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Le prix Nobel me faisait craindre un livre ennuyeux. Quelle bonne surprise! c'est un joyeux et savant montage de roman tout ce qu'il y a de classique et de chapitres étonnants aux personnages hauts en couleurs et aux aventures extravagantes: il m'a fallu quelques allers-retours entre les deux pour me rendre compte que la manipulation fonctionnait à merveille. Rien n'est conforme aux prévisions, tout finit par s'éclairer. Un bonheur de lecture, un livre joyeux et poignant, un éloge fougueux de l'amour, des péripéties drôles, touchantes, des personnages plus vrais que nature, une vertigineuse mise en abyme avec les histoires dans l'histoire racontées par un narrateur qui observe l'écrivain qui observe le monde et en perd le fil, c'est exubérant, coloré, rythmé : le Pérou!

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Mario Vargas llosa, alors jeune étudiant en droit de dix huit ans, déjà attiré par l'écriture, trouve un travail dans une radio d'information de Lima où il rédige les nouvelles d'actualités avant leur diffusion radiophonique. Quand il rencontre sa tante par alliance Julia (soeur de l'épouse de son oncle maternel), il est attiré par son charme, sa liberté et sa fantaisie; malgré les douze années qui les séparent et la désapprobation de ses parents, le jeune homme est de plus en plus proche de la belle bolivienne trentenaire et divorcée qui le surnomme affectueusement Varguitas. Côté professionnel, il fait la connaissance de Pedro Camacho, lui aussi bolivien, célèbre feuilletoniste radiophonique, qui a été débauché par les propriétaires d'une radio "populaire", qui réside dans les mêmes locaux que la radio d'information où travaille Varguitas. Pedro Camacho prend sa mission très au sérieux travaillant simultanément sur plusieurs feuilletons, six jours sur sept, mais, surmenage oblige, le feuilletoniste perd un peu le nord, avec quelques conséquences sur les feuilletons diffusés...

Cette première découverte de l'oeuvre de Mario Vargas llosa, prix Nobel de littérature 2010 est une très bonne surprise, j'ai suivi avec beaucoup d'intérêt l'histoire d'amitié amoureuse de l'écrivain, alors tout jeune étudiant, avec la belle Julia, détonante et étonnante, une bolivienne assez explosive et malgré quelques longueurs, j'ai beaucoup ri en suivant les aventures échevelées, tragi-comiques inventées par le fameux Pedro Camacho, écrites à un train d'enfer et qu'il a bien du mal à ne pas faire déraper...
La tante Julia et le scribouillard, sont les vrais héros et personnages du roman, deux personnalités fondatrices pour le jeune écrivain, deux boliviens qui vont lui faire découvrir un monde fantasque et romanesque, loin du milieu bourgeois dont il est issu. Un roman autobiographique instructif et enlevé sur les jeunes années de l'écrivain dans le Lima des années cinquantes.
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En vue de l'aspect exutoire qui est à l'origine du roman, l'écrivain prend ici une réelle liberté d'écriture dont rêve tout auteur, notamment au travers de ces feuilletons dont nous pourrons jouir en même temps que les liméniens les écoutent, ce qui donnera au lecteur un réel plaisir dans la lecture, puisque Mario Vargas Llosa semble s'être abandonné, avec beaucoup d'artifices, à toute la puissance créatrice dont il est capable. Ces histoires nous permettront alors de suivre les aventures d'une multitude de personnages aux destins obscurs, tragiques et, souvent, comiques. Nous devenons ainsi parfois ces liméniens accrochés à leur poste de radio, et entrons simultanément dans les méandres de la pensée de l'artiste bolivien (Pedro Camacho, auteur des feuilletons) lorsque nous apercevons la dégradation de son esprit, si tourmenté. Par ailleurs, toujours dans ces mêmes émissions, Vargas Llosa s'applique encore une fois à nous dépeindre la société péruvienne de l'époque, tant au travers du racisme omniprésent envers les argentins – que les liméniens semblent tolérer sans problème – ou par la description des diverses classes sociales aux sorts immuables, ou finalement par la critique de la religion dont ils sont tous victimes. Car, il le dira lui-même, il avait « (…) la manie de la fiction réaliste ».

