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EAN : 9782277217121
445 pages
J'ai lu (04/01/1999)
3.83/5   33 notes
Résumé :
Adrienne est, à seize ans, d'une si parfaite beauté que sa mère veut faire d'elle un modèle.
Mais ces dons physiques feront le malheur de la jeune Romaine. Tombée dans le dérèglement, elle croit souvent trouver l'amour et ne connaît jamais que la déception.
Soudain mêlée à une affaire criminelle dont elle connaît le coupable, elle révèle son nom sous le secret de la confession mais reçoit du prêtre l'injonction de dénoncer le meurtrier à la justice. Ac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Alberto Moravia a voulu créer l'image d'une femme pleine de contradictions et de fautes et, malgré cela, capable de dépasser, par sa vitalité naïve et ses élans d'affection, ses contradictions et remédier à ses fautes, afin d'atteindre à une lucidité et à un équilibre que les plus intelligents et les plus doués ignorent.
La chute d'Adriana, protagoniste du roman, débute avec un sentiment de complicité et d' accord "sensuel" qu'elle éprouve en recevant de l'argent d'un homme, après un acte sexuel extorqué presque par la force.
À ce stade, entre pauvreté, amitiés douteuses et pressions complices de la mère, la chute devient inévitable, surtout après la fin de son rêve d'amour.
La découverte de se plaire dans la prostitution la rend plus forte et consciente de ses capacités.
C'est ainsi que celle qui aurait dû être la chambre de sa première nuit de noces deviendra la pièce où elle recevra ses clients. Il n'y a plus de place pour l'ingénuité mais l'âme d'Adriana reste en quelque sorte pure pendant que le "métier" devient une routine.
Dans une atmosphère dramatique, avec des situations différentes qui s'entrelacent, faisant coucher divers hommes dans le lit d'Adriana dont un seul, le plus indifférent à sa beauté, va conquérir son coeur, Moravia remet tout en cause pour clore son roman douloureusement.
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Émouvant...
La lecture de la Belle Romaine m'a jeté sur une vague d'ombre et de lumière. Comme l'amour d'Adrienne, dans son ultime contact physique avec Jacques, l'homme qu'elle aime, incapable de l'aimer en retour, quand Alberto Moravia écrit : " Il y a des moments où l'on croit voir avec un sixième sens répandu dans le corps entier; et alors les ténèbres deviennent familières comme la lumière du soleil."
Lire la Belle Romaine, c'est partager les degrés extrêmes de l'existence d'une jeune et belle prostituée, héritière d'une pauvreté endémique en Italie au sortir de la guerre, ses rêves d'une existence normale, meilleure et son incapacité à s'extraire de la glu qui colle à ses basques, comme une fatalité sociale jamais ni acceptée, ni complètement refusée (LUNA-PARK, p. 17). Alberto Moravia nous donne à lire non seulement une peinture morale, sentimentale d'un personnage, mais aussi une fresque sociale enracinée dans l'après-guerre qui a fait la grandeur du cinéma italien de la même époque. le moteur de tous les rêves d'Adrienne, le ressort de ses amours, c'est sa volonté de sortir de cette gadoue de misère incarnée par sa mère et son pauvre logement de couturière. Mais, tout au long du roman, rien ne change dans le paysage urbain où évolue Adrienne, comme s'il exprimait à lui seul, le poids de cette fatalité qu'Adrienne soulève vainement.
Par un contraste orchestré par Moravia lui-même, c'est Adrienne la prostituée qui donne une leçon de morale avec son amour naturel des gens et un accueil bienveillant des événements qui agitent son existence, loin d'une résignation soumise. Mais, comme le monde est vicié, la bonté ne prémunit pas contre la souffrance : "Il en est ainsi : la bonté, l'innocence, les hommes ne savent qu'en faire, et ce n'est pas là le moindre mystère de la vie que des qualités prodiguées par la nature et que tous louent en paroles ne servent qu'à rendre encore plus malheureux" (27).
Cette douleur de femme, c'est un homme, un écrivain qui nous la conte dans le rythme de phrases dans lesquelles coule toute sa grande sensibilité humaine, son empathie un brin désabusée pour les gens.
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Adrienne est une jeune fille simple, très belle, élevée dans la pauvreté par une mère aigrie. Celle-ci a de grands projets pour sa fille. Afin de parvenir à la richesse, elle la présente aux peintres de Rome pour qui Adrienne pose nue. Mais Adrienne tombe amoureuse d'un simple chauffeur qui lui promet le mariage. Celle-ci a juste envie de fonder une famille et d'être mère au foyer. le destin lui réservera un autre sort.
