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Bernard Cohen (Traducteur)
EAN : 9782221106143
352 pages
Robert Laffont (12/04/2007)
3.8/5   28 notes
Résumé :
Et si Jésus avait surtout été un révolutionnaire politique ? Et si l'Église chrétienne avait confisqué cette figure historique afin d'élaborer une nouvelle religion sans rapport avec le projet premier du Christ ? Après vingt-cinq ans de recherche scientifique, James Tabor, spécialiste mondialement reconnu des religions archaïques, retrace ici l'histoire de l'homme Jésus, et contredit sérieusement un certain nombre de dogmes du christianisme.Il montre comment un mouv... >Voir plus
Que lire après La véritable histoire de Jésus. Une enquête scientifique et historique sur l'homme et sa lignéeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
On doit à Tabor et son équipe notamment la découverte de l'ossuaire de Silwan à Jérusalem portant une inscription "Jacques fils de Joseph frère de Jésus". Après dix ans d'enquêtes et d'expertises, l'authenticité ou la contrefaçon de la pièce archéologique n'a jamais pu être démontrée. Mieux, cet ossuiaire comprend des ossements mais les autorités israéliennes n'ont jamais autorisé une analyse ADN. Voilà ce que vous trouverez dans les premières pages de ce livre rédigé d'une main d'expert par l'un des plus grands spécialistes de l'archéologie biblique. Vient ensuite la description tout aussi minutieuse et critique des évangiles à la lumière des découvertes scientifiques.
Un must pour le lecteur qui souhaite savoir quelle est la réalité historique cachée sous les évangiles bien éloignée de la vision dogmatique et canonique de l'Eglise.
James Tabor a obtenu son Ph.D dans la discipline du Nouveau Testament et la littérature des premiers Chrétiens. Professeur et directeur de chaire, l'auteur fut également consultant sur le film "The Lost Tomb of Jesus" de James Cameron et Simcha Jacobovici.
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Difficile de savoir si la thèse de l'auteur est absolument véridique, mais cette vision "historique" bouleverse tout ce qu'on croyait savoir de Jésus...
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A la vue du titre de ce livre, je n'ai pas résisté à l'envie de le lire et grande fut ma déception ! En effet, l'auteur s'auto-proclame historien et scientifique, alors qu'en fin de compte, il avance quantité d'affabulations sans aucune base scientifique ou historique. Il faut lui laisser qu'il déborde d'imagination et "pense", "crois" et se persuade de beaucoup de choses, surtout quand il s'agit de penser à la place des autres ! Son interprétation originale des textes bibliques en lien avec l'histoire permet de s'évader avec lui dans son monde fantisiste. Il passe volontiers du terme "hypothèse" à "persuadé", en passant par "pas improbable" et "plausible" (cf. p. 145-146) Il expose nombre d'élèments comme certains sans citer de sources, voire même sans prendre la peine d'argumenter, car il s'enverrait des auto-goals. Les sources les plus historiquement fiables à ce jour concernant le Jésus historique sont toujours les 4 évangiles canonisés. Bref, je déconseille clairement la lecture de ce livre qui n'a guerre d'autre utilité selon moi que de raviver un peu le feu de la cheminée.
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Documentaire très intéressant où l'auteur, archéologue, professeur d'histoire au département des études religieuses de l'université de Caroline du nord, part à la recherche de Jésus dans l'histoire. Sous forme d'enquête grâce aux écrits de l'époque de ce premier siècle et à des fouilles archéologiques, Tabor part à la rencontre de l'homme juif bien incéré dans son temps mais aussi sur son côté messianique.
Je recommande. L'écriture est fluide, le vocabulaire bien utilisé, l'enquête passionnante.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Deux « christianismes » radicalement différents se trouvent inscrits dans le Nouveau Testament. Le premier, essentiellement prôné par Paul, est devenu désormais la foi pratiquée par des milliards d’êtres humains. Le second, presque complètement oublié, a commencé à être marginalisé et étouffé par ce premier christianisme dès la fin du Ier siècle, au point qu’il faut une lecture très attentive des Évangiles pour retrouver sa trace. Jacques était sa figure de proue, le propre frère de Jésus, qui a conduit le nouveau mouvement religieux entre l’année 30 de notre ère et l’an 62, date à laquelle il a été brutalement assassiné. Ces deux versions du christianisme diffèrent aussi bien dans les valeurs défendues que dans la pratique religieuse.
(...)
La difficulté de cette entreprise tient à l’influence envahissante que le « treizième apôtre » a exercée sur le texte même du Nouveau Testament. J’irais jusqu’à dire que ce dernier est, avant tout, l’héritage littéraire de Paul. Celui-ci est nommément l’auteur de treize des vingt-sept « livres » qui composent le Nouveau Testament. Les Actes des Apôtres constituent une défense et illustration de son rôle primordial. L’Évangile de Marc, le premier, a été écrit vers l’an 70, après la mort de Paul, et vise essentiellement à présenter la vie de Jésus à la lumière de son enseignement. Ce message a été repris par Matthieu et Luc. L’Évangile de Jean reflète lui aussi la conception paulinienne de Jésus, du moins sur le plan théologique. Ainsi, les thèses de Paul – Christ, le Fils de Dieu qui existait avant le monde, prenant une forme humaine pour mourir sur la croix en expiation des péchés de l’humanité, puis ressuscité dans sa gloire céleste – ont fini par constituer l’essence du crédo chrétien. En lisant le Nouveau Testament, on peut croire qu’il n’existe pas d’autre approche. Et pourtant, si l’on écoute bien, une voix différente, longtemps étouffée, s’élève de ces mêmes textes : celle de Jacques, l’écho de ce que son frère Jésus lui avait transmis.
(…)
Les théologiens chrétiens se sont montrés circonspects devant cette lettre pour deux raisons principales. La première, c’est que Jacques ne mentionne le nom de Jésus qu’à deux reprises, dans des remarques qui n’affectent pas le fond de sa démonstration et qui auraient pu être facilement supprimées (cf. Jacques, 1, 1 ; 2, 1). La seconde tient à l’absence de toutes références aux conceptions pauliniennes de Jésus en tant que Christ sauveur. Jacques va même jusqu’à s’opposer à la thèse de la « rédemption par la foi » prônée par Paul, et à réaffirmer la nature positive et durable de la Torah, du respect et de la mise en pratique des commandements sacrés. (pp. 269-270 & 279-280)
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Quand Jacques et Jude appellent Jésus « Seigneur », il s’agit d’un terme de déférence envers le « Maître » – kurios, en grec –, celui qui a donné sa vie pour la cause du Royaume de Dieu. Mais l’un des glissements sémantiques fondamentaux opérés par Paul est d’avoir mêlé les références au « Seigneur » Jésus à celles concernant le « Seigneur Dieu » de la tradition biblique, traçant ainsi un trait d’égalité entre le Christ… et Yahvé. Par exemple, lorsque Paul cite Isaïe rapportant la parole divine – « Tournez-vous vers moi, et vous serez sauvés, vous tous qui êtes aux extrémités de la terre ! Car je suis Dieu, et il n’y en a point d’autre. Je le jure par moi-même, la vérité sort de ma bouche et ma parole ne sera point révoquée : tout genou fléchira devant moi, toute langue jurera par moi » (Isäie, 45, 22-23) –, il remplace tout simplement Yahvé par Jésus : « Afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur » (Philippiens, 2, 10-11).

