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EAN : 9782956971115
240 pages
Le nouveau pont (15/04/2021)
4.14/5   29 notes
Résumé :
1976, Bryson City, petite ville ouvrière des Appalaches de Caroline du Nord. De l'autre côté des rails, à l'écart de la ville, trois générations de femmes luttent ensemble pour joindre les deux bouts. Mamie Pearlene perd un peu la tête. Barbara part tous les jours à l'usine pour coudre des vêtements qu'elle ne pourra jamais s'offrir. Carole Anne est encore au lycée, mais travaille en cachette pour s'enfuir un jour vers un avenir meilleur. Elle ignore que Barbara ava... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un livre qui est passé un peu incognito parmi toute la pléthore de parutions littéraires du mois d'avril. Et pourtant, c'est bien dommage car c'est indubitablement un petit bijou! « De l'autre côté des rails » est un roman social américain très fort, formidablement bien écrit et qui vous hante encore, même plusieurs jours après avoir été refermé.

L'histoire voit ses décors plantés à Bryson City, une ville réelle de Caroline du Nord, au sein des Appalaches, bien loin des strass et paillettes des métropoles comme New York ou Los Angeles. Renea Winchester nous conte l'histoire de trois générations de femmes  de la famille Parker (la grand-mère Pearlene, la mère Barbara et sa fille Carole Anne) qui font partie des « oubliés ». Ces gens veulent s'en sortir, ne demandent rien à personne mais pour qui la vie n'offre que peu voire aucune perspective d'avenir et qui tentent de survivre chaque jour. Elles habitent dans un parc de mobiles-home qui a le malheur de se trouver du mauvais côté des rails du train.

Se déroulant principalement en 1976, le récit nous est conté par ce choeur de trois femmes drôles, attachantes, mais ô combien vraies et fortes. C'est un véritable pan de l'histoire de cette petite ville de Bryson City. Elle a connu des moments difficiles, notamment lors de la fermeture de l'usine de textiles, mais au fil des années s'est développée et est aujourd'hui devenue une ville touristique que l'auteure nous offre. Renea Winchester nous donne envie de la visiter, d'en faire à tout le moins des recherches pour y mettre des images sur ce que nous avons pu imaginer en lisant le livre.

Malgré la dureté de l'essence du livre (la pauvreté, la misère sociale, la faim, le chômage, les adolescentes enceintes, l'absence de perspectives réelles), le résultat est quelque chose de très solaire, d'optimiste et d'authentique. Tout dans ce livre m'a plu : que ce soit les personnages, la fraîcheur avec laquelle ils sont proposés, la façon de décrire les lieux, les émotions très fortes induites par l'auteure,…

J'ai eu la chance de découvrir ce livre par l'intermédiaire du groupe Facebook du Picabo River Book Club, fans de littérature américaine, comme moi, nous nous réunissons et avons la chance de découvrir de nouveaux auteurs américains, remplis de talents.

La lecture de ce bouquin s'est accompagnée d'une rencontre virtuelle avec l'auteure, Renea Winchester ainsi que l'éditrice et traductrice, Marie Bisseriex. Grâce au prologue mais aussi au travers de cette rencontre, j'ai pu en apprendre plus sur la genèse du livre, sur la majorité des éléments tirés de la réalité pour en constituer cette fiction. Renea Winchester est une belle personne, dotée d'une grande humanité et qui a pris son temps pour répondre à toutes nos questions avec sincérité.

Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Il y a des lieux où les clivages sociaux sont déterminés par la ville haute ou la ville basse, par la rive droite ou la rive gauche, par le centre ou les faubourgs. Et parfois, comme à Bryson City en Caroline-du-Nord, c'est la voie de chemin de fer qui fait office de juge de classe. Et selon que vous naîtrez d'un côté ou de l'autre des rails, votre vie n'aura pas la même trajectoire.

Entre déterminisme et insupportable fatalité, de l'autre côté des rails, de Renea Winchester – traduite par Marie Bisseriex – nous conte la lutte d'une lignée familiale de femmes aux caractères bien trempés, tentant d'échapper à leur destinée toute tracée. Dans le mobil-home familial, Pearlene la grand-mère pas encore rangée des combines, Barbara la mère au passé tragique et Carole-Anne l'ado pleine de rêves, vivent au jour le jour. Ou plutôt survivent, et « font avec ».

