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EAN : 9782910233808
47 pages
1001 Nuits (01/07/1997)
  Existe en édition audio
3.98/5   46 notes
Résumé :
Comme deux oiseaux migrateurs enfermés dans des cages séparées... Gourov et la dame au petit chien sont faits l'un pour l'autre. Leur amour est violent, brûlant. Et pourtant si douloureux... Pourquoi a-t-elle déjà un mari ? Et lui une femme ? Pourquoi doivent-ils se cacher, vivre comme des voleurs ?
Comme la vie dont ils se contentaient naguère leur semble aujourd'hui médiocre, étriquée ! Et comme ils voudraient s'en affranchir ! Mais pourront-ils briser ces... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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"Personne, avant Tchekov, ne sut montrer avec autant d'impitoyable vérité, le fastidieux tableau de leur vie, telle qu'elle se déroule dans le morne chaos de la médiocrité bourgeoise." Maxime Gorki.

"Une vie étriquée aux ailes rognées, une vie de pacotille et aucun moyen de s'en échapper, de fuir..."

La Vie donne une chance à Anna, (une aristocrate malheureuse dans son mariage) et Dmitri...

La souffrance, la timidité et la naïveté d'Anna, la dame au petit chien, en font un personnage attachant.

Elle est celle qui va révéler à Dmitri Gourov, époux infidèle et séducteur patenté, la vacuité de son existence...

"Quelles nuits stupides, quels jours dépourvus d'intérêt et de sens!"
S'enivrer, bâfrer, jouer aux cartes, se vanter et parler encore et toujours de la même chose...

Dmitri va racheter ses erreurs et ses mensonges grâce à l'Amour! ( Anton Tchekov multipliait les conquêtes avant de se marier, 3 ans, avant sa mort...)

L'auteur traite le désir d'émancipation de la femme russe au XIXe siècle, différemment de Tolstoï ou de Dostoïevski (qui ont un message à faire passer, via leur personnages...)
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J'ai aimé La Dame au petit chien, j'ai aimé cheminer avec elle sur ce front de mer de Yalta que je voyais devant mes yeux. Yalta pour moi représente une terre ardente, du côté de l'Ukraine que j'aime tant...
Yalta, fin du XIXème siècle... Elle était là devant moi, elle était là avec son petit chien... Il y avait la mer, et très loin encore, mais qui approchait, un homme sur le point de la rencontrer sur ce front de mer...
Il s'appelle Dmîtri Dmîtrich Goûrov. C'est un séducteur, un coureur de femmes. Sa vie est faite de ces rencontres éphémères qui peuplent son existence d'homme d'affaires, écumant les hôtels.
Il apprit plus tard, comme nous, qu'elle s'appelait Anna Serguièiévna, que sa vie était morne, ennuyeuse.
Au hasard de cette rencontre, ils s'éprennent l'un pour l'autre.
Chacun a sa vie. Ils sont tous deux mariés. Elle est très malheureuse dans son mariage et le lui fait savoir très vite. Je vous laisse imaginer la suite...
Ce séducteur paraît agaçant au premier abord mais peu à peu je reconnais qu'il m'est apparu sympathique, voire très attachant. Il y a ce renversement que j'aime tant voir en littérature, passer d'un être détestable à celui d'un autre qui devient aimant... Passer d'un versant à l'autre avec presque les mêmes mots, presque les mêmes nuances de couleurs, et ça Tchekhov sait le peindre avec merveille et justesse...
Ils sont comme deux oiseaux de passage, deux oiseaux migrateurs enfermés dans des cages séparées... Des cages au décor médiocre dont les portes sont prêtes à s'ouvrir.
Et cette nouvelle leur ouvre les portes pour notre plus grand bonheur...
« Rentré chez lui, il pensa à elle. » Et voilà cet homme devenant amoureux, ne comprenant pas ce qui lui arrive. Il tombe amoureux d'une femme qu'il reconnaît n'être pas forcément pas très belle, mais cette femme le séduit profondément au point qu'il ne peut plus l'oublier à jamais...
L'écriture de Tchekhov prend alors le relais. Elle est belle cette écriture, toute en retenue, elle nous aide à observer à distance ces futurs amants qui le deviennent.
C'est une banale histoire d'amour et d'adultère, mais rendue de manière riche et profonde sous la palette d'Anton Tchekhov, il en fait un chemin insoupçonné où des êtres se transforment sous nos yeux en quelques mots, en quelques pages et c'est la prouesse de l'auteur de rendre ces deux êtres, différents, désormais indissociables par le fait d'une autre histoire qui s'écrit.
C'est un texte très beau avec les mots sublimes de Tchekhov qui dit en creux le terrible et solitaire désarroi lorsque l'amour n'est plus dans un couple. Dans cette impitoyable vérité, j'ai vu la vacuité de l'existence devenir un chemin...
C'est une rencontre inoubliable autant pour les personnages que pour moi. J'ai été ému parce que je voyais bien que cette histoire s'apprêtait à marquer la vie des personnages pour toujours.
Pour toujours et à jamais.
J'ai eu l'impression de vivre cette histoire si près, touché par sa beauté et l'immanence des instants dépeints. Je ne sais pas ce que sont devenus ces amants, j'imagine le meilleur comme le pire...
Alors m'est venue cette question lancinante que tout un chacun se poserait : mais qu'est devenu le petit chien dans ce fracas des sentiments ?
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Que c'est beau, inactuel et immortel, une oeuvre de Tchekhov ! Voici, parmi les 649 "récits et nouvelles" écrits au cours d'une existence si brève (1860-1904), "La Dame au petit chien" (Дама с собачкой)... Une nouvelle tenant en quelques pages (et quatre chapitres) qu'Anton Tchekhov publia en 1899, dans la revue "La Pensée russe"...

