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sur 1043 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Walden (1854) est un récit de Henry D. Thoreau dans lequel il consigne son expérience en pleine nature près du lac de Walden dans le Massachusetts pendant un peu plus de deux ans. Il fait part au lecteur de sa philosophie de vie proche du transcendantalisme, disserte sur la nature, les animaux et les hommes qui lui rendent visite.
Plus que la description de son environnement et de ses tâches quotidiennes (passages qui s'avèrent ennuyeux à la longue), ce qui est intéressant dans Walden, c'est le regard que porte Thoreau sur l'homme, ses réflexions sur la lecture, la solitude, le végétarisme, le moment présent, la futilité du luxe. Un ouvrage fondateur du nature writing.
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Une cabane en plein milieu des bois. Une pierre suffisamment plate pour poser ses fesses sans problème. Un disque de néofolk, sombre et langoureux, tandis qu'une après une, se tournent les pages de l'histoire de l'homme qui partit s'oublier dans les bois. L'orage gronde, et je dois déjà repartir. Il n'empêche : pendant quelques instants, tout le souffle de la forêt et du livre était LÀ.
Pour vraiment comprendre et apprécier Walden, il va vous falloir passer par beaucoup plus de règles que l'auteur n'en met d'habitude dans son contrat avec le lecteur. Ça n'en fait pas une lecture qui échoue à ses objectifs d'être à la portée de tous, ça en fait une lecture exigeante, d'où le fait que la plupart d'entre vous laissera tomber le livre de ses mains dès les 50 premières pages. Je vais donc essayer de lister brièvement tout ce qu'il faut garder en tête avant de s'y atteler.
Tout d'abord, rappelez-vous que Walden est un récit certes, celui de l'auteur partant vivre dans les bois suite à son dégoût de la société étasunienne qui n'a pour lui plus de sens, mais un essai et pas du tout un roman. Résultat des courses : pas de péripéties, de début ni de fin, juste une suite de réflexions et de faits pour démontrer celles-ci. On ne sait même pas exactement comment le classer : un coup autobiographie, un coup traité philosophique ou poétique voire comique, Walden ne cherche pas à raconter une vie mais bien à retracer un vécu et une pensée. Autant vous dire que si vous y cherchez une histoire, vous allez autant vous barber que moi devant "Le Parlement des Fées".
Une pensée en l'occurrence guidée par le bon sens, cherchant avant tout l'autosuffisance. Si par miracle vous avez échappé à mes sermons sur l'effondrement, sachez en gros que si celui-ci n'arrivera sans doute pas forcément, il n'en est pas moins que l'idéal selon moi serait d'être prêt à affronter la vie, quelles que soient les circonstances géopolitiques ou qu'il s'agisse de vivre dans l'opulence ou la misère la plus totale. Ce sans avoir besoin d'appuis non essentiels qui pourraient vous être enlevés à tous moments : amis, allocs, assurances… à vrai dire tout ce qui est menacé en ce moment, pardon, tout ce qui nous coupe de l'autonomie par rapport au reste du monde. Il ne s'agit pas d'autarcie, mais que telle personne A puisse encore tenir si personne B vacille.
La philosophie devait donc me séduire, et Thoreau va s'efforcer à l'appliquer à sa propre vie plutôt que rester dans des concepts abstraits. Reprenant à sa sauce le désir de dépouillement d'Épicure, il conçoit dès le premier (très long) chapitre l'idée que la richesse n'est pas matérielle, voire que le fait de posséder trop nous appauvrit car l'on en devient dépendant. Dès lors, l'idée va être de vivre le plus libre possible, en se créant le moins de besoins, et ainsi de travail et de contraintes, afin de vaquer à des activités purement intellectuelles ; exit le mobilier dans la mesure du possible, exit la viande sauf si elle est chassée, exit les voyages sauf à pied et donc à courte distance. Thoreau se montre aussi condescendant envers les riches qu'envers les pauvres qui tentent d'avoir un mode de vie moins minimaliste, et tout ça pourrait avoir l'air d'idées de bobo-parigot n'étant jamais sorti de son spa du XVIe ; oui, mais il l'a vécu, et si la situation économique n'était clairement pas la même que celle de maintenant, on peut déjà se rapprocher le plus possible de son idéal de vie (de toute manière, comme lui-même le souligne, il ne demande à personne de suivre ses choix à la lettre mais plutôt de voir comment, chacun à sa façon, nous pourrions acquérir cette indépendance).
Pour quoi vivre, dès lors, si nous n'entreprenons rien de grand ou de glorieux ? Thoreau tente d'y répondre non plus en optant pour une philosophie du faire, mais une philosophie de l'être. L'idée n'est plus tant de laisser une trace après sa mort que de vivre chaque instant pleinement au lieu de se projeter dans l'avenir. Dit comme ça, ça a l'air très cliché, en pratique ça l'est beaucoup moins : Walden invite à un réenchantement du quotidien, le retour des savoirs oubliés autour des plantes et de la vie rustique, l'appréciation des plaisirs simples, le contact permanent avec d'autres esprits que le nôtre par la lecture, tout comme avec une nature non pas bienveillante mais inconnue et que nous nous devons de redécouvrir.
Jusqu'ici, les choses semblent plutôt claires, mais c'est sans compter un autre obstacle : Thoreau est un érudit, et il ne s'en cache pas. Son bouquin est une espèce d'énorme private-joke, renvoyant presque sans cesse à la Bible, à l'actualité de son époque ou à des éléments folkloriques, le tout dans un style complexe et tortueux. Il faut savoir saisir les multiples allusions, antiphrases, références à la sagesse indienne, digressions, apartés, et ce sans perdre le fil, ce qui peut s'avérer aussi pénible que gratifiant : si assurément nous avons là un livre qui possède un nombre hallucinant de niveaux de lecture à découvrir chaque fois qu'on le relit, en revanche il peut par moments sembler obscur à force de paragraphes à rallonge frôlant par moments le Rousseau exalté. On oscille en permanence entre purs moments de grâce et très longues réflexions hasardeuses. le mieux est de le lire d'une traite, à un régime de 100 pages par jour, sans quoi vous allez vous y perdre, voire n'y comprendre que dalle. Il y a toujours la possibilité de s'y atteler dans le confort le plus total pour ne pas se sentir agacé, mais je préfère une autre méthode sans doute plus raccord avec les théories de l'auteur : ouvrir ce livre après une longue marche loin de la civilisation, quand le merveilleux décrit dedans se retrouve tout autour de nous.
Bref, Walden est un livre complexe et terriblement exigeant, mais passionnant de par son bon sens, son ovnisme littéraire, ou encore ses idées visionnaires qui seront reprises des années plus tard par les altermondialistes. Il en ressort un plaisir avant tout intellectuel, tantôt drôle, tantôt sérieux, tantôt lyrique, en faisant un ouvrage difficile d'accès mais nécessaire, que vous devez vous acheter si jamais vous faites des études de Lettres pas seulement pour les gros joints. Et je m'en fous que ça soit pas au programme, c'est pour votre culture…
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Walden est le récit d'une expérience, deux ans de vie autarcique dans une forêt froide du Massachusetts, expérience dont Thoreau tire ses convictions et l'argumentaire pour les défendre. Son postulat est que la vie simple, proche de la nature, éloignée de la fascination de l'argent et du progrès, est une vie meilleure. Son projet est de montrer qu'elle est à la portée de chacun.

