Bienvenue dans le monde du 4ème âge. le sujet de
Homme de ménage peut paraître peu glamour, le travail en tant qu'auxiliaire de vie d'un artiste-peintre en panne d'inspiration et d'argent, mais
Anton Valens, qui raconte une partie de sa propre expérience, en tire un récit aussi touchant que passionnant.
Vrai-faux roman, il serait plus juste de parler de 9 nouvelles correspondant à autant de rencontres avec des personnes âgées,
Homme de ménage n'a rien de plombant, bien au contraire. Valens a un vrai talent de peintre en écriture, faisant surgir de sa palette des portraits saisissants d'hommes et de femmes au crépuscule de leur vie, encore lucides et confiant à leur aide à domicile les secrets de leur longue existence.
Cet
homme de ménage est aussi expert pour passer l'aspirateur que pour s'adapter aux personnalités compliquées de ses "clients". Il est d'ailleurs doté d'un sens de l'humour à toute épreuve, bien utile pour garder le moral, et fait preuve d'une gentillesse excessive qui lui joue bien des tours.
Les nonagénaires sont mythomanes, de mauvaise foi, manipulateurs, bavards ou suicidaires. Ils crèvent surtout de solitude et sentent que la fin est proche. Les plus beaux moments du livre sont ceux où l'
homme de ménage les voit s'éloigner définitivement de lui, soit vers un institut spécialisé, soit parce qu'ils meurent.
Un roman réaliste, cruel, tragique, comique, porté par un style simple et magistral, d'une lucidité qui pourrait être effrayante si elle ne s'accompagnait pas d'une tendre et narquoise empathie pour ces "vieux" qui tremblent comme la flamme des bougies. Pathétiques et humains. Surtout humains.