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EAN : 9782755506402
112 pages
1001 Nuits (11/01/2012)
3.9/5   21 notes
Résumé :
Au cours d'une soirée où la meilleure société de Pétersbourg essaie de tromper son ennui, un vagabond sentant l'alcool et la crasse fait irruption au milieu des danseurs et s'empare d'un violon. Dès les premières notes, il se révèle être un musicien de génie et transporte l'assemblée dans un monde fantasmagories étranges. Fasciné, un jeune homme décide de l'aider à renouer avec sa carrière brisée. En vain.Déchiré par un amour impossible, l'artiste extravagant est dé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Un musicien déchu est une nouvelle qui raconte l'histoire d'un violoniste qui a touché le fond. Elle est basée sur une la rencontre de Tolstoï avec un violoniste allemand.

Touché par son talent, un certain Délessov décide de lui venir en aide mais cela semble impossible... La détresse d'Albert ne laisse pas indifférent.

C'est beau ce que Tolstoï écrit sur la musique même si le son d'un violon m'emporte moins que celui d'un violoncelle.

"La musique n'agit ni sur l'esprit, ni sur l'imagination. Pendant que j'écoute de la musique, je ne pense à rien et je n'imagine rien, mais un sentiment délicieux emplit à ce point mon âme que je perds conscience de mon existence..."


Challenge SOLIDAIRE 2019 - Des classiques contre l'illettrisme
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Inspirée par la rencontre avec un violoniste, « Un musicien déchu » est un nouvelle que Tolstoï publia au début de 1858 après l'avoir remaniée à plusieurs reprises, soit parce que lui-même n'en était pas content, soit à la demande de son éditeur qui la trouvait « scandaleuse » : trop éloignée de la pensée et des préoccupations sociétales de l'intelligentsia.
En effet, Albert – nom du personnage principal qui donna d'ailleurs son titre original à la nouvelle – est un être marginal. Violoniste ayant perdu son emploi, et d'une certaine manière la raison et toute dignité, se réfugiant dans l'alcool à la suite d'une déception amoureuse mi-réelle, mi-fantasmée, Albert est présenté par Tolstoï comme étant l'artiste génial par excellence capable d'émouvoir jusqu'aux plus oisifs et blasés de la haute société. Délessov, l'un de ceux-là et un peu Tolstoï, lui-même en ces années 1850 aristocrate dandy, tente de le secourir mais en vain, au contraire : le sortir de sa déchéance lui serait fatal en lui faisant perdre son âme.
On sait que Tolstoï tenait la musique en très haute estime : « Dieu sait à quel point l'impression de la musique dépasse l'impression des mots. » (Journal – 1896), ou encore : « Si cette civilisation s'en allait à tous les diables, je ne la regretterais pas, mais j'aurais du regret pour la musique (déclaration faite en 1910, année de sa mort). Pour Tolstoï, la musique est avant tout capable d'éveiller une fantasmagorie liée aux souvenirs. « Que me veut cette musique ? » (propos rapportés par son fils dans ses mémoires).
Cette parabole, à l'encontre des idées de l'époque pour laquelle la musique devait être au service d'une cause, plaçant le rêve au-dessus de la réalité n'est pas loin de ce que développera Proust. C'est ce qui en fait tout le charme un peu désuet mais aussi un intéressant éclairage sur la Russie de l'époque et sur l'évolution de Tolstoï lui-même qui commençait dès ce moment à réfléchir à la place de l'art dans la société. Cette quête aboutira en 1898 à la publication de : « Qu'est-ce que l'art ? »
Le texte intégral présenté par les Editions Mille et une Nuits est suivi par une postface fort intéressante écrite par Bernard Kreise – il est aussi le traducteur – intitulée joliment : « La musique du temps perdu ».

Billet de Cantus
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Il y avait longtemps que je n'avais eu l'occasion de côtoyer des personnages aussi survoltés, passionnés et empreints d'un idéal suranné que ceux de la nouvelle de Tolstoï parue en 1858, Un musicien déchu, qui met en évidence ce que l'on appelle volontiers l'âme russe, à laquelle est presque aussi impossible de donner une définition que la saudade.

Albert, un violoniste qui a tout perdu, son emploi, celle qu'il aimait et qui n'était pas éprise de lui, un toit et l'estime de lui-même, est ce musicien déchu auquel s'attache Délessov, un aristocrate qui voit en lui un violoniste d'exception qu'il faut à tout prix sauver de ses démons et de l'alcool tout en faisant en sorte que son immense talent soit reconnu à sa juste mesure.

