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EAN : 9782266157308
352 pages
Pocket (02/02/2006)
3.55/5   433 notes
Résumé :
Un jeune poète à la rencontre d’un grand poète.
Natif de Béziers, Henri-Albert Cornuty habitait la ferme de ses parents quand son oncle lui offrit pour son quinzième anniversaire les Poèmes saturniens de Paul Verlaine. Cette lecture le troubla si fort que, sans prévenir qui que ce soit, il partit pour Paris rencontrer son idole. Il fit la route à pied et rencontra Verlaine au premier jour de l’automne 1895. Il ne le quitta plus jusqu’à sa mort trois mois plus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (56) Voir plus Ajouter une critique
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sur 433 notes
"Les sanglots longs des violons de l'automne
Blessent mon coeur d'une langueur
Monotone". Chanson d'automne, Verlaine avait 22 ans!

Automne 1895, Charles Henri Cornuty est encore adolescent, quand il rencontre enfin son héros: Paul Verlaine.
A 51 ans, le poète n'est plus qu'une ombre, le nez dans le ruisseau, à cause de ses débauches ( Nini Mouton ou encore Esther qui lui vole son argent) et de l'alcool, "la fée verte, l'absinthe..."
"Ce géant de douze pieds marche souvent à quatre pattes" raille son rival: François Coppée.

"Tout suffocant, et blême, quand sonne l'heure,
Je me souviens des jours anciens
Et je pleure."
Verlaine a volé sa propre maman, pour boire.
"Paul, j'ai tout vendu, Tout, pour toi !La maison à Coulommiers, l'appartement à Paris. Regarde le gourbi dans lequel nous sommes. " Se lamente sa mère.
Alors, Verlaine va chercher et briser les bocaux où il y a les fausses couches de sa mère, et... boire l'alcool.

"Il faut que tu saches quelle branche pourrie, tu soutiens, petit." Crache le poète, devant Cornuty. A l'hôpital, les infirmières et les médecins ont fait une collecte, pour Verlaine ( 450 francs de l'époque, plus des souliers vernis, un haut de forme, une belle pelisse...)

Verlaine va échanger ses habits contre quelques verres et ramasser les hardes "d'un prolo mort de convulsions au pied du comptoir."
"Je n'ai pas fini de vous étonner par mon ingratitude!" Jette Verlaine, à ses amis ébahis...