Walden est le nom de l'étang où Thoreau s'est purifié après avoir mis accidentellement le feu à une forêt voisine. Les bois qui entourent Walden ont été mis à sa disposition par son ami le philosophe Emerson. « Je gagnai les bois parce que je voulais vivre suivant mûre réflexion, n'affronter que les actes essentiels de la vie, et voir si je ne pourrais apprendre ce qu'elle avait à enseigner, non pas, quand je viendrais à mourir, découvrir que je n'avais pas vécu » (p 90).  Dans cette Arcadie, l'étang est le coeur de sa révélation : « Je me levais de bonne heure et me baignais dans l'Etang ; c'était un exercice religieux, et l'une des meilleures choses que je fisse » (p 88). « C'est l'oeil de la terre, où le spectateur, en y plongeant le sien, sonde la profondeur de sa propre nature » (p 185). C'est là qu'il teste son hypothèse : « Il ne serait pas sans avantage de mener une vie primitive et de frontière, quoiqu'au milieu d'une civilisation apparente, quand ce ne serait que pour apprendre en quoi consiste le grossier nécessaire de la vie et quelles méthodes on a employées pour se le procurer (p 15-16). La « civilisation apparente » est celle de Concord, sa ville natale, qui est à un mile de Walden, et la compagnie des amis et voisins qui le visitent presque quotidiennement. le « grossier nécessaire de la vie » est décrit dans le chapitre intitulé Economie, le plus long du livre. Il ne s'agit pas de notre conception de l'économie - la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services - mais de la capacité d'un homme seul de s'assurer « le vivre, le couvert, le vêtement et le combustible ». Il montre, chiffres à l'appui, qu'un homme peut construire sa maison, simplifier sa mise, obtenir et préparer sa nourriture à peu de frais, et garder le temps et l'énergie d'observer la nature et la place qu'il y occupe.