Mais on ne sauve pas qui ne veut pas être sauvé. Délessov le savait en hébergeant Albert afin le remettre sur « le droit chemin », mais il espérait secrètement faire mentir l'adage. Or, Albert, dans sa désespérance, son errance, sa quête de plaisirs éphémères pour oublier la tristesse de sa vie, son goût (immodéré) pour la fête, ne tient pas à être sauvé de lui-même ni à échapper à la vodka et au vin qui lui permettent de sortir de sa torpeur.

Un musicien déchu ne sort pas de l'exercice que s'est imposé l'auteur, à savoir le portrait d'une âme profondément blessée, mais c'est un portait à la hauteur de celui qui a su dépeindre le peuple russe avec justesse, un écrivain qui avait un amour de la musique qui n'est pas sûrement pas étranger à celui qu'éprouve Délessov.

Un texte qu'on souhaiterait davantage connu.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Oeuvre de jeunesse écrite en 1857, le traducteur parle de 1858, parue sous le titre original d'Albert : ça devient un musicien déchu !
L'artiste est brillant, sur le point de réussir, mais il a un petit défaut il picole et son environnement va finalement l'anéantir. Mais ça on le savait déjà, et pourquoi il picole, eh bien on ne va pas tarder à le savoir, et quand on le saura, on comprendra que les carottes sont cuites parce que l'homme est brisé à cause d'un chagrin d'amour. Alors je ne sais pas si c'est le musicien qui est déchu ou l'homme, mais je préfère Albert. D'abord quand on connaît la musique, la musique classique, il est
impossible de se mettre à boire trop longtemps, il arrive un moment où la mémoire fait défaut, et c'est gênant. Alors évidemment on peut faire illusion.

Une fois de plus, on est là sur un registre que l'écrivain connaît bien, il était passionné de musique, jouait du piano, invitait des concertistes connus à la maison. Mais Tolstoï n'a pas son pareil pour aller sonder l'âme humaine, et c'est ce qui se passe en fait ....

Je reviens une seconde sur la date de création de cette nouvelle. Je pense qu'à partir du moment où elle est envoyée chez l'éditeur à fin de publication, on peut considérer qu'elle est achevée. Mais avec Tolstoï qui n'avait aucun complexe et pourquoi en eût-il, ne faisant rien comme tout le monde, au dessus de lui il n'y avait que Dieu, a prévenu son éditeur qu'il souhaitait faire des corrections sur épreuves, un peu comme Bonnard quand il vendait ses toiles à des clients, il était tellement perfectionniste qu'il lui arrivait de parachever ses toiles chez le client. Bien sûr, comme ici, le client consentait.

Ce qui est intéressant d'observer, c'est que Nékrassov du Contemporain, revue prestigieuse, son éditeur lui annonce qu'il n'est pas satisfait de la dernière mouture. Tolstoï lui répond ceci : "Il ne fait aucun doute qu'il s'agit non d'une nouvelle descriptive, mais d'une oeuvre hors norme, dont le sens doit entièrement reposer sur les passages psychologiques et lyriques, et par conséquent ne doit pas et ne peut pas plaire à la majorité." Mais comme l'artiste ne veut pas rester sur cette mauvaise impression, il reprend encore le texte qui sera finalement publié début 1858.
C'est donc une oeuvre presque esthétique et non narrative. C'est d'ailleurs ce qu'on remarque très bien dès les premières pages du livre ..

Mais à part ce genre de calage rugueux avec son éditeur, Tolstoï n'a jamais vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Combien de fois, on voit juste apparaître d'un mot dans ses carnets personnels qu'il a en projet tel truc, et on ne voit apparaître le nez du projet le temps qu'il lui aura fallu pour boucler son affaire dans la plus grande discrétion. On peut parler d'ascèse !
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Nouvelle de Tolstoï parue dans les années 1850.Elle nous raconte l'histoire d'Albert musicien égaré dans la misère , l'alcool , la pauvreté qui débarque dans une réunion mondaine à Saint-Pétersbourg.La maîtresse de maison n'a pu l'empêcher d'entrer .La soirée est terne, les aristocrates présents s'ennuient, les femmes aussi, mais Albert s'empare de son violon et tout bascule.....
L'un d'eux va vouloir lui sauver la mise, lui donner un toit , de quoi se vêtir , se nourrir mais Albert va fuir ..Un artiste ne peut vivre comme tout le monde,l'art n'a pas d'âge si reste le feu. Quelques réflexions retenues pour son traité sur l'art que publiera tardivement Tolstoï "Qu'est-ce que l'art?"
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
"L'art est la manifestation supérieure de la puissance de l'homme.Il est donné à de rares élus et il élève celui qui est appelé à une hauteur telle qu'il est pris de vertige et qu'il lui est difficile de garder l'esprit clair.En art, comme dans toute lutte, il y a des héros qui sacrifient tout à son service et périssent sans avoir atteint leur dessein."(p57)
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Suite Albert.

