entier dans cette Étoile des amants, dans cette histoire de couple d'écrivains, l'un âgé, l'a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Etrange cette sensation de connaître Philippe Sollers, d'avoir lu plusieurs de ses livres.
En fait, c'est le premier que je lis.
Dire que j'ai tout compris serait bien prétentieux de ma part.
Un homme, écrivain ?, est en vacances sur une île avec une femme plus jeune que lui.
Ils parlent, ils s'aiment.
Si l'histoire est confuse, l'écriture est magnifique.
Je ne sais pas si les autres livres de cet auteur sont de la même veine, je suppose que oui, mais c'est vraiment un amoureux des mots et de la langue française.
Et si je n'ai pas compris grand-chose à l'histoire, je me suis laissée bercer par la beauté de l'écriture, par le vocabulaire, par la poésie, par l'assemblage des mots, par les tournures de phrases……..
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Sachant mon amour pour les mots et la langue française, une amie m'a conseillée la lecture de ce court roman qui lui avait fait forte impression. J'étais enthousiasme à débuter ce bouquin. Et ben !!!! J'ai franchement pas aimé. Habituellement, j'arrive toujours à retirer un élément positif de mes lectures, mais là, niet !!! J'ai trouvé ce livre inutile, long, ennuyant, énervant, décevant, sans contenu, une perte de 176 pages que j'aurais pu mieux investir en lecture.
Sans rancune, j'espère, Monsieur Sollers ?
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j crois que c'est ça que l'on appelle de la lecture intellectuelle?...Pas pu. J'essaierai à nouveau dans 10 ans
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Poésie d'un amour. Flotte, danse, sautille, léger, profond, papille.
Du temps, temps infini. Soleil frétille sur l'eau. Ré. Musique, mots, doux.
Amour poétique.
Vivre écrire aimer.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
— On part ?
— On part.
Maud ne pose pas de questions, elle est prête. On interrompt les contacts, on ferme, on boucle, on roule, on disparaît, passage de la frontière, pluie et soleil, ouverture de la maison, respire, maintenant, respire. Écoute, regarde, sens, touche, bois, respire. Je saurai plus tard où aller. Je te dirai.

On va dormir beaucoup, c’est nécessaire. Dormir et encore dormir, c’est la meilleure façon de leur échapper, et le plus possible d’un sommeil sans rêves. Car ils s’infiltrent aussi dans vos rêves, ils vous parasitent, vous tordent, vous imposent leurs voix. Bribes chuchotées, martelées, conneries, éclats, obscénités, refus, reproches, arrestations, interdictions, ordres. Impossible de les faire taire, le silence serait pour eux un poison. Ils se défendent, vous bousculent, vous attaquent, vous cognent. Vous vous croyez seul, mon ?il. Votre chambre est remplie d’échos, les caméras sont là, les murs craquent, votre lit est électrique, la vermine monte dans les rideaux. « Ici ! » « Là ! » « Vous ! » « Toi ! » Drôle de banlieue sans fin, drôle de trame.

— Tu es fou ?
— Un peu.

Maud pense qu’on vit un roman que j’invente, elle me suit, elle me croit. Tout a commencé par son obstination et sa gentillesse. Au début, méfiance, qu’est-ce qu’elle veut celle-là, l’étudiante, bon, oui, d’accord, jeune, brune, jolie, ronde, gracieuse, danseuse, regard noir amusé profond, mélodie, harmonie, la raison même. Les cinglées, merci, j’en ai eu ma claque. En insistant un peu, on finit d’ailleurs par s’apercevoir qu’elles le sont toutes. Ça peut mettre longtemps à se dévoiler, mais ça vient. Les visages se creusent ou s’affaissent, les masques tombent, la grimace d’argent apparaît, les sourires à reproduction s’enfoncent, les yeux égarés virent au fixe. Les types, nounours plus ou moins pervers, ignorent que la grande folie passe à ce moment-là sur eux, la vraie, celle de toujours, grottes, cryptes, couvents, maternités, crèches, écoles, liftings, cliniques, hôpitaux, bureaux, banques. Ils deviennent débiles ou se taisent. La folie, elle, parle à ciel ouvert, et personne ne semble s’en rendre compte. Ils sombrent, elles se décomposent, le spectacle continue, salut.

En réalité, elles sont là pour ça : les user, les conduire du berceau au gâtisme. Folie et gâtisme, c’est le programme depuis le début. Tout le reste est comédie transitoire, bavardage technique, dénégations en tout genre. Eh, ho, c’est vous, qui êtes désespéré, déprimé, non ? Mais pas du tout, au contraire.

— Qu’est-ce qu’on fait ? dit Maud.
— Rien. On attend.

Elle nage à côté de moi, il n’y a personne, mouettes et papillons blancs tout autour. L’endroit est unique, Maud s’y est glissée tout de suite. J’ai longtemps hésité à l’amener ici, et puis pourquoi pas. Un caprice, une fantaisie, rien à perdre. Tentons le Temps. Qu’il se montre enfin, fleur ou tête de mort. Ou les deux.