Cette expérience, menée dans le grand essor de l'industrialisation américaine, est justement célèbre par les questions qu'elle soulève sur la modernité, opposant progrès technique, besoin de sécurité, et d'autre part surconsommation et risque écologique.

La démonstration de Walden s'applique à une homme jeune, célibataire, motivé, qui a quelques ressources et la jouissance de la terre qu'il occupe. Consciemment ou non, Thoreau donne deux contre-exemples. Pour construire sa maison, il achète pour cinq dollars vingt-cinq cents à son voisin James Collins, un irlandais (disons un prolétaire), les planches de sa cabane, et le voit le même après-midi sur la route : « Tout leur avoir – lit, moulin à café, miroir, poules – tenait en un seul gros paquet, tout sauf le chat » (p 45). Dans le chapitre La ferme Baker, occupée par un autre irlandais, il explique à John Field qu'il gaspille sa vie à travailler dur pour sa famille (p 203). Cette distance vis-à-vis des contraintes, ou plutôt ce choix motivé des contraintes, se retrouvent dans les thèses des libertariens modernes. Et le dédain pour « l'énergie générative » (« La chasteté est la floraison de l'homme : et ce qui a nom Génie, Héroïsme, Sainteté, et le reste, n'est que les fruits variés qui s'ensuivent » p 218) garde une actualité après que la contraception ait remplacé la chasteté : la croissance démographique est-elle acceptable, le désir d'enfant est-il une forme de narcissisme ?

Thoreau serait de nos jours un adepte de la décroissance. Il renverse les thèmes du Progrès : « Les hommes ne sont pas tant les gardiens des troupeaux que les troupeaux sont les gardiens des hommes » (p 57). « Mais si nous restons chez nous à nous occuper de ce qui nous regarde, qui donc aura besoin de chemin de fer ? Ce n'est pas nous qui roulons en chemin de fer : c'est lui qui roule sur nous (p 91, pensons à l'immense inflation de notre transport aérien). Dans « Bruits », il évoque le prix à payer : « Ecoutez ! Voici venir le train de bestiaux porteur du bétail de mille montagnes [...] Un plein wagon de bouviers aussi, au milieu, actuellement au niveau de leurs troupeaux, leur emploi disparu, bien que cramponnés encore à leur inutile bâton comme à l'insigne de leurs fonctions » (p 121) (NB : actuellement est sans doute une traduction fautive d'actually, mais je n'ai pas l'édition bilingue, voir ci-dessous). Et plus loin : « Grâce à l'avarice et l'égoïsme, et certaine basse habitude, dont aucun de nous ne s'est affranchi, de considérer le sol surtout comme de la propriété, ou le moyen d'acquérir de la propriété, le paysage se trouve déformé, l'agriculture dégradée avec nous, et le fermier mène la plus abjecte des existences. Il ne connaît la Nature qu'en voleur » (p 165-6). Thoreau exprime avec la même force son mépris pour l'appétit glouton, en particulier pour la nourriture animale : « le miracle est que vous et moi puissions vivre de cette sale existence gluante, manger et boire » (p 217).

