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Critiques de Abdelaziz Baraka Sakin (53)
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Les Jango

Voilà un livre complètement immersif qui te plonge dans un Soudan contemporain à la frontière de l’Érythrée et de l'Ethiopie. Les Jango, pluriel de Jangawi, c'est une population de saisonniers qui viennent cultiver le blé, le sorgho ou le sésame, des travailleurs de la terre nomades :



«  Ils sautillent comme de vieux corbeaux dansant autour d'une proie. Ils portent des chemises neuves dont le col souillé par la transpiration, le soleil, le vent du Sud et la terre noire argileuse, témoigne d'une âpre lutte avec les lieux, les éléments, et la recherche de leur gagne-pain. Ils adorent les jeans avec la marque bien en évidence sur les poches : Cons, Want, Tube, Leeman, Winston, etc. Ils ne savent pas ce que cela veut dire mais ils les aiment plus que tout, et ils paient cher pour en avoir. Avec leur ceinture en simili-cuir, on les prendrait predque opour des créatures étrnagères, n'était cet airt de famille que leur silhouette partage avec les objets alentour, en particulier les bottes de sésame bien fagotées. »



La langue ( en arabe dans le texte original ) de Abdelaziz Baraka Sakin est belle et chatoyante, au diapason du bouillonnement de vie de cette comédie humaine à la soudanaise qui rebondit de personnage en personnage, de scène en scène, avec comme seul fil conducteur que celui de raconter ces Jango dont le coeur est la Maison de la Mère, mi-logeuse mi-maquerelle, où les Jango se retrouvent après le travail. C'est souvent savoureux et toujours tendre. Je retiens tout particulièrement le très beau personnage de Wad Amouna dont on découvre l'enfance en prison aux côtés d'une mère incarcérée, puis sa vie adulte d'homme raffiné et différent qui apprend à danser aux futures mariées.



Tendre mais sans concession. L'auteur sait moquer les travers truculents des Jango. Il sait aussi dire avec beaucoup de lucidité leur rapport à la religion, au sexe ou à la vie politique dans un pays autoritaire ( écrit en 2009 sous le régime d'Omar El-Béchir, tombée en 2019 suite à un soulèvement populaire ). Aucun tabou dans ce livre, ce qui lui a valu d'être censuré dans son pays pour « obscénité ». Comme un hommage universel à la liberté.



La littérature est faite pour élargir les horizons. Si j'ai apprécié la découverte de cet auteur et ce roman tourbillonnant, je suis tout de même restée spectatrice un peu lointaine de l'ensemble. Les scènes se visualisaient parfaitement dans ma tête mais je n'ai pas vibré pour les personnages qui les habitaient.
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La princesse de Zanzibar

A la fin du 19ème siècle, l'île de Zanzibar se trouve sous l'autorité du sultanat d'Oman, les Omanais ayant délogé les colons portugais deux siècles plus tôt.



Le sultan régnant y exerce son pouvoir d'une main de fer, maintient la population noire en esclavage, traite avec les négriers, et profite d'un harem de dizaines de concubines, le tout dans une opulence éhontée. Mais la révolte gronde parmi le peuple, attisée discrètement par les Anglais, qui convoitent l'île pour ses ressources et sa position stratégique dans l'Océan indien.



Pendant ce temps, la fille du sultan, princesse oisive habituée au confort et au luxe, et Sundus, son esclave eunuque et fidèle serviteur depuis l'enfance, se découvrent un amour et une passion mutuels. Quand surviennent les premiers soubresauts de la révolte qui aboutiront à la chute du sultanat, les deux amants s'enfuient sur le continent africain. Mais leur rêve d'amour et de liberté se heurtera bientôt à la dure réalité, tant leur relation restera incompréhensible et inacceptable aux yeux de leurs contemporains.



Dans ce conte qui s'inspire, tout en s'en jouant, d'un épisode réel de l'histoire de Zanzibar, l'auteur (censuré dans son pays, le Soudan) entremêle plusieurs luttes de libération menées contre différentes oppressions : contre le colonialisme, l'esclavage et la traite négrière, l'autoritarisme du sultan. Pour les libertés individuelles, religieuses, sexuelles, l'indépendance, l'émancipation des femmes.



Entre grande Histoire, légendes et traditions, ce roman (interdit à Oman et au Koweit) est à la fois caustique, provoquant, tragique, sensuel, plein de verve et d'humour. Instructif et d'une liberté de ton fascinante et salutaire.
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La princesse de Zanzibar

Il y a des éditeurs qui soignent particulièrement le graphisme et le papier des livres qu'ils choisissent de diffuser.

