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Citations de Loo Hui Phang (60)


Aujourd'hui, c'est notre précarité technologique qui fait de nous des héros mais nous travaillons à notre perte.
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Quittant l’hostilité de notre pays, nous avons intégré un autre État, dans lequel notre famille a établi un camp de retranchement renfermant lui-même nos espaces défensifs, au fond desquels nous sombrons sans fin, réduisant à l’impossible nos cercles d’action, de vie, de désir. Soit un ensemble d’exils séquentiels – politique, culturel, générationnel, relationnel, professionnel, existentiel – menant inexorablement à l’effacement de ce que nous sommes. Un exil de nous-mêmes. Une déterritorialisation intime.
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Ça va. N'aie pas peur.
Tout va bien se passer.
Tu retournes au grand air.
Loin de cette fournaise.
Tu n'entendra plus ce bouzin d'enfer.
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Au bout de la course, longue de dix-huit heures, s’étire le fleuve. À coups redoublés, il lèche les rives charnues, offertes à ses assauts. Il me semble que c’est moi que je regarde. Moi retournée comme un gant, le paysage à l’intérieur de moi, déployé à perte de vue. Voici l’influx qui traverse ma chair et m’entraîne là où peut s’accomplir ma jouissance. Je le contemple. Il court sous ma peau.
Sur la rive thaïlandaise, la foule afflue vers l’embarcadère. Quelle indécence, tous ces gens piétinant mon intimité. Une petite centaine de personnes s’agitent dans mon panorama secret. La cohue draine caisses, bagages, victuailles vers le prochain bateau. Cette effervescence foule en toute ignorance ma nudité. Une nudité plus grande que le dévoilement du corps. Je frémis d’une telle impudeur.
J’avance pourtant. Je quitte la gare portuaire de Mukdahan et emprunte à mon tour le sentier menant vers l’embarcadère. La clarté est sidérante, partout renvoyée vers ma peau accablée, ma peau d’hiver. Elle est comme un œil grand ouvert, braqué sur moi. Voilà mon visage d’aujourd’hui.
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Il se tait un moment. Son regard se perd dans les fioritures cimentées du cinéma, reflets matériels de ses souvenirs enchevêtrés.
"Que dois-je penser de la France, chère petite ? Elle m'a instruit et donné un uniforme. Mais, à ses yeux, je demeure un indigène. Elle m'a pris ceux que j'aimais. Madeleine, mon unique fille, toi, ton frère."
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Dans ce pays, eux et moi sommes des étrangers. Notre présence est indésirable. Moi parce que je fais partie des perdants. Eux parce qu'ils sont trop riches. Nous n'appartenons pas à cette masse intermédiaire qu'on appelle la normalité, la somme de toutes les insignifiances.
p 30
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- L’art n’a pas pour vocation d’être agréable

- Il sert à quoi alors ?

- A rien. Rien d’utile. C’est là sa valeur. L’art permet de se défaire du monde pragmatique, du monde des tâches à accomplir. Il transporte vers l’essentiel, vers l’invisible, un lieu à part. Il est l’occasion d’un vécu intense
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Soupe de taches de vaches.
Il existe plusieurs méthodes pour cueillir les taches de vaches :
- Attendre que la vache soit bien mûre. Secouer énergiquement pour faire tomber les taches.
- Tremper la vache dans l'eau tiède. Les taches se décolleront toutes seules.
- Souffler bien fort sur la vache.
- Surprendre une vache pendant son bain pour lui voler ses taches.
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Je pourrais ressembler à une Française. Mais ce n’est pas le cas. Tout se joue sur le visage. La vie se décide à partir de là. J’aimerais penser qu’il n’en est rien, qu’il n’y a pas de déterminisme, que les individus éclairés peuvent échapper à ce genre de paramètre. Mais c’est faux. J’ai grandi dans la banlieue de Cherbourg. Et là, le comportement de tous ceux qui me regardent, quelle que soit leur perméabilité aux préjugés, est contaminé par cela. Phénomène à peine moins perceptible à Paris. C’est ainsi. Au premier regard, cela est prononcé. Je ne suis pas d’ici. Tout le monde le voit. Tout le monde le sait. Je sais que l’on sait. Et cette chose est posée là, entre les autres et moi.
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Cela me désole que tu t’y sois résigné. Je rêve chaque jour de ton évasion. Dynamiter ta cellule par le récit de mes aventures. Et te montrer un autre possible. Une vie intense, mouvante. Une fois par mois, je reviens. Je retourne dans cet appartement pétrifié où, avec un acharnement rectiligne, tu sombres.
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Andrew s'abreuve chaque matin de journaux télévisés. C'est devenu une drogue.
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La vie s’entêtait en eux. Il y avait toujours mieux à faire que de mourir. Prendre une nouvelle inspiration, regarder la vibration des feuilles, avaler une baie. Et, juxtaposés les uns aux autres, les gestes formaient une séquence indécise qui s’étirait jusqu’au soir. A celle-ci succédait une autre, traçant un motif répétitif qui, sans qu’ils eussent la force de s’en rendre compte, était devenu leur vie.
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Il n'est plus question de pays ni de terre. Pas d'archétype non plus. Rien qui soit rattaché à quelque région, ville, place, maison. Dans les yeux de l'Américain , j'ai compris cela : le seul endroit sur terre dont je peux revendiquer l'appartenance est le périmètre de ma peau. C'est là le seul, le vrai lieu qui est mien. Et le désir qui le hante, l'appétit, la souveraine pulsion de vie, me rappellent à chaque instant ses contours, ses reliefs, sa présence.
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Le nuage est sombre mais ce qui en tombe est de l'eau pure.
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Son visage est une étendue rocailleuse, traversée de fleuves asséchés dont les lits racontent en creux la vigueur et l’éclat. On pourrait s’y perdre des jours, ne vivre que pour cela, le regarder comme on contemplerait un paysage mobile, le Mékong, la mer renversée. Certains jours, il semble que les fleuves filent de nouveau, abreuvent ce visage, et qu’il ne tient qu’à moi d’en remonter le courant.
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- L’art n’a pas pour vocation d’être agréable.
- Il sert à quoi alors?
- À rien. Rien d’utile. C’est là sa valeur.
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Son regard m'avait pistée du rayon Linguistique jusqu'à la porte de la librairie. Discret, affamé. Dans l'affluence feutrée, cette avidité irradiait, réclamant mon attention. A trois mètres à peine, il était là.
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Au début, il y avait des forêts, des marécages.
Puis la terre noire et la roche.
Ensuite, il y a eu les hommes, la mine, la destruction, la reconstruction, le labeur, la guerre, la prison, les familles, l'abandon, les arbres à nouveau.
A présent nous sommes là.
Plus tard, nous disparaitrons à notre tour.
Quelque chose d'autre nous remplacera.
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Les Profs sont des indigènes qui, au moyen de leurs cordes vocales, ont le pouvoir de transmettre leur savoir. On peu difficilement établir des catégories définies au sein de leur horde, tant leurs physionomies sont variées. Contrairement à l'école où l'on ne disposait que d'un seul maître à tout faire, au Collège, on bénéficie d'un Prof par matière.
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J'embrasse mes parents. J'aime toujours cette première étreinte lorsque nous nous voyons. Sincère et spontanée, vierge des crispations qui succèdent à mon arrivée.
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