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EAN : 9781604241754
192 pages
Editions des Syrtes (08/06/2003)
5/5   4 notes
Résumé :
L’argent et le travail est une réflexion, d’une étonnante actualité, sur l’argent comme fait de société, où assurément celui-ci est désigné comme symptôme et moyen d’asservissement, mais qu’il convient de replacer dans un mécanisme plus général de violence exercé par les uns contre les autres : la ville et ses accumulations parasitaires n’en sont que l’ultime manifestation, la plus perverse, la plus criante, la plus injuste. Le travail manuel devient alors une néces... >Voir plus
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L'argent et le travail

Je voyais hier soir dans Héritages à la télé -qui n'est autre qu'une variante de Crimes puisqu'un y a un meurtre ou un assassinat à chaque fois -, le reportage scénarisé sur la sombre affaire d'une famille portugaise vivant à Plaisir. La première partie montre l'aspect vertueux de ce couple, ayant trois enfants, tout entier voué au travail et ça ajoute de l'eau à mon moulin à mon crédo : "un emploi pour tous". Mais je pourrais dire aussi une citation de Victor Hugo, ou peut-être mieux encore la fable De La Fontaine : Travaillez, prenez de la peine, c'est le fonds qui manque le moins ...Le travail est un trésor.

Le deuxième volet est une horreur, ça vire au cauchemar, sans ménagement. Bon c'est un fait divers, et je n'en tire aucun enseignement, sauf que c'est aussi pour ça que je regarde Héritages qui fait son taux d'audience sur de sombres affaires de familles où l'hémoglobine y prend sa part autant que l'argent, et où la réalité dépasse la fiction selon le mot fameux de Mark Twain qui ajoute : "car la fiction doit contenir la vraisemblance mais non point la réalité. Je dis fameux car cet aphorisme est bien courant et avéré dans nos langages , contrairement à d'autres qui méritent largement une explication de texte, car bonjour l'enfumage. Oui on se paie de mots dans notre société..

La deuxième partie, je passe vite, c'est le fils aîné qui a grandi et qui, par une réussite sociale exemplaire, semble combler les voeux de ses chers parents, qui voient en lui ce qu'eux auraient aimé dans leurs rêves les plus fous voir se réaliser pour eux-mêmes : une consolation. La boucle est donc bouclée, sauf qu'ici ce fils se révèle être un monstre, sa passion du jeu va le démontrer et l'affection profonde qu'il voue à ses parents va basculer, l'occasion faisant le larron, dans une absence folle, démoniaque comme celle de quelqu'un qui tuerait bien sa mère pour se tirer d'affaire , et ce sera proprement le cas ici, on n'a pas rêvé ! ..

Bon alors qu'est-ce qui se passe ? le premier volet est blanc, le deuxième volet est noir. On avait oublié d'illustrer l'idée que dans une sombre affaire de famille, tout n'est jamais blanc, et tout n'est jamais noir. Bon, on ne va tout de même pas mettre ça sur le compte des parents, paix à leur âme aujourd'hui. Alors on découvre en remontant le temps qu'un beau jour, il y avait une crevure qui tirait parti de la vie étrangement dans l'histoire, qui menait sa vie comme l'antithèse de ses parents, amateur de bling bling. En plus il va gagner deux millions au jeu, ce n'est quand même pas rien ce jackpot , mais comme c'est un joueur invétéré, il ne s'arrête pas là... Cette crevure n'est autre que le fils aîné de la famille.. Il sort d'où celui-là, on l'avait oublié ?

Alors on rétropédale par un flash-back, un drôle de flash-back !. Ca donne l'impression qu'on a le nez dans le guidon sur une enquête de police à la noix, qui entre deux apéros, après des constatations de jeu d'enfant menée tambour battant par une bande de pieds nickelés, commence à fouiller dans le passé du fils aîné : -Oh surprise ! Heureusement que Marc Twain a dit que "la réalité dépasse la fiction".

C'est un bon polar : famille au delà de tout soupçon, exemplaire, en termes d'Héritages, c'est presque raté, un os dans le potage va révéler le pot aux roses. le fils aîné va se prendre 30 ans incompressibles. Je ne sais pas si Héritages vend ses films à l'étranger, mais moi j'aurais glissé dès la deuxième page une zone d'ombre dans ce récit, sauf à me dire que puisque c'est Héritages, il se passe fatalement quelque chose de scabreux tôt ou tard.

Ici donc, le scénario est en deca de la réalité, sans vraisemblance. On voudrait même nous montrer que l'affaire n'a jamais existé, il est où le début ? Les mailles du filet comme ils disent dans leur jargon ou l'étau se se resserre sur le fils aîné en écartant en une fraction de seconde la piste du rodeur qui aurait mal tourné, fils aîné comme unique gros poisson tout désigné qui avait aussi tenté de tuer son père à coup de manche de pioche, sauf que celui-ci va se mettre à crier et alerter le voisinage. Merde, c'est con cette histoire, il se démerde comme un manche ! Et je n'aime pas trop quand il n'y a pas de suspense, ce qui n'offre pas trop de perspectives psychologiques.

