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sur 423 notes
Je m'attaque ce matin, avec une timidité respectueuse, à l'un de mes maîtres toutes catégories, j'ai nommé Sir John Steinbeck. Réservant à une inspiration divine mes futurs commentaires de ses oeuvre les plus engagées, les plus puissantes, Des Souris et des Hommes et Les Raisins de la Colère, ainsi que La Perle, qui porte bien son nom, et sa grande fresque d' A l'Est d'Eden, je commencerai donc par Les Naufragés de l'Autocar, qui m'a un peu moins transporté que les autres.

Dans cette fable moderne, le cochon volant (les pieds dans la terre, mais -l'oserai je ? - la queue en tire-bouchon dressée vers le ciel), organise un huis clos : un autocar est immobilisé sur la grande autoroute de Californie, dans un coin perdu de montagne. Les esprits, tournant en rond dans l'inaction, les passagers apprennent à se connaître et se révèlent peu à peu les uns aux autres. Les masques de respectabilité tombent, les travers et histoires de vie -pas toujours reluisants- jaillissent, tandis que les esprits et les et les hormones s'activent. Qui n'a jamais fait l'expérience de ces parenthèses de vie où l'on croit croiser, une fois et une seule fois, cet autrui anonyme, qui nous donne l'occasion de déverser, de confier l'inavouable, en se fichant pas mal du jugement en retour ?

J'imagine très bien, avec le recul, la sulfureuse Jane Mansfield, dans le film de 1957, venir mettre le feu à cette petite société éphémère de l'autocar... bien que ce conte ne soit pas, je pense, le plus grand roman de Steinbeck, il est à la fois divertissant et assez dérangeant pour marquer le lecteur. Il y a du Shakespeare en ce Steinbeck metteur en scène de la comédie humaine. J'ai aussi pensé à Sartre bien sûr, en lisant ce huis clos US et, plus étonnamment, à Stephen King -sans doute l'ambiance chargée d'angoisse morale et d'érotisme morbide. Pas le plus grand Steinbeck, donc, mais c'est quand même très bon...

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sympa, bien mené, une grande maîtrise mais le sentiment que c'est plus un scénario qu'un roman; je vais voir le film maintenant!
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Une panne d'autocar oblige, les passagers à se confronter à leurs problèmes personnels , et aussi vis à vis des autres devant une situation inattendue .Une nuit passée dans une station-service d'un petit village de Californie sert de décor à cette comédie drôle, cynique mais réjouissante. Un bon moment de lecture.
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Le récit est anecdotique et tient sur un ticket de bus (ou dans ce cas d'autocar) : des passagers d'un autocar se rendent en Californie, une panne les oblige à passer la nuit dans une station-service. La panne à peine réparée, un nouvel incident immobilise ces naufragés de la route pendant des heures en pleine montagne.
Cette petite excursion devient très vite rocambolesque et oblige les personnages à révéler leur vraie nature et faire face à leurs démons intérieurs : la solitude, la concupiscence, la frustration, la gourmandise... Avec pour décor, la vallée de la Salinas chère à Steinbeck.

Une histoire somme toute banale mais la narration de John Steinbeck est efficace, et présente une galerie de personnages hauts en couleur. Il excelle à nous révéler toute la noirceur et les failles de ces naufragés. Il alterne les moments dramatiques et touchants et les passages pleins d'humour.

John Steinbeck fait partie de ces auteurs incontournables de la littérature américaine, et si "Les naufragés de l'autocar" ne figure pas parmi ses livres les plus connus il mériterait de l'être.
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Si un jour prochain vous quittez à regret “Les naufragés de l'autocar”, publié par John Steinbeck en 1947, attardez vous donc une minute ou deux dans l'observation de la couverture de ce roman représentant le célèbre tableau d'Edward Hopper intitulé “Gas” !

Encore sous l'emprise de la lecture, il est fort possible que l'atmosphère étrange qui se dégage de cette peinture vous rende affreusement triste et peut-être même vous saisisse d'effroi si vous vous identifiez à tel ou tel personnage du roman.
La zone obscure au centre de la toile, vers laquelle convergent les lignes de fuite, n'est pas sans rappeler le reflet de l'âme tourmentée des neuf protagonistes réunis le temps d'un court voyage pluvieux sur les routes californiennes.

