11 nouvelles en 250 pages. C'est donc ramassé, resserré au possible. Parce qu'à chaque fois, une vie, ou même plusieurs sont concentrées dans ces pages. Il y a de tout parmi ces personnages. Une fille de paysan qui doit devenir bonne pour aider son père à payer le champ convoité. Un rédacteur de guides touristiques en proie aux avances d'une belle Américaine. Un pasteur qui après le décès de sa femme voit revenir la plus jeune de ses filles dans la demeure familiale....Même si beaucoup de ces récits se passent en Irlande, ou d'une façon ou d'une autre l'évoquent, nous en sortons parfois.
Comment parler de ces textes ? Malgré souvent des ouvertures anodines, ou plutôt avenantes, elles ont quand même comme point commun de pointer la dimension tragique de la condition humaine au final. La tragédie irlandaise, avec la guerre civile, la violence, les assassinats des voisins, des gens que l'on connaît. Mais aussi la solitude, la tragédie, la fêlure que les êtres portent au plus profond d'eux, qui les empêche de vraiment nouer des relations avec les autres, et qui les rend étrangers à eux-mêmes.
C'est d'une grande noirceur, pas une petite lueur qui pourrait faire espérer, certes pas un dénouement heureux, parce que la présence de la mort rôde toujours et rappelle que nous nous y acheminons tous, mais même pas la possibilité d'un moment d'apaisement, de douceur, temporaire, fragile, mais d'autant plus précieuse.
La terrible justesse des personnages, semble presque donner à penser que Trevor découpe avec ses mots, maîtrisés à la perfection, comme avec un scalpel, de la chair vivante, pour nous donner à voir le plus intime, caché dans les entrailles ; ce qui au final fait l'essence des êtres.
Bouleversant.
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Auteur irlandais que je découvre ici, ce recueil de nouvelles très belles, mais désespérantes et tristes, m'a complètement absorbée. Une très belle lecture.
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Pendant ses périodes d'ennuis quotidiens, J.P. Powers s'adonnait à la cogitation. C'était une cogitation de nature déprimante, car elle concernait l'inutilité de sa personne. Les moniteurs d'auto-école n'existaient pas dans le monde, il y a cinquante ans : qu'aurait-il fait cinquante ans plus tôt, comment aurait-il gagné sa vie? La vérité, c'était qu'il n'usait d'aucune compétence dans son travail, qu'il n'y portait pas d'intérêt. Comment s'intéresser à une profession aussi inutile que d'apprendre aux gens à conduire des automobiles? Les gens peuvent marcher, ils ont des jambes. Ils peuvent prendre les transports publics. Il ne fournissait aucune service réel: autant être guichetier aux chemins de fer britanniques.
Diana Reich interviewe William Trevor
Podcast traduit en français ( sous-titres)
Diana Reich, directrice artistique de Small Wonder, interviewe William Trevor, le récipiendaire du premier prix Charleston - Chichester pour l'excellence d'une vie dans la fiction courte.