Les éditions Zulma sont de ceux-là qui joignent au plaisir de lecture la sensualité d'un objet au toucher incomparable.

C'est donc tout naturellement que, parmi les nouveautés de la rentrée littéraire, j'ai opté pour La princesse de Zanzibar d'Abdelaziz Baraka Sakin.

Le titre à lui seul est une belle promesse de dépaysement, nous projetant en quelques mots dans le passé de cette île presque mythique au nom swahilien de Ungura.



L'auteur, né au Soudan et censuré dans son pays, vit en France.

C'est avec une plume caustique et provoquante qu'il nous relate un épisode mouvementė de l'histoire de l'île : la révolte du peuple, appuyée par les colonisateurs anglais, contre les négriers et l'esclavage et qui verra la chute du Sultan.

Dans toute cette agitation, le tendre sentiment qui unit la fille du potentat à son jeune eunuque Sundus a beaucoup de difficultės à s'affirmer.

Malgré la fuite et l'amour, ils restent tout deux conscients de leurs origines respectives et leur relation est mal vue de toutes parts.



Un conte greffė sur un pan d'histoire tragique et narré avec pétulance et ironie qui, selon moi, reflète bien le côté un peu frondeur de l'Afrique.

Un roman libérateur qui a su me séduire par sa forme et m'instruire par le fond.

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Le messie du Darfour

Horreurs de guerres africaines, un roman très dur.



Il y a, par exemple, cette bourgade qui vit en paix jusqu’à ce que des militaires viennent voir le chef pour lui annoncer qu’on va lui donner des armes pour aller attaquer le village voisin. Et s’il refuse, c’est son village qui sera réduit en cendres…



Il y a aussi des jeunes gens enrôlés de force, un gouvernement qui fait le commerce des esclaves ou qui engage des mercenaires étrangers pour lutter contre ses propres citoyens.



Il y aura ce personnage de Messie qui arrivera cependant assez tard dans le roman.



Un genre de lecture qu’il est difficile de dire qu’on aime, car il parle d’une réalité très dure. Mais il permet d’ouvrir les yeux sur des environnements qui nous sont inconnus.

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Le messie du Darfour

Un petit livre d’une grande densité, d’un auteur soudanais, exilé et interdit dans son pays , vivant actuellement en Autriche. Abdelaziz Baraka Sakin évoque dans ce court roman la guerre du Darfour. Il ne faut pas s’attendre à un récit fortement structuré et linéaire : nous suivons quelques personnages dans leurs chemins chaotiques et heurtés, comme ceux que la guerre provoque. Comme celui d’Ibrahim Khidir, enrôlé de force du jour au lendemain, dans un conflit dont il ne voit pas le sens et qui évolue entre les différents camps, au hasard.



L’auteur met en cause les versions officielles de ce conflit. Il ne s’agit pas pour lui le moins du monde d’un conflit ethnique : cette notion n’a pour lui aucun sens dans une population de toute façon très mêlée. La division entre les Noirs et les Arabes, les anciens esclaves et les anciens maîtres, n’a plus de sens : ils sont tous plus ou moins issus des mêmes ancêtres, dans des proportions qui peuvent juste varier un peu. La distinction est artificielle, créée pour des besoins politiques de faire la guerre, de manipuler la population. Les plus féroces, les sans scrupules, prennent les armes et massacrent, pillent et violent, juste pour le plaisir de la violence et de la domination. Il y a des passages, terribles et magnifiques à la fois, de tout ce déchaînement de violence, une ironie impitoyables vis-à-vis de ceux qui sont à son origine, et qui en profitent.



Et il y a cette figure christique du Messie, quelque peu étonnante, dans un contexte musulman, et surtout en décalage par le message prôné, un message de paix et d’amour. Comme un espoir de quelque chose d’autre, le refus total de la haine et de violence, qui n’est pas la solution.



C’est un livre déconcertant, mais indéniablement très puissant, d’une écriture forte et personnelle. Une belle expérience, même si tout n’est pas toujours évident, d’autant plus si on ne connaît pas bien le contexte.
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Les Jango

Les Jango, ce sont ces saisonniers nomades, qui se déplacent en fonction des saisons agricoles : coupeurs de canne à sucre, planteurs de sésame… mais surtout hâbleurs, grands palabreurs et grands buveurs.

Buveurs, dans ce pays musulman ultra-strict ? Eh oui : produire des boissons fermentées semble être la principale source de revenus des femmes ; dont beaucoup, ici, vendent leur corps de surcroît.

Nous sommes à al-Hilla, au Sud du Soudan. Et le cœur battant de ce bourg, c’est la Maison de la Mère, autant dire : le bordel local.

