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"Il me semblait de plus en plus évident que tout ce que je voulais être dans la vie c'était écrivain et j'étais aussi de plus en plus convaincu que la seule façon de l'être était de se livrer corps et âme à la littérature."

Roman d'une vocation, La Tante Julia et le Scribouillard brasse le récit autobiographique d'un apprentissage amoureux et littéraire avec des pastiches de feuilletons populaires. Alternant rigoureusement les deux genres (aux mésaventures sentimentales d'un adolescent avec son accorte tantine, les chapitres impairs ; aux fantaisies saugrenues d'un touchant gâte-papier, les chapitres pairs), Vargas Llosa s'essaie à la légèreté.

Abandonnant la complexité dramatique de ses précédents romans pour une narration plus classique -et conséquemment abâtardie-, l'illustre Péruvien se fourvoie à mes yeux. Les péripéties qui vont mener le futur prix Nobel à épouser sa Tante Julia s'élèvent rarement au-dessus du trivial et leur linéarité déconcerte pour qui admirait les brumes faulknériennes de la Ville et les Chiens ou les méandres spatio-temporels de la Maison verte et de la Catedral.

Heureusement, grâce à la création d'un génial plumitif, Pedro Camacho, Vargas Llosa retient notre attention. Il parodie avec bonheur le style tout à la fois ampoulé et vulgaire de son génial barbouilleur dans des contes édifiants et salaces. Incestes, violences, alcoolisme, catastrophes et autres élucubrations se mêlent dans une phraséologie maladroite où macèrent lubies pulsionnelles (la haine des Argentins par exemple) et gimmicks hilarants (le héros, invariablement cinquantenaire, véhicule de systématiques lieux communs : "large front, nez aquilin, regard pénétrant, esprit plein de bonté et de droiture".). Au fil des chapitres, la voix de Pedro Camacho, disturbée par l'épuisement et la folie, multiplie les aberrations (retour incohérent des personnages, syncrétisme crétin des différents récits, saccage jusqu'au-boutiste des codas) pour la plus grande joie du lecteur.

Dans cet exercice de style, le véritable écrivain (Varguitas alias Vargas LLosa), sectateur de Twain, Flaubert, Faulkner et consorts, fait piètre figure à côté de l'incontinente imagination de son calamiteux scribouillard qui n'a jamais ouvert un livre.

Un entrain mitigé.

"La femme et l'art s'excluent, mon ami. Dans chaque vagin est enterré un artiste." (P. Camacho)
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J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce roman, je ne sais pas trop ce que j'attendais mais le début m'a un peu surprise et déstabilisée. Passé quelques chapitres, force m'a été de constater que la surprise était plutôt fort agréable. En alternance se succèdent des chapitres autobiographiques (le travail de l'auteur, adolescent, dans une station de radio et sa relation amoureuse, longtemps platonique, avec la tante Julia) et chapitres racontant les feuilletons radiophoniques créés par Pedro Camacho,excentrique bolivien (c'est lui le scribouillard du titre). le titre place d'ailleurs à égalité les personnages de la tante Julia et celui de Pedro Camacho. Sans doute pour leur rendre un hommage aussi grand à l'un qu'à l'autre dans la formation future de l'écrivain qu'il sera. L'histoire d'amour n'est probablement forte et passionnée que par les interdits qui lui font obstacles (âge, vague parenté, religion). Elle est d'un autre temps et, entrecoupée des feuilletons radiophoniques du scribouillard, elle devient elle-même une sorte de feuilleton. La plume est très belle, je ne suis pas vraiment attirée par l'Amérique latine, mais à chaque fois que j'en découvre un auteur, il se révèle un conteur hors pair, plein de verve, d'humour. Mario Vargas Llosa n'a pas fait exception. Les récits qui nous font découvrir la société péruvienne qui entoure le jeune Vargitas sont picaresques et passionnants à lire. Même si je m'attendais aussi à une fin un brin plus originale, cette lecture fut un régal.
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Après Pantaleon, j'avais hâte de découvrir cette fameuse tante Julia, livre semi-biographique del senor Mario V.L. C'est hilarant, m'avait dit mon péruviophile. M'annonçant que Vargas Llosa a connu trois honneurs de son vivant - vivant, il l'est toujours à ce jour ! -, trois honneurs rarissimes, surtout cumulés : être publié à la Pléiade, être à L Académie Française alors que sa langue maternelle est l'espagnol, et voir reçu le prix Nobel de littérature. Pas mal non ?
Et qui se permet, avec tout ça, de ne pas se prendre au sérieux et d'écrire des livres hilarants.

