Citations de Euripide (364)
Qui voit dans sa maison fleurir ses chers petits s'use en soucis toute sa vie. Car il faut d'abord les élever dignement et puis leur laisser de quoi vivre. S'ils sont mauvais ou s'ils sont bons, l'avenir le dira, en attendant il faut peiner.
A quoi me sert, ô mes petits, de vous avoir nourris, d'avoir peiné, d'avoir souffert, de m'être usée, de m'être déchirée dans les douleurs en vous mettant au monde ?
Et puis l'on dit que nous menons dans nos maisons une vie sans danger, tandis qu'eux vont se battre ! Mauvaise raison : j'aimerais mieux monter trois fois en ligne que de mettre au monde un seul enfant !
Quel fâcheux usage règne donc en Grèce ! Quand une armée érige son trophée, ceux qui ont peiné n'ont jamais l'honneur de l'ouvrage. Toute la gloire est pour le général : un seul homme après tout, qui tint sa lance haute parmi des milliers d'autres, qui ne fit que sa part et a tout le renom ! Dans la cité, installés aux postes d'honneur, les chefs de haut traitent le peuple et ne sont que néant. Les petits auraient bien plus de sagesse mais ils sont dépourvus d'audace et de desseins.
Médée : ce nom fait surgir en nous des images multiples et contradictoires ; celle de la femme trahie par l'homme auquel elle avait tout sacrifié, mais aussi celle de la sorcière capable de tuer ses propres enfants ; un être inhumain pourtant torturé par les émotions les plus humaines ; la haine et l'amour porté à leur comble.
Ce qui fascine en elle, c'est son ignorance absolue du médiocre, cette nécessité de franchir en tout domaine les bornes du connu, cette dimension superlative qu'elle acquiert dans le bien comme dans le mal.
Peu de héros de la mythologie offrent autant de facettes et se laissent aussi difficilement définir.
[...]
Les deux premières "Médée" qui nous aient été intégralement transmises illustrent elles-mêmes le caractère protéiforme de l'héroïne ; si celle d'Euripide (vers 485-406 avant J-C) est un chef d’œuvre reconnu, celle de Sénèque (vers 4 avant/65 après J-C) est aujourd'hui fort méconnue : en les réunissant dans un même volume, nous voudrions montrer que chacune, recréant un personnage complexe, en a aussi privilégié un aspect différent.
Sénèque n'est pas Euripide....
(extrait de la préface de l'édition parue à "Rivages poche/petite bibliothèque" en 1997)
Que c'est étrange ! Les dieux ont enseigné aux hommes à guérir la piqûre des serpents, et, ce qui est pire que la vipère et que le feu, une femme méchante, on n'y connaît point d'antidote.
Les paroles, (...), ne devraient jamais prévaloir sur les faits. Celui qui agit bien devrait savoir parler. Celui qui agit mal, ses mots devraient avoir un son fêlé, il ne pourrait rendre éloquente son injustice.
Une nuit, dit-on, suffit à détendre l'aversion d'une femme pour l'homme qui la met dans son lit.
Et souviens-toi aussi que tous il nous faudra mourir.
Heureux ou malheureux, ton destin ne concerne que toi.
On ne souffre aucun mal lorsque l'on ne sent rien. Mais quand on fut heureux, tomber dans le malheur égare l'âme hantée par sa prospérité ancienne. (...)
Moi, je n'ai même plus cette compagne de toute vie mortelle,
l'espérance, et je ne peux abuser mon esprit (...)
Heureux qui peut échapper aux tempêtes et atteindre le port !
Heureux aussi qui domine l'épreuve !
Les hommes rivalisent de splendeur, de puissance. Chacun de ces milliers d'humains nourrit des milliers d'espérances. Les unes conduiront à la fortune et les autres échouent.
Fortuné, je pense, qui arrive au soir sans avoir souffert.
Il y a encore du bois vert sous l'écorce ...
Le chœur :
--Les fleuves sacrés remontent à leur source ;la justice ,tout est renversé .Aux hommes maintenant les perfides dessins;la foi jurée aux dieux n'est plus stable .Notre conduite aura bon renon par un retour de l'opinion ;le jour vient où le sexe féminin sera honoré ;une renomméee injurieuse ne pèsera plus sur les femmes .
S'il a fait un beau mariage avec une femme supérieure à son rang, un homme compte pour rien !
Seule dure la nature de l'âme, qui toujours reste ferme et surmonte tous les malheurs.
Mais la richesse n'est qu'une possession et bien court est le temps pendant lequel on en jouit !
Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence.
MEDEE: [...]Apportez aux ignorants d'ingénieuses nouveautés, vous passerez pour un inutile et non pour un savant. Des hommes passent pour avoir des connaissances variées : qu'on vous juge supérieur à eux, et vous paraîtrez dangereux à la ville. Moi aussi, je partage ce sort : ma science me rend odieuse aux uns; d'autres me trouvent indolente; d'autres le contraire; pour d'autres je suis un scandale. Je ne suis pourtant pas si savante.