Je ne pensais pas apprécier autant un livre écrit dans les années 1940. Chaque jour, j'avais envie de continuer. J'ai aimé la plume de l'auteur qui a su parfaitement décrire les sentiments ambivalents du personnage d'Adrienne. Je me suis attachée à elle malgré le fait que ses décisions et leurs conséquences soient souvent malheureuses. le personnage d'Astéride m'a émue, amoureux fou d'Adrienne sans espoir de retour.
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Je connaissais Alberto Moravia mais je l'ai découvert avec La Belle Romaine, une plongée dans les classes populaires et petites bourgeoises du monde romain des débuts du fascisme.
Alberto Moravia a un talent particulier pour nous faire entrer dans la psychés de ses personnages, sans pathos, en toute lucidité et sans se faire d'illusion sur leurs capacité de rédemption.
Il nous les montre enfermés dans leur condition, même lorsqu'ils essaient de s'en affranchir parce qu'ils la haïssent, pauvre comme riche.
Une belle découverte!
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Cette fois-là, l'aspect aimable n'était pas difficile à trouver ; c'était celui-là même qui remplit d'espoir et de satisfaction le cœur de toutes les femmes, lorsqu'elles apprennent qu'elles sont enceintes. Il est vrai que mon enfant naîtrait dans des conditions aussi défavorables que possible ; ce n'en serait pas moins mon enfant, ce serait moi qui l'enfanterais, qui l'élèverais et qui en jouirais. " Un enfant est un enfant, pensai-je ; il n'y a pas de pauvreté, ni de circonstances terribles, ni d'avenir sombre qui puissent empêcher une femme, si dépourvue et si abandonnée qu'elle soit, de se réjouir à l'idée de le mettre au monde.
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Je savais qu'elle avait sur les prêtres et sur la religion des idées bien déterminées. C'étaient, disait-elle, de bien belles choses; mais, en attendant, les riches restaient riches et les pauvres restaient pauvres.
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Pendant ces heures de solitude, un moment venait toujours où j'étais prise s'un moment d'égarement : il me semblait tout à coup voir avec une clairvoyance glaciale toute ma vie et moi-même, de tous les côtés et tout à la fois. Le choses que je faisais se dédoublaient, dépouillaient leur signification comme une pulpe, se ramenaient à de simples apparences absurdes et incompréhensibles. Je me disais : "J'amène souvent ici un homme qui m'a attendue dans la nuit sans me connaître... Nous luttons enlacées sur ce lit comme deux ennemis... puis il me donne une feuille de papier imprimée et colorieé... Le lendemain, j'échange ce papier contre des aliments, des vêtements et d'autres choses semblables." Mais, ces énoncés n'étaient qu'un premier pas dans la voie d'un égarement plus profond. Il servaient à me débarrasser l'esprit du jugement qui ne cessait d'y couver relativement à mon métier; ils me montraient ce métier même comme un ensemble de gestes privés de sens, tout à fait équivalents à d'autres gestes de métiers différents. Aussitôt après, un bruit lointain arrivant de la ville ou le craquement d'un meuble de ma chambre me donnaient de ma présence un sentiment absurde et quasi délirant. Je me disais : " Je suis ici et je pourrais être autre part... Je pourrais être il y a mille ans ou dans deux mille ans... Je pourrais être une négresse ou une vieille femme, ou bien blonde, ou bien petite..." Je pensais que j'étais sortie d'une obscurité sans limites, que je rentrerais bientôt dans une obscurité également illimitée, et que mon bref passage ne serait marqué que par des gestes absurdes et fortuits. Alors je comprenais que mon angoisse n'était pas due aux choses que je faisais, mais, plus probablement, au seul fait de vivre, qui n'était ni bon ni mauvais, mais douloureux et dé
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La jeunesse et la beauté rendent la vie supportable et même gaie. Mais, quand elles ne sont plus là ? Je frémis d'effroi, m'éveillai un instant de ce cauchemar et me félicitai d'être, en réalité, la belle et jeune Adrienne et non sa mère, qui n'était ni jeune ni belle et ne le serait jamais plus.
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Quand il fut nu, je m'agenouillai entre ses jambes, pris son sexe entre mes paumes, comme une fleur brune, et, pendant un instant, le pressai sur mes joues et mes cheveux, fort, en fermant les yeux.
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Videos de Alberto Moravia (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alberto Moravia
15 mai 2023 Rencontre avec l'écrivain italien Alberto Moravia (1907-1990), auteur entre autres du roman «Le Mépris». Il est question des notions de curiosité et d'ennui dans sa vie; des débuts de sa carrière d'écrivain romancier; de la place à la morale et les valeurs sur lesquelles il se base pour réaliser son œuvre littéraire; de sa conviction athéiste; de son engagement dans la cause nucléaire dans le monde, etc. Source : Rencontres, 29 janvier 1985 Animatrice : Denise Bombardier
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