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EAN : 9782823609417
384 pages
Editions de l'Olivier (02/06/2016)
3.47/5   30 notes
Résumé :
Saigon. La guerre du Vietnam touche à sa fin. Un journaliste, Converse, confie un paquet d’héroïne à Hicks, un Marine. Celui-ci doit livrer la drogue à Marge, la femme de Converse, en Californie. De retour aux États-Unis, Converse découvre que Marge et Hicks ont disparu avec la marchandise. Il est enlevé par des agents fédéraux aux méthodes peu orthodoxes. Leur folle course-poursuite se terminera tragiquement dans le désert du Nouveau-Mexique.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Mieux qu'un Kerouac pourtant devenu culte avec - Sur la route - ( avis qui n'engage que moi ) mais auquel il s'apparente par l'époque, le genre et pas mal de thèmes, bien " autre chose " qu'un simple road trip ; c'en est un pour partie mais vraiment pas que... - Ligne de fuite - n'a pas connu le même destin, la même notoriété, la même consécration que son " frère d'armes ", et pourtant, quel bouquin !

Certains spécialistes, critiques littéraires pour la plupart, font porter la responsabilité de cette absence de reconnaissance à la traduction qui aurait en quelque sorte " trahi " son auteur donnant raison à l'expression italienne " traduttore traditore "...
Il faut convenir que la langue de Robert Stone n'est certainement pas de celles qu'on apprivoise aisément, mais une fois " maîtrisée "... quel régal pour le lecteur !
Une syntaxe riche, singulière où Stone réussit à faire harmonieusement coexister le littéraire le plus pur avec le familier et l'argot ; le tout en conservant une réflexion, une créativité et un maniement du conceptuel absolument épatants... tout en faisant mieux que préserver ou entretenir l'action et un réalisme à vif...

Il ne fait pas de doute qu'en le lisant j'ai pensé à Kerouac, mais tout autant à Tim O'Brien et pour ceux qui ont lu - Billy Summers -, à Stephen King ( eh oui ! )... vous allez comprendre.
Mais comment ne pas avoir également à l'esprit quelques images de films comme - Apocalypse now -, - Good morning Vietnam -, - Platoon -, - Full metal jacket - ( avec la musique des Stones, ça colle parfaitement...), - Outrages -, - Entre ciel et terre -, - Voyage au bout de l'enfer -, - Né un 4 juillet – et même si certains " feront la fine bouche " à - Rambo - ( juste le 1, je tiens à vous rassurer ).

Nous sommes à la fin, pas encore tout à fait , de la guerre du Vietnam. À Saïgon, Converse, un journaleux américain de trente-cinq ans, être médiocre et peureux, est venu mettre le bout de son nez dans ce conflit pour écrire un roman. Ce gars qui n'a jusqu'à présent réussi qu'à faire la pige et à accoucher d'une pièce de théâtre qui a connu un succès d'estime, est au final tombé dans la dope, les bars à filles, l'alcool, laissant en Californie sa femme Marge, une jolie jeune femme de trente ans qui, elle, s'occupe de sa fille Janey et carbure au Dilaudid, à l'herbe et autres substances addictives. Avant de quitter Saïgon, Converse s'est associé à Charmian, une riche intrigante interlope locale qu'il veut épater. Il va, grâce à son ami Hicks, un ancien Marine, faire passer trois kilos d'héroïne pure aux USA. Hicks doit remettre le colis à Marge, laquelle le remettra à son tour à Antheil, un flic véreux flanqué de Danskin et Smitty, deux frappadingues à la gâchette facile, deux ex-taulards totalement asociaux. Chacune des " mules " recevra une prime conséquente, un retour sur investissement... très loin de la valeur marchande du produit livré... Hélas pour Hiks et Marge, il va y avoir un contretenps qui va les obliger à fuir ( c'est là que l'on retrouve Stephen King et - Billy Summers -...) de retour chez lui, Converse, au lieu d'être accueilli par Marge, va faire la connaissance d'un comité de réception inattendu... les trois ripoux patibulaires déjà présentés.
Commence alors une course-poursuite pour retrouver la schnouffe et un road trip pour la fourguer...