Thoreau n'est pas qu'un imprécateur. Il sait manier les métaphores dont une face est matérielle et l'autre morale : « Comment se fait-il qu'un seau plein d'eau qui ne tarde pas à se corrompre, reste à jamais pur une fois gelé ? On prétend d'ordinaire que c'est ce qui différencie les passions de l'intelligence » (p 296). « Il suffit d'une petite pluie pour rendre l'herbe de beaucoup de tons plus verte. Ainsi s'éclaircissent nos perspectives sous l'afflux de meilleure pensées » (p 313). Il est apte à l'émerveillement : « Le lac, de l'eau-ciel » (p 187). « Le ciel est sous nos pieds tout autant que sur nos têtes » (p 284). Il pense en poète : « Le plus ancien philosophe égyptien ou hindou souleva un coin du voile qui recouvre la statue de la divinité ; et la tremblante robe demeure encore soulevée, pendant que je reste ébloui devant une splendeur aussi fraîche que celle qui l'éblouit, puisque c'est moi en lui qui eut alors cette audace, et que c'est lui en moi qui aujourd'hui retrouve la vision » (p 99). Et pour les familiers de SJ Perse : « Je perdis, il y a longtemps, un chien de chasse, un cheval bai et une tourterelle, et suis encore à leur poursuite » (p 20).

Lisez Walden. Mais si vous achetez le livre, ne prenez par l'édition Galimard illustrée ci-contre. C'est la reproduction photomécanique faite en 2004 d'une traduction de 1922 par Louis Fabulet. Les caractères sont peu lisibles et les fautes de frappe nombreuses. le traducteur emploie des termes imprécis ou fautifs pour le nom des multiples espèces animales et végétales citées par Thoreau, ou en donne la dénomination binominale en latin, ou encore renonce à les traduire. Il emploie des tournures ou des mots inutilement archaïques (par exemple emmi pour parmi). J'ai appris trop tard qu'il y avait une édition bilingue de 1967 et une nouvelle traduction de 2010.
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« Être philosophe ne consiste pas simplement à avoir de subtiles pensées, ni même à fonder une école, mais à chérir assez la sagesse pour mener une vie conforme à ses préceptes, une vie de simplicité, d'indépendance, de magnanimité et de confiance. »

Voilà une déclaration qui résonne comme un programme, une voie à suivre, ce que Thoreau a tenté durant son expérience de plus de deux années au fond des bois. Il s'agissait, pour lui, de tester ses capacités à la rupture d'avec la civilisation et de ses facilités matérielles. Cette espèce de compte rendu, est une ode à la liberté et à la singularité qui ne peuvent s'obtenir que par l'abandon de toutes les complexités matérielles et sociales. Pour Henry David Thoreau, les sociétés technologiques par l'obligation d'apprendre à se servir d'outils de plus en plus complexes engendrent une spécialisation croissante qui fragmente l'individu.

Ce constat d'un machinisme qui aliène l'humanité, Henry David Thoreau l'a fait au milieu du XIXe siècle, aujourd'hui en notre début de XXIe nous sommes immergés dans un bain technologique en toute insouciance, sans doute parce que la quantité et la diversité des objets techniques qui nous environnent atteint un niveau jusqu'alors inédit. Nous pouvons, cependant légitimement nous poser la question de notre liberté individuelle. Est-ce que nous Pouvons nous permettre de faire machine arrière ? Sommes-nous en train de devenir des mutants, des espèces de cyborgs ? Est-ce grave ? À souhaiter ? À craindre ?
Je ne sais pas, je n'ai pas d'idées précises, ou plutôt si, mais elles sont contradictoires et ont tendance à s'annuler. Je ressens néanmoins une sorte de malaise quand je vois mes contemporains incapables de percevoir que la pluie va tomber autrement qu'en consultant leur smartphone, alors qu'il est si simple de lever la tête et de regarder le ciel. C'est dans cet état d'esprit de trouble quant aux conséquences de notre vie indissociablement lié à un environnement technique toujours plus envahissant que j'ai abordé la lecture de Walden : ou la vie dans les bois.


