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Citations de Le Monde des Religions (77)


 Le Monde des Religions
Interview d'Anne Sibran : Cézanne

L'esprit et le lieu

Les grands pays classiques, notre Provence, la Grèce et l'Italie telles que je les imagine, sont ceux où la clarté se spiritualise, où un paysage est un sourire flottant d'intelligence aiguë. La délicatesse de notre esprit. Elles sont l'une en l'autre. La couleur est le lieu où notre cerveau et l'univers se rencontrent.

Paul Cézanne, cité par Joachim Gasquet, Cézanne (Encre marine,2012, première édition 1921)

N° 91 septembre-octobre 2018
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 Le Monde des Religions
(...) une civilisation ne se résume ni à ses chefs-d'oeuvre, ni à ses horreurs; la réalité est nécessairement beaucoup plus contrastée.

Édito de Virginie Larousse
Le Monde des Religions n°87, 01-02/2018
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Des Décors officiels
Tout ce que l’on connaît d’Anne et de Joachim provient des évangiles apocryphes, plus précisément du Protévangile de Jacques, de l’Évangile du Pseudo-Matthieu et de l’Histoire de la nativité et de l’enfance du Sauveur. Comme l’indique René Grousset, historien et membre de l’Académie française : « Là où les quatre évangiles officiels sont restés muets, les apocryphes prennent volontiers la parole. Ils savent ce que les autres ignoraient, ils disent ce que les autres n’ont pas dit. Dans les apocryphes, l’affectueuse curiosité des fidèles, avide de détails précis, de renseignements intimes sur cette admirable histoire dont on ne lui fournissait que de courts résumés, a puisé de bonne heure plus d’un trait heureux, plus d’une page touchante, qui ont mérité quelquefois de passer à jamais dans la croyance même de l’Église. »
Qui dit apocryphe ne dit pas nécessairement « caché », comme l’étymologie le suggère : sainte Anne trône, par exemple, avec son mari sur le portail de Notre-Dame de Paris. Quelle forme plus officielle d’art religieux que le décor des cathédrales ? Les récits apocryphes furent en effet très représentés au Moyen-Âge et à la Renaissance, et bien après le concile de Trente : en témoigne la fresque de Ghirlandaio qui dépeint la naissance de la Vierge dans la chambre d’Anne. Les retrouvailles d’Anne et Joachim, admirablement représentées par Giotto (XIVe siècle) dans la chapelle des Scrovegni à Padoue s’inspirent également des apocryphes : auréolés, ces derniers conçoivent Marie dans un baiser, près d’une porte fortifiée cerclée d’or. Un épisode d’ailleurs, aussi, mis en scène sur les chapiteaux du portail de Chartres. De toile en toile, ainsi se tisse le récit apocryphe de la vie d’Anne et Joachim. On pense à sainte Anne enceinte de la Vierge, peinte par Jean Bellegambe (XVIe siècle). Ou encore à la Nativité de la Vierge, peinte par Pierre de Cortone (XVIIe siècle). Comment ne pas non plus évoquer cette scène étonnante de la présentation de Marie au Temple (ordinairement réservée aux hommes), représentée par Jean Colombe (XVe siècle) et plus tard par Titien, qui peignit la Vierge se tenant seule, illuminée, devant les prêtres dans le Temple. Des artistes, comme Giovanni Battista Tiepolo, tirèrent leur inspiration de scènes apocryphes plus étranges : dans l’église de Santa Maria della Consolazione, à Venise, ce dernier peignit la Vierge apprenant à lire ; un tableau qui, selon François Boespflug, devint un support d’alphabétisation dans la société de l’époque, encourageant ainsi l’apprentissage de la lecture aux enfants.

