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Thierry Gillyboeuf (Autre)
EAN : 9782743655839
112 pages
Payot et Rivages (30/03/2022)
3.12/5   8 notes
Résumé :
« La Nature fait de son mieux à chaque instant pour que nous nous sentions bien. Elle n'a pas d'autre raison d'exister. Ne lui résistez pas. En faisant un léger effort pour être bien, nous ne devrions pas tomber malade. Les hommes ont ou croient avoir découvert le caractère salutaire de quelques éléments sauvages, mais pas de la Nature tout entière. Or la Nature est ni plus ni moins que l'autre nom de la santé. » (H. D. Thoreau) Dans cet essai, Thoreau célèbre la gl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Les myrtilles comme un symbole.
Celui de la liberté de folâtrer, de se promener sans les entraves de la propriété privée, de cueillir plutôt que thésauriser.
On imagine mal aujourd'hui les états unis du dix neuvième siècle et les courants de pensée s'y étant développés : Emerson et le transcendantalisme...
Ce petit livre en deux parties, l'une botanique qui nous parle de baies et d'histoire, de réécriture occidentale, d'appropriation culturelle débouchant sur la deuxième plus politique et philosophique : que faire de notre société une fois que tout sera privatisé?
C'est un joli sujet de réflexion, tellement vieillot et décalé mais paradoxalement tellement d'actualité...
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Le petit fruit multi-usages d'un paradis presque perdu, qui ne devrait jamais être défendu (interdit) selon Thoreau ainsi que le dévoile le fond de sa philosophie redécouverte à la fin du texte. Il s'agit de la myrtille américaine (huckleberry) célébrée par lui comme emblème de la vie sauvage (plus proche de l'airelle et confondue par les premiers colons avec sa collègue européenne la myrtille commune (hurtleberry). Court opuscule d'environ quatre-vingt-dix pages (inédit) que liront toutes celles et ceux connecté(e)s Nature. C'est une partie de la conférence sur les myrtilles, écrite à la fin de sa vie, où H. D. Thoreau présente d'abord en naturaliste érudit les différentes espèces de baies sauvages de Nouvelle-Angleterre associées aux noms des scientifiques qui s'y sont intéressé, et couvrant tout le territoire nord-américain. Petites baies connues des Indiens bien longtemps avant que Samuel de Champlain (1574-1635) ne les mentionne après son arrivée au Canada, ou que les Pilgrim Fathers n'accostent à Cape Cod (1620) ou encore qu'elles ne soient affublées de nom latins.

« Je pense qu'il serait bon que nos botanistes rétablissent autant que possible les noms indiens pour désigner les nombreuses espèces de myrtilles, au lieu des noms grecs, latins ou anglais, très inappropriés, utilisés désormais. Ils pourraient avoir une utilité à la fois scientifique et populaire. Ce n'est certainement pas depuis l'autre rive de l'Atlantique qu'on est le mieux placé pour observer, pour ainsi dire, cette famille typiquement américaine. » (p. 62)

Passé l'effet un peu fastidieux pour le profane du recensement des nombreuses espèces et variétés (on s'y perd un peu) ou de la recherche du détail étymologique précis retenons, avant que Thoreau n'en vienne à son véritable motif, la réjouissante description par le menu du cycle de vie des myrtilles américaines, l'énumération de ses multiples vertus, qu'il déroule avec science et poésie au fil des saisons et des paysages, révélant à travers le cueilleur impénitent et chevronné le penseur qui pique toujours autant la curiosité, l'admirateur sensible de la Nature mais aussi, l'éducateur, le géographe immobile jamais trop éloigné de Concord (Massachusetts) qui, de sa cabane, élargit toujours les horizons :

« En bref, les buissons de myrtilles, dans les Etats du Nord et dans l'Amérique britannique, constituent une sorte de forêt miniature survivant sous la grande forêt, qui réapparaît quand celle-ci est rasée et s'étend plus au nord qu'elle. Les Esquimaux du Groenland appellent « herbe à baie » les petits buissons de cette famille portant des baies, tels que la camarine noire, l'airelle et la canneberge, et Crantz* dit qu'en hiver, les Groenlandais recouvrent leurs maisons de « buissons d'airelles », de mottes d'herbe et de terre. Ils les brûlent également, et j'ai entendu parler d'une personne, dans le coin, qui a inventé une machine à couper les buissons de myrtilles pour en faire du combustible. » (p. 48)

*Botaniste et médecin autrichien (1722-1797)