"Et je m'en vais, au vent mauvais
Qui m'emporte, deçà, delà,
Pareil à la feuille morte". Paul Verlaine
Dans ce Paris du XIXe siècle, triste et sale, une foule immense suivit le corbillard, pour rendre hommage à ce génial "poète maudit". "Ils furent 5000, 10 000 selon la police". Dans le ciel, le soleil brillait..
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Qu'on ne s'y trompe pas, ce n'est pas une biographie de Paul Verlaine.
Bien entendu, c'est du Jean Teulé pur jus avec ses outrances, son langage plutôt vert, mais aussi ses envolées lyriques, poétique qui ne sont pas sans évoquer Arthur Rimbaud, parfois par leurs cotés atroces, d'autre fois par leurs visions colorées, lumineuses.
Ce n'est donc pas une biographie, juste une courte période de la vie de Verlaine, à peine plus de trois mois, les trois derniers.
Ce n'est pas une histoire qui colle à l'histoire, c'est un roman, une oeuvre d'imagination qui parle de l'extrême déchéance d'un grand poète arrivé au bout du chemin.
C'est à travers le regard d'un jeune paysan venu de Béziers à pied jusqu'à Paris pour rencontrer ce qu'on appellerait aujourd'hui son idole, qu'on suit les derniers instants de Verlaine. L'image est déformée forcément. Qu'importe, cette fiction n'est certainement pas si loin de la réalité.
L'ensemble est entrecoupé de poèmes et d'extraits de poèmes de Verlaine qui sonnent comme la bande originale d'un film. Entre deux scènes, la musique arrive, s'installe et résonne encore quand elle s'est tu, une incomparable musicalité prégnante qu'on garde en tête même une fois le livre terminé.
J'entends et j'admets que beaucoup n'aime pas Jean Teulé, mais il rend là, à sa manière, un bien bel hommage à Paul Verlaine.
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Ô Teulé !
Je me méfiais de cet auteur sorti de la bande de Hara Kiri, dont j'étais un lecteur à l'époque où ce journal était tendance, mais qui, en dépit de quelques épisodiques fulgurances, était surtout le prétexte au libertarisme débridé, à la caricature pas toujours heureuse, à la grosse déconnade et qui n'avait comme rapport à la littérature que la tentative de mise en ordre des caractères en plomb dispersés dans leurs casses à des fins d'impression.
Et j'aime les belles-lettres, l'esthétique des mots, les idées fortes puissamment défendues par des cerveaux et des plumes de talent. Ça ne collait pas du tout avec l'a priori que j'avais de Teulé, homme sympathique au demeurant, mais dont les qualités se limitaient pour moi à son franc- parler, tout de verve et de gouaille...
Insuffisant donc ... !
Et puis voilà que l'on se retrouve un beau jour, ou était-ce à minuit, sortant de chez la Montalan ( c'est imagé... ) en s'interrogeant sur la gentrification, la boboïsation du bien-être qui rassure l'être que nous sommes devenus, et qui s'achemine lentement vers l'effroi du non être.
Bref, amoureux de poésie, j'avais envie de lire une biographie du maudit et décadent Paul Verlaine.
C'est alors que je tombai sur le pitch de Teulé... qui m'intéressa.
Allais-je franchir le pas ?
Verlaine, le valait bien, me dis-je alors.
Ce fut le début d'une agréable surprise.
Cornuty, un adolescent biterrois de quinze ans monte à Paris ( tel Rimbaud jadis ) pour faire connaissance de son idole, "le Prince des poètes", Paul Verlaine et devenir, dans les derniers mois de la vie de ce dernier, son ange gardien.
Verlaine est au bout du rouleau du manuscrit de sa vie.
Ruiné, alcoolique, dépravé, se "partageant" entre une fille de rien, vénale et malade elle aussi, et une jeune prostituée dont il est amoureux, il vend ses vers à la ligne pour étancher son absinthisme.
Ces derniers mois vont permettre à Cornuty ( qui est une métaphore des lecteurs que nous sommes, épris de la magie des mots du poète ) de faire la connaissance de l'homme parvenu à la dernière marche des Enfers, de l'homme nu, dépouillé de son auréole d'enfant béni des muses, mythifié, sacralisé, presque panthéonisé ( ouf... merci Macron d'avoir renoncé à cette idée saugrenue !), pour l'homme "infréquentable, invivable, dangereux et toxique" ( je cite Teulé lors d'une interview ), mais un homme dont la laideur s'efface et cède la place à la beauté lorsqu'il écrit. Un homme dont la jeunesse de l'époque commence à s'enticher.
Ils seront des milliers à ses obsèques... aux obsèques d'un indigent !
Outre la recette de l'auteur qui est de créer une fiction au sein d'une réalité, d'une vérité historique, cet ouvrage nous permet d'approcher un Verlaine méconnu, d'aller vers lui... pour ce qu'il est autant que pour ce qu'il a écrit.
Teulé ne maquille pas l'épave géniale.
Lors de son dernier séjour à l'hôpital, nous pouvons prendre connaissance de tous les maux dont il a accablé son corps :
"Syphilis
Altération sanguine
Diabète
Souffle au coeur
Cirrhose du foie
Erysipèle infectieux
Hydarthrose jambe gauche
Pneumonie"
De même que par la bouche de sa "concubine", il nous dresse, sans concessions, le portrait de l'homme.
" Un vaurien, un fainéant alcoolique, un homosexuel et un pédophile, un dégueulasse..."
Ce sont les derniers mois de ce sociopathe "merveilleux" que Teulé raconte à la manière de Teulé.
Avec sa verve, son enthousiasme, sa tendresse, sa plume qui dessine les mots plus qu'elle ne les écrit, et qui ne fera jamais partie de la Pléiade, mais qu'importe !
Je ne regrette pas cette rencontre fort touchante avec le Pauvre Lelian, cet être toute sa vie déchiré entre une tendresse enfantine et des démons pervers, que Teulé conte avec conviction, sensibilité et efficacité.