C’est là que se logent les voyageurs, là que se négocient des mariages, là qu’on échange et qu’on cancane à n’en plus finir.

On y fait des rencontres touchantes : le narrateur, sorte de grand naïf amoureux ; le tendre Wad Amouna, grandi en prison où était détenue sa mère ; la courageuse Safia, qui attise les ragots et la convoitise par ses attributs mystérieux…

Et puis il y a des djinns, des superstitions, des légendes…

Et pour finir, il y a l’argent, celui qui manque aux Jango, celui que la banque déverse sur les plus riches propriétaires (La banque vous refuse un prêt ? Je vous suggère la mesure punitive mise au point par les Jango.)

Il y a beaucoup, beaucoup de choses dans ce roman. Peut-être un peu trop.

La fin rassemble tous les fils de la narration, encore faut-il arriver jusque là. Car cette profusion de noms, de souvenirs racontés comme autant de nouvelles dans le récit, m’a un peu perdue je dois l’avouer.

L’écriture est belle - et traduite avec fluidité par Xavier Luffin. Toutefois, j’ai dû aller chercher ailleurs des images et des infos pour m’évoquer la région, tant cette narration allusive, en se concentrant sur les dits des personnages, nous apprend peu sur les lieux et les paysages.

Je suis sans doute passée à côté de ce livre.

Challenge Globe-trotter (Soudan)
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Le messie du Darfour

Titre : Le messie du Darfour

Année : 2016

Auteur : Abdelaziz Baraka Sakin

Editeur : Zulma

Résumé : Le destin et les sanglantes pérégrinations d'Abderahman, de tante Kharifiyya et d'Ibrahim Khidir dans un pays rongé par la guerre; une région où sévissent des mercenaires Janjawid massacrant à tour de bras tous les habitants non-musulmans de la région du Darfour. Une histoire de violence et de vengeance mais aussi d'espoir dans une région ravagée par la guerre.

Mon humble avis : Il est des livres que l'on a envie d'aimer. Un auteur soudanais éxilé politique fuyant la barbarie, des textes interdits qui circulent sous le manteau, des avis dithyrambiques, une thématique particulièrement intéressante, un éditeur passionnant, bref j'étais très motivé à l'idée de lire ce messie du Darfour. Je me procurais donc l'ouvrage et me lançais dans cette lecture avec une curiosité et une envie rare. Si les premières pages me confirmait le réel talent de conteur de Sakin je dus assez rapidement revenir en arrière pour ne pas perdre le fil de cette histoire mêlant personnages et époques différentes. Ce sera malheureusement le cas jusqu'au bout de ces 200 pages que je finissais avec l'impression pénible que l'auteur est définitivement passé à côté d'un grand roman. Ceci n'est que mon humble avis mais si certaines pages sont sublimes, marquantes et nimbés d'une poésie et d'un étrangeté rare, la construction du roman, son rythme et les pistes à peine esquissées puis abandonnées donnent à l'ensemble un aspect inabouti qui, s'il est volontaire, m'aura en tout cas gâché le plaisir de lecture que j'étais censé y trouver. La dénonciation du conflit Soudanais est ici exposée de la façon la plus crue et cela m'aura au moins permis de m'intéresser de plus près à ce conflit. Un livre sans doute important sur le fond mais je ne peux qu'émettre de sérieuses réserves sur la forme et c'est bien dommage.

J'achète ? : Avis mitigé tu l'auras compris, je te laisse seul juge de ton choix cette fois ci.
Lien : http://francksbooks.wordpres..
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Le messie du Darfour

Darfour, un mot qui depuis des décennies évoque des conflits. Ce livre ne fait malheureusement pas exception à la règle. A ceci près qu'il est écrit par un enfant du pays. Son propos donne une grille de lecture bien plus complexe et loin des raccourcis de bailleurs ou reporters internationaux.

Alors oui, cela ne change rien aux horreurs subies par les victimes mais se rapprocher de la réalité est une marque de considération pour leur Histoire, entre espérance et humanité.
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Le messie du Darfour

♫ Pour vouloir la belle musique ♪ Soudan mon Soudan ♫ Pour un air démocratique ♪ On t’casse les dents ♫



À la lecture de ce roman, on comprend que l’auteur ait dit l’avoir écrit afin d’expulser sa peur de la guerre…



Cette lecture, je la dois à ma copinaute Rachel. Désirant découvrir l’auteur avant notre LC, j’ai tenté le coup avec ce roman inclassable et bizarre. Résultat, ça a matché entre nous.



Pourtant, ce n’était pas gagné ! Déjà, il y a peu de dialogues, l’auteur écrivant les paroles des personnages en les intégrant dans le récit. Habituellement, je déteste ça, ça me pompe l’air.