Neuf passagers en mal d'amour dans un vieux bus malicieusement baptisé “La Bien-Aimée” : en route les ami(e)s vers des horizons littéraires enchanteurs !
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En apparence une histoire un peu plus légère que les autres du même auteur. On dirait un roman choral. Les points de vue de chacun sont souvent peu avouables mais la variété de styles est réjouissante. Cela pourrait ressembler à "Les Bronzés prennent l'autocar"... si le film existait. C'est donc un livre qui contient des scènes drôles mais avec un auteur pareil il faut aussi s'attendre à quelques traits plus sombres.

La dispute du couple gérant une station service créé un enchaînement d'événements cocasses. Si on ajoute une panne d'autocar, on se trouve dans une situation qui où tous les protagonistes sont poussés à bout, si bien qu'ils finissent par enlever le masque et révéler leur vraie personnalité.

Certains s'en arrangent très bien et osent franchir le pas. Comme le pot de colle de service, un jeune mécanicien surnommé Boutonneux, qui veut absolument conclure avec la splendide Camille, une streapteaseuse expérimentée. Il y aussi la jeune fille à papa-maman aux principes très rigides, qui a des vues sur un homme mûr.

De toutes ces personnalités ressort un portrait atypique des Etats-Unis après la seconde guerre mondiale. On est loin de l'Amérique des winners. Seulement, Steinbeck s'attarde sur les plus modestes pour lesquels on lui devine une grande estime.

Cette Amérique des sans-grades a habituellement peu de marche de manoeuvre mais se révèle opportuniste quand la situation se présente.
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J'aime beaucoup Steinbeck. J'avais en fait dans l'idée de lire toute son oeuvre pour préparer mon projet de fin de BTS (je travaillais principalement sur la grande dépression). Môman m'avait donc gentiment acheté tout ce qu'elle avait pu trouver de lui, et j'en avais quand même lu une bonne partie, dont les fameux "raisins de la colère", mais pas tout. Les ouvrages restant attendent depuis dans ma PÀL que je me décide à m'en occuper, et comme ça à bientôt 10 ans cette histoire (j'ai eu mon BTS en 2006, ça ne nous rajeuni pas), il est quand même largement temps que je m'y mettre.
Bien qu'aucune date précise n'y soit donnée, le roman semble présenter une histoire contemporaine à sa rédaction (soit à la fin des années 1940), celle d'un groupe d'inconnus, réunis par un trajet en autocar et surtout par ses aléas. Si l'histoire ne comporte pas de réels enjeux et qu'elle laisse nos personnages partir quasiment dans le même état qu'elle les a vu arriver, elle en reste tout de même passionnante. L'étude des caractères que l'auteur nous offre n'a en effet rien de superficiel et offre un côté fascinant et réaliste que l'on ne retrouve que chez peu d'auteurs. Certe, Steinbeck n'est pas tendre avec ses personnages, il ne nous cache rien de leurs défauts et de leurs manques, mais comme il nous dévoile de la même manières leurs désirs et leurs motivations, il nous amène à les considérer avec une compassion dont nous serions bien en peine de nous défendre. Bref, l'humanité de l'auteur transparait à travers ses mots, et c'est son regard, sans concession mais irrémédiablement tendre qui fait toute la saveur de l'ouvrage. Décidément, j'aime beaucoup Steinbeck.
Lien : http://ioionette.blogspot.fr..
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C'est toujours avec grand plaisir que je retourne à mes premières amours, que je retrouve l'un de mes écrivains fétiches, le très grand John Steinbeck. Comme à son habitude, il nous emmène faire un tour sur ses terres chéries de Californie. Un vrai bonheur. Prenez place sans crainte dans l'autocar…

Pourtant, vous n'allez probablement pas voyager beaucoup pour cette fois car c'est à un autre voyage auquel Steinbeck nous convie ; un voyage au creux des esprits et des sentiments de chacun. L'auteur psychanalyse alternativement l'un ou l'autre de ses personnages et donne comme presque toujours un certain suspense à son histoire. On ne s'ennuie jamais ; on sourit, — parfois même on rit —, grâce à cette caméra embarquée aux tréfonds des âmes et des attentes humaines.

