Cette couverture m'avait tapée dans l’œil depuis que j'avais pris connaissance de la naissance de la maison d'édition « Lune écarlate ». Quand l'occasion s'est présentée de lire le livre, j'ai bien évidemment fondu dessus. Bien m'en a pris puisque j'ai beaucoup apprécié cette lecture malgré quelques petits défauts …
Pour commencer, l'ambiance. Suffocante, angoissante, elle vous plonge au cœur des ténèbres, de la traque, de la peur et de la mort dès les premières lignes. On a froid, on a faim, on panique, on pleure, tout se succède à une vitesse folle qui vous entraîne sur un rythme effréné au cœur d'une nuit qu'on est pas près d'oublier. Deux personnages, Gilles et Hélène vous invite à les suivre durant leur course qui n'a d'autre but que de sauver leurs peaux. Pourquoi sont-ils poursuivis par cette ombre noire et ses sbires ? Je ne vous le révèle pas, mais j'ai adoré l'apprendre ! Un peu « chasse aux sorcières », cette nouvelle est noire, elle fait couler le sang et invite la faux glaciale a pénétré dans votre subconscient. J'adore ! Je suis une grande peureuse, c'est clair, mais avoir de temps en temps la chair de poule en lisant un livre, ça fait du bien et ici, vous serez servi ! On est aveugle, perdu au milieu des bois avec Gilles et sa compagne, on attend, sur le qui-vive, le moment où l'on se fera prendre … inéluctable. Tension, anticipation, tout est là pour vous embarquer dans un sentiment incontrôlable, celui de la terreur. Cette ombre noire qui plane au-dessus de nos têtes, elle a autant de pouvoir qu'un cauchemar dont on ne peut se débarrasser, elle vous enserre dans ses griffes et ne vous lâche plus … avant que la mort vous sépare. La fuite éperdue de nos deux personnages est sans issue, il semble impensable qu'ils survivent, ou, que les deux survivent, pourtant, on a envie de croire que l'amour est plus fort que la mort, que la haine. Hum, à vous de voir comment l'histoire de Gilles et d'Hélène se termine …
Ce qu'aborde aussi ce texte, bien que brièvement du coup, vu sa longueur, c'est la différence et la haine de l'autre. Impossible pour moi de ne pas faire le rapprochement avec l'Inquisition, c'est à vous donner l'impression que des glaçons glissent le long de votre colonne vertébrale. La manipulation des esprits, des foules qui se retrouvent à courser des gens dans les bois, faux et torches à l'appui, c'est flippant ! Je n'ai jamais pu m’accommoder de cette période, la revivre en livre me fait toujours aussi mal, la religion est effrayante parfois et cette nouvelle en est l'exemple même, celle de ses limites, de ses dérives … Cette ombre noire qui porte la croix en emblème sur son front, qui décide de vie et de mort sur les créatures qui l'entourent, qui est-il réellement ? Quel pouvoir lui permet de faire cela ? Ce qui m'a plu, c'est l'opposition de cette pensée rigide, et de la pointe de fantastique qui s'inclut dans le texte. Deux mondes qui s'opposent et qui s'affrontent au cœur de la nuit pour … la liberté ? Tout n'est que guerre, ennemi, sang, la mort est comme un arrière-plan constant de cette nouvelle. J'ai trouvé justement que, quand elle apparaissait dans le texte, elle était trop … furtive pour être vraiment frappante. Même si elle n'est pas éludée, elle n'est qu'un souffle balayé rapidement par le vent, elle prend moins de poids que ça à quoi je m'attendais aux vues du récit, elle arrive trop vite, trop facilement et est oubliée de même. Le suspens est un élément clé du texte que je n'ai pas vraiment retrouvé ici, comme si tout se déroulait en un battement d'ailes, tellement vite qu'on avait pas le temps de s'y accrocher …
Du coup, ça peut donner le sentiment que le texte manque de profondeur. Ce qui, pourtant, ne m'a pas paru être le cas. On ressent bien les émotions des personnages, on s'enfonce dans cette ambiance sinistre avec eux, vraiment, c'est très réaliste et bien rendu, rien à dire. Ce que j'ai apprécié ici, c'est le fait d'être intriguée par le texte, je me posais des questions dès le départ, ça, c'est un point positif ! Quand, dès les premiers mots, on a envie de connaître la suite, c'est que l'auteur fait bien son job et j'avoue que j'ai été accrochée. Malgré le fait que le récit soit bouclé en 5 pages, il n'en est pas moins cohérent au niveau de l'intrigue ni moins bien développé au niveau des personnages. Malgré tout, ces derniers m'ont semblé surtout esquissés, plus que travaillés sur le fond. En même temps, pour ça, il aurait fallu allonger le texte je pense … Gilles est le narrateur, on a donc une vision unilatérale du texte, ce récit raconté avec ce « je » est plus personnel, plus troublant, je trouve, de cette manière. Il invoque le lecteur à s'impliquer dans l'histoire, à se placer du côté de la « victime » et à vouloir se battre contre les « méchants ». Ce personnage est fort, pourtant, je ne sais pas, il lui a manqué un petit quelque chose pour que vraiment j'adhère, comme si une barrière invisible m'empêchait d'apprécier pleinement le personnage, comme s'il lui manquait des bouts. Pourtant, sa sensibilité tout autant que sa douleur ressortent bien, on les sent, elles palpitent sous nos doigts à mesure que l'on tourne les pages, mais, là encore, elles vous effleurent plus qu'elles ne vous touchent …
Le tout se lit vite, de manière fluide, malgré la tournure quelque peu ampoulée de l'écriture. J'aime le style de l'auteur, il est addictif et sait entraîner son lecteur, c'est clair ! J'espère avoir l'occasion de lire autre chose de cette auteure d'ailleurs … En attendant, revenons à ce texte-ci. La nouvelle. Courte mais efficace, elle manque cependant de quelques développements qui n'auraient, à mon avis, pas nui à l'ensemble, notamment sur la fameuse « créature » qui poursuit nos deux héros, où sur ce qu'ils sont réellement, même si on le devine. Là encore, un peu simpliste sur les bords … Voilà, c'est ça le hic, ça manque de complexité tout ça alors que le fond est de qualité. Une nouvelle qui mériterait d'être plus élargie, de fait, peut-être qu'il y a un roman qui va suivre, je ne sais pas, mais j'aimerais bien ! Rajoutons à cela que l'auteur a quand même trouvé le moyen, en 5 pages, de répéter plusieurs fois une même information, un même sentiment. Et je me pose la question, était-ce vraiment nécessaire ? Quand on écrit un texte si court, pourquoi s'embarrasser de répétitions alors qu'on pourrait amener d'autres indications dans le récit pour aider à sa compréhension, à son appropriation ? Maintenant, ça n'est que mon avis, je ne suis pas auteure, je ne peux pas juger de l'intérêt du choix d'écriture de celle-ci. Le seul véritable point noir de cette lecture, ce sont les coquilles, dont une flagrante qui frise l'incohérence. Je trouve qu'en 5 pages de texte, c'est quand même un peu triste d'en trouver encore …
Pour conclure, j'ai fait là une belle découverte, c'est univers qui m'intrigue que me dévoile ici Nathy et j'ai bien envie d'aller y farfouiller un peu plus. Une mise en bouche qui vous exhorte à poursuivre l'aventure … à quand la suite ?
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