Là, il m’a fallu un certain temps avant de me rendre compte que les dialogues étaient quasi inexistants. Un bon point si je ne l’ai pas remarqué de suite, cela veut dire qu’ils étaient bien intégrés au texte.



Le récit semble suivre une ligne bien à lui, pas vraiment de fil rouge entre les récits, si ce n’est qu’ils sont arrivés à des personnages du récit, à des époques différentes et qu’ils permettent d’éclairer la situation politique du Soudan, ainsi que les années de guerre, les massacres, les exactions des rebelles, les différentes ethnies, la situation géopolitique du pays, l’antagonisme entre les Noirs et les Arabes, le racisme, l’esclavagisme…



Le Darfour est complexe, il ne faut pas croire que vous comprendrez tout de cette région après avoir lu le roman, mais cela vous éclairera un peu. Sachez que cet auteur s’est exilé et que ses écrits sont interdits au Soudan. Là-bas, ils circulaient sous le manteau.



Dans ce roman, il n’y a pas de choses joyeuses, certains passages sont assez durs, violents et l’on donnerait bien n’importe quoi pour que jamais cela ne nous arrive. Malgré la dureté de ces scènes, l’auteur évite le voyeurisme et le pathos.



L’écriture de l’auteur est belle, c’est un excellent conteur, même si, de temps en temps, on ne sait pas trop où il va nous conduire, ni ce que cache la partie avec le messie. Cette partie-là est un peu plus mystique. Plus déroutante.



Mon bémol sera que ce roman donne l’impression que l’auteur n’est pas allé au fond des choses, qu’il a lancé beaucoup de pistes, sans jamais aller les terminer, ou les explorer un peu plus.



Cela donne une impression d’avoir survolé les choses, les faits, l’Histoire du Soudan et que le tout n’a pas été achevé… Dommage, il y avait tant à nous apprendre.



Bizarrement, malgré ce bémol, j’ai apprécié ma lecture (oui je sais, ne cherchez pas docteur) et que je compte bien découvrir l’autre roman de cet auteur.



À vous de voir si vous l’ajouterez à votre wish ou si vous passerez votre chemin.



Pour ma part, je ne suis pas mécontente d’avoir ajouté un auteur soudanais à mon planisphère.



J’ai trop peu d’auteurs africains dans mes biblios et je tente de corriger cela, lentement, mais sûrement.


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Les Jango

Les Jango, ce sont celles et ceux qui passent les frontières pour travailler la terre contre salaire, puis pour le dépenser dans des festivités bacchiques quand la terre est ensuite au repos. Au gré des saisons, des mouvements, des vies de chacun, ce sont les Jango, mais pas seulement, que le narrateur vient nous conter à travers un roman polyphonique et polymorphe, d'une grande virtuosité narrative.



Le narrateur, c'est un homme qui décide un jour, avec un ami de longue date, de s'arrêter, au fil de leurs pérégrinations, à Al-Hilla, où ils découvriront un autre monde, celui des Jango justement, mais aussi celui de tous les autres habitants de la ville, ainsi que leurs histoires, parfois réelles, parfois inventées ou transformées, puisque dans ce lieu les colportages et rumeurs règnent en maître ; parfois réalistes, parfois pleinement merveilleuses ou fantastiques ; parfois sérieuses et graves, parfois emplies de dérision et de transgressions de tout ordre (sexe, religion, politique…) ; parfois d'une lenteur pesante, ou au contraire voluptueuse, parfois d'un rythme effréné, difficile à suivre ; histoires dans l'histoire qui ont, dans tous les cas, valu à son auteur, Abdelaziz Baraka Sakin, l'interdiction de son roman au Soudan, et son exil en Autriche. Histoires à la manière de contes parfaitement imbriqués dans l'intrigue principale qui prend, finalement, au fil de ses évolutions, des allures de récit d'apprentissage inattendu pour notre narrateur, jusqu'à la fin de ses bienheureuses aventures qui prendront le contrepied du reste.



En somme, un régal !
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Le messie du Darfour

" Elle lui expliqua alors qu'elle avait attendu d'avoir un homme, un soldat courageux, qui la vengerait en tuant au moins dix janjawids, tandis qu'elle mangerait le foie cru de chacun d'entre eux. [...] Elle répondit qu'elle savait tout de la guerre, absolument tout, et répéta que ceux qui avaient tué ses parents et viola ses sœurs jusqu'à ce que mort s'ensuive n'étaient pas des soldats de l'armée régulière mais bien des janjawids elle savait faire la différence. "



Cette histoire, c'est celle d'Abderahman, cette jeune fille mystérieuse retrouvée sous des cadavres qui cherche à se venger de ceux qui lui ont tout pris d'une manière des plus barbares qui soit. C'est ce qu'indiquait le résumé de la 4ème de couverture. Ç’aurait pu être un conte macabre qui narrerait la quête de cette amazone darfourienne parmi les personnes déplacées dans un pays pas si lointain et dans une époque pas imaginaire, mais bien dans la réalité des affrontements ethniques en Afrique.