Un élément que j'ai apprécié c'est sa volonté de ne s'adresser à son lecteur qu'en son nom propre et de son point de vue, sans chercher à bâtir un système universel qui répondrait à tout. Ceci se manifeste par l'usage de la première personne. Il s'agit donc d'une personne particulière qui s'adresse au lecteur avec toute sa subjectivité, et de ce fait avec toute sa sincérité. Il y a chez Thoreau un désir de cultiver la singularité alliée à une certaine colère de constater que le monde social exige l'inverse. Ainsi il voit dans les vêtements un élément qui sert à marquer le rang sur l'échelle hiérarchique de la société.
« Les rois et les reines qui ne portent leurs vêtements qu'une fois, bien qu'ils soient faits par un tailleur ou une couturière à la mesure de leurs majestés, […] ne sont que des porte-manteaux de bois sur lesquels on pend les vêtements propres. »
Cessons de réduire notre être à celui d'un simple porte-manteaux, et ramenons le rôle du vêtement à sa fonction première de protection contre les intempéries. Ce qui vaut pour les vêtements le vaut également pour tous ces objets qui sont plus des marqueurs sociaux que devant répondre à une réelle utilité. C'est pourquoi il apparaît pour Thoreau que la solution pour éviter de tomber dans ce piège est de s'éloigner des villes et de se rapprocher de la nature.

Dans son récit l'auteur exprime un amour profond et sincère de la vie animale et végétale des bois rythmées par le balancement des saisons. La maison qu'il s'est fabriquée est telle qu'elle reste en contacte avec la vie extérieure du bois : il n'y a pas de rupture. Il y a de très belles pages sur ses rencontres avec divers animaux, lièvre qui s'enfuit ou chouette qui s'éveille. L'observation des poissons à travers la glace de l'étang en hiver est un joli moment de poésie. D'ailleurs cet aspect poétique se retrouve dans des parties qui se veulent comme des exposés objectifs et scientifiques, par exemple sa description de la formation de la glace. le caractère de poétique de Thoreau l'amène à proposer des explications « scientifiques » tout à fait naïves voire enfantines. Il en va ainsi de l'analogie cosmique des formes qu'il tire de la contemplation des divers métamorphoses que subit du sable sur un talus lors du dégel ; ou de l'organisation topographique des océans dont il croit tenir la clé par le sondage qu'il opère dans son étang de Walden.
Walden : ou la vie dans les bois, malgré l'obscurité poétique de certains passages, respire un dynamisme et un optimisme très agréable, en ces temps de pessimisme voire de désespoir. Thoreau espérait et cherchait un chemin vers une forme de sérénité heureuse, et il nous a livré là un récit de l'une de ses tentatives. Libre à nous de nous en saisir et de les adapter à notre vie.

NOTE : Si vous voulez un compte rendu de lecture plus précis et objectif, je vous conseille la lecture de celle de « loreleirocks » (très bien faite) dans la page des critiques sur Walden.
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Une référence dans son domaine que tout amoureux du genre doit lire au moins une fois dans sa vie.
Les premiers chapitres agissent vraiment comme une révélation, au point qu'on finit par regarder autour de soi pour voir, démoralisé, l'accumulation de bien que nous a vendu la société de consommation.

"S'il me faut absolument traîner mon piège derrière moi, je prendrai soin de m'assurer qu'il soit léger et ne me pince en aucun point vital de ma personne. Mais il est fort possible que le plus sage serait de ne jamais commencer à rien accumuler".

Et puis... et puis... et puis ça devient long. L'étourdissement causé par les premiers chapitres disparaît. On essaie de suivre Thoreau dans ses occupations et ses rencontres avec des visiteurs, tantôt baptisés "philosophe", tantôt "poète", on se perd, on ne sait plus vraiment qui est qui, on perd le fil... D'ailleurs je n'ai pas réussi à le terminer.