La quatrième de couverture ayant dévoilé l'issue tragique de ce road trip, polar noir, thriller, roman générationnel psychédélique, violent et sans concessions, je me contenterai d'ajouter que les 389 pages que nous offre Robert Stone sur la fin d'un rêve, d'une illusion, d'une utopie, d'une époque, " la descente de trip " qui s'ensuit avec une Amérique groggy debout, tout est parfaitement dans l'air de ce que fut ce temps.
Le tissu social brodé aux couleurs beatnik et hippies s'étiole.
Un pays s'est perdu en allant se frotter à un certain Hô Chi Minh, un ancien cuisinier... eh non, Putin et Prigojine n'ont rien inventé... l'interlude Carter et viendra un cow-boy hollywoodien pour remettre de l'ordre dans le corral. Tu parles d'un trauma post... civilisationnel !
Le feu d'artifice final et le baroud " d'honneur " de Hicks sont absolument " crazy "... du grand art.

Deux courts extraits pour essayer de donner le ton:
- " Après la guerre, lança Converse, ils devraient survoler la vallée de la Drang et parachuter des comics et des sandwichs au rosbif pour tous les Ma G.I. Parce qu'ils doivent drôlement se faire chier "

- " Si tu penses que quelqu'un te fait du tort, ce n'est pas à toi de juger . Tue-le d'abord, et laisse à Dieu le soin de juger ."

Un des très grands livres sur le " Nam " !
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De la « défonce » à tous les étages dans deux mondes parallèles broyant du noir

Robert Stone était un écrivain américain et a officié comme correspondant de guerre pendant la guerre du Vietnam. Dog Soldiers (les guerriers de l'enfer) parait en 1978 et obtient le prix du National Book Award en 1975 et il est adapté, trois ans plus tard, au cinéma par Karel Reisz. Il est réédité aujourd'hui sous le titre La ligne de fuite.

Deux mondes parallèles

Dès le début du livre, Robert Stone nous fait pénétrer dans un univers glauque, salasse, dans la ville de Saigon peu avant sa chute et encore entre les mains des Viet-Cong. Nous sommes dans les années soixante-dix à l'heure où l'Amérique vit le mouvement de la contre-culture. Deux mondes parallèles avec un point commun : la chute brutale de leur idéologie, où les protagonistes de ce roman s'immergent à corps défendant mais perdu. Converse est un journaliste free-lance écrivant sur l'enfer de Saigon pour différents journaux hollandais, irlandais… et il espère trouver l'inspiration divine à Saigon pour écrire « le » livre ou « la » pièce de théâtre pour goûter aux joies de la notoriété. Pour l'instant, il traîne sa carcasse de bars en bars errant comme un chien perdu au milieu du vacarme des explosions où son bruit s'amenuise uniquement grâce au déluge des pluies torrentielles et son humidité poisseuse, voire étouffante. Il se réfugie dans le sexe, l'alcool et la drogue et lorsqu'il se pose dans sa chambre, en état de « défonce » plus qu'avancé, il lui arrive de s'interroger sur les valeurs morales de la vie. Sa femme Marge est resté en Amérique et lui écrit de longues lettres relatant ses faits et gestes comme « on a été à une fête du National Guardian et ça m'a vraiment ramenée en arrière, chanteurs de Folk et nègres apprivoisés … » elle précise même ne pas avoir grand-chose à raconter car elle n'a couché avec personne n'ayant pas trouvé de partenaire. Nous sommes en pleine période psychédélique et Marge en est un exemple criant de vérité. A cette époque le sexe, la drogue et l'alcool font partie des fondements de la contre-culture américaine. Tout comme de nombreux couples prônaient l'amour libre, Converse et Marge sont en pleine crise existentielle et identitaire.

Robert Stone nous décrit cet univers avec cette plume qui fait froid dans le dos et totalement apocalyptique ! Deux mondes à l'aube de leur chute où l'auteur trouve un axe des plus détonnant : le premier plan et l'arrière-plan, technique qui incorpore plusieurs éléments au premier plan afin de créer un cadre plus noir autour du sujet : projection réussie pour « planter » le tableau !