Albert (le musicien) a réussi à entrer dans la salle de bal....

Les membres grêles et sans force du musicien furent saisis soudain d'une intense agitation et, avec des clins d'oeil, des sourires et des gestes désordonnés, il se mit à sauter lourdement et maladroitement à travers la salle. Au milieu d'un quadrille, un joyeux officier, qui dansait avec beaucoup de grâce et d'inspiration, le heurta involontairement de son dos. Les jambes faibles et fatiguées du musicien ne parvinrent pas à le maintenir en équilibre, et, après quelques pas titubants de côté, il s'étala de tout son long sur le parquet. Malgré le bruit sec et violent qu'avait produit la chute, presque tout le monde commença par rire ..
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Albert

"Les notes du thème s'écoulèrent avec aisance et grâce à la suite de la première, illuminant soudain d'une clarté étonnamment limpide et apaisante le monde intérieur des chacun. Pas une fausse note, pas une sonorité excessive qui vînt troubler les auditeurs subjugués, tous les sons étaient clairs, gracieux et pleins de sens. Tout le monde suivait en silence, avec le frémissement de l'espoir, le développement de leur mélodie. De l'état d'ennui, de distraction bruyante et le sentiment de l'âme où se trouvaient ces gens, ils étaient soudain transportés sans le savoir dans un monde différent, oublié. Tantôt ils sentaient se lever dans leur âme une sensation de contemplation paisible du passé, tantôt c'était le souvenir passionnel d'un moment de bonheur, tantôt un besoin infini de pouvoir et d'éclat, tantôt un sentiment de soumission, d'amour insatisfait et de tristesse"

En déplaçant le centre de gravité sur la personne de l'artiste et en nous ouvrant son monde intérieur à travers un rêve, Tolstoï aiguise et dramatise dans Albert le conflit qui oppose l'art à la vie.

Albert, le violoniste déchu qui a fui la protection asservissante du riche mélomane Délessov, ne le trouvera que dans la rêverie délicieuse qui s'empare de lui au moment où il va mourir de faim et de froid sur le seuil d'une maison où il n'a même plus la force de frapper. Le conflit de l'art et de la vie est ici celui du rêve et de la réalité, c'est-à-dire de deux univers inconciliables.

C'est là une conclusion bien pessimiste . Elle rejoint celle des deux longs récits (ou courts romans) des années 1856-1862. Le Bonheur conjugal et Les Cosaques, qui sont l'un et l'autre l'histoire d'une résignation à l'échec dans la quête ardente du bonheur.
Michel Aucouturier, spécialiste de Tolstoï en France, 1960, Gallimard
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Les notes du thème s'écoulèrent avec une aisance élégante, juste après une première lumière étonnamment claire et rassérénante qui avait soudain illuminé le monde intérieur de chacun des auditeurs. Aucun accent faux ou excessif ne vint briser l'envoûtement des témoins, toutes les notes étaient d'une clarté gracieuse et profonde. L'assistance entière se taisait et suivait le développement de la ligne mélodique dans une attente frémissante. Délaissant cet état d'ennui, de divertissement tapageur et de torpeur spirituelle où ils se trouvaient, ces gens furent soudain transportés, sans qu'ils s'en rendent compte, dans un tout autre monde qu'ils avaient oublié. Tantôt un sentiment de douce contemplation du passé ou un souvenir passionné d'un moment de bonheur surgissait dans leur âme, tantôt une exigence illimitée de pouvoir et de faste, tantôt un sentiment de soumission, d'amour inassouvi et de tristesse. Les notes, exprimant soit une triste tendresse, soit une bouffée de désespoir, s'entremêlaient en toute liberté, s'écoulaient, s'écoulaient l'une après l'autre si élégamment, d'une façon si puissante et si instinctive que ce n'étaient plus des sons que l'on percevait, mais le flux superbe d'une poésie depuis longtemps connue mais qui s'exprimait pour la première fois et emplissait naturellement l'âme.
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Ils s'étaient plusieurs fois efforcés de ranimer la joie, mais la joie feinte était encore pire que l'ennui.
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