Partir, prendre sa chance, croire qu'on a aussi le droit à son bout de place au soleil, ailleurs. Pas facile d'oser quand le chômage menace une situation déjà précaire, quand vos enseignants vous expliquent eux-mêmes les limites inévitables de votre parcours et quand les seuls moyens de s'enfuir sont un groupe de jeunes dont la fréquentation peut s'avérer dangereuse. Et comme un symbole, la vieille Oldsmobile qui permettrait le départ mais attend depuis 15 ans d'être réparée traîne toujours dans le jardin comme une épave à l'insupportable provocation.

Un joli moment de lecture donc, que j'aurais bien aimé encore plus sombre, mais qui restitue avec beaucoup de charme et manifestement de réalisme, ce petit coin des Appalaches et son atmosphère particulière, qui semble si loin des images-clichés de l'Amérique mais en constitue manifestement le coeur réel. L'auteure met en scène avec talent un trio féminin attachant, qui appelle probablement une suite…
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Si ce roman s'inscrit dans un contexte sombre, celui des délocalisations de la fin des années 1970 et de la pauvreté grandissante dans les Appalaches, Renea Winchester prend le parti-pris de l'optimisme et de la tendresse. Elle alterne les focalisations, se base sur trois femmes d'une même famille, de trois générations différentes, pour écrire cette Amérique profonde où elle est née. Certes parfois un peu convenue, cette belle histoire a le mérite d'être pleine d'optimisme, fait rare pour un livre dépeignant la misère (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/12/01/de-lautre-cote-des-rails-renea-winchester/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Dans les Appalaches, Caroline du Nord, chronique de 3 générations de femmes qui luttent pour payer le loyer, s'habiller et se nourrir, qui « font avec » les coups du sort.
Barbara ne s'est jamais remise du viol subi 16 ans plus tôt, Pearlene, sa mère, perd la tête, Caroline Anne, sa fille, rêve d'ailleurs comme beaucoup d'adolescentes.
Employée par la grande usine textile du coin, Barbara tente de joindre les deux bouts avec la maigre pension de sa mère. Il s'agit de garder sa dignité mais quand on vit dans un mobile home « de l'autre côté des rails », il est difficile d'oublier qu'on fait partie des rebuts de la ville.
Carole Anne travaille en douce pour gagner quelques billets, espérant faire réparer la vieille voiture de sa mère qui est à l'abandon depuis 16 ans.
Belle plume, tendre et touchante, l'autrice nous conte l'histoire de ces familles qui ne peuvent envisager au-delà du lendemain, qui espèrent un autre futur pour leurs enfants.
La construction alterne le point de vue des personnages ce qui place le lecteur comme témoin de leur tendresse mais aussi de leurs non-dits.
Roman de femmes, de l'autre côté des rails nous fait partager le quotidien d'une classe sociale oubliée par le rêve américain et rattrapée par la crise économique.
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Merci à léa de Picabo river book et à la maison d'édition "le nouveau pont" de m'avoir permis de découvrir ce texte et surtout aussi merci pour le marque page offert avec le texte.
Bryson city, (Caroline du Nord 1976) est une petite ville ouvrière des Appalaches. Une usine textile emploie les femmes de la ville, pas besoin de diplômes pour être couturières. Une région où les adolescentes deviennent mères trop tôt, où le futur n'est pas très rose. Peu des jeunes peuvent dépasser le lycée et espérer aller à l'université.
Nous allons suivre la vie de trois générations de femmes qui vivent et survivent.
Il y a Mamie Pearlne, qui commence à perdre un peu la tête. Elle a dû quitter les maisons des ouvriers de l'usine, apres le décès de son mari et s'est installée avec Barbara, sa fille, de l'autre côté des rails, dans le quartier des mobils homes.
Barbara, sa fille, va devenir fille-mère et va travailler à l'usine pour faire vivre sa mère et sa fille,Carole Anne. Carole Anne est devenue une jeune ado qui rêve d'ailleurs et qui se verrait bien réparer la Oldsmobile, qui est garée prés de la maison, mais qui ne peut plus rouler, mais d'ailleurs a t elle déjà rouler..
A deux voix, la jeune mère et celle de sa fille, l'auteure va nous raconter la vie d'une petite ville américaine, avec ses habitudes, ses antagonismes,.
Petite ville où chacun se connaît, où les rumeurs vont bon train. Où la vie est d'ailleurs rythmée par les trains qui traversent la ville à heures précises, 3h et demie, 5 h et demie.. Mais ce train et ses rails pourraient être un échappatoire pour s'enfuir de cette ville mais pas facile de partir.
Un sacré portrait de femmes, qui vont essayer de s'en sortir.
Des passages d'humour avec des aventures (une nuit de débrouillardise entre la grand mère et petite fille à la recherche de codes barres pour bon de réduction..) des passages d'amitié entre des petites gens (un salon de coiffure improvisé en même temps qu'une vente à domicile de tuperware et produits Avon), des scènes plus sombres pour décrire le monde du travail à la chaîne (un hangar de machines à coudre où les femmes sont chronométrées et payés à la petite semaine et qui appréhendent de recevoir le fameux papier rose de licenciement), pour décrire la détresse de ces femmes lorsqu'elles doivent aller à la maison de l'emploi quémander des aides ou aller tel jour faire leurs courses.
Mais c'est aussi un texte qui rend un bel hommage à ces femmes qui malgré tout ces malheurs survivent, partagent, rêvent, espèrent. Il décrit très bien le monde ouvrier des Etats Unis des années 80-90. Ces villes qui dépérissent, qui survivent, qui se séparent (là par la voie ferrée : avec de belles maisons d'un côté, de plus modestes et les fameux quartiers de mobil homes,). le monde des hommes est dur aussi, du travail à aller chercher toujours plus loin, des magouilles de petite semaine, sous le regard relativement indulgent du shérif.
Des portraits touchants que ce soient nos trois protagonistes mais aussi l'amie de Carole Anne, Doretta, un peu plus privilégiée, pom pom girl au lycée mais qui aime venir jouer autour des mobils homes alors qu'elle vit dans une vraie maison. le principal du collège qu'aime espionner les filles et fantasmer sur ses longs cheveux les hommes de la ville ont plutôt les cheveux ras et un fusil de chasse jamais loin. Wanda qui a un vrai salon de coiffure et qui donnera une seconde chance à Barbara.Claudette et ses coupons de réductions et de remboursement, et ses prières pour que la vie s'améliore.
Un roman social, féminin qui est un bon moment de lecture et dont certaines scènes resteront en mémoire. Malgré un sujet sombre, de l'humour, de la poésie, de l'humanité pour ses personnages et leur vie.