Embarquement immédiat

La suite de notre lecture nous embarque dans les dérives de l'avant chute de Saigon avec ces colonels que le lecteur imagine bien gras, crasseux, distillant grossièrement le verbe de leur arrogance, de leur noirceur, de leur supériorité sur le monde américain. Puis nous entraîne dans un road-movie détonnant à pleine vitesse comme si l'espace-temps devenait vital, et il va l'être ! Converse, pour gagner quelques dollars, se charge de faire arriver en Californie trois kilos d'héroïne et de les faire réceptionner par sa femme Marge. L'affaire est conclue via un marine américain Hicks, bien entendu tout doit se dérouler sans problème mais là encore le talent de l'auteur nous démontre que rien n'est jamais gagné d'avance ! Converse est l'heureux élu d'un enlèvement orchestré par des agents spéciaux pour récupérer la cargaison d'héroïne envolée avec Marge devenue complice du marine Hicks. Nous entrons de plein fouet dans une course poursuite infernale où se mêlent bons nombres de poursuivants tous aussi noirs les uns que les autres avec des méthodes peu empreintes de sentiments et totalement dénudés de fioritures. le temps devient pour certains de l'argent et pour d'autres un moyen de survie. Mais dans cette atmosphère riche en hallucinations désespérées, peuplées de psychotiques, d'hommes corrompus, nos fuyards s'accrochent aux branches de leur fantasme fait d'illusions. La fin de la route se trouve en plein milieu du Nouveau Mexique, dans une maison perchée appartenant à un écrivain. L'auteur, une fois de plus, maintient son suspense avec cette habitation difficilement accessible et lorsque les poursuivants affublés de leur otage grimpent à pied dans sa direction, Converse a cette pensée totalement décalée : « un sentiment d'optimisme idiot montait en lui comme de l'adrénaline – peut-être, songea-t-il, n'était-ce que de l'adrénaline – et pas plus. Totalement dépourvu d'intentions, d'équipement, il se sentait néanmoins incapable de désespoir. Il lui vint à l'esprit que cette incapacité à désespérer pourrait n'être rien d'autre qu'un accommodement de plus. » L'arrivée va être des plus décapantes et la fin des plus tragiques.

Robert Stone pointe du doigt les blessures et les ravages laissés en héritage par la guerre du Vietnam au peuple américain englué dans le mouvement de la contre-culture dont la raison semble s'être égarée du côté de l'illusion des fameux slogans « faisons l'amour pas la guerre » ou « love and peace ». Comme si l'horreur du Vietnam avait à jamais contaminé la multitude d'étoiles composant le drapeau américain. La pollution peut, assurément, prendre toute sorte de forme quand l'homme est au commande … Encore une fois, l'auteur use d'une technique complémentaire à son écriture en se servant d'éléments à prime abord anodins puis les rend au fur et à mesure importants pour attirer notre attention et dynamiser ainsi l'histoire. Résultat : aucun temps mort !

La ligne de fuite

Nous pouvons interpréter ce titre de deux façons différentes. La première est la ligne de « Cam » omniprésente dans ce roman très représentative de l'état décadent des Américains revenant du Vietnam. Pour échapper à leur démon ils se droguent là-bas et une fois de retour chez eux, ils deviennent des parias et continuent à se droguer pour échapper à leur désillusion. La deuxième est la ligne de fuite utilisée dans la photographie et l'auteur se sert de toutes ces variantes pour la construction de son roman de manière magistrale. Ce procédé consiste à avoir deux plans parallèles paraissant se rencontrer à l'infini selon une droite. La ligne de fuite du plan de l'auteur est le point d'intersection avec la trame de l'histoire passant par le point de vue, c'est la raison qui justifie l'emploi de la troisième personne. La ligne dépend de l'angle formé avec le plan de l'histoire : la ligne du premier plan est plus large et amène le lecteur à la suivre jusqu'à l'intérieur de l'histoire. Robert Stone nous donne une grande profondeur du champ de son roman et nous permet d'obtenir ainsi une vision plus nette sur tous les plans de sa trame et nous guide ainsi sur sa ligne d'horizon. Par cette technique le message délivré dans son roman est plus parlant et ses protagonistes témoignent de l'ampleur, l'immensité des situations et ils transmettent au lecteur une vision du moment présent : tous les sentiments sont ressentis. En ce qui nous concerne, les deux titres sont nos deux plans parallèles et la construction de ce roman est tout simplement géniale ! Une chose est sûre : le message est bien passé. Un Roman écrit avec les tripes d'un auteur désirant revenir à une ligne de conduite où les valeurs morales sont les bienvenues.

Françoise Engler
Lien : http://www.lenvoleeculturell..
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Les éditions de l'Olivier rééditent Les Guerriers de l'enfer, lauréat du National Book Award et adapté au cinéma, sous une nouvelle traduction et un nouveau titre. Un roman à (re)découvrir avec plaisir !

Ce roman fait penser à Sur la route de Jack Kerouac : c'est une plongée dans les routes américaines, c'est une fuite face aux responsabilités, c'est une quête d'euphorie par la drogue et le sexe, c'est un roman qui rend hommage à la contre-culture annihilée par la guerre et les désillusions. Je trouve que le nouveau titre est beaucoup plus fidèle à l'ambiance de ce roman et la traduction est vraiment parfaite.