LES APOCRYPHES
Une influence majeure sur l’art chrétien
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Un monde intermédiaire
L’Évangile de Marie témoigne d’un mode de connaissance autre, différent de celui auquel l’esprit masculin a généralement accès.Il s’agit d’une connaissance de type prophétique ou visionnaire qui n’est pas le propre des femmes, mais qui appartient certainement à la dimension féminine, angélique ou « orientale » de la connaissance humaine.
L’Enseigneur est interrogé à ce propos. Quel est l’organe de la vision ? Avec quels « yeux » Myriam de Magdala peut-elle contempler le ressuscité ? Le ressuscité n’est pas visible aux yeux de chair ni aux yeux de la psyché (« âme ») au sens ordinaire du terme ; ce n’est pas une hallucination, ni un fantasme lié à quelques excitations, sensibles, psychiques ou mentales ; il ne s’agit pas non plus d’une vision « pneumatique » ou spirituelle. Selon l’Évangile de Marie, il s’agit d’une vision par le « noùs », dimension souvent oubliée de nos anthropologies. Le « noùs » est considéré par les anciens comme « la fine pointe de l’âme » – on dirait aujourd’hui « l’ange de l’âme » ; il donne accès à ce monde intermédiaire, ni seulement sensible ni seulement intelligible : l’ « Imaginal »
Nous pourrions dire que, dans l’Évangile de Marie, nous ne sommes pas « réduits » au dilemme de la pensée et de l’étendue (Descartes) ou au schéma d’une cosmologie et d’une gnoséologie limitées au monde empirique et au monde de l’entendement abstrait. Entre les deux vient se placer un monde intermédiaire, monde de l’image ou de la représentation, un monde aussi réel ontologiquement que le monde des sens et le monde de l’intellect ; un monde qui requiert une faculté de perception qui lui soit propre, faculté ayant une fonction cognitive, une valeur noétique aussi réelles que celle de la perception sensible ou de l’intuition intellectuelle. « Cette faculté, c’est la puissance imaginative, celle justement qu’il nous faut garder de confondre avec l’imagination que l’homme dit moderne identifie avec la fantaisie qui selon lui ne secrète que l’imaginaire. »
Lorsque Renan dit que « tout le christianisme est né de l’imagination d’une femme », il se trompe sans doute, parce qu’il donne au mot « imagination » un sens péjoratif, plus ou moins synonyme de faculté d’illusion ; selon les présupposés anthropologiques qui conditionnent sa pensée, Renan, en effet, ignore les catégories relevant de « l’imagination créatrice » dans lesquelles ces textes ont été élaborés. Si Dieu est vivant, il veut se communiquer, il faudra donc une médiation entre Dieu et l’humain, le visible et l’invisible, le monde des corps matériels et le monde des esprits immatériels. C’est dans ce monde intermédiaire que se situent les rencontres de Myriam de Magdala avec le Ressuscité. Chez elle comme chez les anciens prophètes, Dieu active dans l’imagination visionnaire les formes nécessaires pour le conduire à lui. Comme l’indiquent les versets suivants de l’Évangile de Marie : « Seigneur, je te vois aujourd’hui dans cette apparition. » Il répondit : « Bienheureuse, toi qui ne te troubles pas à ma vue”. »

Jean-Yves Leloup
L’évangile selon Marie
LES APOCRYPHES
Jésus et Marie-Madeleine, enseigneur et initiée


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Joseph et Aséneth
Parlons encore d’amour ! Le jeune Joseph, onzième des douze fils de Jacob, est vendu par ses frères à des caravaniers madianites qui l’emmènent en Égypte. Heurs et malheurs se succèdent, jusqu’à ce que Joseph accède aux plus hautes fonctions de l’empire. Le Pharaon l’établit sur tout le pays d’Égypte et fait de lui un véritable Égyptien : le texte biblique précise que Joseph change de nom et prend pour épouse une certaine Aséneth, fille du prêtre Poti-Phéra.
La Bible n’en dira pas plus sur les circonstances de leur union. Or, selon l’apocryphe de Joseph et Aséneth, la jeune femme « était grande comme Sara, gracieuse comme Rébecca et belle comme Rachel (…) La renommée de sa beauté se répandit dans tout le pays et jusqu’à ses limites extrêmes, et elle eut comme prétendants tous les fils des magnats, des satrapes et des rois ». Même le fils aîné du Pharaon veut l’épouser . Joseph, lui, la rejette. Il se souvient en effet des commandements de son père Jacob : « Gardez-vous absolument, mes enfants, de vous unir à une femme étrangère, car c’est perdition et corruption » (7, 6).
Joseph, ému, prie pour Aséneth qui jeûne sept jours. Le huitième jour, elle lève les yeux au ciel et implore la miséricorde de Dieu. Suite à sa décision d’abandonner les dieux égyptiens, elle reçoit la visite d’un ange qui lui annonce qu’elle sera donnée à Joseph pour épouse (15, 4-5).
Joseph rend alors une visite impromptue à Aséneth, qui l’accueille parée de sa plus belle robe et de somptueux bijoux. Saura-t-elle toucher son cœur ? Joseph, divinement informé, est venu l’épouser ! Dès le lendemain, les noces sont célébrées par le Pharaon. Joseph et Aséneth s’unissent et auront bientôt deux fils, Manassé et Éphraïm.