Alors hilarant, pas tout à fait. Subtil, cocasse, drôle, enjoué, ne se prenant toujours pas au sérieux, oui. Envie de dire qu'il y a cette puissance irrésistible de l'humour anglais dans ses récits, personnages et anecdotes. Et ce petit quelque chose de plus, purement sud-américain, mais voilà bien un monde que je ne connais pas dans ses subtilités, au moins littéraires.

Raconter ? Raconter quoi, le livre ? Ah non alors. J'en profite pour porter plainte contre le graphiste de chez Folio, qui nous a imposé une photo de couverture nulle. Je déteste ce couple qui se roule une pelle sous le parapluie, je déteste leurs fringues, leurs gestes, ce qui se dégage de la photo. J'aurais dû coller un paysage normand à la place, je me serais sentie plus à l'aise. La première de couv comme on dit dans le jargon, mais aussi la quatrième : en mal d'inspiration le gars, qui nous gâche le plaisir de la découverte. Non vraiment, ya du relâchement et ça ne se fait pas. Raconter l'histoire de tante Julia e son scribouillard donc, non.
Par contre, évoquer le conteur de la radio où travaille notre héros, avec plaisir. A-t-il existé, ou est-ce une invention de Vargas LLosa, ce Pedro ? Et pourquoi cet homme déteste-t-il à ce point les Argentins ? Sur ce sujet, j'ai enquêté, auprès d'un ami argentin. Il me dit, avant même que j'aie évoqué M.V.L. et son loufoque et argentophobe personnage "oui, au Chili ils nous détestent. Au Pérou ? Bah c'est pas compliqué : dans toute l'Amérique Latine on nous déteste". A cause de cette supposée arrogance, comme l'illustre cette blagounette spéciale auto-dérision : "C'est un Argentin qui monte à la Tour Eiffel, tout en haut, pour voir à quoi ressemble Paris sans lui"...

Ce Pedro Camacho, petit homme fou d'écriture, invente des histoires diffusées à la radio. Et Vargas LLosa nous en livre plein, de ces histoires et c'est... bon d'accord, c'est presque hilarant. Intrigant aussi, parfois flippant, délirant mais on aimerait quand même connaître les suites ! Chacune est un petit bijou, que M.V.L. intercale dans l'histoire des deux amoureux.
La part du vécu et de l'inventé, là, j'aimerais bien savoir. Il a dû exister, ce petit homme. Dans Pantaleon et les visiteuses, il y a aussi un "homoncule", ainsi l'auteur qualifie-t-il ces hommes petits sans être nains ou lilipuciens, au fort caractère, qui trouvent leur place dans la cocasse société où ils évoluent.
Les autres personnages aussi sont savoureux.
Un grand plaisir, ce livre.
Je ne sais pas si ça a été adapté, moi je le verrais bien en BD, ou en animation. En attendant, c'est l'imagination qui s'anime en suivant ces aventures menées tambour battant. Avec le front haut, le nez aquilin, le regard pénétrant et ce merveilleux esprit plein de bonté et de droiture qui fait tout le charme de l'univers liménien.
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Merci au lecteur ou à la lectrice qui a glissé ce livre dans la loterie du dernier pique-nique Babelio et m'a permis de découvrir cette pépite !