Juste une petite indication du synopsis. Juan Chicoy, brun mexicain, la petite cinquantaine bien conservée, tient une sorte de station service/relais de bus au croisement de deux axes routiers principaux de l'état de Californie (rien de surprenant puisque l'auteur parle presque exclusivement de la Californie dans ses romans).

Le bus de Juan est tombé en panne et les passagers ont été obligés de dormir tant bien que mal à la station service, absolument pas adaptée pour recevoir tant de personnes. Au petit matin, malgré tous les efforts de Juan et de son jeune mécano, le Boutonneux, tout le monde est d'une humeur massacrante et la femme de Juan, Alice, plus encore que les autres, étant ultra jalouse et devinant des maîtresses partout, frise la crise de nerfs et s'en prend donc plus que de raison à la petite employée de la station-service, Norma.

Norma, elle, ne rêve que de Clark Gable, de cinéma et d'Hollywood et il ne faudra peut-être plus la pousser beaucoup pour qu'elle veuille ficher le camp… Parmi les voyageurs, il y a un couple bourgeois d'une cinquantaine d'années, les Pritchard propre sur eux et un brin guindés ainsi que leur grande fille Mildred qui est déjà une jeune adulte et qui, elle, bien loin d'être aussi guindée, sent au fond d'elle-même un je-ne-sais-quoi lui frétiller dans les ovaires. Il y a aussi Ernest Horton, le jeune et fringant voyageur de commerce qui continue le business même en dehors des heures de travail et qui pourrait bien faire miroiter des choses à Norma. Il y a aussi ce vieux ronchon de Van Brunt qui garde le silence pour le moment mais pour combien de temps encore.

Ajoutons à cela qu'un nouveau bus va arriver et libérer une nouvelle cargaison de passagers, eux aussi fermement résolus à attraper leur correspondance. Au sein de ce nouveau bus, il y a Camille, une véritable bombe blonde à la Marilyn Monroe autour de laquelle tous les mâles tournent comme autant de mouches autour d'une tranche de viande émouvante. Cela a le don d'agacer les représentantes de l'autre sexe qui, d'une humeur de cheval, prêtes à ruer, passent à une humeur de chien, prêtes à mordre…

Juan prend beaucoup sur lui, mais entre Alice qui lui tape sur le système, les passagers qui l'assaillent de questions dont il ne peut fournir les réponses, sans oublier la chaleur, la promiscuité, les difficultés en tous genres et même la petite Mildred qui lui fait de l'œil, il risque d'avoir bien du mal à conserver son sang froid… D'ailleurs qui pourra ne pas perdre la tête dans ce bus qui devient un calvaire ?

Je vous laisse en chemin au milieu de cette pétaudière absolument succulente où les rebondissements successifs ne vont pas arranger les affaires de quiconque. J'en terminerai en concédant qu'il manque peut-être (pas sûr) le tout petit supplément d'âme qui ferait de cet excellent livre le pur chef-d'œuvre auquel John Steinbeck nous a si souvent habitué mais que c'est, en tous les cas et d'après moi, un bien bon moment de littérature. Du moins c'est mon naufragé d'avis, égaré dans une correspondance, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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A la croisée des chemins, un autocar tombe en panne près d'une station-service restaurant. Les passagers, contrariés de ce contre-temps, sont contraints de dormir chez les propriétaires qui se retrouvent désagréablement envahis. Inévitablement, s'engagent alors des conversations timides et forcées autour des besoins primaires tout d'abord (l'organisation des nuits et repas). Puis très vite, et de plus ou moins bonne grâce, tout ce petit monde fait plus ample connaissance pour passer le temps - et parce que c'est le propre de l'homme que de se socialiser.