C’est l’été, maintenant, on peut l’écouter de l’intérieur déposer sa toile sur nous. Il y a un paysage des odeurs et des ombres, un autre en bleu-blanc, un autre dans les variations du vent. Si je m’assois pour écrire, derrière les volets, au plus chaud de l’après-midi, je sais que le temps va venir se mesurer ici, sur la page. Le papier est ma montre, mon horloge, ma sphère aimantée. Main droite, secondes et minutes. Main gauche, les heures. Cinq secondes, cinq minutes, cinq heures. À six heures du matin, grand silence solennel dans le jardin. Le soleil rouge s’annonce, les oiseaux du bois d’à côté vont commencer à traverser le ciel. Je bois mon café là, près du puits, en regardant l’eau à peine ridée par la brise nord-est. Le soleil passe au jaune, prend en écharpe les marguerites sous le figuier, le bois blanc des chaises et des tables, les pierres basses du petit mur. On dirait que les acacias, à peine agités, viennent d’une Chine toute proche. Les marins, là-bas, déjà réveillés, vont profiter de la marée, les vitres de leurs cabines brillent, les bateaux tournent sur eux-mêmes, se rapprochent les uns des autres, se préparent à gagner le large, hésitent un moment, s’en vont.

Qu’est-ce que je fous là ? Et elle ? Pourquoi elle ? Pourquoi tout ça ? Voilà les questions du matin, bien lucides, dans l’herbe. Et pourquoi le soleil, l’eau, les oiseaux, les arbres, les fleurs, plutôt que la température invivable de Mars, Saturne, Jupiter, ou de n’importe quelle étoile de la galaxie ? Et ainsi de suite pour les dates ou la respiration en cours. Terre, Europe, rivage, pointe des pieds, laissons le jour s’installer. On devrait pouvoir tout rebrasser et revivre depuis le fond organique, l’air.
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Ce qui compte est de retrouver un infini tout proche, pour lequel, affirme celui qui était moins fou que la plupart, " on s’embarque comme dans un train dans une étoile ". Regarde : ici, dans le monde enfin réel, la lumière d’un bougeoir sonne . Un édredon est d’un " rouge de moule, d’oursin, de crevettes, de rouget du Midi, de piment roussi ". Tu lis ces mots, tu vois mieux les nuances, la salive te monte à la bouche. Pourtant, le jour, ce matin, est gris couleur d’huître et de lame de couteau tranquille. Tu aimes l’expression " au ras des pâquerettes ", regarde, l’herbe en est toute fleurie, mange-la des yeux, respire. Nous sommes de pauvres enfants, tu me pardonnes d’exister, moi aussi. Pardon. Mais tu es aussi une déesse, et je suis un dieu (tempête dans la salle, le lecteur furieux piétine le livre, tandis que la lectrice, tout en disant haut et fort qu’elle le trouve grotesque, le cache dans un tiroir).
Comment ne pas devenir fou sans se résigner à la folie ambiante ? C’est le problème.

On procède par illuminations successives. Roman ? Mais oui, le mot convient, c’est une expérience, mais c’est aussi un roman. La preuve. Quant à "illuminations", on peut se demander pourquoi ce titre occupe la place du diamant ignoré au beau milieu de la prose mondiale. Les Illuminés de Bavière sont pourtant venus vers nous autrefois sous la forme d’un musicien magique de petite taille [8]. On fait semblant de lire, d’écouter, personne ne se rend compte de rien ? Aucune importance, c’est aussi simple qu’une phrase colorée. Notre opération est modeste : trier, séparer, tresser, réparer les torts, souligner l’essentiel, libérer les morts, expliquer comment ils se sont fait coincer dans les époques fâcheuses et faucheuses. Ils n’ont pas pu sauter par-dessus leur temps, alors qu’aujourd’hui, surprise, le temps saute par-dessus lui-même. Les tranches du passé, ses ornières, ses tunnels, ses charniers, son labyrinthe plombé ne sont pas derrière nous, mais sous nous. " Nous sommes l’affection et le présent, puisque nous avons fait la maison ouverte à l’hiver écumeux et à la rumeur de l’été, nous qui sommes le charme des lieux fuyants et le délice surhumain des stations. Nous sommes l’affection et l’avenir que, debout dans les rages et les ennuis, nous voyons passer dans le ciel de tempête et les drapeaux d’extases. Nous sommes l’amour, mesure parfaite et réinventée, raison merveilleuse et imprévue, et l’éternité : machine aimée des qualités fatales [9]", etc.
Simplement, la musique est devenue plus intense. Elle était là, mais voilée, assourdie. Maintenant elle jaillit jour et nuit, à travers chaque note éparse. Tu es une note, j’en suis une autre, notons, avançons.
Avertis par le destin, choisis par le destin. Ce n’est même pas "nous" : l’univers chante, puisqu’il est vibration. C’est une batterie de vingt-quatre heures, un aigle blanc et noir, sagesse, force, beauté, sel, soufre, mercure. Le plomb en or, l’oeuvre en blanc. La partition s’écrit toute seule, joie, peur, côté terrifiant, côté jubilant. Milliers d’Asparas, sphères. La nature aime le vide, les cons, lavés du cerveau, en ont horreur.-
- Tu prends le soleil ?
- Je le prends . Drôle d’expression.
- On dit bien prendre son temps ? Son pied ? La fuite ? En grippe ? Au sérieux ? A la légère ? Froid ? Ses distances ? Du champ ? Le large ? Goût ? En charge ? Sur soi ? Un verre ? Des vessies pour des lanternes ? Ses jambes à son coup ?
- Prendre, apprendre, comprendre, surprendre.
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Philippe Sollers à propos de L’étoile des amants