C'est ce que j'attendais, mais ce n'est pas le point central du roman ! Le fameux messie du Darfour ne l'est pas davantage.



En réalité, Abdelaziz Baraka Sakin dresse plusieurs portraits des acteurs de cette mauvaise pièce jouée par entre les gouvernements locaux et les Nations Unies dont les populations sont des dégâts collatéraux dont on se souci peu.

Ce roman commence comme une rumeur angoissante, avec un ton de conteur africain, on sent le tragique venir entre les mercenaires ignares qui participent à une vaste machine qu'ils comprennent assez peu. Leur mission : tuer, peu importe qui et peu importe la raison. Il faut verser du sang, et c'est sans état d'âmes.



Le sujet est bien sûr terrible - pour peu qu'on est quelques notions d'histoires et d'actualités - et décrit sans fard une réalité bien loin de nous. La réalité où le viol est une arme de guerre pour anéantir mentalement et physiquement les femmes , mais pas seulement. Pour preuve le commentaire cynique de ce mercenaire après ses crimes :

" La mort lui donnerait du répit, laisse-la vivre, elle finira au camp de Kima entre la vie et la mort, sans mari ni enfants, sans père ni mère, sans village et sans honneur".



On le voit à la télé, mais c'est vrai. C'est incompréhensible, et ça dépasse la fiction. Mais c'est vrai.



Et tous les personnages décrits, qui gravitent plus ou moins autour d'Abderahman (de près ou d'assez loin) voient une promesse de renouveau avec ce messie dont tout le monde parle. C'est là qu'intervient le côté animiste du récit. Est-ce un faux prophète ou est-ce vrai ? Après tout, qu'importe.

Cet homme incarne pour tous ces êtres brisés et anéantis la seule chose qui leur reste d'humain : un espoir de paix, de retour à un temps où les tribus Arabes et Noires vivaient en bonne intelligence, et où ils ne sont pas menacés par des armés de rebelles et un gouvernement corrompu qui ne sert que ses intérêts et soumets les observateurs internationaux fantoches.



J'ai eu du mal à rentrer dans ce récit, et c'était loin d'être ce à quoi je m'attendais. Toutefois une chose est sûr, c'est un roman très percutant et qui interpelle et donne à réfléchir.
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Le messie du Darfour

Au travers des histoires d'Abderahman , de tante Kharifiyya et d'Ibrahim Khidir, Abdelaziz Baraka Sakin critique le régime de son pays qui pousse les mercenaires janjawid à opérer une épuration ethnique en les laissant massacrer les soudanais non musulmans du Darfour . Il dénonce la barbarie de ces mercenaires prêts à toutes les horreurs pour prendre la terre qu'ils souhaitent occuper. Leur portrait est vraiment effrayant et donne toute la mesure de l'horrible violence qui secoue le Darfour depuis 2003 et qui continue encore.

J'ai eu quelques difficultés à lire ce roman que j'ai trouvé assez complexe. Pour le comprendre, j'ai du interrompre ma lecture, que j'ai bien cru ne pas pouvoir reprendre, pour rechercher des informations sur le Soudan et le Darfour et surtout sur le pourquoi et le comment de cette guerre dont je ne savais pas grand chose. Une découverte passionnante mais que j'ai eu un peu de mal à digérer tant j'ai été surprise...

Un grand merci à Babelio et aux éditions Zulma pour cette pépite qui m'a été offerte dans le cadre d'une opération masse critique.
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La princesse de Zanzibar

Parée d'une couverture magnifique qui invite au voyage, "La princesse de Zanzibar" a des allures de conte, on se sent propulsé dans l'atmosphère feutrée d'un genre des mille et une nuits.

Mais c'est bien d'un livre interdit à Oman et au Koweït et d'un auteur censuré dans son pays, le Soudan, et exilé en France, dont je vous parle, et si certains se sont sentis offensés, d'autres s'en réjouissent !



Nous sommes bien en terre d'Afrique, côte est, sous sultanat.

A Zanzibar pour être précise, au 19eme siècle, siècle des colonisateurs européens profitant du bon vivre, des croupes félines et surtout des richesses ! (of course)



Les effluves des marchés délivrent leurs parfums exotiques, les couleurs resplendissent jusque dans les harems , le sultan exulte de toute sa puissance mortifère au beau milieu de ses concubines et de son adorable favori, mais en toile de fond, les indigènes colonisés goûtent, eux, à l'amertume de l'esclavage.