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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La vie de maman consistait essentiellement à emballer un sandwich au beurre de cacahuètes, à glisser ses pieds calleux dans une paire de chaussures élimées puis à aller au travail à pied. Elle n'était pas la seule. Dès l'aube, une file d'ouvrières progressait lentement vers l'usine. Le rythme de ces travailleuses en route pour pointer était si précis que je pouvais presque entendre leurs vies faire tic-tac seconde par seconde ; je pouvais presque les voir se placer en une seule file avec leur carte de pointage usagée entre deux doigts tachés de tabac. Accrochées à un mince bout de papier su lequel étaient notés leur nom et les heures réalisées. [...] Enfourner la carte dans la bouche de l'horloge. Attendre le clic sonore. Les dents de métal qui perçaient le papier et qui enregistrait le moment précis où l'usine vous possédait pour un autre jour répétitif de labeur.
J'avais décidé depuis longtemps que moi vivante, je n'irais pas à l'usine. Je ne travaillerais jamais dans une usine ; je ne pointerais pas comme Mamie Pearlene et Maman l'avaient fait la plus grande partie de leur vie. Plutôt manger la poussière et mourir.
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Je ne me souviens pas de tous les endroits où j'ai vécu. Je me souviens seulement qu'après la mort de Grand Mère, Pearlene Parker avait toujours besoin d'argent et que je ne dormais jamais d'un sommeil profond car je ne craignais qu'elle ne me réveille au milieu de la nuit pour que nous puissions nous esquiver ni vu ni connu. C'est le meilleur moment pour partir sans payer, sous la protection de la pénombre, pour que le propriétaire ne vous voit pas entasser toutes vos possessions dans la voiture. Attacher un matelas, un sommier et une télévision sur le toit d'une voiture, nous l'avions fait la première fois que nous avions déménagé, puis à nouveau la deuxième fois. Mais à seize ans, tout ce que je possédais rentrait dans une taie d'oreiller.
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Les filles, voici ce que vous devez savoir sur les hommes. Les hommes pensent avec leur asperge, les femmes pensent avec leur cœur.
Souvenez-vous les filles, tout ce qui a une asperge est source d’ennuis. Coupez l’asperge d’un homme et il sera incapable de réfléchir. Il deviendra aussi inoffensif qu’un chaton.
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Ma grand-mère m'avait appris à garder les secrets bien enfermés, à ne jamais les raconter à quiconque, même en chuchotant, parce que le vent emporte nos secrets et les éparpille comme des graines de pissenlit.
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Hypnotisée par la lumière pénétrante, j'étais nostalgique des jours pleins d'espoir. La lumière avait une telle façon de transpercer l'obscurité qu'elle chassait les rêves de jeunesse pour les remplacer par la vérité crue et aveuglante.
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