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Foutus robots, ils étaient censés nous servir, pas asservir.
Mais l'ont-ils seulement fait ?

Drôle d'oiseau que ce Spofforth, un androide plus qu'humain en ce 25ème siècle. Il tente même de se suicider dès les premières lignes du roman. Alors si vous voulez savoir pourquoi un robot tente de mettre fin à ses jours...
Peut être est-ce du aux nouvelles valeurs inculquées à nos chers têtes blondes : "Sexe vite fait protège", "Dans le doute, n'y pense plus", "Être seul, c'est être bien" "Pas de questions, relax".

L'auteur donne lentement les indices de son univers en nous contant l'histoire de trois personnages dans ce monde étrange, suicidaire, individualiste et moribond.
Métaphore de notre société individualiste, la réflexion n'a pas perdu de son mordant malgré ses 50 ans d'âge. Cela est sûrement du à sa manière d'aborder le sujet, un récit intimiste, mélancolique, poétique et tout en douce ironie. La chute est le symbole, absurde, d'une société qui marche sur la tête.
Un roman qui continue à vous interroger, longtemps après sa lecture. Et qui vous explique pourquoi il faut continuer à lire. Ce roman m'a fait penser un peu dans son style et atmosphère à un roman d'Andreas Eschbach, le Dernier de son espèce.

Parce qu'il faut bien dire un peu de mal, j'ai trouvé un peu longuet l'épisode servant prétexte à nous parler de la religion. le propos est judicieux, mais un peu longuet.
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Ce cri d'amour pour la lecture comme source d'émancipation et comme spécificité de notre humanité, émane de Walter Tevis, auteur de cette dystopie parue en 1980.
Dans ce monde du XXVe siècle, les humains obsédés par leur confort et leur tranquillité d'esprit, se sont laissés débordés par des robots qui gèrent le quotidien à leur place.
« Pas de questions, détends-toi. » En même temps qu'ils se sont libérés du travail, les humains ont perdu toute curiosité intellectuelle. Depuis longtemps, la lecture et l'écriture ne sont plus enseignés dans ces internats qui se chargent de l'éducation des enfants à la place des parents. le concept même de famille a disparu. A la place, puisque l'on refuse de s'inquiéter pour les autres, on a mis en place le principe d'intimité et le principe de politesse. Parler avec quelqu'un équivaut à une intrusion dans son intimité et poser des questions devient un tabou absolu. de la même manière :
« La lecture est trop intime. Elle conduit les humains à s'intéresser de trop près aux sentiments et aux idées des autres. Elle ne peut que vous troubler et vous embrouiller l'esprit. »
Dans ce monde où les livres servent à isoler les murs, où le sens même du mot a disparu, la sexualité se réduit à la règle "sexe vite fait, sexe bien fait". le sentiment amoureux n'a plus aucun sens et a depuis fort longtemps été remplacé par la pornographie qui inonde les télés des habitants.
Plus grave encore, la natalité s'est éteinte depuis une trentaine d'années. Paul, le personnage principal, appartient à la dernière génération car il n'y a plus eu aucune naissance depuis. L'humanité serait ainsi condamnée à disparaître. Mais peu d'auteurs vont jusqu'à l'ultime extinction et Walter Tevis ne peut s'y résoudre. Grâce à une pirouette poétique, mettant en scène le robot en chef Spofforth, le mystère sera résolu et une nouvelle chance sera donnée à l'humanité.

Ce sont donc les livres qui vont sauver l'humanité. Grâce à leur découverte, grâce à l'apprentissage de la lecture, Paul va parcourir un chemin initiatique. En apprenant à lire, il apprend à penser. En se confrontant à des personnages fictifs, il apprend à côtoyer ses semblables, à être à leur écoute et à créer des liens. C'est parce qu'il a regardé ces films d'amour muets et parce qu'il a lu des livres qu'il a pu tomber amoureux, qu'il a pu prendre ce risque malgré son éducation déprimante et inhibitrice.
Ce sont tous ces livres, même les plus ennuyeux et les plus hermétiques, qui m'ont aidé à comprendre ce que cela signifiait d'être un être humain. Et j'ai aussi appris, à travers le sentiment de sidération que j'éprouve parfois quand j'ai l'impression d'entrer en contact avec l'esprit d'une personne morte depuis longtemps, que je n'étais pas seul sur cette terre. D'autres ont ressenti ce que je ressens, ceux qui, à certaines époques, ont réussi à dire l'indicible. "
Mary-Lou, sa compagne, n'est pas un personnage de second ordre. Tevis dit qu'elle est plus intelligente que lui, qu'elle apprend plus vite, qu'elle est plus indépendante et plus rebelle, qu'elle est capable naturellement d'autonomie. L'auteur a voulu que leur rencontre soit décisive et que la renaissance de l'humain provienne de leur impulsion de vie.
Ce livre, beau et mélancolique, mérite sa place au rang des meilleures dystopies et des hommages à la lecture des plus percutants.