Nous avons là une modification d’une importance capitale, qui finira par devenir une pratique commune parmi les chrétiens orthodoxes : Jésus de Nazareth, simple mortel, égal du « Seigneur Dieu » d’Israël ! Il est « Dieu selon la chair », dira-t-on, et Marie est « la sainte mère de Dieu ». Comme les chrétiens affirmeront cependant qu’ils demeurent monothéistes, c’est-à-dire qu’ils reconnaissent toujours la principale profession de foi juive, le Shema – « Ecoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, le Seigneur est Un » –, la conclusion sera inévitable : puisque Jésus est divin, et puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, alors Jésus ne peut qu’être l’incarnation du Seigneur Dieu d’Israël. Pour résumer : Dieu est devenu un homme…
(…)
Cette déification de Jésus, inconcevable pour l’écrasante majorité des juifs, l’était tout autant pour les premiers disciples et sympathisants du mouvement : s’ils révéraient le « Maître » et son enseignement messianique, celui-ci se plaçait sous le principe du Shema, l’acte de foi israélite, le « principal commandement » selon ses propres dires (Marc, 12, 29). Le même évangéliste a conservé une anecdote qui illustre bien cette conviction inébranlable : « Comme Jésus se mettait en chemin, un homme accourut, et se jetant à genoux devant lui : Bon maître, lui demanda-t-il, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? Jésus lui dit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Il n’y a de bon que Dieu seul. » (Marc, 10, 18). (pp. 285-286)
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Nous savons cependant que des groupes de chrétiens attachés à la foi originelle ont subsisté jusqu’au IVe siècle, notamment dans les zones orientales de la Palestine, mais il s’agissait de cercles dispersés, sans influence sur la rédaction du Nouveau Testament, qui allait s’imposer comme l’histoire officielle de la naissance du christianisme. Ces chrétiens palestiniens ont été appelés « ébionites », « les pauvres », en hébreu. Si Eusèbe connaît leur existence, il les tient pour hérétiques vis-à-vis de l’orthodoxie chrétienne qu’il défend. Il leur reproche, entre autres, de vouloir faire de Jésus « un homme ordinaire » né de « Marie et de son époux ». Plus loin Eusèbe remarque qu’ils continuent à observer les commandements de la Torah et qu’ils croient au salut par les « actes » et non seulement par la foi, suivant en cela l’enseignement de l’Épitre de Jacques. Très logiquement, les ébionites considèrent Paul comme un apostat et rejettent ses vues. Ils ne reconnaissent que la version hébraïque de l’Évangile de Matthieu, dont seuls des fragments sont parvenus jusqu’à nous. Tout cela constitue indubitablement la marque de l’hérésie aux yeux d’Eusèbe, qui s’est lui-même allié à l’empereur Constantin depuis la conversion au christianisme de ce dernier, en 325. Paradoxalement, pourtant, les ébionites se situent dans la droite ligne de l’enseignement de Jésus et de la tradition transmise par les frères du « Maître ».