Alors je reviens sur la première partie qui est liée aussi à l'argent, mais qui a une autre valeur symbolique. le père, la mère n'avaient de cesse de travailler, chacun de leur côté. La mère faisait des ménages, le père dans le bâtiment ; fidèles à de vieux principes, une croyance fervente au Bon Dieu, le bas de laine, assurer la pérennité du foyer... leur capital a essaimé comme le ruisseau fait la rivière. Ainsi patiemment, la petite fortune bien gagnée s'est constituée : un patrimoine, une maison à Plaisir, une autre au Portugal, des comptes en banque bien garnis. Bref, il ne manquait de rien dans cette famille qui n'était pas dispendieuse, au bout de privations multiples : à chaque fois qu'un creux de l'existence, un temps mort, ou une vanité quelconque venait enrayer le cours des choses, c'était pour les combler aussitôt par le travail, toujours le travail. le travail était la meilleure manière d'avoir bonne conscience et d'être digne de la lignée et de la transmettre. Dans le silence tout orienté vers le sacrifice et le labeur, la volonté de Dieu était exaucée : ils étaient comme des saints sur cette terre de Plaisir plus sujette aux troubles de banlieue que de bénédiction.

Ce couple de portugais émigrés a donc pu être heureux pendant 25 ans jusqu'à ce que les choses se gâtent.

On imagine les pauvres gens dans la détresse quand ils manquent d'argent, jamais comme on peut le faire quand on en est soi-même privé, mais on n'imagine moins encore le prix d'une vie faite de sacrifices par la valeur travail. Il faut s'accrocher au travail, le pire est d'être sans emploi, de n'être rien dans la société, un numéro à pôle emploi, le déclassement, l'anonymat, la spirale de l'enfer, sans personne pour nous comprendre dans la pire des solitudes..

Ah, j'allais oublier, le brave père qui avait reçu des coups de manche de pioche sur le crâne et qui a échappé de peu à la mort, n'a pas résisté à son calvaire, apprenant la mort de sa femme, et le dur sort des bons enfants restants, hagards, sidérés devant ce sort malencontreux, sans parler de la dilapidation du bien familial par le salop de fils aîné, comme le chêne qu'on abat en cinq minutes après 50 ans de vie, il est mort d'une crise cardiaque six mois après, il a rendu son âme à Dieu ..

Cette affaire ne fut pas feuilletonnée comme celle de Daval, elle ne cochait sans doute pas toutes les cases du bon polar, meurtre passionnel, montagne de mensonges et joggeuse disparue, trajectoire de sadique du genre Fourniret guettant sa proie avec un machiavélisme dépassant l'imagination. Mais je me fais ma petite marche blanche à moi tout seul en mémoire de ce brave couple de portugais qui s'est élevé par le travail, à l'heure où la marche blanche qui semblait être le dernier repli solidaire des populations aux abois face à la barbarie, vienne à son tour de s'anéantir à Etampes.

Excuse-moi mon cher Léon si j'ai dérapé et utilisé ton oeuvre à une autre fin, mais je te promets, je rattraperai ça d'ici peu. Et après tout suis-je si éloigné que ça de ta pensée ?






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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Arrête donc, lecteur, pour un instant, le travail de ton esprit, ne discute pas, n’analyse pas; qui que tu sois, quels que soient les talents dont la nature t’a doué, consulte seulement ton cœur. Quelle que soit ta bonté pour les tiens ou pour ceux qui t’entourent, quelle que soit ta situation sociale, - homme d’État, artiste, savant, médecin, professeur, - peux-tu rester impassible devant ton thé et ton dîner, continuer tes occupations, quand au bas de ton perron tu vois ou tu entends un gueux que le froid ou la faim font souffrir? Non, n’est-ce pas? Et cependant ces misérables y sont toujours : s’ils ne sont pas à ton perron, ils sont à dix mètres, à dix kilomètres, ils existent et tu le sais.
Tu ne peux donc demeurer calme, car tu ne peux goûter aucune joie que cette pensée n’empoisonne. Car pour ne pas les voir à ton perron, tu devras te cacher, les repousser par ta froideur, ou fuir quelque part où ils ne soient pas. Mais ils sont partout; et, s’il se trouvait un endroit où tu pourrais ne pas les voir, tu serais encore poursuivi par ta conscience!
Que feras-tu donc? Tu le sais : la doctrine de la vérité te le dit. Va jusqu’en bas (ou plutôt ce qui te semble le bas, mais qui est le haut), va avec ceux qui couvrent les pauvres et nourrissent les affamés; va! tu n’as rien à craindre et beaucoup à gagner! Va dans leurs rangs, cultive la terre de tes mains faibles et inhabiles, fais ce travail qui nous donne le vêtement et le pain; Va! et pour la première fois tu sentiras le sol assuré sous tes pas, tu marcheras en homme libre, tu seras chez toi, tu n’auras plus rien à chercher.
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