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Corinne Atlan (Traducteur)
EAN : 9782877303217
274 pages
Editions Philippe Picquier (19/05/1998)
3.87/5   42 notes
Résumé :

On croit d'abord plonger avec délices dans l'intimité d'un couple sans histoires et, peu à peu, dans le cours de ces vies ordinaires, Sôseki dessine un admirable portrait de couple. Les personnages de Sôseki rêvent d'affirmer un individualisme qu'ils n'ont pas la force d'assumer et s'abandonnent à une triste résignation que l'auteur sait mieux que quiconque dépeindre avec une profondeur et une sincérité magistrales.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Japon, Tôkyô, 1909.

Ce livre est une immersion au coeur de la vie d'un couple singulier et de la culture japonaise du siècle passé. Les socques en bois, les kimonos, le brasero pour se chauffer, les cloisons de papier à entretenir. L'histoire qui est relatée commence une semaine après l'assassinat dramatique du Roi Itô. 

Sôsuke et Oyone, la trentaine, forment un couple neurasthénique, qui a une forte tendance à la résignation.

Ils savent prendre leur temps ce qui est positif en soi, mais quand cela est pour repousser la discussion, attendre que la situation se clarifie d'elle-même… attendre, toujours, se résigner puis oublier et s'en remettre au temps qui passe, c'est s'en remettre aux autres, ne plus avoir de prise, ni d'attaches. Ils se retrouvent le soir devant le brasero ou s'assoient ensemble sous la clarté de la lune dans leur véranda, et discutent du bout des lèvres… discuter qui est un bien grand mot.

Il faudrait récupérer l'héritage de Sôsuké ! À la mort de son père suite à la vente de la maison familiale par son oncle indigne de sa confiance, il aurait pu permettre au couple d'avoir une vie plus douce et à Kokoru son jeune frère, dont il est le seul parent de lui permettre de lui payer des études que lui-même a été contraint d'abandonner… Cet argent est très important pour son petit frère, cela devrait motiver Sôsuke : "Kokoru répartit, bouleversé de voir l'avenir brillant qu'il s'était imaginé pour lui-même déjà en train de s'écrouler par la faute de sa propre famille. "

Pourquoi tant de nonchalance ? Pourquoi cette vie si sobre ? Pourquoi ce manque de courage ? Il y a tant de silence autour de ce couple.

Il y a l'attente des dimanches sacrés. Temps de liberté, et de contemplation, où Sosuke peut renouer avec son corps et ses sensations, le vent, les couleurs et les odeurs, déjà tétanisé le dimanche en fin d'après-midi car lundi arrive avec ses six jours à trimer dur.

Oyone est une épouse très compréhensive, très attachée à son mari, dévouée au bien-être de son dernier, il y a la scène où Sosuké lui demande comment s'ecrit le caractère kin de kinai, alors nullement étonnée elle entrouvre les cloisons et passe à travers l'ouverture une longue règle du bout de laquelle elle trace le caractère sur le sol de la véranda …elle prend aussi le temps de coudre et de préparer des repas avec leur servante Kiyo et de s'absorber dans la contemplation du ciel limpide.

Ils se complaisent dans cette petite vie, mais cela cache quelque chose, le lecteur ressent une lourdeur quelque part, c'est comme si le couple payait des fautes commises, en se faisant si petit, tout en goûtant au sentiment du caractère éphémère de la vie et du temps qui laisse sa trace en s'écoulant, c'est la fatalité.

Natsume Soseki déroule son polar avec beaucoup de subtilité, une main de maître. C'est un roman où tous les événements s'enchaînent à merveille et où le lecteur vogue de révélation douce en révélation sobre sur la vie passée des protagonistes. 

Quelle belle traduction. Quel plaisir ce livre !!!

Ce livre nous renvoie également à nous même et notre rapport au temps, la vie éphémère et le temps qui laisse des marques visibles et invisibles et à la saveur que nous cherchons, ou réussissons à lui donner.

J'ai adoré et j'ai hâte de lire un nouveau Soseki !!! Même si je ne sais pas ce que se reprochent Sôsuke et Oyone envers Yasui… j'ai une éventuelle piste. 

Puis aujourd'hui, j'ai fait des recherches et je connais le fin mot de l'histoire.

J'ai adoré, un coup de coeur pour ce livre et pour cet auteur. 

Extrait :

"A la pensée que ce beau dimanche tranquille et ensoleillé était déjà terminé, une vague tristesse l'étreignit, un sentiment de la précarité des choses. Puis, en songeant que dès le lendemain il lui faudrait reprendre comme d'habitude le rythme infernal du travail, il se prit à regretter cette agréable demi-journée, et la perspective des six jours et demi d'activités sans âme qui allaient suivre lui parut encore plus insupportable que d'ordinaire. Tandis qu'il marchait, seules flottaient devant ses yeux les images d'une vaste pièce mal exposée au soleil, aux fenêtres chiches, les visages de ses collègues assis à côté de lui, et l'expression de son chef de bureau quand il lui disait: « Dites voir, monsieur Nonaka... »

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Sôsuke est un homme sans histoires qui vit à Tokyo avec sa femme. Son quotidien se résume à son travail et il apprécie être seul le dimanche pour enfin ne rien faire. Mais des affaires familiales de ramènent à la réalité : il doit prendre soin de son frère Koroku qui doit poursuivre ses études alors que l'argent vient à manquer. Sauf que Sôsuke a très mal géré les finances de la famille et a trop traîné pour régler des différends...