Du contact rapproché de ces inconnus, tous plus différents les uns des autres, ressortent les fantasmes, les désirs de plaire ou de séduire, les complexes d'infériorité ou de supériorité de chacun, bref : Des jeux de rôles se mettent en place. Des personnages aux facettes d'abord un peu glauques ou primitives nous deviennent peu à peu familiers et parviennent à nous parler : Il y a le chauffeur mexicain un peu séducteur et macho, sa grosse femme très jalouse qui tient le restaurant, puis une famille de bourgeois ayant pris le bus pour l'aventure et côtoyer « la populace », dont le chef de famille veut investir dans tout, la mère a des migraines épouvantables et la fille voudrait séduire le chauffeur d'âge mûr et marié… Mais pimentent également le récit les présences respectives d'un créateur de farces et attrapes, d'un vieux râleur contestataire, d'un apprenti boutonneux en rut, d'une prostituée qui se fait passer pour une dame et de la serveuse du restaurant qui démissionne…


Une fois le car réparé, tous montent dedans pour rejoindre leurs correspondances respectives au prochain arrêt. Hélas une tempête va de nouveau immobiliser le bus en pleine campagne : Comment ce petit groupe d'hommes et de femmes va-t-il gérer cette proximité forcée et prolongée ? Et surtout comment chacun va-t-il vivre ce moment à l'intérieur de lui-même ? C'est ce que se propose d'explorer STEINBECK dans son ouvrage.


*****

A l'occasion d'une sorte de huis clos, c'est donc une facette du lien social et d'une somme d'individualités qu'aborde ici John STEINBECK, et c'est encore avec aisance. J'ai adoré son analyse et interprétation des personnalités de chacun car, même s'il ressort tout naturellement le charme et l'ambiance de l'Amérique de l'époque, on reconnaît dans ce roman des personnages, situations ou comportements éminemment humains et donc transposables, intemporels et universels puisqu'ils sont intérieurs, preuve que l'auteur a su extraire l'essence même de ces rapports pour dresser cette mini-fresque sociale. Voici encore un beau récit, intéressant à la fois pour le thème et la façon de le traiter et que je vous conseille de découvrir !
Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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Un vieil autocar un peu fatigué qui tombe en panne, et plusieurs personnes sont ainsi contraintes de passer la nuit dans une station-service. Une fois l'autocar réparé, ils peuvent reprendre la route, mais d'autres incidents se produisent, interrompant leur trajet…

Sur cette trame, Steinbeck dissèque avec une grande précision les états d'âmes de ses personnages, leurs pensées les plus intimes, leurs pulsions. Ces personnages sont d'horizons divers : on y trouve un chef d'entreprise partant en voyage au Mexique avec sa femme et sa fille, un représentant de commerce, un jeune apprenti mécanicien souffrant d'acné (et surnommé de fait, le boutonneux), une serveuse n'ayant guère confiance en elle et un peu mythomane quittant son job pour Los Angeles, un vieil homme plein de fiel. Tous ces personnages sont rejoints juste avant le départ par une troublante jeune femme qui préfère taire son véritable métier (lequel consiste à se dévêtir et s'asseoir dans une immense coupe de vin), et qui, en raison de sa beauté, fait tourner la tête de tous les hommes. Et conduisant l'autocar, Juan, qui tient par ailleurs avec sa femme Alice la station-service où la plupart des personnages, coincés par la panne de l'autocar, passera la nuit…

Si ces personnages ont beau être très différents les uns des autres, tous ont néanmoins en commun d'avoir des rêves, des souhaits… mais aussi des désirs. Car ces personnages, plutôt tourmentés, sont en effet assaillis par des pulsions sexuelles, qu'ils arrivent d'ailleurs plus ou moins bien à maitriser. Des rivalités naissent ainsi entre les différents passagers, générées en partie par ces pulsions, installant progressivement dans ce petit groupe d'individus un climat de tension, alourdi par les déboires successifs liés au trajet…

Steinbeck nous offre en tout cas dans ce roman de très beaux portraits d'êtres humains, évoquant avec beaucoup de subtilité les relations qui peuvent se nouer entre des individus amenés, malgré eux, à se côtoyer lors d'une courte période de leurs vies (presque une parenthèse) …
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