Et plus loin : " Les baies que je célèbre semblent, pour la plupart, se trouver dans une zone qui coïncide très étroitement avec ce qu'on a appelé la famille des Indiens Algonquins, dont les territoires recouvraient ce qui constitue aujourd'hui les Etats de l'Est, du Milieu et du Nord-Ouest, ainsi que le Canada, et entouraient ceux des Iroquois dans ce qui est maintenant New-York. C'étaient les petits fruits des familles algonquines et iroquoises. Bien entendu, les Indiens faisaient naturellement plus de cas que nous des fruits sauvages, et parmi les plus importants figuraient les myrtilles. (p. 51)

Le propos qui vise à pourfendre l'utilitarisme et le mercantilisme de son époque via l'accaparement des terres et la négation de la culture indienne rend compte, sous couvert de myrtilles, de la vision du monde de Thoreau et prend de l'épaisseur au long des pages avec des accents mélancoliques anticipant la fin de la cueillette libre dans les champs. Symbole d'un écosystème végétal et culturel épanouissant pour l'homme bien plus vaste qu'il n'y paraît, en passe de disparaître, "le fruit défendu" (oublié le sens biblique) l'est ici au sens politique par Thoreau. La myrtille sauvage menacée par la privatisation galopante des parcelles et l'exploitation incontrôlée des ressources offertes par la Nature préfigure déjà à elle seule et si petite qu'elle soit les lendemains capitalistiques qui déchantent dont Thoreau pressent l'avènement funeste.

Parce que le printemps est là annonçant la saison des petits fruits noirs aux reflets bleu et malgré l'actualité peu engageante de guerre ou de sécheresse pour d'autres récoltes à venir on ira sans restriction vers cette géopolitique de la myrtille, baie dont la beauté discrète est sans doute la seule arme chère à Thoreau.

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Dans ce petit ouvrage (70 pages), Thoreau nous présente d'abord une partie botanique sur les myrtilles : descriptions, couleurs, saveurs ; puis leurs répartitions géographiques, à travers la planète ; leurs modes de préparation, dégustation, conservation, par les Indiens et les Anglais.
Longue énumération d'auteurs pour étayer son propos.
Richement détaillé, et très fastidieux (pour moi qui ne suis pas botaniste).
Puis les conditions de la cueillette, les circonstances, les bienfaits pour les « myrtilleurs », les enseignements que l'on peut en tirer… puis il est question de la Nature et de la commercialisation de la ces petites baies, totalement en opposition avec le don de la Nature.
Assez long et peu intéressant.
Enfin, un plaidoyer pour la Nature, qui devrait rester accessible à chaque individu, et non privatisée ; ses beautés (rivière, colline, forêt), que l'on devrait préserver. Et des conseils de santé : vivre en harmonie avec la Nature, pour être « bien ».
La partie que j'ai préférée. C'est celle dont est extrait le texte de la quatrième de couverture, qui m'avait donné envie de lire ce livre. Je n'avais pas envisagé qu'avant, il y aurait… tout ça. Sentiment d'avoir été leurrée…
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Nous nous vantons de notre système d’éducation, mais pourquoi nous limiter aux enseignants et aux écoles ? Nous sommes tous des enseignants et notre école est l’Univers. Passer notre temps au bureau ou à l’école, tout en négligeant le paysage dans lequel il se trouve, c’est absurde.
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Quel genre de pays est-ce donc, où les champs de myrtilles sont une propriété privée ? Quand je passe devant ces champs le long de la route, j'ai le coeur lourd. J'y vois une plaie sur la terre. La Nature est mise sous voile. Je m'empresse de m'éloigner de cet endroit de malheur. Rien ne saurait déformer davantage le beau visage de la Nature. Quand j'y repense ensuite, c'est comme à l'endroit où les belles baies délicieuses sont converties en argent, où la myrtille est profanée. (p. 78)
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Chez les Indiens, la terre et ses produits étaient généralement un bien commun en accès libre pour toute la tribu, à l'instar de l'air et de l'eau ; mais chez nous qui avons supplanté les Indiens, la collectivité ne conserve qu'une petite cour ou un petit terrain communal au milieu du village, avec éventuellement un cimetière à côté et un droit de passage, par tolérance, sur une route étroite donnée qui se rétrécit chaque année, menant d'une cour à une autre. Je doute que l'on puisse faire cinq miles à cheval dans n'importe quelle direction sans tomber sur un endroit où un individu exerce un droit de péage, et il attend le moment où toute la route lui reviendra, à lui ou à ses héritiers. C'est ainsi que nous en avons décidé, nous les hommes civilisés. (p. 82)
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C’est vrai, nous avons autant le droit de nous approprier les baies que l’herbe sauvage et les arbres ; ce n’est pas pire que mille autres pratiques sanctionnées par l’usage, mais ce qu’il y a de pire, c’est que cela nous fait voir à quel point tout le reste va à vau-l’eau et à quel résultat mènent naturellement notre civilisation et notre division du travail : donner à toute chose une valeur vénale.
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Libération et accroissement: tel est le fruit que toute culture vise à assurer.
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