Un soir, je décrochai le récxepteur à l'heure du diner.
- Marc Villard.
- Hein ? Quel film ?
- La Gamine, bien sûr.
- Seigneur, Bruno, ça fait combien d'années que tu portes ce projet ?
- Dix ans cette année. Je voudrais revoir des choses sur les dialogues.
- Tu tounes au Mexique ?
- Non, non, Cuba est moins cher et les techniciens sont bon marché. On le fait à l'économie mais on le fait, c'est l'essentiel.
Je notai la référence lapidaire et bienvenue : (Maupassant, Barbey d'Aureyvilly, Alphonse Daudet, Marcel Aymé, Marc Villard.) Déçu, évidemment, qu'Alphose Daudet figure parmi les plus grands nouvellistes français mais magnanime, je décidai de laisser couler.
Qui avait pu rédiger cette annonce à Laval? Sûrement pas un homme. Je pariai plutôt pour une blonde oxygénée, poitrine généreuse et talons aiguilles. Une qui arrondirait ses fins de semaine le samedi chez Jozy Coiffure. Le fantasme absolu.
..., plantant son regard dans le mien, il me dit:
- Dis donc, ta poésie, c'est pas facile.
- Comment çà ?
- A comprendre. Jeanine m'a passé ton recueil... Je dirais que c'est pas facile.
- Eh oui, il en faut.
- C'est sûr.
Conforté de ce jour, je décidai de ne plus faire lire ma production à ma propre famille. Du coup, je ne suis pas certain que mon entourage ait saisi que j'étais écrivain. Mais, au moins, on me fiche la paix et je n'ai rien à justifier.
Marc Villard nous parle de ses influences, ses livres.