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Après avoir lu et adoré "Le jeu de la dame", j'ai voulu découvrir un autre roman de l'auteur et celui-ci, en plus de sa très belle couverture, m'intriguait beaucoup.

Nous sommes dans un monde où les humains et les robots cohabitent. Pendant que les humains ne vivent que sous tranquillisants fournis par le gouvernement, les robots eux travaillent. Il est strictement interdit aux humains de vivre avec quelqu'un, de montrer ces sentiments, de discuter, d'avoir des enfants, de lire ou d'apprendre à lire, de regarder des films... Paul, un homme solitaire, apprend à lire dans l'illégalité jusqu'au jour où il ce fait prendre par Spofforth, le plus vieux et le plus sophistiqué des robots qui dirige le monde depuis des centaines d'années. Mais cette découverte va t-elle permettre à Spofforth d'aider l'humanité où de la détruire définitivement ?

Ce livre est très particulier et va donc être difficile à vous chroniquer. Ce roman SF, qui met en avant une société futuriste des plus archaïques, n'est pas bourré d'événements, de rebondissements... Il nous parle de la vie d'un homme qui a appris à lire alors que c'était interdit et qui suite à ça, va avoir une vie des plus atypiques. Nous allons suivre ces questionnements suite à toutes ces règles imposées, à l'intégrité des robots, tous ces tranquillisants donnés, au sens de sa vie...

Cette lecture est très mitigée. Certains passages du roman m'ont beaucoup plus et d'autres m'ont ennuyé. Bien que l'écriture de l'auteur soit toujours aussi attractive, que le personnage de Paul soit intéressant et que le sujet principal soit la lecture, j'ai été en général déçu par le manque de rythme de l'histoire. J'aurais aimé des révélations choc sur cette société, sur la vie de Paul et un twist final inattendue.

