Le vivier

Le summum d'humains possessifs, calculateurs, manipulateurs, égoïstes, lâches. Philippe, pour soigner sa grippe, séjourne chez une vieille dame obsédée par les réussites de jeux de cartes. Sa tante y est dame de compagnie. 1 jeune homme oisif et 4 femmes dans un huis clos implacable et fascinant.

Un vivier, du latin vivarium (dérivé de vivus « vivant ») est un réservoir où sont placés les poissons et crustacés capturés pour les conserver vivants jusqu'au moment de leur consommation ou distribution (définition web).
Je me demande bien ce qui a bien pu pousser Henri Troyat alors âgé de 24 ans à écrire une telle histoire... Avait-il observé semblable situation avant d'écrire son second roman ?
Un jeune homme veule et maladif, dispute à sa tante, dame de compagnie, l'agréable hospitalité d'une vieille dame tyrannique et possessive. Mais comment va réagir l'entourage de la vieille dame... ?
J'imagine que ce court roman, huis-clos à rebondissements psychologiques, se déroulant dans les environs du bourg (imaginaire?) de Maillé-les-Bois aurait pu également se passer dans un manoir anglais. le confort douillet et étouffant de la demeure isolée contraste avec le froid hivernal des environs.
La vieille dame, manipulatrice à souhait, me fait penser au personnage principal de « l'Araigne » publié 3 ans plus tard.
Comme j'ai pu l'observer dans d'autres romans de Troyat, les sentiments passionnés des personnages n'en sont pas moins ambivalents, voire paradoxaux.

Magnifique ! le vivier... ou panier de crabes... Troyat dépeint avec tant de talent cette atmosphère de petites mesquineries et d'hypocrisies ! Nous voilà plongés dans un huis clos entre 5 personnages qui se disputent l'affection des uns et des autres, à coups de minuscules piques et sous-entendus. Quel talent pour dépeindre cette psychologie toute en petits coups bas et faux-semblants !

Un magnifique roman qui se lit rapidement, qui joue avec les sentiments les plus vils de l'être humain où règne une atmosphère oppressante tout le long du livre. La trahison, le calcul, la lâcheté, l'hypocrisie, la trahison, le mensonge et l'apathie sont traités ici avec finesse jusqu'à leur paroxysme.

L'auteur s'amuse à jouer de ce huis clos pour nous démontrer à quel point l'être humain peut se montrer fourbe et bas lorsqu'il peut en tirer bénéfice.

Un grand cru que je conseille vivement, j'ai passé un excellent moment.

Un surprenant roman bâti en deux parties quasi symétriques . Un des personnages disparait au profit d'un autre mais l'action reste similaire . Manipulation à chaque fois mais pas dans le même sens , comme si le chasseur devenait chassé.
Les thèmes de ce livre : séduction, jalousie, calculs, frustration, lâcheté , humiliation, tous les pires sentiments qui peuvent intervenir dans les relations d'un petit groupe de personnes réunies dans un lieu unique .
C'est très bien écrit et l'analyse des rapports est glaçante de réalisme. J'ai moi aussi ai été très surpris en apprenant que Troyat n'avait que 24 ans à l'écriture de ce livre. Cà dénote une grande maturité et une capacité d'observation peu commune .
La description des lieux n'est pas non plus laissée au hasard : un vieillot pavillon de banlieue dans lequel on s'éclaire avec des lampes à huile. A plusieurs reprises Troyat nous retrace des ambiances tranchées entre ombre et lumière qui m'ont fait penser aux films les plus sombres du cinéma français d'avant guerre, comme si on était dans un Duvivier ou un Feyder.
Malgré çà , le fait qu'on soit dans un endroit isolé du monde donne le sentiment que tout çà pourrait se passer de nos jours ( même si la vieille dame , au lieu de faire ses patiences aux incroyables et poétiques appellations , serait tentée de faire des réussites sur un ordinateur ! ) .
Henry Troyat , un peu oublié maintenant, fut un auteur très lu au vingtième siècle. Bien que différent des sagas qui firent son succès , ce noir et misanthrope petit roman nous aide à comprendre pourquoi .