Oui, vraiment, un livre à lire pour les amoureux du genre, mais je lui ai largement préféré Into the wild et Indian Creek.
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M'intéressant à l'élément végétal dans la littérature (voir essai sur mon site) j'ai été amenée à lire Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson (voir article ici), qui m'a rappelé Into The Wild de Jon Krakauer (voir article ici).
De fil en aiguille, je me suis penchée sur le mouvement Nature Writing dont les origines remontent à ce livre de Henri David Thoreau, aux États-Unis.
J'ai retrouvé certains traits communs avec Tesson et Krakauer, dont une sensibilité égale envers la nature et une profonde déception vis à vis de la société de consommation.
Plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2021/08/27/henri-david-thoreau-walden-ou-la-vie-dans-les-bois/
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Ce petit Folio à deux euros est un extrait de Walden que je me suis procuré récemment dans sa nouvelle édition chez Gallmeister. C'est un condensé de réflexions sociologiques sur l'époque et un éloge au retour à la nature.

Nous sommes au dix-neuvième siècle et durant deux ans, Thoreau va vivre seul dans une cabane qu'il a construite lui même près du lac de Walden. Il se nourrit de ses cultures, teste la construction puis l'utilisation des habitations indiennes (les wigwam) et s'interroge sur les nécessités de la vie, privilégiant une existence simple et saine à une vie dans les grandes cités. Écolo avant l'heure, grand marcheur, naturaliste et philosophe, Thoreau partage sa vision du monde avec une franchise et une acuité redoutables, dénigrant modernisme et ambition en insistant sur les origines de la pauvreté et du travail abrutissant qu'il accuse.

Un livre véritablement moderne, non pas ancré dans son époque comme on pourrait le croire, mais tout a fait d'actualité avec sa critique sans concession d'une société surconsommatrice et aveugle.

Certains passages sont parfois difficiles à suivre, j'ai relu des paragraphes entiers pour bien m'imprégner des idées qui y étaient développées. Mais le ressenti général est extrêmement positif.

C'est un livre essentiel et contemplatif qui ravira les amoureux de la nature, de la faune et du retour aux sources. Mais c'est surtout une lecture nécessaire et pertinente sur les dérives d'une société appauvrie par l'appât du gain, l'ambition et les richesses illusoires.