Loin d'être une lecture catastrophique, c'est malgré tout un avis en demi-teinte que je vous donne.
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Une incursion en dystopie tout à fait enthousiasmante, direction les États-Unis, à une époque où le temps se compte en jaune et en bleu (trop dur de compter!).
Un roman des années 80 qui n'a pas pris une ride tant le cours du monde tel que l'imagine Tevis en dit long sur les hommes tels qu'ils pourraient devenir.
Que se passera-t-il le jour où les robots s'occuperont de tout à notre place pour nous laisser nous vautrer dans le plaisir continu, maintenus dans l'ivresse par les drogues, la connexion continue aux écrans, le sexe pour le sexe, dans une intimité prohibée ? Quelle vie pour l'humanité quand on aura poussé l'individualisme à son paroxysme, au point d'interdire la vie en couple ou la curiosité envers autrui? Qu'adviendra-t-il de nous le jour où les livres disparaîtront, et avec eux la lecture, l'écriture, le calcul des jours et l'histoire de l'humanité ?
Voilà ce qu'imagine le romancier américain et nous découvrons ce monde possible à travers le regarde de trois personnages : Spofforth l'androïde, Bentley le lecteur et Mary Lou la farouche. Parce que ce sont les livres qui vont sortir Bentley de sa torpeur, et les images des films en noir et blanc du passé vont lui montrer la voie. A moins que le monde tel qu'il est devenu ne lui oppose des résistances inattendues.
Une construction réussie, une touchante histoire d'amour et une réflexion passionnante sur l'importance de la connaissance, du lien entre les hommes, qui interroge aussi sur les conséquences du transfert de conscience des hommes vers les machines (coucou Elon Musk!). Il y a des moments de grâce dans ce roman, que ce soit lors du séjour de Bentley au bord de la mer, ou dans la fin pleine de lumière.
Très grand plaisir de lecture pour un genre, celui de la dystopie, que j'affectionne tout particulièrement !
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Mes incursions dans la sf se font rares mais lorsque c'est le cas, je les apprécie d'autant plus.
Avec ce roman, je découvre un auteur à l'écriture fine et sensible qui nous fait découvrir un monde possible de demain, dans lequel les humains ne sont plus que l'ombre d'eux mêmes. C'est d'ailleurs assez troublant et déconcertant d'établir des parallèles évidents avec notre présent...
Je découvre donc un monde dans lequel les humains sont dirigés par des règles supprimant toute liberté, tout jugement ou tout discernement, et procurant une sorte d'illusion de vie.
Un certain nombre de robots sont dits au service de l'humanité dans ce qui ressemble vite à une morne existence, réduite aux tâches les plus élémentaires auxquelles un être humain peut se livrer, juste ce qu'il faut pour survivre... et servir...
Mais l'auteur va créer une sorte de renversement en rendant ces humains plus mécaniques que les robots, et ceux ci plus humains que les humains eux mêmes. Justement pour créer la réflexion sur l'humanité, ce qu'elle devient, ce qu'elle est devenue, ce que nous en faisons, ce que nous pourrions en faire.
Ces humains qui n'obéissent plus qu'à un certain nombre de règles et de lois qui n'ont d'autre objectif que de les aveugler à un point tel qu'ils n'ont même plus l'idée de les remettre en question, et ces robots qui cherchent désespérément un sens à leur vie, constitue le fil de ce roman qui nous emporte dans les méandres de la vie. Il n'est pas étonnant que l'auteur fasse de la lecture, l'objet essentiel permettant d'accéder à la connaissance et donc d'ouvrir l'esprit critique, qui va permettre de remettre en question les règles établies.
Walter Tevis propose ici une relecture de notre définition de la vie et met en garde dans un même temps, contre toute dérive qui amènerait peu à peu l'humanité, même à son insu, vers une auto destruction programmée...
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Le propos de ce livre est tristement actuel et le monde désincarné qui se crée dans ces pages reflète ce qui nous attend... Walter Tevis fait la part belle à l'art et à la culture qui sont là pour sauver l'humanité des hommes, pour les rattacher à eux-mêmes et à leurs émotions, pour les éloigner des automates qui semblent désormais plus sensibles que les êtres de chair. Malgré tout, L'oiseau moqueur est une dystopie polaire, froide comme le métal et la distance qui s'instaure entre personnages et lecteurs parasite la lecture... (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2021/03/01/loiseau-moqueur-walter-tevis/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Si vous avez lu Se distraire à en mourir, de Neil Postman, l'Oiseau moqueur résonnera là où l'essai de Neil Postman raisonnait : l'avènement des technologies contemporaines mènent toutes au même résultat : nous priver de penser. Et pour cela, quoi de plus fondamentale que de commencer par ne plus autoriser de se poser des questions ?

Walter Tavis arrive bien plus qu'à mi-chemin entre Fahrenheit 451 de Bradbury et Blade Runner de Dick : il réunit ces deux grandes questions et nous fait comprendre qu'elle n'en forme qu'une. La Liberté et l'Humanité ? il faut écrire, et ne cesser de donner à lire qu'humanité est liberté, ou elle n'est pas. Si la liberté existe, elle ne peut être qu'en cette créature qui, dépourvue d'instinct, mais douée du questionnement, parvient à aller au-delà des schémas d'une nature contraignante ; mais tout autant insoumise à tout schémas de pensée, fut-il le fruit d'un circuit (électrique) prétendument rationnel. Il se perdrait l'homme qui, confondant culture et maîtrise de la/sa nature, se ferait l'esclave de ses outils, le serviteur de ses propres robots. Et il se perd, l'homme des siècles modernes, et ses enfants avec lui, qui pense trouver sa liberté dans un solutionnisme technologique exacerbé, confiant à des machines, et à leurs « esprits » algorithmiques, les rênes de sa destinée.

Écrit il y a 40 ans, ce roman bon et intelligent, fort sans être écrasant, est à mettre au même niveau, je trouve, que les classiques de la SF que nous citons toujours comme modèles de dystopie.
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À un élan de nostalgie pour les : 1984 de George Orwell, le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley, où encore Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, s'est greffée la curiosité et l'envie de sortir de mes étagères un roman dystopique plus "ancien" et peu souvent évoqué.
Attention, il ne s'agit pas d'une antiquité non plus ! Il n'a que 38 ans (deux de moins que le premier film Blade Runner, soit dit en passant), mais a été nommé, en son temps, pour les prix Locus et Nebula du meilleur roman, et revient régulièrement dans des listes de romans d'anticipation préférés chez certains lecteurs.