Une approche beaucoup plus positive des ébionites nous est désormais accessible dans les documents du IVe siècle appelés Corpus pseudo-clémentin. On y retrouve un texte particulièrement intéressant à cet égard, les « Kerygmata Petrou », ou « Prédication de Pierre », qui se présente comme une lettre de Pierre à Jacques, le frère de Jésus. Pierre y déplore que le contenu de ses missives ait été tellement déformé et tronqué par les partisans de Paul qu’elles ont perdu toute valeur. Il instruit Jacques de ne répercuter aucun élément de son enseignement aux gentils, mais de le réserver aux membres du « conseil des soixante-dix », désigné par Jésus. Il blâme Paul de placer ses « vision » au-dessus du message que les apôtres tiennent directement de Jésus. Bien que les chercheurs ne pensent pas qu’il s’agisse de textes authentiquement rédigés au Ier siècle, ils reflètent certainement de manière éloquente des controverses qui ont éclaté au temps de Paul, de Pierre et de Jacques, et que le Nouveau Testament, notamment Luc, a beaucoup relativisées. (pp. 307-308)
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La « source Q » parle abondamment de Jean le Baptiseur. Jésus demande à la foule, à propos de Jean : « Qu’êtes-vous donc allés voir ? Un prophète ? – Il prend les devants pour répondre : – Oui, je vous le dis, parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’y en a point de plus grand que Jean ! » Puisqu’il ne fait pas de doute que Jésus soit « né d’une femme », la source « Q » retient que Jésus soutient haut et fort que Jean lui est supérieur. Cette affirmation a tant embarrassé les théologiens qu’une phrase lui a été ajoutée, « Cependant le plus petit royaume est encore plus grand que lui », ce qui tient évidemment du procédé rhétorique. La publication d’une version hébraïque de Matthieu a d’ailleurs prouvé noir sur blanc que la formule originelle ne contenait pas cet ajout.