Un classique à découvrir, tout particulièrement en ce moment.
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J'ai abordé ce roman avec beaucoup de réticence : encore une ode naïve à la nature toute puissante peuplée de gentils sauvages vénérant Rousseau et Diogène. Eh bien quelle heureuse surprise !! C'est tout à la fois, un magnifique recueil de poésie, un essai philosophique, un manuel de survie en zone hostile et un ouvrage documentaire dédié à la faune et la flore. J'ai adoré ce livre. Petit bémol, votre ton est parfois un peu snob monsieur Thoreau.
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Je viens de quitter Thoreau et il me manque déjà ! J'étais bien en sa compagnie, loin de l'apparat et des faux-semblants, loin d'une société consumériste à outrance.
Précurseur dans l'âme, ce qu'il nous conte sur ce qu'il vit en 1845 résonne plus que jamais aujourd'hui, en 2022.
J'ai aimé l'accompagner et l'écouter vanter Walden, ses mérites et sa beauté. Malgré quelques passages un peu longs, il nous offre une ode à la Nature et à l'authenticité qui n'a pas son semblable. Malgré l'isolement causé par son retrait, Thoreau n'a jamais souffert de la solitude, c'est au contraire dans la nature qu'il a trouvé la meilleure des compagnies.
Par la puissance de ses mots et de ses descriptions, nous apprenons comment une telle expérience de vie peut transformer une existence. Et ce qui est fou, c'est que les thèmes profonds qui sont soulevés sont toujours d'actualité.
Thoreau abhorre ce qui l'éloigne de son essence, et par ses réflexions, nous en venons à nous interroger sur notre propre chemin de vie.
Ce texte est un chef d'oeuvre, et condense pléthore de citations et de formules d'une vive intensité .
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Ce texte est un grand classique nord-américain, fondateur du courant littéraire de nature writing. de nombreuses personnes vont sur les pas de Thoreau, au bord de l'étang de Walden, dans le Massachussets, où sa cabane a été reconstituée près de son emplacement originel.
J'avais envie de lire ce titre depuis longtemps, encore plus après avoir découvert La désobéissance civile, court texte où l'auteur évoque son séjour en prison car il avait refusé de payer des impôts à un Etat soutenant l'esclavage et l'aliénation de peuples humains. le personnage de Thoreau m'interpelle par la modernité de ses questionnements, au milieu du XIXème siècle, à un moment où l'écologie et la décroissance n'étaient pas forcément au coeur du débat public…
On vit dans ce livre l'expérience personnelle de l'auteur. Il s'est installé pendant deux ans deux mois et deux jours au bord de l'étang de Walden, sur le terrain de Ralph Waldo Emerson. Il adapte son aventure sur un an, nous racontant la vie au contact de la nature au fil des saisons.
Dans son histoire, Thoreau nous explique qu »il ne comprend pas l'aliénation à un propriétaire ou a un crédit pour être propriétaire, quand lui s'installe sur un bout de terre qui ne lui appartient pas. Qui possède peu a moins peur de tout perdre. Ce discours lui est cependant un peu facile à tenir, étant hébergé sur le terrain d'un ami, il n'est pas un réel squatteur qui risque l'expulsion à tout moment !
Sa réflexion n'en reste pas moins intéressante, quand il calcule le coût de sa vie au vert, faisant tout ou presque par lui-même. En se contentant du strict nécessaire et en vendant son surplus, il arrive à l'équilibre de ses comptes ou presque sans revenu extérieur. J'ai cependant par moments été un peu gênée par le côté donneur de leçons de l'auteur vis à vis de ses contemporains, leur faisant la morale sur leurs choix de vie, comme si le sien, pourtant très temporaire, était le seul valable.
Dommage car sans ce côté moralisateur, le discours est vraiment très intéressant et interpellant. Encore plus avec l'évolution de nos modes de vie, mais aussi de la santé de la planète.
Ce texte ne rentre pas vraiment dans les cases. Ce n'est pas un roman, ni une autobiographie… C'est une mise au point, une critique de la société de consommation, où l'on coure après l'argent pour acheter des choses dont on n'a pas à priori besoin. Avec l'aide de nombreux décomptes et listes, Henry David Thoreau nous prouve qu'on peut faire avec peu, et rester en bonne santé !!! Même si on mange peu de viande…
L'auteur nous raconte aussi la nature au fil des saisons, avec de grandes descriptions de la vie autour de sa cabane et du lac Walden. Des descriptions magnifiques, qui font rêver, voyager, avec pourtant de simples éléments du quotidien. On perd trop facilement le contact avec la nature, et Thoreau nous le rappelle de belle manière.
La lecture du texte par Guillaume Costanza est particulièrement agréable et douce. Il arrive à donner un rythme même aux passages les plus contemplatifs. J'avais un peu peur de m'ennuyer comme ça m'est déjà arrivé avec du nature writing, et ça n'a pas été le cas. le lecteur a su donner juste le relief nécessaire à la mise en valeur du texte sans trop en faire.
Le seul élément qui m'a gênée, mais qui n'est dû ni à l'acteur, ni à la version audio, c'est les passages en anglais suivis de leurs traductions, qui coupent trop le rythme à mon goût. Si je conçois le choix du traducteur de garder les extraits d'autres auteurs en version originale en plus de leur traduction, je l'ai trouvé un peu lourd. Je serais d'ailleurs curieuse de voir comment le texte a été retraduit, et quelles sont les différences majeures, car la traduction de Louis Fabulet date de 1922, et a un peu vieilli. En même temps le texte aussi. Faut-il retraduire les textes de temps en temps, alors même qu'on ne réécris pas les classiques ? Vaste débat… N'hésitez pas à me donner votre point de vue^^
Walden ou la vie dans les bois est à la fois une lecture qui nous ramène à la nature, mais aussi qui amène à réfléchir à notre façon de vivre, de gagner et dépenser de l'argent, de consommer. Une réflexion qu'il est urgent d'avoir. Si ce n'est le ton trop moralisateur de l'auteur, son propos est bien argumenté, et sa vie dans sa cabane au fil des saisons, si elle n'est clairement pas facile tous les jours, m'a quand même bien fait envie par moments… C'est un texte magnifique, intelligent et poétique, et extrêmement moderne par son propos.
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