Livre redondant qui a mal vieilli.
Commenter  J’apprécie         10
La réhabilitation du tourisme de masse...
Commenter  J’apprécie         00
De même, quel choix reste-t-il au voyageur d'agrément qui ne veut pas être touriste?
Ou bien il s'immobilise, soit qu'il reste chez lui; soit qu'il se sédentarise chez l'habitant - et alors il n'est plus un voyageur. Ou bien il voyage «se précipite dans les endroits non touristiques», et sa seule présence fait de ces endroits des lieux touristiques et de lui un touriste. Quoi qu'il fasse, ce voyageur est en situation d'échec; qu'il se déplace ou qu'il ne se déplace pas. C'est pourquoi, prisonnier de cette double contrainte, le touriste doit ne pas être là où il veut aller.
Pour ou contre le tourisme, il faut en finir ici avec des schématismes qui ne font que figer une image, théoriser un stéréotype et appauvrir le sens d'une évolution sociale en la réduisant à un marché ou à une invasion. Que reste-t-il alors de cet événement considérable suscité par le voyage, le désir de découverte et de rencontre? Le tourisme, au XXe siècle, plus que la guerre, la colonisation ou le commerce des biens, est un formidable accélérateur de la circulation des traits culturels. Il précipite les dialectiques identitaires qui conduisent à la prise de conscience de soi et d'autrui. Comme l'invention de la prison au XIXe siècle ne peut se comprendre que si on la replace dans le cadre historique de la formation d'une société disciplinaire de surveillance (M. Foucault, Surveiller et punir (Naissance de la prison), Paris, Gallimard, 1975), le développement actuel du tourisme ne peut se comprendre qu'au regard de la formation en cours d'une société migrante de reconnaissance. Et s'il est vrai qu nous relevons toujours de cette société disciplinaire, dont le principe est l'enfermement, est-ce alors un hasard si cette autre, dont le principe est la mobilité, s'y superpose aujourd'hui?
D. Nordman indique que le mot passeport, lorsqu'il apparaît en 1420, est d'abord appliqué aux marchandises. Ce n'est qu'un siècle plus tard, en 1520, qu'il sera appliqué aux personnes. Quand les voyages de marchands se développent, "la distinction est alors plus difficile que jamais entre circulation des hommes et circulation des biens. L'équivoque persiste, et peut-être se renforce, au moment même où le passeport, sous ce nom, se répand" (D. Nordman, "Sauf-conduits et passeports, en France, à la Renaissance", in Voyager à la Renaissance, p. 148-150). Aujourd'hui, tout particulièrement à l'heure de son internationalisation, le tourisme ne restaure-t-il pas une équivoque semblable? Que met en circulation l'industrie touristique : des hommes ou des biens?
"Une histoire érotique du voyage" de Jean-Didier Urbain en librairie le 18 octobre,. Toute la malice, la curiosité et l'érudition de l'auteur, "Monsieur Voyage" en France, y sont concentrées pour dévoiler la face cachée de nos aventures à travers le vaste monde