Dans le « Matthieu hébreu » – certainement plus proche de la version première, car cet évangile a d’abord été rédigé dans la langue hébraïque(1) –, Jésus dit aussi de Jean : « Car tous les prophètes et la Loi ont parlé de lui » (Matthieu, 11, 13). Dans la version grecque, on a : « Car tous les prophètes et la Loi ont parlé jusqu’à lui. » La modification est à la fois infime et énorme. Par la suite, les chrétiens ont soutenu que c’était l’arrivée de Jésus, non de Jean, que les anciens prophètes et les Écritures saintes avaient prédite, mais la formulation de la version en hébreu semble plus authentique : tous les prophètes ont parlé « de » Jean, de sa mission. C’est dire l’éminence de son statut. Enfin, dans le Matthieu hébreu, Jésus affirme que Jean a été envoyé pour « sauver le monde », alors que le « Matthieu grec » emploie une forme plutôt vague, « rétablir toutes choses » (17, 11). Les chrétiens du IIe siècle ont en effet du mal à entendre Jésus parler d’un « Sauveur » qui ne serait pas lui…

(1) Cf. George Howard, Hebrew Gospel of Matthew, Mercer University Press, 1995. Le texte hébraïque de Matthieu est contenu dans le traité Even Bohane (La Pierre de touche), rédigé au XIVe siècle par Chemtov Ibn Shaprout d’Aragon. Howard démontre de manière convaincante que ce texte, conservé dans les cercles rabbiniques, n’était pas une traduction de la version grecque en hébreu mais une création originale, indépendante, et je dirais plus authentique à de nombreux endroits. (pp. 149-150)
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Trois des quatre Évangiles du Nouveau Testament, ceux de Matthieu, Luc et Jean, signalent que Jésus a été « vu » après sa mort, afin de confirmer qu’il est bien revenu d’entre les morts. Mais que dire de Marc, alors ? Nous arrivons ici à l’un des aspects les plus méconnus, ou délibérément ignoré, de notre histoire : aussi renversant que cela puisse paraître, les manuscrits originaux de Marc, notre plus ancienne source évangélique, ne mentionnent aucune apparition de Jésus ressuscité ! Il achève son récit sur la découverte de la tombe vide, rien de plus. A l’origine, le dernier verset était Marc, 16, 8 : « Elles(1) sortirent du sépulcre et s’enfuirent. La peur et le trouble les avaient saisies ; et elles ne dirent rien à personne, à cause de leur effroi. » Je dis « à l’origine », car pour des raisons évidents, il était impossible qu’une conclusion aussi abrupte, aussi « incomplète », soit tolérée : elle était trop dérangeante, pour les premiers chrétiens. Le christianisme s’est précisément construit sur l’idée que Jésus était apparu à des individus et des groupes après sa mort. Mais comment expliquer que Marc ait laissé de côté un point aussi capital ?

Au cours du IIe siècle – soit cent ans après la rédaction du texte original ! –, des scribes zélés ont « inventé » une fin à l’Évangile de Marc. La conclusion reprise dans la plupart des éditions, c’est-à-dire les versets 9 à 20 du chapitre 16, n’existe dans aucune des copies les plus anciennes – et donc les plus fiables – du texte. En réalité, il s’agit d’une compilation plutôt maladroite des différentes apparitions de Jésus rapportées par Matthieu, Luc et Jean(2). Elle ne contient aucun matériau qui appartienne spécifiquement à Marc, et son style diffère sensiblement du grec utilisé par cet évangéliste.

Deux auteurs chrétiens du IIIe siècle, Clément d’Alexandrie et Origène, ne connaissaient même pas l’existence de cette finale « allongée », puisqu’elle n’avait pas encore été concoctée… Au début du IVe siècle, Eusèbe et Jérôme connaissaient son existence, mais soulignaient son absence dans presque tous les manuscrits grecs dont ils disposaient.

(1) Marie, Marie Madeleine et Salomé.

(2) Ces derniers versets ne se trouvent ni dans les plus vieux manuscrits dont nous disposions (Sinaiticus et Vaticanus), ni dans plus d’une centaine de copies arméniennes, ni dans la version en latin ancien, ni dans le Sinaticus syriaque. Même les versions qui les reprennent sont souvent accompagnées d’une note du copiste précisant qu’ils ne sont pas présents dans des manuscrits plus anciens. (pp. 238-239)
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