En 1902, Edith Wharton publie cette nouvelle fantastique à l'atmosphère oppressante de maison hantée. Quatre ans plus tôt, Henry James, autre auteur new-yorkais de talent, publiait "Le tour d'écrou". Ces deux nouvelles témoignent d'un regain d'intérêt pour le genre "gothique" et d'un besoin de renouveau à la fois. Ces deux éléments combinés donne le fantastique, un genre émergent d'où les vampires, fantômes et autres spectres du genre gothique sont désormais davantage absents mais où les vieilles demeures gardent leurs secrets bien à l'abri, où les portes grincent, où les tapis étouffent le bruit des pas, où les domestiques ont des mines chafouines et où enfin, une jeune héroïne, gouvernante ou femme de chambre, est le jouet d'illusions et de frayeurs.
"La sonnette de Madame" m'a paru moins lugubre que "Le tour d'écrou" et j'ai davantage adhéré au récit. Alice Hartley, jeune femme de chambre, a été guérie de la typhoïde. Affaiblie, elle est engagée en qualité de dame de compagnie de Mme Brympton, une femme chétive et mal-mariée qui vit seule dans la grande maison familiale. Dès son arrivée, Alice rencontre une certaine Emma Saxon, figure pâle et lugubre qu'elle semble être la seule à pouvoir voir. Quel n'est pas son étonnement d'apprendre que cette femme était l'ancienne femme de chambre de sa maîtresse...
La plume d'Edith Wharton possède cette magie du talent qui vous pousse à la suivre jusqu'au dénouement. Chaque phrase est un régal d'évocation précise et ses personnages sont très vivants (quoique concernant Emma Saxon, "vivant" n'est peut-être pas l'adjectif le plus approprié). Dommage que le mystère ne s'éclaircisse pas avec la chute de cette nouvelle qui laisse le lecteur sur sa faim et sur un goût d'inachevé. J'aurais bien suivi Alice un peu plus loin.
Challenge XIXème siècle 2017
Challenge Petit Bac 2016 - 2017
Challenge ATOUT PRIX 2017
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Un tout petit bijou, cette nouvelle! Une autre toute petite Alice au pays des merveilles, car notre héroine s'appelle bien Alice, elle va se retrouver dans une maison solitaire en compagne où elle sera engagée comme femme de chambre mais cette maison cache bien des mystères.
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Très étrange nouvelle que celle-ci.
Je ne connaissais pas cette autrice (qui me semble intéressante à découvrir maintenant) et encore moins cette nouvelle, mais je suis tombée dessus parmi une liste d'ebook libre de droit alors je me suis dit pourquoi pas.
L'histoire démarre bien; une jeune femme, Mlle Hartley, trouve une place de femme de chambre chez une certaine Madame Brympton, qui vit dans une maison isolé non loin de l'Hudson et qui semble entourée de mystère depuis la mort de la dernière femme de chambre.
On va suivre Mlle Hartley dans sa nouvelle vie au sein de cette maison à l'atmosphère angoissante et oppressante, on va être avec elle témoin d'un tas d'évènement étranges et d'apparitions...et puis...patatras.
Plus rien.
La nouvelle se termine subitement sans que l'on ait le moindre éclaircissement sur les événement, ni le fin mot de l'histoire.
J'ai trouvé cela extrêmement frustrant, surtout que le potentiel était là. Dommage.
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Le temps était humide et malsain, et janvier nous amena une longue période de pluie. Ce furent là des moments bien pénibles pour moi, car je ne pouvais pas sortir. Passant toutes mes journées assise à coudre et à écouter la pluie tomber goutte à goutte du rebord du toit, je devins si nerveuse que le moindre bruit me faisait sursauter. Au surplus, la pensée de cette chambre fermée de l'autre côté du couloir commençait à me peser. Une ou deux fois, durant les longues nuits de pluie, je m'imaginai y entendre du bruit ; mais c'était évidemment absurde, et la lumière du jour parvenait à chasser cette inquiétante idée fixe.
Tandis qu'elle parlait, je regardais devant moi, et quand
nous arrivâmes à mi-chemin du couloir, je vis une femme qui s'y
tenait debout. Elle se dissimula aussitôt dans l'encoignure d'une
porte, et Agnès ne parut pas l'avoir remarquée. C'était une
grande femme mince, à la figure pâle, avec une robe sombre et
un tablier.
Mais, pour moi, depuis cette nuit où la sonnette avait retenti dans ma chambre, rien ne fut plus jamais comme avant.
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature
Louis Chevaillier
Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. »
Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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