Dans cette autofiction, l'écrivain Prix Nobel de littérature revient sur son histoire d'amour avec la soeur de sa tante par alliance, la « tante Julia », alors qu'il était âgé de dix-huit ans et elle de trente-deux. Les chapitres consacrés à l'intrigue principale alternent avec des nouvelles qui sont des mises en abyme des feuilletons radiophoniques écrits par le « scribouillard », le comique Pedro Camacho que côtoie le jeune Mario à la radio où il travaille.

Cette plongée dans le Pérou des années 1970 et toutes ses classes sociales est rendue unique par le style de Mario Vargas Llosa, plein d'humour et d'ironie, qui nous embarque complètement dans son histoire et dans son univers, que ce soient dans les chapitres consacrés à sa propre vie que dans les récits de Pedro Camacho (même s'il faut bien avouer que le comique de répétition dans ces nouvelles finit par être lassant, et que j'ai eu tendance à lire les dernières en diagonale).
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Conte épique alliant le tragique et le farfelu, ce roman se permet aussi de mélanger des éléments biographiques et des inventions, la vie agitée de la capitale péruvienne et des excursions dans des villages reculés, le quotidien ordonnancé de la bourgeoisie liménienne et les délires échevelés d'un auteur de feuilletons radiophoniques, les rêves d'écriture d'un étudiant nommé Mario et les rappels au réalisme de la génération antérieure, la naissance d'une histoire d'amour et la dégénérescence du "scribouillard" stakhanoviste auteur des novellas radiodiffusées susmentionnées et qui en mélange peu à peu et involontairement les personnages et les intrigues.
C'est bouillonnant, truculent, sarcastique, violent et tendre. C'est un labyrinthe de situations, de sentiments et de personnalités d'une richesse décoiffante et c'est pourtant merveilleusement agencé (y compris quand les oeuvres du scribouillard commencent leur lent glissement vers le cafouillage). C'est un guide topographique dans les méandres de la vie au Pérou, c'est une réflexion sur l'écriture, ses difficultés, ses excès, ses faiblesses, ses trompe-l'oeil ; c'est une histoire d'amour et d'amitié. C'est maîtrisé, profond, drôle, prenant. C'est un chef-d'oeuvre !
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Un des plus beaux livres que j'ai lu... il y a longtemps déjà. Je l'ai lu d'ailleurs en espagnol et le charme vient peut-être de cela. La langue de Vargas Llosa est riche, complexe, gourmande, particulièrement dans ce livre -- peut-être le meilleur roman qu'il ait écrit.
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La tante Julia et le scribouillard/Mario Vargas Llosa/Prix Nobel 2010
Nous sommes dans les années 50. Vargas le narrateur étudie à Lima le droit en dilettante et s'essaye à l'écriture journalistique et autre nouvelle tout en tombant follement amoureux de sa ravissante tante de quinze années son aînée, fraîchement divorcée.
Voilà deux personnages que l'auteur met en scène un chapitre sur deux. Ces deux là côtoient un autre personnage haut en couleur : le scribe bolivien Pedro Camacho, écrivain obstiné de feuilletons radiophoniques pour la Radio Panamericana consistant en d'orageuses et souvent farfelues histoires pour la population de Lima, homoncule halluciné et polygraphe immuable niché dans son ergastule pour trouver avec succès l'inspiration et proférant à tout venant des apophtegmes qui laissent ses interlocuteurs sans voix. Sa production fait l'objet d'un chapitre sur deux. Les personnages de Camacho sont étonnamment stéréotypés, polyvalents et interchangeables d'une histoire à l'autre, meurent et ressuscitent, mais Pedro fait indéniablement le bonheur de ses auditeurs. Une parodie d'écrivain, mais à succès. Jusqu'au moment où … ! Un tel acharnement à l'écriture restera-t-il sans conséquence ?
Cette construction agrémentée d'un style expansif, jubilatoire et exubérant, truffée de néologismes intéressants est originale. Dérapages verbaux en sus. D'entrée le comique et l'humour sous-jacents annoncent des délires et des fantaisies inénarrables. de plus l'auteur se plait à mettre le lecteur dans la confidence : remarques entre parenthèses.