Avec un roman de ce genre, vous ne serez pas surpris d'apprendre que le XXVe siècle dépeint ici est sinistre et déprimant. D'ailleurs aucune date précise ne filtre avant le dernier chapitre pour millésimer ce monde .On ne parle plus en mois ou en année, mais en bleus ou jaunes pour se représenter le temps passé.
Une façon de nous aviser que le temps, et l'histoire elle-même, n'ont plus de signification pour le peu d'humains qui restent sur terre, puisqu'ils ne travaillent plus, ne raisonnent plus, ne communiquent plus, ne savent même plus lire, ni même ce qu'était un livre !
Le propos central de l'auteur tourne effectivement autour de cette idée, que l'abrogation de la lecture et la prohibition de l'accès à la connaissance engendreraient l'aliénation et l'effondrement à terme de l'humanité. Et que par opposition, de la résurrection du savoir naîtrait la rédemption du monde des hommes et l'accès à leur libération.

Toutes ces thématiques ne sont pas nouvelles, et je vous mentirais en disant que cette histoire déborde d'originalité, tant les thèmes évoqués ont déjà été traités dans bon nombre de romans ou de films. Mais son attrait n'est pas là !
J'ai d'abord été frappée par la simplicité et la pureté du style, entraînant une aisance à faire défiler les pages assez étonnante, et qui pour moi, s'apparente à de l'habileté.
La surprise m'attendait aussi au tournant face à la poésie teintée de mélancolie de certaines scènes, et ce, dès le premier chapitre, sur le toit de l'Empire State Building. Je me suis d'ailleurs fait la réflexion comme quoi le titre original de "Mockingbird" était bien plus beau que celui de la traduction.
[...]
L'impression que ce roman n'est pas une dystopie traditionnelle ou un roman de SF classique perdurera en moi ! Je garderai à l'esprit l'image d'une parabole aux contours philosophiques, centrée sur l'âme humaine, la force de l'amour, le recouvrement de toutes les libertés, en passant par celle de vivre ou de mourir. le futur de l'humanité pourra-t-il être secouru par le pouvoir de la connaissance ? C'est une petite lueur d'espoir qui refusera de s'éteindre une fois le livre refermé.
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Un monde futur. L'humanité a tout oublié et laissé les rênes aux robots. Oui mais voilà, le seul qui comprend encore comment fonctionnent toutes ces machines, est dépressif, et souhaite se suicider sans en avoir le pouvoir.
Arrive un homme qui a appris une science ancienne, la lecture.
J'ai tellement aimé ce livre, qui nous renvoie à ce que l'homo sapiens a de plus beau et de plus fort, les sentiments. Et l'expression de ces sentiments au travers des textes, ou de la musique, de l'amitié ou de l'amour.
Ce que raconte ce livre est d'une incroyable beauté, merci à Gruz d'en avoir fait une si belle critique et de m'avoir donné envie de le lire.
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J'ai dévoré ce moment dystopique !

L'auteur nous plonge dans un monde futuriste où les humains sont devenus des choses quasi inertes, des assistés par des robots. Ils ne savent pas lire, ne sont pas instruits, se bourrent de médicaments pour ne rien ressentir, n'ont pas de connexion avec les autres pour ne pas heurter leur espace personnel. Paul est différent car il a appris à lire tout seul, petit à petit, il commence à se rendre compte que certaines choses le rendent mal à l'aise, des personnes qui s'immolent dans les lieux publics en souriant, un zoo où tout paraît faux, mécanique... Et il rencontre une femme, une femme qui s'est enfuie d'un centre d'apprentissage et qui a vécu avec un vieil homme qui lui a appris ce qu'est la liberté. Ils tombent amoureux. de là, leurs vies vont être chamboulées notamment avec l'intervention de Spofforth, un robot très intelligent qui ne désire qu'une chose : mourir.

C'est un roman représentatif de notre société actuelle qui met en avant diverses thématiques comme la place que nous laissons dans nos vies à la mécanique, à la robotique, l'importance de l'éducation et surtout des livres, des films, la transmission de notre Histoire, l'importance dess relations humaines, le fait d'être connectés les uns aux autres au sens premier du terme, sans qu'un objet artificiel se mette entre nous. Dans ce roman, nous assistons à la destruction d'un monde que nous connaissons bien, nous voyons les mécanismes qui ont été mis en place pour parvenir à cette fin. le personnage de Spofforth est très intéressant car durant tout le roman, on ne sait pas vraiment à quel jeu il joue, s'il est là pour aider nos deux protagonistes ou pour les anéantir. le récit est riche en rebondissements, en réflexion philosophiques, c'est terrifiant et criant de vérité.
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