Le roman porte aussi une réelle réflexion à la fois sur les aspirations de l'homme sud-américain moyen, ici lui-même, et sur la littérature. Sans cesse admiratif de Pedro Camacho, Varguitas rêve, contrairement à ses amis et en opposition à la carrière choisie de ses parents, de devenir un écrivain reconnu, et il se demandera alors « comment ces personnages qui se servaient de la littérature comme ornement ou prétexte pouvaient-ils être plus écrivains que Pedro Camacho, lui qui vivait seulement pour écrire ? Pourquoi avaient-ils lu (ou du moins savaient qu'ils devaient avoir lu) Proust, Faulkner, Joyce, et Pedro Camacho était à peu près analphabète ? ». Pour lui, les « vrais » écrivains sont donc ceux qui ne vivent seulement pour écrire, sans emprunter d'autre chemin que celui de la littérature et sans se soucier de la fortune ni de la reconnaissance. Il serait alors légitime de se demander si l'auteur, au travers du personnage excentrique bolivien, n'entre pas seulement dans une critique des milieux littéraires, mais puisqu'il en fait très vite partie également, dans une très juste critique de soi.

À ce sujet, son ex-épouse Julia Urquidi, elle-même écrivaine et auteure du livre "Ce que le petit Vargas n'a pas dit", dira lors d'une interview donnée au journal bolivien El Deber que « c'est moi qui ai fait ce qu'il est. le talent était de Mario, mais le sacrifice était mien. Ça m'a beaucoup coûté. Sans mon aide, il n'aurait pas été écrivain. L'obliger à copier ses brouillons, l'obliger à le faire asseoir pour écrire. Bon, ce fut quelque chose de mutuel, nous avions besoin l'un de l'autre. ». Afin d'assouvir les rêves de l'auteur de vivre et réussir en Europe, ils iront vivre ensemble à Paris où ils resteront quelques années pendant lesquelles Vargas Llosa occupera des emplois de professeur, traducteur, ou encore journaliste et doubleur à la télévision. Il y fera également la rencontre d'écrivains majeurs du « boom latino-américain » tels que Julio Cortázar, Carlos Fuentes, et Gabriel García Marquez - avec qui il entretiendra une grande amitié, acteurs d'une contestation stylistique qui entreprend de casser les codes de la narration traditionnelle pour en revendiquer une plus moderne et plus libre jonchée de monologues intérieurs, polyphonie, ou d'une fragmentation récurrente de la chronologie.

Ainsi il obtiendra le Prix Nobel de Littérature en 2010 - la même année où décède Julia Urquidi - « pour sa cartographie des structures du pouvoir et ses images aiguisées de la résistance de l'individu, de sa révolte et de son échec », et une multitude d'autres prix à travers le monde entier.

En lisant l'oeuvre de Mario Vargas Llosa, il nous est presque possible d'effleurer de la main les robes liméniennes, sentir les odeurs de floraisons qui nous sont inconnues ou encore ressentir la brume froide des matins péruviens, le tout mêlé à l'ambiance révolutionnaire de cette époque passée qui, par ses aspirations de liberté, nous intrigue encore. Et peut-être, au vu des jours que nous regardons arriver, nous intriguera-t-elle toujours ?
Lien : https://julienrilzel.wordpre..
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Je viens de le terminer ! C'est magnifique, éblouissant d'imagination, de fantaisie et d'ironie.
Le personnage du "scribouillard" est une création passionnante, originale et très réussie.
Le roman sentimental entre Varguitas (18 ans...) et sa jolie tante est émouvant, empreint de nostalgie. le chapitre consacré à la recherche d'un maire dans la banlieue péruvienne est digne d'anthologie.
L'équilibre entre leur histoire et les feuilletons radiophoniques que compose le scribouillard - surprenant - est magique.
Je vous recommande particulièrement les chapitres tragico-comiques irrésistibles que sont l'histoire du témoin de Jehovah et de la petite effrontée ainsi que celui du dératiseur et de ses filles ! Mis il faut bien sûr tout lire...
Je viens de découvrir sur le tard Vargas Llosa (édition Pléiade) et poursuivre après une courte pause (Conversation à la Cathédrale ?).
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Deux livres pour le prix d'un ! En fait vous avez les amours de Tante Julia avec Varguitas (celui qui est le héros du livre) et entre chaque chapitre les histoires du scribouillard Pedro Camacho qui écrit histoire sur histoire avant de s'emmêler les pinceaux entre ses personnages.

Et bien, je préfère les histoires de Pedro à l'autre partie du livre.

