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Michel Eckhard-Elial (Traducteur)
EAN : 9782234023802
402 pages
Stock (30/11/-1)
4/5   2 notes
Résumé :
«Et parfois, vous rencontrez quelqu’un pour la première fois et vous sentez instinctivement qu’il est la source du malheur indispensable à votre existence… Et vous êtes lié à cette
personne comme son ombre.»
La passion qui unit Rudolf Gurdweil, un écrivain juif sans le sou, et Thea von Takow, une baronne autrichienne désargentée, se transforme après leurs noces en un piège. Thea le trompe, le tourmente, le raille en permanence. Peu importe. Car Gurdwei... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Pro captu lectoris habent sua fata libelli. Selon la capacite du lecteur, les livres ont leur destin.

Quel destin, celui de ce livre! Pratiquement ignore a sa parution en 1929-30, il est completement oublie jusqu'a ce qu'un jeune editeur redecouvre le manuscrit et le republie en 1986, lui assurant cette fois-ci un retentissement international.

Le destin de l'auteur n'est pas moins tarabuste: ne en Ukraine, il etudie a Vilnius, part travailler a Vienne, passe une annee en Palestine, se fixe en France, pour finir en 1944 gaze a Auschwitz.

A Vienne il ecrit des poemes, en hebreu. Mais ou sont ses lecteurs? En 1929 il essaie de s'en rapprocher et part pour la Palestine. Des amis lui conseillent de se mettre a la prose pour essayer de gagner sa vie. le resultat sera ce livre. Different de tout ce qui s'ecrit a l'epoque en hebreu. Hors de toute tendance, etranger a l'etat d'esprit regnant, incompris, ignore. Il quitte tres vite la Palestine: il se sent, il est, profondement, europeen; un europeen qui s'exprime en hebreu.
Et l'hebreu de Vogel est resolument moderne, sans les reminiscences bibliques, talmudiques et arameennes qui peuplent les textes des ecrivains de l'epoque, comme Agnon.

La trame du livre est, elle aussi resolument moderne, relatant des rapports sado-masochistes dans un couple. Lui, un ecrivaillon juif n'ayant pas un sou pour vivre; elle, une baronesse autrichienne qui le maltraite physiquement et le torture en le renseignant sur toutes ses coucheries et lui explicitant que l'enfant qu'ils ont n'est pas de lui. Autour de lui tout le monde pressent, comprend, identifie ce que lui s'entete a ne pas admettre. Ou du moins a ne pas decider en consequence. Parce qu'il est conscient de la bizarrerie de leurs rapports mais ne peut, ni ne veut, se separer d'elle. En fait des leur premiere rencontre il a le pressentiment de ce que lui reservera le futur avec elle et l'exprime a voix haute: “Et, parfois, vous rencontrez quelqu'un pour la première fois et vous sentez instinctivement qu'il est la source du malheur indispensable à votre existence et qui circule depuis toujours de lui à vous par d'invisibles canaux… Et vous êtes lié à cette personne comme son ombre…” le lecteur est averti d'avance que cette liaison qui s'amorce ne peut que finir mal. Dramatiquement.

Tout cela se passe a Vienne, ville qui est une heroine a part entiere du roman. Les grandes arteres et les petites rues (des annees 20) sont specifiquement nommees et precisement decrites. Et les cafes de l'epoque, et beaucoup de petites tavernes, et des salles de cinema, et des salles de bal. Vogel vit a Tel-Aviv quand il ecrit mais en pensee il est a Vienne, dont il se rememore tous les details.

La vie conjugale est un roman viennois, pas uniquement pour son cadre. Il rappelle des romans de Schnitzler, dont il a la veine introspective, psychanalytique. Il pouvait difficilement etre apprecie par des pionniers sionistes ne jurant que par Tolstoi, et encore moins par les ultra-orthodoxes des vieilles villes saintes. 55 ans plus tard, dans un climat culturel plus ouvert et plus complexe, il a ete ovationne par les nouveaux lecteurs d'hebreu et consequemment traduit en diverses langues. Habent sua fata libelli. le livre aura eu en fin de compte le destin qu'il merite. le destin d'un belle oeuvre. Un meilleur destin que son auteur.

Pour finir, comme un dernier hommage, je vais citer un autre viennois, en fait un autre errant notoire, un poete qui s'est entete lui aussi a ecrire en hebreu, lui aussi seulement pour la posterite, car il est reconnu aujourd'hui (bien apres sa mort) comme un des grands, bien qu'il ait laisse moins d'une vingtaine de poemes. Avraham Sonne, ou de son nom de plume Avraham Ben Yitzhak. Deux vers de ce poete vont comme un gant a David Vogel, comme s'ils avaient ete ecrits pour lui, comme une prophetie sur son destin :
“Heureux les semeurs qui ne moissonnent pas
car ils erreront au loin."
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critiques presse (1)
Telerama
11 juin 2015
Ce livre limpide et tragique, superbement traduit de l'hébreu, fut le seul publié du vivant de son mystérieux auteur, disparu à Auschwitz.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le soleil faisait, de temps à autre, une furtive apparition dans l'embrasure des nuages pour disparaître aussitôt. Une légère brise plissait la surface du Danube. Les rues grouillaient de mouvement : tout le monde se dépêchait d'aller déjeuner.
(Page 360)
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- [...] À quoi servent tous ces calculs ? Au mieux, à écrire un livre destiné à des vieilles filles et à des hommes mous, impotents… Quel pauvre substitut ! La vie authentique, vibrante, n'a rien à voir avec le calcul ! Elle exige de la passion et de la force !
(Page 78)
Commenter  J’apprécie          50

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