Aussitôt connus de nous, ces deux "mal mariés" que sont Dmitry Dmitritch Gourov et Anna Sergueïevna von Dideritz nous deviennent attachants tout en s'attachant immanquablement l'un à l'autre... car bientôt indissociables... Deux âmes soudées... avec la complication de se découvrir inséparables malgré le contexte conjugal réciproque.

"Accidentellement inséparables", donc : à l'instar des créatures mêlées de "The Thing" [1982], le célèbre film fantastique de John CARPENTER puis de celles, plus impressionnantes encore, de sa "prequel" éponyme [2011] par Matthijs VAN HEIJNINGEN Jr....

Mais rien de "monstrueux" dans le fusionnel, ici ! Juste du sensible, de l'imprévisible, de l'accidentel, de la perte de contrôle de soi, du "vécu" à l'issue incertaine... Les sentiments, comment ça fonctionne ? le soudain "besoin" de l'Autre, l'attraction réciproque, comment "ça" marche ? L'habitude, comment se crée-t-elle ? de quelle texture secrète sont donc faits l'attachement, l'affect, l'amour ?

C'est successivement à Odessa, à Moscou, à S... (la ville résidentielle d'Anna) que nous aurons peu à peu la réponse. Nous la partagerons d'ailleurs avec nos deux "héros" ou "anti-héros"... Comment les qualifier ? A la fois "banaux" et uniques. Irrémédiablement seuls dans leurs individualités irréductibles, non superposables à aucun "autre"... Beaux, à force de "banalité" mutante, de sentiments qui se transforment et nous transforment...

Nous découvrons Gourov & Anna dans un certain état (tels deux êtres incertains qui s'ignoraient tels) et nous les quitterons dans un état bien différent (mais toujours autant indéterminés quant à leur futur)...

Nous aurons vécu avec eux pendant quelques pages.

Pour l'apprendre, il nous aura donc fallu nous intéresser à... "D'autres vies que la mienne", pour citer ce titre pathétique et révélateur de l'ouvrage de quelque Narcisse contemporain, semblant (re-)découvrir accidentellement "la poutre", c'est-à-dire l'essence (et la force "égocentrifuge") de tout art littéraire...