Une femme pourtant gardera sa liberté, avec une verve subversive et une réputation de sorcière en magie noire, elle chante et danse frénétiquement, aucun négrier n'ose s'en approcher. Elle s'appelle Uhuru et fascine la princesse du Zanzibar, Latifa, fille du sultan.

Serait-elle annonciatrice d'un vent de liberté et de révolte ?



Sous fond de légendes ancestrales, de philosophies millénaires, de croyances cosmopolites et de sorcelleries immémoriales, Abdelaziz Baraka Sakin, armé de son ironie corrosive à l'égard des oppresseurs , retrace l'histoire d'un peuple africain avili par un sultanat qui a défait les portugais , qui lui-même sera encerclé par l'arrivée des anglais, ces blancs au cœur noir venus s'emparer d'une ile stratégique déjà bien meurtrie.



Et pourtant, c'est bien l'espoir de délivrance qui prime par le prisme de l'amour entre une princesse orientale qui rêve d'émancipation et son esclave noir, eunuque ,qui a défaut d'être à la recherche du temps perdu, sera en quête de son membre disparu.

C'est avec une bouffée de provocation que Baraka Sakin construit, avec aplomb, ce récit anticonformiste distillant cette absolue soif de liberté, il nous invite à nous interroger sur le prix de celle-ci, quand, des destins brisés, émergent tantôt des esprits vengeurs, tantôt le spectre de la communion. Que deviennent alors les ideaux ?



La sagesse et la combativité pour la liberté, représentées par la voix de deux femmes et d'un subordonné castré est un pied de nez fabuleux à tous les fondamentaux barbares d'aujourd'hui.

Une forte résonance pour toutes celles et ceux qui se battent toujours et encore pour gagner le droit d'exister.



Baraka Sakin nous mène tout du long par le bout du nez en nous ballotant de la poésie tribale au phrasé décapant bourré d'humour.

Irrevencieux à souhait, il nous offre un souffle de vie effervescent et éclatant bien loin des sentiers battus des terres qui refusent l'émancipation et censurent les pensées libératrices.



Redoutable !

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Le messie du Darfour

La guerre au Darfour.

C'est une information dont on entend parler depuis des années, noyée parmi des milliers d'autres.

Oui, mais voilà qu'un écrivain ose en parler.

Et quel écrivain !

Abdelaziz Baraka Sakin, soudanais, diplômé en gestion, conseiller à l'ONU, exilé politique, interdit de publication dans son propre pays, ne cache rien.

Rien de cette guerre terrible, massacre des populations, viols des femmes et fillettes, émasculation des hommes et des jeunes garçons, enrôlement d'office des enfants comme enfants-soldats, utilisation des fillettes comme esclaves sexuelles, vente d'hommes et de femmes à des marchands d'esclaves qui pullulent encore dans ces régions.

A travers l'histoire de d'Aderhaman jeune fille violée et torturée laissée pour morte dans son village entièrement pillé et incendié après le massacre de tous les villageois par les troupes rebelles, de Shikiri jeune homme enrôlé de force qu'elle épousera, et d'Ibrahim l'ami de ce dernier, l'auteur nous conte l'histoire de son pays le Soudan entièrement dévasté par cette guerre qui a déjà fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés depuis bientôt 20 ans qu'elle dure dans l'indifférence totale de l'occident.

Un livre dur mais nécessaire après la lecture duquel on ne peut plus dire : je ne savais pas.

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Le messie du Darfour

Découvrir l’Histoire du Soudan bien en sécurité sur son lit, quoi de mieux ? La guerre, la religion, les us et coutumes locales, un bon dépaysement ! Le ton est satyrique mais le propos est bien réel et c’est ce qui m’a tout de suite plu dans ce livre, l’auteur aborde des sujets aussi vastes que l’inutilité de l’ONU dans ce conflit, les viols en temps de guerre… de génocide plutôt, les massacres sur les civils, le racisme est un point important également, les camps de réfugiés qui ressemblent plus à des camps de concentration et je pèse mes mots.

Je souligne aussi la belle plume de l’auteur qui a su m’emporter dans les horreurs de la guerre, comme si j’y étais. Un roman horrible par son sujet mais tellement bien écrit qu’il est impossible de passer à côté.

Ce n’est pas un plaisir à lire car, comme vous vous en doutez, le récit est dur mais quelle joie de découvrir un roman aussi bon ! Les personnages sont bons, vrais et travaillés, toutefois il me manquait quelques clés pour bien comprendre les enjeux, aussi je vous recommande un double épisode du Dessous des cartes sur le Soudan pour bien appréhender le texte.

