LOUISE. Vous êtes trop gentille. L’homme, quand on est la femme, il faut lui montrer ses limites.
MATHILDE. Tes conseils sont les bienvenus, petite panthère. (Le visage de Louise s’assombrit.) Qu’est-ce que tu as ?
LOUISE. Rien.
MATHILDE. Dis-moi. Tu as l’air triste. Je ne veux pas que tu sois triste.
LOUISE. Je suis triste parce que vous n’êtes pas heureuse avec votre mari.
(Mathilde la regarde.)
MATHILDE. Louise… Ma petite Louise.
LOUISE (enthousiaste). Ce soir, quand ils seront partis, je vous ferai un massage douceur.
MATHILDE. Oh mon Dieu, tu pourras faire ça ? Tu ne seras pas trop fatiguée ?
LOUISE. Non. Le massage vous fait du bien. Un massage d’amour.
MATHILDE (souriant). Alors qu’ils s’en aillent vite, tous.
RUBEN (essayant de garder son calme). Paul, il faut que tu comprennes que ça ne peut pas se passer comme ça.
DYABANZA. Leurs prêts sont plus avantageux. Simple logique libérale.
RUBEN. Mais qu’est-ce que tu racontes ? Tu te fiches de moi, Paul ?
DYABANZA (à Daniel). Le libéralisme, Daniel.
DANIEL (hébété). Le libéralisme, oui.
DYABANZA. Vous êtes pour ? Vous êtes contre ?
(…)
DANIEL. Ça dépend.
DYABANZA. Exact. Ça dépend de quel côté on se trouve.
RUBEN. Les Chinois se foutent des droits de l’homme, c’est pour ça que vous les aimez !
DYABANZA. Nous faisons des affaires, c’est tout. Ne me parle pas des droits de l’homme, Ruben, tu vas réussir à m’énerver. Donnez-nous cinq siècles à piller l’Europe et nous verrons comment l’Europe se portera après ça.
RUBEN. Mais nous Paul, nous, nous aimons l’Afrique ! Nous l’aimons vraiment. (…) Là, nous parlons de culture, Paul ! Qu’y a-t-il de commun entre la Chine et l’Afrique, tu peux me le dire ? Rien, il n’y a rien ! Nous, nous avons une histoire commune ! L’Europe a pénétré l’Afrique et l’Afrique a pénétré l’Europe ! Que serait l’art européen sans l’Afrique ? Picasso sans l’Afrique !
DYABANZA. Arrête de jacasser, Ruben, tu me fatigues. Tout malin jongle avec le silence et les paroles. Et toi, tu te crois trop malin. Je suis meilleur jongleur que toi. J’ai marché sur les têtes, Ruben. J’ai usé plus d’intelligence à rester en vie que toi en traitant tous les contrats que le droit international t’a permis d’établir. Garde tes discussions sur l’art pour les cocktails à l’ambassade.
DYABANZA. « Nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire. »
Deux pièces, drôles et cyniques, mettant en scène l'auteur de théâtre dans tous ses états.
Dans **Tachkent**, un auteur de théâtre ne parle plus que pour dire du mal des metteurs en scène qui ont monté ses pièces. Une actrice qu'il a aimée, un acteur idolâtre et une maîtresse opportuniste essaient de le ramener à la réalité. Mais sont-ils bien réels eux-mêmes ?
Dans **Comment j'ai écrit la pièce**, Rémi de Vos se met en scène pour la première fois et se montre en plein processus d'écriture, révélant ainsi ses obsessions, ses craintes, ses doutes et les rouages de la création.
En librairie le 14 juin !
https://www.actes-sud.fr/catalogue/pieces/tachkent-suivi-de-comment-jai-ecrit-la-piece
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