Il faut par ailleurs noter l'excellente traduction.
En résumé, un excellent roman partiellement autobiographique rempli de clins d'oeil et d'humour.
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Dans ce roman publié en 1977, MVL raconte ses dix-huit ans à Lima. Etudiant en droit peu motivé, ayant la vocation d'écrivain, il travaille comme producteur de bulletins d'information d'une station de radio. Il s'amourache de sa tante par alliance, Julia, de 20 ans son aînée, divorcée. Il se marie avec elle contre l'avis de sa famille. Il glisse dans son récit le texte d'épisodes de feuilletons radiophoniques écrits par le scribouillard, un avorton bolivien, Pedro Camacho, adulé par les auditeurs. C'est très incarné, authentique. A la fois sud-américain et européen par l'attrait pour ce continent.
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Ce roman est mon entrée dans l'oeuvre de Mario Vargas Llosa. J'avais une petite appréhension à cause des positions très conservatrices en matière politique de cet auteur qui ne peut s'empêcher d'exprimer publiquement son soutien aux candidats autoritaires et ultra-libéraux dans les pays d'Amérique Latine, notamment le très contestable Jair Bolsonaro. Mais en ce qui concerne la littérature, ce roman montre une grande maîtrise de la composition et une inventivité réjouissante pour conter des récits drôles et rocambolesques.
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En fait, je l'avais déjà lu. Il y a très longtemps. Plus de deux décennies. Ce qui ne nous rajeunit pas…
C'est JeffreyLeePierre qui, grâce à une de ses critiques, m'a donné envie de reprendre ce bouquin. J'en avais un souvenir tellement vague qu'il ne flottait plus dans mon esprit qu'une impression. Celle d'être passé à côté, de m'être un peu ennuyée malgré la pétulance d'un récit qui semblait exiger l'inverse. du haut de mon âge mûr, j'ai mis sur le compte de l'adolescente impatience cette rencontre presque manquée.
Ceci n'est donc pas la critique d'un livre, c'est plutôt une rêverie autour de la permanence de mon identité de lectrice. Parce que blanc bec ou plus, je me suis ennuyée presque tout pareil. J'avais imaginé que j'avais été trop obsédée par la relation amoureuse entre Varguitas et la tante Julia pour trouver du sel au reste. Et c'est vrai que sur cette seule trame romanesque, on ne capitalise qu'un intérêt limité : elle se moque de lui, finit par l'aimer mais ce ne sont pas les subtilités de caractère ou les raffinements d'analyses psychologiques qui étouffent le roman.
Les personnages sont des portemanteaux campés avec beaucoup de dérision et ce serait un contre sens de chercher autre chose en eux que les archétypes qu'ils incarnent. On est plutôt dans la fresque picaresque, le comique d'une course poursuite burlesque, le jeu savoureux d'une fiction entrelardée d'épisodes feuilletonesques délirants.
Parce que, bien sûr, l'essentiel de l'intrigue, la véritable quête du roman n'est pas l'amour et aussi appétissantes soient les formes de la tante Julia, le graal est bien davantage littéraire que plastique. Alors, le véritable héros du roman, c'est bien le double glorieux et misérable de notre scribouillard, c'est Pedro Camacho. Grandeur et décadence d'une plume toute puissante. Lorsque l'engouement du romanesque est capable de vous mener aux confins de la folie et de la ruine. Mise en abyme spectaculaire pour nous lecteurs qui réclamons toujours plus de péripéties, notre dose de fiction à n'importe quel prix.
A ce titre, sans doute que cette dernière lecture en date aura bénéficié de celle du Don Quichotte que je n'avais pas encore faite tandis que je découvrais La tante Julia et le scribouillard la première fois. Et à qui il arrive, peu ou prou les mêmes mésaventures. Sans doute aussi que j'ai été plus sensible cette fois à l'affectueuse tendresse qui se dégage des scènes familiales.
Il n'empêche que ni l'adolescente ni la femme adulte que je suis devenue n'ont été subjuguées. Visiblement, on ne se refait pas.
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