J'ai hésité quelques temps avant de mettre ce livre de poche dans ma valise. Aborder un classique pendant les vacances remises depuis trois ans? Bonne idée ou non…mais un écrivain du pays, un homme qui a son nom partout, son buste dans plusieurs villes; où les Wilde sont légion et les Oscar aussi nombreux que les moutons…
Lire
le portrait de Dorian Gray pendant un road trip en Irlande? Moui, mais ça se déroule à Londres! Et puis, l'auteur est irlandais et chouchou comme tout…
Mais ce n'est pas un polar… tout le monde le sait, ça prend un polar en vacances… mais un polar, ça prend des vacances au soleil, ça, c'est pas sûr en Irlande.
Donc, après toutes ces tergiversations, Oscar et Dorian font partie de mon bagage, collé au guide de voyage.
Bien sincèrement, j'ai beaucoup aimé ce bouquin. Un livre publié en 1890 dans le contexte de l'époque victorienne et qui est encore tellement actuel.
Dorian Gray est un beau garçon qui deviendra un bel homme. Si au début du livre il ne semble pas être conscient de cette beauté, et très influencé par les propos de lord Henry Wotton., l''avenir nous confirme que Dorian est plus marqué par son passé qu'il n'y parait.
« Les gens se plaisent beaucoup à donner ce dont ils auraient bien besoin eux-mêmes. C'est ce que j'appelle les abîmes de la générosité. »
Lorsque son ami peintre Basil Hallward lui tire le portrait, Dorian se métamorphose. Il fait le voeu de toujours demeurer intact, de garder cette beauté éternellement, quitte à aller de bassesse en bassesse. Notre Dorian est un fin finaud, il sait s'adapter mais n'en est pas moins un être souffrant. Il aime le plaisir mais se complaît dans la douleur. Il semble près à mourir pour vivre intensément.
« Leurs passions les plus fortes ne peuvent que meurtrir ou disparaître : elles tuent l'homme ou meurent elles- mêmes.
Son amour pour Sibyl Vane, une jeune actrice, pourrait être une porte de sortie mais elle devient plutôt son billet d'accès à l'enfer. Tout dérape car il est inapte à l'amour. Il est trop accroché aux sensations fortes, à son image, à son portrait. Dorian est un monstre qui ne peut être guéri que par lui-même.
« Guérir l'âme au moyen des sens, les sens au moyen de l'âme. »
Que dire de plus… que ces êtres malheureux sont encore légions, que l'influenceur néfaste peut encore faire du tort et que
le portrait de Dorian Gray est un peu un polar philosophique et narcissique à lire en vacances… dans son genre… et surtout, pour la qualité de l'écriture. Un grand livre!!