LES APOCRYPHES
Abram, Sara et Joseph, un destin revisité
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Abram en Égypte
À peine arrivé en Canaan, Abram doit faire face à une famine qui l’amène en Égypte. La Genèse nous rapporte alors une curieuse réaction de la part du patriarche : il demande à Saraï, son épouse, de se présenter comme sa sœur. Il craint, en effet, que les Égyptiens ne l’assassinent s’ils apprennent qu’il est son mari. Voilà qui est bien surprenant.
Si l’on fait un détour par l’Apocryphe de la Genèse, retrouvé également à Qumrân, on s’aperçoit que cette décision survient juste après un étrange rêve qu’Abram eut à son arrivée en Égypte (19, 14-17) : « Et moi, Abram, j’eus un songe dans la nuit où j’étais entré dans le pays d’Égypte, et je vis dans mon songe. Et voici, un cèdre et un palmier d’une grande beauté. C’est alors que des gens vinrent, cherchant à couper et à déraciner le cèdre et à laisser seulement le palmier en vie. Mais le palmier se mit à crier et dit : “Ne coupez pas le cèdre ! Voici, nous sommes tous deux issus de la racine d’une même plante !” Et le cèdre fut sauvé grâce à la protection du palmier, et il ne fut pas coupé. » Pour Abram, pas de doute : le cèdre et le palmier ne sont autres que lui-même et son épouse ; ce rêve est un avertissement divin du danger qui les guette en Égypte. La décision absconse rapportée laconiquement par la Genèse est soudain légitimée. L’apocryphe vient, comme souvent, au secours du texte biblique.

LES APOCRYPHES
Abram, Sara et Joseph, un destin revisité
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L’itinéraire d’Abraham
Le livre des Jubilés nous permet en revanche d’en savoir plus. Ce dernier, dont les plus anciens manuscrits ont été découverts à Qumrân et remontent au tournant de notre ère, nous raconte par exemple qu’à l’âge de 14 ans Abram avait autorité sur les corbeaux et pouvait ainsi leur interdire de venir picorer les semences, de sorte que « son nom devint grand dans tout le pays des Chaldéens » (11, 21). Mais Abram est également ingénieux : il invente le semoir, qui permet d’enfouir les semences sous le sillon tracé par la charrue, de sorte que les habitants n’ont plus à redouter le fléau des corbeaux.
Plus sérieusement, le livre des Jubilés nous apprend également qu’Abram rejette dès sa jeunesse l’idolâtrie de son peuple, au point d’incendier de nuit la maison des idoles (12, 12). Son frère Harân, qui se précipite sur les lieux, meurt dans l’incendie ; une mort que la Bible hébraïque signale à peine. Tout comme le fait qu’Abram quitte sa patrie en direction de Harrân, suite à cet événement.
Abraham astucieux, passionné, endeuillé : ces épisodes mettent en scène un personnage à la fois humain et singulier à l’aube de la vocation divine qui doit bouleverser le cours de son existence.

LES APOCRYPHES
Abram, Sara et Joseph, un destin revisité
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À la découverte du livre d’Hénoch

C'est le plus connu de tous les écrits attribués au patriarche et le premier. Il est composé de cinq livrets : le Livre des Vigilants, le Livre des Paraboles, le Livre des Luminaires, le Livre des Songes, et l’Épître d’Hénoch.
1. Le Livre des Vigilants s’ouvre par une introduction présentant le thème central de l’ouvrage : la venue du jugement divin. Il s’intéresse ensuite à la chute des anges, appelés aussi « vigilants » ; là où la Genèse ne consacre que quelques versets à cet épisode, Hénoch relate en détail le péché des anges et les conséquences désastreuses de leur union avec les femmes. Le Livre des Vigilants rapporte ensuite une série de voyages visionnaires entrepris par Hénoch et son guide angélique.
2. Le Livre des Paraboles comprend trois discours, appelés « paraboles », centrés sur le jugement divin et parsemés de quelques visions ou passages narratifs. On y rencontre Noé, mais aussi un personnage anonyme appelé Fils de l’homme. C’est le Messie, l’Élu choisi par Dieu dès avant la création du monde. Il siège sur le trône divin glorieux pour présider au jugement des anges et des puissants de ce monde.
3. Le Livre des Luminaires est un traité d’astronomie présentant les lois régissant la course des astres. Il s’intéresse notamment aux « portes » ou sections de l’horizon que les astres empruntent à leur lever et à leur coucher selon les périodes de l’année. Ce livret dénonce les bouleversements cosmiques et climatiques dus au péché des hommes et relate le retour d’Hénoch sur terre.
4. Le Livre des Songes rapporte deux visions reçues en songe par Hénoch. La première concerne le déluge ; la seconde, l'« apocalypse des animaux » qui occupe l’essentiel du livret, retrace l’histoire du monde à l’aide d’une métaphore essentiellement animale. Dans cette, Adam est un taureau blanc, et ses fils Caïn et Abel deux veaux noir et roux. Les anges sont des astres et leurs descendants des éléphants, chameaux et ânes. Noé est un taureau blanc ; Ésaü et Jacob sont un sanglier noir et un mouton blanc ; les Égyptiens sont des loups ; etc. Le songe s’achève par une vision du Jugement dernier et du nouveau Temple.
5. L’Épître d’Hénoch
se présente comme une lettre adressée par Hénoch à ses enfants. On y trouve notamment l’« apocalypse des semaines », selon laquelle l’histoire de l’humanité se déroule en dix phases appelées « semaines ». Vient ensuite une série de discours où le patriarche s’adresse tour à tour aux impies et aux justes, alternant imprécations et exhortations à la vertu.
Le livre d’Hénoch s’achève par un récit de la naissance miraculeuse de Noé et un épilogue qui clôt l’ensemble de l’ouvrage en réaffirmant son thème central : le châtiment des impies et le salut des justes au jour du jugement divin.