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Les Jango

Mille mercis aux éditions Zulma pour cet excellent moment de lecture!



Evasion garantie dans un Soudan totalement inattendu .



La variété de langues, d'identités, de coutume surprend : sont-ils Arabes,  Ethiopiens, Soudanais, Erythréens, ces Jangos, journaliers nomades qui récoltent le sésame, le sorgho ou le blé qui se déplacent pour chercher du travail à la saison? Sont-ils musulmans, chrétiens ou animistes? Foules de croyances magiques, au Coran et aux textes sacrés se mêlent des grimoires magiques. Même les sexes ne sont pas définis : Safia est-elle une femme, un homme ou hermaphrodite? Wad Amouna, à son propre sujet se pose la même question. Alam Gishi est-elle un Djinn? 



Au fil des anecdotes pittoresques, des aventures du narrateur ou de ses amis, se découvrent toutes les facettes des personnages. Conférences et séminaires bien arrosés sont le lieu de tous les racontars et de tous les commérages. Le lecteur se régale.



Si vous aviez des préjugés sur le Soudan islamiste rigoureux, vous allez être surpris de la place des boissons alcoolisées, artisanales, sources de revenu des femmes, ou importées, ruine des Jango à la morte-saison. Chassez aussi les a-priori sur le rôle des femmes. Elles ont une forte personnalité et jouissent d'une liberté étonnante : prostituées ou mères, mariées ou divorcées, et même révolutionnaires!



Bien sûr, ces récits n'ont pas plu au pouvoir et le livre a été censuré!












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Le messie du Darfour

Le Messie du Darfour est un livre qui décrit la vie au Darfour durant la guerre, ses massacres (plus que la guerre en elle-même), le déplacement des populations, l’organisation de la rébellion (qu’on a envie d’appeler la résistance), la résilience aussi des habitants qui continuent de vivre et ne perdent pas espoir.

Sans jamais tomber dans la violence gratuite, la plume de l'auteur nous fait découvrir toute la complexité du conflit soudanais au Darfour (il n’évoque que très peu le conflit entre le nord et le sud) et toute la beauté des habitants du pays. Un livre à lire pour être initié au terrible drame du Darfour (je me suis rendue compte que je ne le connaissais que de nom et j’ai envie d’en découvrir plus sur les tenants - aboutissants et surtout sur la situation actuelle).

Arabe contre noir, musulmans arabes contre noirs chrétiens ? Non. L’auteur décrit un génocide des populations du Darfour : populations noirs et arabes musulmanes, l’auteur appuie plusieurs fois en disant qu’on ne peut pas les distinguer, que des tribus arabes vivent ici depuis des siècles, en bonne intelligence, que l’organisation de la société est la même pour des tribus « arabes » ou « noires » (terme qu’il n’emploie d’ailleurs jamais) et qu’elles partagent le même destin tragique dans ce conflit. L’auteur décrit un massacre orchestré par le gouvernement, dont le but serait le déplacement de 90% des populations du Darfour (arabes et noirs confondus) pour que les terres soient redistribuées aux populations de Janjawid, plus proches du pouvoir (?).

L’auteur prend clairement partie et les janjawids sont décrits comme des monstres sans conscience et sans motivation pour les massacres commis, les observateurs internationaux comme des fantoches refusant de prendre partie et la moindre aide qu’ils pourraient apporter et les rebelles comme une résistance éclairée.

Le roman n’est pas linéaire. On rencontre une foule de personnages, liés les uns aux autres, anéantis par le chaos ambiant. La narration fait très bien d’ailleurs passer cette impression d’incompréhension de ce qui se passe par l'entremêlement des histoires, les flashbacks… : on passe d’un personnage à l’autre, d’un lieu à l’autre et d’une époque à une autre. La figure du Messie, très mystique, fait planer une atmosphère de “merveilleux” (on accepte tout ce qui se passe sans question même si on ne comprend pas ou si c’est incroyable). Le tout donne une impression de confusion (voulue, j’en suis persuadée) qui amène un peu de poésie dans ce monde devenu inhumain et qui décrit le sentiment d’hébétude ressenti face aux drames qui se jouent.

J'ai eu du mal à rentrer dans ce récit, et c'était loin d'être ce à quoi je m'attendais. Toutefois une chose est sûr, c'est un roman très percutant, qui interpelle, donne à réfléchir et je pense gagne à être relu.

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Les Jango

Intriguée par la couverture bariolée et la beauté de cet auteur soudanais sur le bandeau accompagnant le livre (il m'en faut peu), je n'ai pu résister à l'achat des Jango.