Un livre globalement plaisant et agréable à lire, même si la romance Varguitas / Julia est un peu classique. ,
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Le narrateur s'amourache d'une tante par alliance, fraîchement divorcée. Ils veulent vivre leur amour et faire face au scandale, sur fond de feuilletons radiophoniques.

On est forcé d'admirer une fois de plus le talent de conteur de Vargas-Llosa, qui sait planter des décors et nous embarquer dans les turpitudes du personnage principal et de sa douce. Ce voyage coloré à travers le Pérou des années 50, le tableau dépeint de la société liméenne et du monde des médias de l'époque est captivant. Les récits secondaires sont également hauts en couleur amusant d'emphase et de verve.

La structure même de ce livre, qui force le lecteur à réfléchir, est un peu déroutante. Si elle est le reflet du génie de Vargas-Llosa, qui parvient à naviguer entre l'histoire principale et les récits secondaires, elle est aussi le pire ennemi du récit. En effet, passées quelques centaines de pages, je dois bien avouer que j'ai été tenté de sauter les passages secondaires, pour mieux suivre l'évolution du récit principal.

J'apprécie donc la qualité et le récit central de ce livre et j'ai passé un bon moment. J'ai tout de même moins apprécié la forme, bien qu'elle soit le reflet d'une admirable maîtrise du récit et du comique. Vargas Llosa fait vraiment ce qu'il veut des mots, et cela reste un plaisir.
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Ce livre m'a fait découvrir Vargas Llosa et m'a plongée dans l'univers de l'impossible, de la douce folie, et celui des feuilletons radiophoniques, dans un monde où le rêve sait encore rejoindre la réalité. L'auteur est un conteur magnifique, léger, et la fluidité de son récit m'a fait passer un beau moment. La romance autobiographique entre le jeune Varguitas et la tante Julia fonctionne comme un feuilleton, et elle est sympathique autant qu'addictive. Si ce roman est si agréable à lire, c'est aussi parce qu'il est fortement enrichi par le milieu où évoluent les personnages, dans cette époque où les acteurs lisaient des textes en direct sur les ondes radio. Pour obtenir l'effet qu'aime l'auditeur, il y a de l'autre côté du poste plusieurs comédiens, bruiteurs, et autres auteurs expérimentés. Tout cela est décrit avec drôlerie. le scribouillard en question, c'est Pedro Camacho, l'auteur récemment engagé par la Radio Central pour écrire les textes des feuilletons très demandés par la gente féminine entre autre. C'est un personnage on ne peut plus passionné, et dont l'imagination est infinie, tant et si bien, que ses personnages finiront par voler d'un feuilleton à l'autre. Un excellent moment.
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Livre en cours de lecture : première "claque" dès le premier chapitre : portraits truculents, hauts en couleur, un humour jubilatoire...
Je savoure...
Qu'il est bon d'entamer une lecture dans la jouissance en sachant que ça sera long...
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Un roman bien plus complexe que ne peut le laisser envisager la quatrième de couverture. L' inspiration y est abordé sous tous ses angles. Il nous faut un peu de temps pour comprendre comment fonctionne réellement ce roman, les histoires se succèdent sans que les liens ne nous paraissent évident, ce n'est qu' en ayant bien progressé dans la lecture que l' on commencera peu à peu à se douter de la réponse...
Une lecture surprenante, étonnante et excellente.
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Dans ce roman largement autobiographique, Mario Vargas Llosa nous raconte avec une verve époustouflante ses débuts de journaliste à Lima (Pérou) et ses premiers émois amoureux pour sa tante Julia, tante par alliance devenue veuve, une veuve semble-t-il très appétissante. Il nous conte aussi diverses histoires insolites survenues au Pérou, à la capitale Lima ou bien dans des endroits plus reculés. MVL joue avec ses lecteurs en choisissant de ne pas finir ses histoires et de faire passer un personnage d'une histoire dans une autre, tout comme le fait d'ailleurs l'un de ses personnages qui écrit des feuilletons pour la radio péruvienne. Tout cela se passe dans un gentil climat potache qui respire la joie de vivre et l'esprit latin. Mon enthousiasme s'est tout de même émoussé au fil de ma lecture et j'ai trouvé ce roman moins passionnant que ceux que j'avais lu auparavant, en particulier "La guerre de la fin du monde" et "Le paradis un peu plus loin".
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