LES APOCRYPHES
Hénoch, père de l’apocalypse
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Des livres distincts selon les Bibles

Commençons par les livres de la Bible hébraïque, qui sont également reconnus par l’ensemble des Églises chrétiennes, et forment trois groupes : le Pentateuque ; les prophètes ; les hagiographes.
Ces livres sont tous présents dans les Bibles chrétiennes, mais leur ordre varie souvent et leur texte diffère parfois de celui de l’hébreu.
Viennent ensuite des livres absents de la Bible hébraïque. Ceux reconnus par l’Église catholique romaine sont appelés « deutérocanoniques » ; on y trouve Judith, Tobit, Maccabées (1-2), la Sagesse de Salomon, le Siracide (ou Ecclésiastique), Baruch, et l’Épître de Jérémie. Ils sont présents dans la plupart des Bibles chrétiennes.
D’autres livres d’Esdras et des Maccabées sont en revanche présents dans des Bibles orthodoxes, tandis que des Bibles arméniennes incluent les Testaments des douze patriarches, Joseph et Aséneth ou les Vies des Prophètes, entre autres. La Bible la plus riche est celle de l’Église d’Éthiopie. Elle compte 81 livres et contient notamment les Jubilés et le premier livre d’Hénoch.
Le Nouveau Testament comprend les Évangiles selon Matthieu, Marc, Luc et Jean, les Actes des Apôtres et les Épîtres de Paul. S’y ajoutent l’Épître aux Hébreux, anonyme mais attribuée à Paul, et un nombre variable d’autres épîtres. Les Bibles orientales syriaques, par exemple, incluent notamment l’Épître de Jacques, les premières de Pierre et de Jean, mais l’Épître de Jude et l’Apocalypse de Jean n’y figurent pas. Ces dernières font en revanche partie des Bibles occidentales, y compris catholiques ou protestantes.
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Les significations spirituelles du voile islamique

Le voile ne peut être d’emblée stigmatisé comme le symbole de l’aliénation de la femme.
Le débat actuel sur le voile islamique met en question le port d’attributs religieux et leur compatibilité avec le respect de la laïcité. Or, il n’aborde pas vraiment la question de la signification du principe islamique du hidjab pour celles qui le respectent par choix et par conviction. Sans nier l’utilisation extrême qui peut en être faite sous l’influence de courants islamistes ou d’une mentalité patriarcale, le voile ne peut être d’emblée stigmatisé comme un symbole d’aliénation de la femme, ni réduit à une revendication politique et idéologique. Une recherche sociologique menée en Iran durant plusieurs années nous a conduit à découvrir la complexité de la question du voile. Les enquêtes ont démontré qu’il existe, chez les femmes musulmanes, diverses manières de vivre le port du voile, diverses manières de donner sens au principe du hidjab. Il s’avère que pour un certain nombre d’entre elles, le port du voile peut représenter une contrainte, un obstacle à leur liberté de mouvement, d’être et de paraître, une limite à l’expression de leur individualité et de leur féminité. Mais, paradoxalement, le principe du hidjab peut aussi être considéré par d’autres comme un moyen de libération intérieure. Le voile revêt alors une signification mystique, dont on parle relativement peu en Occident. Il s’agit essentiellement pour elle d’une démarche vis-à-vis de Dieu, principe ultime de l’amour. Le voile est alors conçu comme le symbole de l’exclusivité de cet amour, un signe, un rappel de sa dépendance vis-à-vis de Dieu.
Le sens attribué au voile est donc loin d’être univoque et uniforme. Si en islam, il se conçoit à la croisée du sexuel, du social et du sacré, il se donne à vivre différemment selon les contextes socio-politiques et les trajectoires religieuses des femmes. Il importe aujourd’hui plus que jamais de savoir discerner la part du culturel, du politique, de l’idéologique, du spirituel qui interfèrent dans cette question. C’est là une condition pour éviter bien des confusions, sources d’incompréhension, et pour dépasser les trop fréquents amalgames qui viennent de l’ignorance de ce qui fait sens pour " l’autre ".
Marie-Claude Lutrand a enseigné durant plusieurs années au sein du département de sociologie de l’université Toulouse 2. Elle est actuellement directrice-adjointe de l’Institut de science et de théologie des religions (ISTR) de l’Institut catholique de Toulouse. Elle y enseigne la sociologie des religions, encadre des modules de formation sur les religions dans les grandes écoles et co-anime une unité de recherche sur l’interculturalité. Elle est impliquée dans des groupes de dialogue islamo-chrétien de certains quartiers toulousains.Elle a publié Au-delà du voile. Femmes musulmanes en Iran (L’Harmattan) en collaboration avec une collègue iranienne (Behdjat Yazdekhasti, docteur en sociologie). Elle a effectué de nombreux séjours de recherche en Iran.