Je l'ai rapidement dévoré, et en suis ressortie comme d'un rêve, incertaine d'y avoir compris quoi que ce soit, mais dont le souvenir me fait sourire.



La narration est étonnante, faite de récits enchâssés, d'histoires rapportées, de rumeurs, de vérités mensongères puis déconstruites sur la ville soudanaise d'Al-Hilla, théâtre d'une vie de saltimbanques où se côtoient travailleurs saisonniers et femmes de tout horizon : Les Jangos entremêle les amitiés, les femmes, la joie de vivre, l'alcool, les fêtes, le café, les histoires, la rébellion contre la banque qui n'accorde de prêts qu'aux riches exploitants, détruisant peu à peu le gagne-pain des Jangos, qui décident de prendre les armes. L’Éthiopie et ses divines femmes n'est jamais loin, et sert parfois de refuge aux "insurgés".



J'ai été très surprise de la manière dont est abordée la sexualité dans cet ouvrage d'un auteur d'un pays musulman : on découvre celle quasi-absente d'un homme d'une quarantaine d'année sans expérience ; la communauté décrite et les liens tissés semblent tous subordonnés de prêt ou de loin aux femmes, qui régentent la vie des hommes.



Abdelaziz Baraka Sakin nous fait finalement découvrir un Soudan tolérant, loin des préjugés, où s'entremêlent les coutumes et les cultures à tel point que personne ne semble dépareillé dans cet univers empli de tendresse, de sensualité, d'insouciance et d'une formidable nonchalance empreinte de liberté. Un vrai coup de cœur pour cette lecture et cet auteur, dont il faut s'imprégner et non tenter de comprendre.
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Le messie du Darfour

À travers les points de vue d'Abderahman , de Kharifiyya et d'Ibrahim Khidir, j'ai suivi avec assiduité et concentration le récit de la guerre au Soudan .

«  L’idée est d’obtenir un roman complexe, je ne veux pas d’un lecteur fainéant, je suis exigeant avec le lecteur, je ne veux pas d’un lecteur qui ne réfléchit pas, qui ne revient pas en arrière dans le livre, qui ne va pas avoir la curiosité d’aller chercher des informations historiques sur les événements qui sont mentionnés. « 

Voilà ce que dit l'auteur lors d'une interview à propos de ce livre. Et bien, c'est réussi !Je suis retourné en arrière, j'ai fait des recherches, j'ai eu envie d'en savoir plus sur ces différents peuples. C'est un livre d'érudit, d'une intense réflexion intellectuelle et d'une belle finesse d'esprit. Il mérite plusieurs lectures afin d'en décortiquer les rouages. Sans jamais tomber dans la violence gratuite, la plume de l'auteur nous fait découvrir toute la complexité du conflit soudanais et toute la beauté des habitants du pays. Un livre à lire pour comprendre.
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Le messie du Darfour

Découvrir l’Histoire du Soudan, voilà quel était le but de ma lecture... La guerre, la religion, etc... Car Darfour évoque en moi et je pense aussi en vous, tragédies, guerres ... mais pourquoi, comment ?



L'auteur aborde, ici, des sujets aussi vastes que l’inutilité de l’ONU dans ce conflit, les viols en temps de guerre ou du moins de génocide, les massacres sur les civils, le racisme et les camps de réfugiés.



J'ai été déroutée par ce roman. Le récit de la vengeance de cette jeune femme en compagnie de son mari, ex-enfant soldat, m'a absorbé. J'ai eu des difficultés à me plonger totalement dans le texte à cause de la chronologie que j'ai eu du mal à suivre.



Et la partie sur le Messie, qui finalement donne son nom au roman, m'a perdue. C'était à la fois mystique, incongru ... j'aurais préféré avoir 2 romans distincts, plutôt que le tout en un.



Je tiens tout de même à souligner que ce livre est un bon livre qui permet d'entrevoir l'horreur de ce qui se passe au Darfour. C'est un texte puissant et dur.

La plume de l’auteur est efficace, elle a su m’emporter dans les horreurs de la guerre, comme si j’y étais. Un roman horrible par son sujet mais tellement bien écrit ... Attention! Ce n’est pas un plaisir à lire. Les personnages sont bons, vrais et travaillés, toutefois il me manquait quelques clés pour bien comprendre les enjeux.



Meme si je n'ai pas eu de réponse à toutes mes questions, cela ne m'empêche pas de vous conseiller ce livre qui demande certainement de se renseigner avant sur ce qu'il se passe et s'est passé au Darfour afin d'entrer pleinement dans le texte.
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