Comment dire ? On peut ici se permettre de se moquer royalement de "l'intrigue", de "l'histoire que ça raconte" - qui est d'ailleurs "une banale histoire"... Beaucoup trop de livres (donc d'auteurs, puis de lecteurs) semblent aujourd'hui se contenter de "ce que ça raconte" en nous offrant leur style bâclé, vulgaire ou paresseusement "standardisé"... Tout à l'opposé, on conçoit donc combien une personne comme Tchekhov avait un niveau d'exigence artistique totalement insensé !

Seules comptent, en fait - surtout ici - , la langue inventée (peu à peu) par un auteur et cette "science" infinie qu'il a développée , qui lui permet d'accéder ainsi à l'intimité (infiniment nuancée et subtile) de tous ses personnages...

C'est beau, pur, indémodable, inimitable, sans doute immortel : TOUT Tchekhov (théâtre, récits et nouvelles) sans doute mérite d'être lu.

[traduction de Vladimir VOLKOFF, 1993, pour le compte des Editions L'âge d'Homme, Lausanne - reprise pour l'édition L.G.F.-"Livre de Poche", collection "Libretti"]


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La dame au petit chien est une toute petite nouvelle de Tchekhov. L'histoire reste cependant riche et profonde. Nous découvrons Gourov, un banquier moscovite raffolant des aventures d'un soir. Il rencontre une belle jeune femme, Anna. Elle n'est pas satisfaite de son mariage, elle s'ennuie et l'idée d'une aventure l'a terrifie. Les deux personnages tombent follement amoureux mais un obstacle les empêche de vivre leur amour au grand jour : ils sont mariés tous les deux. L'histoire d'amour se développe rapidement, Tchekhov réussit à faire une très bonne description des états d'âme des personnages. Cette rencontre inoubliable va marquer la vie des personnages pour toujours. J'ai bien aimé cette petite nouvelle même si j'aurais aimé qu'elle soit légèrement plus longue.
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La nouvelle est parue en 1899 dans une revue moscovite:" la pensée russe".
A Yalta, station balnéaire, Gourov s'ennuie. C'est un banquier moscovite, à peine quarante ans marié à une femme rigide, austère qui lui fait peur et qu'il méprise. Il méprise d'ailleurs toutes les femmes, "cette race inférieure", mais ne peut se passer d'elles. Il observe la Dame au Petit chien. Une jeune femme mariée et désoeuvrée qui appartient à la bonne société. Il a tôt fait de la séduire. Ils passent une première nuit ensemble. Elle a honte. Elle regrette. Pourtant elle n'aime pas son mari, "ce valet" qu'on l'a forcé à épouser à vingt ans. Peu après, le mari tombe malade. Elle part le rejoindre à S. Gourov ne parvient pas à oublier Anna...