La Ligne de fuite est un roman très intéressant du point de vue culturel : au début du roman l'auteur dépeint l'ambiance inhérente à Saigon, à la fin de la guerre du Vietnam. C'est un pan historique fascinant et extrêmement important pour comprendre aussi ce qui se déroule aux Etats-Unis avec le mouvement de la contre-culture. Par la suite, l'auteur va aussi décrire l'atmosphère omnipotente aux USA : cette dégénérescence par la drogue et cette inconscience générale du fait des substances ingérées.

C'est un roman presque surréel dans les faits et rebondissements de l'intrigue, dans les émotions et actes des protagonistes : on est face à un récit sur-vitaminé où les points de vue s'alternent entre celui de Converse, de sa femme et de Hicks. Si tout reste à la troisième personne, on comprend parfaitement les sentiments, les espoirs qui animent chacun...

En définitive, un bon roman qui plaira à tous les amoureux de la littérature américaine et notamment des auteurs comme Kerouac !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
- Mon mari y est allé l'année dernière , avant de nous être enlevé [...]
- Dans quel sens , se risqua-t-'il, votre mari vous a-t-'il été enlevé ?
- Dans le sens où il est mort .
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" Si tu penses que quelqu'un te fait du tort, ce n'est pas à toi de juger . Tue-le d'abord, et laisse à Dieu le soin de juger ."
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Dans un pays qui ressemblait un peu au Vietnam, dans lequel il y avait de l’herbe à éléphant, de la latérite et des palmiers, la soldatesque locale parcourait la savane avec des bulldozers pour détruire d’immenses cônes qui abritaient les colonies de termites. Il y avait une raison à cela : dans son souvenir, les monticules érodaient le sol, ou bien les termites grignotaient les récoltes et les maisons. Bref, les termites faisaient quelque chose de mal. Lorsque les monticules étaient renversés, les termites accouraient frénétiquement des tunnels en ruine par centaines de milliers, brandissant leurs pinces en geste de défense dérisoire. Des soldats armés de lance-flammes passaient derrière les bulldozers, calcinaient la terre et réduisaient les termites et leurs œufs en cendres noires. En regardant le film, on ressentait quelque chose qui ressemblait fort à une objection morale. Mais on passait outre l’objection morale. Les humains étaient plus importants que les termites.
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À la fin de chaque rêve, elle se réveillait en sursaut, frappée d’une curieuse explosion neurale, restait consciente suffisamment longtemps pour comprendre que sa tête lui faisait un mal de chien, puis sombrait de nouveau dans le sommeil. Mais ce n’était pas du tout comme dormir vraiment.
Et les rêves étaient pires les uns que les autres. Une fois, Janey chancelait sur le rebord d’une corniche, avec un arrière-plan d’orage new-yorkais gris-noir derrière elle, les citernes sur les toits, les briques encrassées. Une autre fois, c’était une histoire de moine fou avec des fruits tachés de sang. Ou quelque chose de terrible qui rôdait à travers les arbres. Chaque rêve la renvoyait à son mal de tête.
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Sa montre japonaise ringarde était connue dans toute la ville, et les petits cireurs incapables de faire la distinction entre tous ces roundeyes le reconnaissaient, lui, rien qu’à l’éclat de son bracelet-montre en toc. Définitivement Number Ten. Le manque de classe de ce bijou lui valait parfois d’être insulté dans la rue, mais personne n’avait jamais essayé de le lui chiper.
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Vidéo de Robert Stone
Pour le deuxième épisode d'Un certain goût pour le noir, on s'attaque à un chef d'oeuvre du cinéma : Basic Instinct ! Ecoutez l'émission dans son intégralité : https://www.bepolar.fr/Podcast-2-Basic-Instinct Arrivé au cinéma en 1992, ce film qui va donner le genre du thriller érotique, a fait sensation. Sharon Stone y était merveilleuse et glaçante, rendant fou Michael Douglas et les spectateurs et spectatrices. Mais au-delà de son caractère sulfureux, c'est aussi sans doute le grand film de la carrière de Paul Verhoeven. Pour revenir dessus, Simon Riaux, membre du Cercle - l'émission ciné de Canal - rédacteur en chef de l'Ecran Large et grand cinéphile !
Un épisode en partenariat avec le site avoir-alire, la plus grosse base de critiques de films du web (25 000 critiques !) dont celle, sulfureuse également, sur Basic Instinct !
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