LUTRAND MARIE-CLAUDE - Publié le 1 décembre 2003 - Le Monde des Religions n°2
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Le critère décisif me paraît être celui-ci : un pays est laïque, quel que soit le vocabulaire qu'il utilise pour le dire, lorsque l'État garantit à tous les citoyens le droit de pratiquer librement leur religion, d'en changer ou de n'en avoir aucune. C'est le cas aux États-Unis comme au Royaume-Uni, en Allemagne comme en France, qui sont donc des pays laïques, en ce sens, et point en Arabie saoudite ou en Iran, en Chine ou en Corée du Nord, pays dans lesquels la liberté de conscience, notamment en matière religieuse, est perpétuellement menacée ou niée. Comment mieux dire que la laïcité, en ce sens large, fait partie des exigences de toute démocratie effective et moderne ?

LES FRANÇAIS, LES RELIGIONS ET LA LAÏCITÉ
Au-delà des mots. Le critère décisif
André Comte-Sponville
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D’Henri VIII à « Marie la Sanglante »
Henri VIII est excommunié avec son épouse Anne Boleyn. Il devient alors, pour les Britanniques, « le chef suprême sur Terre », prive le pape de sa juridiction sur l’église d’Angleterre, supprime les monastères et élimine ses opposants, comme Thomas More. Toutefois, le King’s book de 1543 affirme son antiprotestantisme - le roi s’inscrivant toujours, selon lui, et sur les plans théologique et religieux, dans le catholicisme. Cette nouvelle orientation et cette rupture avec Rome décevront à la fois les fidèles du pouvoir pontifical et les fervents lecteurs de l’évangile.
L’avènement de sa fille Marie Tudor (1533-1558), ouvertement catholique, marque une nouvelle alliance avec Rome, mais aussi le début d’une terrible répression qui fera 280 victimes, dont Thomas Cramer, l’archevêque de Canterbury. Avec cet événement, « Marie la Sanglante » suscitera un antipapisme viscéral et tenace chez son peuple. C’est à Elisabeth Ière que l’on doit la véritable fondation de l’église anglicane, d’inspiration calviniste, et la soumission de l’église à l’état

Grands schismes, le rejet de la papauté
Florence Quentin
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Salut et libre-examen
Avec le temps, Luther se montre de plus en plus antipapiste : « Nous avons la conviction que la papauté est le siège du véritable Antéchrist », qui menace de détruire l’église de l’intérieur, affirme-t-il, en référence au texte de l’Apocalypse. Pour l’instigateur de la Réforme, le pape prétend remplacer le Christ à la tête de l’église et dénie le droit aux fidèles d’obtenir librement leur salut. Une primauté qui n’a aucun fondement pour Luther, l’institution de la papauté n’ayant pas été voulue par Dieu. En 1521, dans La Passion du Christ et de l’Antéchrist, il fait même appel à la puissance de l’image pour marquer les esprits et toucher ceux qui ne savent pas lire, avec une série de gravures destinées à sa propagande (lire encadré en p. 26).
La Réforme reposant sur le principe du libre-examen, elle connaît très rapidement des divergences intérieures, et particulièrement en Suisse avec Zwingli et Bucer, puis, vers 1538, avec la radicalisation du message apporté par Calvin. Celui-ci parviendra peu à peu à mettre sous le contrôle de sa nouvelle église la société civile, qui doit, selon lui, se conformer au message divin tel que ce brillant théologien le définit.
La Réforme, toutefois, ne conserve pas son unité : après s’être séparée en deux tendances - luthérianisme et zwinglo-calvinisme -, elle va à nouveau se morceler avec un mouvement né dans les îles britanniques, sous les auspices de la monarchie, cette fois : l’anglicanisme. Sous l’impulsion d’Henri VIII - anti-luthérien au départ -, qui veut faire annuler son mariage avec Catherine d’Aragon afin d’épouser Anne Boleyn, va naître ce nouveau schisme d’avec Rome. Malgré les demandes répétées du roi, le pape Clément VII déclare légitime ce mariage, et donc indissoluble. Le souverain, empêché dans son projet, contracte un nouveau mariage et, en 1534, signe l’Acte de suprématie par lequel il rompt avec le Saint-Siège et s’affranchit de l’autorité pontificale.

Grands schismes, le rejet de la papauté
Florence Quentin
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Qu’est-ce qui différencie les écrits apocryphes des écrits canoniques ?