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Un jeune garçon quitte sa ferme natale pour rejoindre Paris et rencontrer Paul Verlaine dont il a reçu une carnet de poèmes.
C'est qu'il en fait des kilomètres, cet apprenti poète qui vient des environs de Béziers.
Quelle n'est pas sa déception quand il rencontre Verlaine dans une petite chambre pareille à celles des prostituées de son immeuble !
Le grand poète est à l'état de loque, complètement rongé par l'absinthe et tous les maux inimaginables que Teulé n'oublie pas de citer.
Un Jean Teulé de 2004 qui n'a pas encore ajouté l'humour noir qui donne tant de sel à sa prose mais l'horreur est bien là : on en est rassasié.
Heureusement le livre est parsemé de poèmes de Verlaine qui exprimait magnifiquement ses malaises et sa mélancolie.
Dommage qu'une telle souffrance se cachait derrière.
Le titre est bien choisi "Ô Verlaine" pour ces poètes du 19ème siècle qui utilisaient ce "Ô, Oh" pour ajouter de l'emphase à leurs propos.
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Ô Verlaine... Ô Pauvre Lélian...! Il me semble qu'assez souvent Jean Teulé innove dans une entreprise de démolition. Tout est exagéré, tout est grotesque, choquant, sordide; le vocabulaire, les situations, les descriptions. J'avais constaté cela avec Darling, je le retrouve avec Verlaine. Trop c'est trop!
Je savais que Verlaine était loin d'être un ange, sous la plume de l'auteur il devient franchement infréquentable, répugnant, antipathique. Je le connaissais buveur d'absinthe, je n'avais jamais pensé qu'il puisse être pédophile... Et cette accusation va me conduire à me documenter, car où se situe la vérité? J'appréciais le travail et le talent du poète, Jean Teulé me fait prendre du recul par rapport à l'homme, et j'en veux un peu à l'auteur de commettre ce travail de sabotage. Je suis arrivée à la page 338 fatiguée, contente que le livre se termine... Dans ma pal m'attends Je, François Villon, et je redoute cette prochaine lecture qui ne sera bien naturellement qu'une nouvelle entreprise de démolition... Lecture déprimante.
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Un garçon aux yeux langoureux poussa la porte vitrée d'une boutique. On entendit un bruit de clochettes. Sur le verre de la porte qui s'ouvrit, on put lire : "Léon Vannier éditeur. 19, quai Saint-Michel".
En entrant, le garçon fit pénétrer dans la librairie le vacarme des travaux sous la Seine - le forage du futur métropolitain. Dans les profondeurs du sol, l'avenir vibrait.
La porte refermée, le local retrouva un silence à peine troublé par le clapotis de l'eau des fleurs qui tremblait dans un vase. Un jeune gros commis en blouse grise arracha la feuille volante d'une éphéméride de 1895, lut la date du jour : "21 septembre. Tiens, voilà l'automne." Et il se retourna vers celui qui venait d'entrer.
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Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.

- Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?
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Et l'enfant allait dans l'immense hall de deuil. Partout, autour de lui, les blessures écarlates éclataient dans les chairs superbes avec des sifflements mortels... Des sifflements comme ceux des trains de Petite Ceinture qui, toute, la nuit, par la voie ferrée entourant Paris, avaient convoyé des milliers d'animaux devant être tués, ici, dès l'aube. Il en était arrivé de pleins wagons
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Écoutez la chanson bien douce
Qui ne pleure que pour vous plaire.
Elle est discrète, elle est légère :
Un frisson d'eau sur de la mousse!

La voix vous fut connue (et chère ?),
Mais à présent elle est voilée
Comme une veuve désolée,
Pourtant comme elle encore fière,

Et dans les longs plis de son voile
Qui palpite aux brises d'automne,
Cache et montre au cœur qui s'étonne
La vérité comme une étoile,

Elle dit, la voix reconnue,
Que la bonté c'est notre vie,
Que de la haine et de l'envie
Rien ne reste, la mort venue.
P269
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Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu 'à vos yeux si beaux l 'humble présent soit doux.


J 'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Soufrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve des chers instants qui la délaceront.

Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encore de vos derniers baisers ;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête,
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
.
La main sur sa poitrine, Verlaine, suffoquant...
P142
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1,2,3 BD ! Chez les libraires ! présente les BD coups de coeurs de Jérôme et la librairie La planète dessin à Paris. -Zaroff, La Vengeance de Zaroff - « Crénom, Baudelaire ! » de Jean Teulé adapté par Dominique et Tino Gelli chez Futuropolis -L'Oulipo par la bande par Étienne Lécroart chez l'Association 1,2,3 BD c'est le jeudi à 18h30 sur la chaine Youtube et les RS. Trait pour Trait parcourt toujours les librairies de France pour des conseils de lecture. #GALERIE #BD #POPCULTURE #BANDEDESSINEE#COMICBOOKS #9EMEARTRetrouvez 1,2,3 BD ! Chez les libraires! sur :https://www.youtube.com/TraitpourtraitBDhttps://www.facebook.com/TraitpourTraitBD https://www.instagram.com/traitpourtraitbd/https://twitter.com/TPTBD
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