L’étoile des amants, c’est évidemment Vénus, qui est là matin et soir pour signaler la permanence de l’embarquement.
Le thème principal qui me hante depuis toujours est celui du Paradis. Lieu qui n’est pas dans l’au-delà sous une forme abstraite ou éthérée, mais qui devrait être trouvable ici, tout de suite. Nous vivons une société désormais planétaire qui est bien décidée à nous interdire par tous les moyens d’y accéder. « Paradis », cela veut dire, au fond, lever la malédiction entre les sexes.
L’Étoile des amants est un roman sur cette quête, où un homme et une jeune femme décident de couper les ponts et de s’isoler sur une île. C’est une expérience qui à chaque instant doit célébrer de façon précise la perception et la sensation - les cinq sens.
« Il y a très peu de choses, disait autrefois Lichtenberg, que nous pouvons goûter avec les cinq sens à la fois », façon élégante de désigner l’acte érotique lui-même, passant à travers les puritanismes et les inhibitions comme à travers l’instrumentalisation des corps par la marchandise sexuelle.
C’est donc une façon de retrouver l’espace et le temps, de réinventer l’âge d’or sur fond d’abîme, de critiquer radicalement le spectacle de la société, et de rassembler autant que possible toutes les aventures poétiques.
Plus à contre-courant que ce roman, difficile à faire. Mais c’est fait, et dans les détails. Chaque mot compte, chaque couleur, chaque son, chaque odeur, chaque saveur, chaque contact :
« Après un sommeil profond, la musique vibre mieux, plus intense. Les couleurs ont des couches plus sombres, les parfums deviennent plus familiers. Le toucher se déploie, les odeurs et les saveurs s’enroulent. Le monde se rapproche dans ses fibres. Le squelette a des ressources que les veines ne connaissent pas.
Au coeur du mouvement, le repos. Du fond du ciel bleu, l’éclair. »
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« On n’a jamais entendu traiter un piano comme ça, force et délicatesse, de biais, sur un pied, à l’envers, en boitant, en s’enfonçant, en s’affirmant, en se désaccordant du faux monde où on n’écoute rien, où on fait semblant. C’est l’appel, à travers le brouillage, d’un moine sphérique tranchant, fou, c’est-à-dire en pleine raison retrouvée par-delà le bruit permanent.
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Il y a eu, autrefois, un monde des parfums dont le nez retrouve la trace. Il suffit de décliner les noms, plus ou moins vulgaires, des flacons vendus pour évoquer ce paradis perdu : opium, samsara, poison, heure bleue, allure, coco, petite chérie, ce soir ou jamais, eau sauvage, rose absolue, air du temps, après l’ondée, diva, magie noire, Ô, madame, cristalle, eau de roche, fleur de rocaille, mus t, first, wish, joy, flower, heure exquise, cuir de russie, mimosa pour moi, nu, fragile, musc, égypte, intuition, à la nuit, arabie, datura noir, blondeur, calèche, obsession, eternity, truth, loulou, alchimie, passion, contradiction, eau du ciel, fracas, dune, hot, vent vert, j’ai osé, sublime, envy, irony, 3, 5, 7, 9, 11, 9009, septième sens, gitane, flamenco, casanova, miracle, vivaldi, jazz, mozart. Supposons que tu les mettes tous sur toi par petites touches, tu deviens irrespirable. Mais on conçoit mal des produits qui s’appelleraient sinusite, rhinite, muqueuses, fosses nasales, rhume, angine, catarrhe, morve, bave, et encore moins pourriture, merde, croûte, pisse, étron, pus, déchets, débris, foutus, crotte, hitler, menstrues, cadavre, purin, plaie, lymphe. À part quelques maniaques sexuels ou militaires, on ne voit pas la clientèle qu’ils pourraient avoir.

Ton parfum à toi : nez.Je te respire en lui. II n’est pas sur le marché. II est scandaleusement gratuit (marque déposée, pourtant, avis aux publicitaires).
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Vidéo de Philippe Sollers
Dialogue autour de l'oeuvre de Philippe Sollers (1936-2023). Pour lire des extraits et se procurer l'essai SOLLERS EN SPIRALE : https://laggg2020.wordpress.com/sollers-en-spirale/ 00:04:45 Début
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