Du point de vue de l’histoire littéraire, il n’existe pas de différence de nature entre les textes du Nouveau Testament et les apocryphes. Les deux sortes d’écrits renvoient pareillement à des croyances plutôt qu’à des faits historiques appréhendés de façon objective. Les uns comme les autres comprennent des développements légendaires, et l’identité de leurs auteurs est aussi insaisissable pour certains écrits canoniques que pour les apocryphes.
Ce qui différencie fondamentalement ces deux groupes d’écrits, c’est que les uns sont « devenus canoniques » et que les autres sont « devenus apocryphes ». Autrement dit, la différence tient à la façon dont ils ont été reçus au sein de l’Église à partir du IIe siècle et dont ils ont été utilisés par la suite. Tandis que les premiers ont été retenus pour constituer le recueil normatif de l’enseignement et de la pratique chrétienne, les seconds sont restés à l’extérieur du recueil – ou bien ont été composés après la clôture de ce dernier. Il en découle une autre différence, qui touche à la transmission des textes : alors que les écrits canoniques ont été copiés avec soin et sont restés stables, les apocryphes ont été constamment réécrits, abrégés ou amplifiés, pour être mis au goût du jour.

LES APOCRYPHES
Autant de messages que d’apocryphes
Florence Quentin - publié le 19/10/2012
Rencontre avec Jean-Daniel Kaestli
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Durant des siècles, les grands peintres se sont maintes fois inspirés des apocryphes. Ils ont ainsi nourri l’imagerie chrétienne et marqué l’art de leur empreinte.

La sainte Anne, l’ultime chef-d’œuvre de Léonard de Vinci : tel est le titre de l’exposition qui s’est tenue au musée du Louvre en 2012, consacrée à sainte Anne, grand-mère de Jésus. À l’honneur, la restauration du tableau de Léonard de Vinci où la sainte et sa fille, la Vierge Marie, souriantes, regardent Jésus enfant, jouant avec un agneau. Qui était sainte Anne ? Une « illustre inconnue » répondent François Boespflug et Françoise Bayle dans leur ouvrage Sainte Anne, Histoire et représentations. Rarement l’expression n’aura été aussi pertinente. Illustre, la sainte patronne de la Bretagne et du Québec l’est indéniablement. De nombreuses femmes portent son nom aujourd’hui encore et les édifices religieux placés sous son patronage sont légion. Inconnue, elle l’est pourtant des quatre évangiles. Ni Luc, ni Matthieu, dans leur entreprise de retracer les premières années de la vie du Christ, ne mentionnent son nom ou celui de son mari, Joachim.

LES APOCRYPHES
Une influence majeure sur l’art chrétien

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Sara transfigurée
Abraham n’est pas le seul personnage biblique que les apocryphes nous montrent sous un jour différent. Son épouse, Sara, mérite elle aussi d’être redécouverte au travers de ces textes. Ainsi la beauté de Sara, à peine mentionnée dans la Genèse, est-elle dépeinte avec passion dans l’Apocryphe de la Genèse (20, 2-7) : « Comme il est beau et superbe, le dessin de son visage ! Et comme elle est agréable et douce, la chevelure de sa tête ! Comme ses yeux sont jolis ! Et comme son nez est gracieux, ainsi que tout l’éclat de son visage ! Comme sa poitrine est belle ! (…) Et comme ses jambes sont parfaites ! Nulle vierge, nulle fiancée qui entre dans la chambre nuptiale ne sera aussi belle qu’elle. Plus que toutes les femmes, elle est de toute beauté. »
La Sara apocryphe n’est pas seulement la Sara biblique jalouse de sa servante Hagar ou incrédule à l’annonce de sa prochaine grossesse. Au lecteur frustré par l’évocation lapidaire de la Genèse, les manuscrits de la mer Morte offrent le portrait d’une Sara irrésistible et séduisante de la tête aux pieds.

LES APOCRYPHES
Abram, Sara et Joseph, un destin revisité
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Pour subsister, les chrétiens doivent s’organiser. D’abord sanctuaire de la tradition de Pierre, l’épiscopat de Rome mettra des siècles à s’imposer comme le garant « naturel » de l’orthodoxie et de l’unité chrétienne. Une évolution qui ne se fera pas sans heurts.