La nouvelle raconte une histoire banale d'adultère mais son traitement est magnifique. le ton oscille entre la légèreté et le tragique. Les descriptions sont baignées de couleurs : or et lilas à Yalta, brume matinale nimbée de nuanges blancs sous l'étendue azur à Oréanda. Assis à côté de la jeune femme, qui paraît si belle, dans ce décor féérique, Gourov pense que bientôt ils auront disparu. Plus tard à S, il fera les cent pas le long de la palissade grise de la maison d'Anna en ruminant sur sa vie ennuyeuse. Gourov avec tous ses défauts , son machisme, son cynisme est terriblement touchant. Il ne se fait guère d'illusions, il sait qu'Anna voit en lui, l'homme fort qu'il n'est pas. Elle est un peu bêtasse, en tout cas très naïve. Mais elle est franche, sincère. Nous partageons sa colère et sa tristesse. Quelle stupidité ces mariages arrangés, qui poussent les gens à l'ennui, au mensonge alors que la vie est si courte ! Alors la passion, oui jusqu'au bout...
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Dans la société des hommes il s'ennuyait, n'était
pas à son aise, se montrait taciturne, froid, mais
avec les femmes, il se sentait libre, savait de quoi
leur parler, comment se tenir ; il pouvait même
rester silencieux en leur compagnie sans en
éprouver de gêne. 
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Ensuite ,ils se rencontrèrent tous les après-midi sur le môle .Ils déjeunaient ,dînaient ensemble, se promenaient, admireraient la mer. Anna Serguièiévna se plaignait de mal dormir et d'avoir des palpitations de cœur .Elle posait à Goûrov toujours les mêmes questions, émue, soit de jalousie, soit dela crainte qu’il ne l' estimât pas pas assez .Souvent au square ou au jardin, quand il n'y avait personne auprès d' eux il l'attirait à lui et l'embrassait passionnément . Cette oisiveté absolue, ces baisers en plein jour,accompagnésd'un regard furtif, la crainte d'être vus, la chaleur, l'odeur de la mer, le va-et-vient continuel d'une foule parée, inoccupée,rassasiée,l'avaient complètement ranimé .
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Assis à côté de la jeune femme qui paraissait si belle dans la clarté de l' aube ,calmé et charmé par la vue de ce décor féerique, la mer, les montagnes, les nuages, le vaste ciel, Goûrov pensait, qu' en somme, si on réfléchit, tout est
beau en ce bas monde : hormis nos pensées et nos actes dans les moments où nous oublions notre dignité humaine .
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Gourov pensait que, en somme, si l'on y prête attention, tout est sublime dans ce monde, tout sauf ce que nous pensons et ce que nous faisons quand nous oublions les buts suprêmes de l'être et notre propre dignité d'homme.
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Nous pensons si différemment. Pour elle, quitter son papa et sa maman ou son mari pour l'homme qu'on aime, c'est le summum du courage civique, tandis que pour moi, c'est un enfantillage. Pour elle, aimer, avoir une liaison avec un homme, cela signifie commencer une nouvelle vie, tandis que, pour moi, cela ne signifie rien. L'amour, l'homme constituent l'essentiel de sa vie, et, sous ce rapport, peut-être est-ce la philosophie de l'inconscient qui opère en elle. (Récit d'un inconnu)
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Videos de Anton Tchekhov (48) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anton Tchekhov
Benoît Jacquot avait réuni Isabelle Huppert et Fabrice Luchini pour un long métrage de fiction, Pas de scandale, en 1998. le cinéaste les a retrouvés au Festival d'Avignon, en juillet 2021, mais séparément cette fois, pour les besoins de son nouveau film, Par coeurs. Un documentaire passionnant sur le travail d'une comédienne et d'un comédien tous deux hors normes, suivis la veille et le jour de la première représentation de leur spectacle respectif : La Cerisaie, de Tchekhov, monté par Tiago Rodrigues dans la vaste cour d'honneur du palais des Papes, pour elle ; un seul-en-scène autour de Nietzsche dans le cadre plus intimiste de l'Hôtel Calvet, pour lui . Avec un scoop : Isabelle Huppert, la perfection faite actrice, est capable de « bugs » comme tout le monde - à savoir, buter inexorablement sur une longue réplique de sa pièce il est vrai assez complexe à mémoriser !
Par coeurs sortira en salles le 28 décembre 2022. En attendant, découvrez sa bande-annonce en exclusivité sur Telerama.fr. le film sera par ailleurs présenté en avant-première à Paris au cinéma L'Arlequin lors d'une séance spéciale le lundi 12 décembre à 20h15. La projection sera suivie d'une rencontre avec Isabelle Huppert, Fabrice Luchini et Benoît Jacquot animée par Fabienne Pascaud, directrice de la rédaction de Télérama - les places sont en vente ici : http://dulaccinemas.com/cinema/2625/l-arlequin/article/138713/avant-premiere-par-coeurs-en-presence-de-benoit-jacquot-isabelle-huppert-et-fabrice-luchini
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Le clafoutis de Tchekhov

Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

Nikita
Volôdia
Fiodor
Boris
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