Si la prose de Sōseki est agréable, on se retrouve néanmoins avec un personnage principal champion de la procrastination et de la passivité auquel il est assez dur de s'attacher. Lui et sa femme O Yone ont une vie plutôt basique et semblent se satisfaire de dialogues simples qui ne transportent en aucun cas le lecteur dans une intrigue quelconque.
Au final il se passe peu de choses dans cette histoire. le réalisme se dessine carrément dans le minimalisme, ce qui vaut aussi bien pour l'intrigue que pour la narration et le devenir des personnages. le couple se complaît dans l'inaction constante, s'interroge sur l'avenir sans vraiment agir, attend que les choses se produisent plutôt que de créer des choses, et au bout du compte le temps passe et les pages se tournent mais on n'avance pas. On dirait qu'ils se victimisent à subir ce que la vie peut bien leur mettre dans les mains au lieu d'essayer d'agir et de régler des situations qui leur empoisonnent pourtant le quotidien.
Quelle est cette porte alors ? Celle du bonheur ? Ont-ils peur de prendre le contrôle ? Les mots "action, opportunité, chance" sont-ils devenus des gros-mots ?
J'ai eu l'impression de stagner, comme eux. Sauf que moi, j'ai pris la décision d'arrêter les frais. Un exemple qu'ils auraient dû suivre, au sens propre vu l'histoire et au sens figuré. Cela ne m'étonne pas que le nom de Sōseki ne soit pas connu pour un tel récit.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Voici l'histoire d'un couple. Ils sont bien ancrés dans leurs habitudes quotidiennes. Tout semble bien ennuyeux, sobre, mais, dans une lenteur très poétique, on se rend compte qu'il y a plus à cet amour si simple. Il y a un passé qui explique leurs vies de routine, de solitude, de silences, d'ordinaires et c'est ce qui donne le charme contemplatif du roman. Un livre qui se déguste peu à peu ….
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Un couple uni par un amour sincère où se réfugient, par les difficultés, par une humilité qui s'est imposée, qu'ils cultivent, une culpabilité mystérieuse, par la fuite devant les décisions à prendre, qui seraient faire entrer la vie, les autres, la dureté dans leur univers - un couple qui les prend finalement d'ailleurs..
La langue qui se fait neutre pour rendre avec une précision extrême le cheminement des pensées dans la conscience du héros, les sensations la beauté d'une lumière ou d'une fleur, le contact du froid et des pieds chaussés de souliers percés, le regard des autres sur les deux époux
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Sôsuke est neurasthénique. de fait, le moindre changement dans son quotidien, la moindre initiative ou responsabilité, lui sont pénibles. Il mène donc, avec sa femme, une existence simple, dépourvue d'intérêt, fuyant autant que possible les contraintes.
Comment alors s'attacher à un personnage aussi agaçant et flegmatique? Un livre qui n'avance pas, des décisions qui mettent des mois à être prises, puis appliquées, un langage emprunté qui distance le lecteur de l'histoire. Bref, malgré l'excellente réputation de Sôséki, je n'ai pas réussi à franchir le seuil de son roman.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
A la pensée que ce beau dimanche tranquille et ensoleillé était déjà terminé, une vague tristesse l'etreignit, un sentiment de la précarité des choses. Puis, en songeant que dès le lendemain il lui faudrait reprendre comme d'habitude le rythme infernal du travail, il se prit à regretter cette agréable demi-journée, et la perspective des six jours et demi d'activités sans âme qui allaient suivre lui parut encore plus insupportable que d'ordinaire. Tandis qu'il marchait, seules flottaient devant ses yeux les images d'une vaste pièce mal exposée au soleil, aux fenêtres chiches, les visages de ses collègues assis à côté de lui, et l'expression de son chef de bureau quand il lui disait: « Dites voir, monsieur Nonaka... »
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"Ils se rendfaient bien compte de temps en temps de l'absence de dynamisme de leur existence quotidienne, mais, ne se lassant jamais l'un de l'autre, ils n'avaient pas la moindre carence. (...) C'était plutôt le résultat du fait que la société s'était hermétiquement refermée devant eux et leur avait froidement tourné le dos. Ne disposant d'aucune possibilité d'expansion vers le monde extérieur, tous deux n'avaient eu d'autre choix que de se replier sur eux-mêmes et d'approfondir leur vie intérieure." p.172
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"Ils n'étaient pas encore très vieux, mais ce temps-là était déjà passé pour eux, et le quotidien paraissait les rendre de plus en plus sobres. C'était sans doute leur manque commun de qualités brillantes qui avait rapproché dès le départ ces deux êtres des plus ordinaires, et les avait conduits à nouer des liens conjuguaux fondés sur l'habitude." p.35
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"Comme d'habitude, les deux époux se rapprochèrent de la lampe. On eût dit que pour eux le seul endroit éclairé de par le vaste monde était le coin ou ils étaient assis, uniquement conscients l'un de l'autre, oublieux du reste de la société qui appartenait à un domaine obscur, situé hors du halo de la lampe." p.75
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De plus, l’habitude qu’il avait prise au Issô-an de méditer du matin au soir ne l’avait pas encore quitté. Il avait gardé un peu de cet état d’esprit qui consiste à observer ses propres pensées comme une poule qui couve ses œufs, et était incapable de penser normalement comme d’habitude.
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Vidéo de Natsume Soseki
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Natsume Sôseki, Je suis un chat, traduit du japonais et présenté par Jean Cholley, Paris, Gallimard, 1978, p. 369, « Unesco ».
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