«Saint Pierre, de Bethsaïde en Galilée, prince des apôtres, reçut de Jésus Christ le pouvoir pontifical suprême à transmettre à ses successeurs », indique l’Annuaire pontifical. Si l’on en croit la tradition catholique, Pierre serait donc le premier des 265 papes qui se sont succédé à Rome jusqu’à nos jours. Rome, ultime étape des pérégrinations missionnaires de Pierre, où il aurait été crucifié sous le règne de Néron, dans les années 60.
La réalité est plus complexe. Celui que Jésus a choisi pour ancrer les fondations de son Église (Matthieu 16, 18) n’a en effet jamais reçu, de son vivant, le titre de « pape ». Ce terme - hérité du grec pappas, « père » - est un diminutif à connotation affectueuse dont l’usage n’apparaît qu’à partir du IIIe siècle dans l’Église. Et à cette époque, il n’est nullement réservé au seul chef des chrétiens de Rome : les évêques de Carthage ou d’Alexandrie, pour ne citer qu’eux, en sont gratifiés pendant toute l’Antiquité. Le concept de monarchie pontificale est le fruit d’une très lente évolution, qui n’arrivera à maturité qu’au Moyen-Âge.
Pour l’heure, à la fin du Ier siècle, l’Église en est à ses premiers balbutiements. Elle vit dans l’illégalité, les croyants en Jésus faisant l’objet de persécutions fréquentes jusqu’à la conversion de l’empereur Constantin en 313. Mais ils ont bien conscience que, pour subsister, il est indispensable de structurer leur mouvement.

Pour subsister, les chrétiens doivent s’organiser. D’abord sanctuaire de la tradition de Pierre, l’épiscopat de Rome mettra des siècles à s’imposer comme le garant « naturel » de l’orthodoxie et de l’unité chrétienne. Une évolution qui ne se fera pas sans heurts.

«Saint Pierre, de Bethsaïde en Galilée, prince des apôtres, reçut de Jésus Christ le pouvoir pontifical suprême à transmettre à ses successeurs », indique l’Annuaire pontifical. Si l’on en croit la tradition catholique, Pierre serait donc le premier des 265 papes qui se sont succédé à Rome jusqu’à nos jours. Rome, ultime étape des pérégrinations missionnaires de Pierre, où il aurait été crucifié sous le règne de Néron, dans les années 60.
La réalité est plus complexe. Celui que Jésus a choisi pour ancrer les fondations de son Église (Matthieu 16, 18) n’a en effet jamais reçu, de son vivant, le titre de « pape ». Ce terme - hérité du grec pappas, « père » - est un diminutif à connotation affectueuse dont l’usage n’apparaît qu’à partir du IIIe siècle dans l’Église. Et à cette époque, il n’est nullement réservé au seul chef des chrétiens de Rome : les évêques de Carthage ou d’Alexandrie, pour ne citer qu’eux, en sont gratifiés pendant toute l’Antiquité. Le concept de monarchie pontificale est le fruit d’une très lente évolution, qui n’arrivera à maturité qu’au Moyen-Âge.
Pour l’heure, à la fin du Ier siècle, l’Église en est à ses premiers balbutiements. Elle vit dans l’illégalité, les croyants en Jésus faisant l’objet de persécutions fréquentes jusqu’à la conversion de l’empereur Constantin en 313. Mais ils ont bien conscience que, pour subsister, il est indispensable de structurer leur mouvement.

Aux origines de la papauté
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Deux traités faisant partie des manuscrits de Nag Hammadi portent par ailleurs le terme « apocryphe » dans leur titre ancien, ce qui met en évidence le caractère ésotérique de leur contenu : l’Apocryphon de Jean, magnifique présentation de la cosmologie et de l’anthropologie gnostique, qui eut une grande fortune (trois versions en sont conservées à Nag Hammadi, et il a été également transmis par le papyrus 8502 de Berlin), et l’Épître apocryphe de Jacques.
Mais le terme « apocryphon » signifie aussi, dans sa deuxième acception, « non authentique ». Cette signification est également à prendre en compte. Car ces textes qui se présentent comme des révélations faites à un ou des initiés par Jésus lui-même, ou par l’un de ses apôtres ou encore par un personnage de la Bible (Adam et Melchisédech par exemple), n’ont évidemment pas été mis par écrit par eux. Il s’agit de fictions littéraires destinées à valoriser l’écrit en leur donnant un cachet ancien et du prestige. Pour ce faire, des figures d’un passé plus ou moins proche faisant autorité leur sont attribuées.
Nous ne savons pas qui sont les véritables auteurs de ces textes. Qui a écrit par exemple l’Apocalypse d’Adam, les deux Apocalypses de Jacques, celle de Paul (Codex V de Nag Hammadi), ou encore l’Évangile selon Thomas ou l’Évangile de Philippe (Codex II de Nag Hammadi). On ne sait pas non plus qui a rédigé l’Évangile selon Marie (papyrus de Berlin 8502) et encore moins celui de Judas (Codex Tchacos). Qui est à l’origine des Actes de Pierre et des douze apôtres (Codex VI de Nag Hammadi), chronique d’un voyage initiatique à la recherche de la perle, symbole de l’âme ? Et qui a donné naissance au livre de Thomas l’athlète (Codex II de Nag Hammadi), où Thomas, le jumeau spirituel de Jésus (tauma en syriaque signifie « le jumeau »), recueille les révélations du Sauveur et fustige le feu des passions qui consument le corps ? Le mystère reste entier.
De ces auteurs anonymes on peut seulement dire qu’ils ont vécu entre le IIe et le IIIe siècle de notre ère, période de grande ferveur intellectuelle, et ont diffusé leurs théories dans les grands centres intellectuels de l’Empire, Rome, Édesse et surtout Alexandrie. C’est l’époque des grandes controverses contre les mouvements de la gnose, portées par les philosophes païens (Plotin et son école, à Rome) et surtout par les Pères de l’Église. Les auteurs gnostiques ont écrit en grec, mais leurs traités nous sont parvenus seulement sous une traduction copte, réalisée en Égypte vers le milieu du IVe siècle, probablement à l’usage de lecteurs adeptes de la gnose.

LES APOCRYPHES
Sur les traces de la pensée gnostique § Fictions littéraires
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EXPÉRIENCE MYSTIQUE
Ce sont ces écrits qui retracent l’aventure spirituelle des gnostiques (« ceux qui connaissent ») et leur cheminement dans un monde hostile, gouverné, selon eux, par un dieu inférieur et incapable, un dieu qui a rendu l’homme esclave de l’histoire et du temps. Ce sont ces écrits qui nous laissent entrevoir le réveil spirituel du gnostique et les abîmes vertigineux de l’expérience mystique dans laquelle l’âme, qui a échappé aux pièges cosmiques, se réunit à son double céleste, dans une connaissance retrouvée. Ce sont ces écrits qui décrivent aussi bien les affres des mondes inférieurs pullulant d’entités mauvaises et la sérénité des espaces célestes peuplés d’anges. Ce sont ces écrits qui, soit par le recours à des mythes opulents, complexes, soit par une vision plus intimiste de la recherche individuelle de soi, nous ont permis de retracer les contours d’une pensée aussi originale que complexe qui a marqué de son sceau les premiers siècles de notre ère.
Ainsi une doctrine pointue et élaborée, à la fois mythique et philosophique, nourrie d’apports religieux et culturels aussi bien païens que juifs et chrétiens, se dessine à travers les apocryphes gnostiques. Ici l’attention n’est pas portée, comme dans les apocryphes dits chrétiens, sur la vie de Jésus ou des apôtres, contée à la mode du roman. Les apocryphes gnostiques portent plutôt l’empreinte de la spéculation abstraite, de l’analyse sans concession de la condition humaine, d’où transparaît le questionnement fondamental de la gnose, admirablement résumé par un maître gnostique du IIe siècle, Théodote : « Qui étions-nous ? Que sommes-nous devenus ? Où étions-nous ? Où avons-nous été jetés ? Vers quel but nous hâtons-nous ? D’où sommes-nous rachetés ? (Théodote 78, 2).

LES APOCRYPHES
Sur les traces de la pensée gnostique
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Canonique ou apocryphe ?
Si le livre d'Hénoch est pseudépigraphe, faut-il pour autant l’exclure du canon ? Pour Athanase d’Alexandrie, il n’est pas question de reconnaître une telle œuvre. Dans sa 39e Lettre festale, écrite en l’an 367 de notre ère, il interpelle ses lecteurs : « Qui a fait croire aux simples que ces livres-là sont d’­Hénoch, alors qu’il n’existe pas d’Écriture avant Moïse ? D’où diront-ils qu’Ésaïe a des livres apocryphes, lui qui annonçait la bonne nouvelle sur des monts élevés avec franchise et disait : “Je ne parle pas en secret ni dans un lieu d’une terre ténébreuse” ? Comment Moïse aurait-il des livres apocryphes, lui qui dicta le Deutéronome prenant le ciel et la terre comme témoins ? »
Pourtant, l’Apocalypse d’Hénoch est citée dans l’Épître de Jude, qui lui reconnaît une autorité scripturaire. Accepter Jude, n’est-ce pas aussi accepter Hénoch ? De fait, certaines Bibles ont exclu l’un comme l’autre, tandis que l’Église d’Éthiopie a canonisé les deux. Apocryphe, le livre d'Hénoch ? Visiblement pas pour tout le monde.
La même question se pose pour l’Apocalypse d’Esdras, qui n’a été retenue par aucune Église occidentale mais se trouve dans des Bibles arméniennes, éthiopiennes et russes orthodoxes. Et que dire de la première Apocalypse de Jean ? Dans son Histoire ecclésiastique, au IVe siècle de notre ère, Eusèbe de Césarée présente trois catégories de livres : les premiers sont « homologués », les seconds « contestés », et les troisièmes « bâtards ». Eusèbe de Césarée constate cependant que l’Apocalypse de Jean est tantôt classée parmi les livres homologués, tantôt parmi les bâtards. Si la plupart des Églises l’ont finalement acceptée, elle est absente de certaines Bibles orientales, ­notamment ­syriaques.

LES APOCRYPHES
Hénoch, père de l’apocalypse
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