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Citations de Abdourahman A. Waberi (173)


Laissez-moi vous rapporter une dernière anecdote édifiante. Un jour du Xe siècle, assis à l’ombre d’un vigoureux grenadier, un disciple du mystique musulman Abou Bakr al-Chibli relatait ceci :
 
« Dieu m’a fait venir et m’a dit :
— Sais-tu pourquoi je t’ai donné ma miséricorde ?
— C’est parce que j’ai beaucoup prié.
— Non pas.
— Parce que j’ai beaucoup jeûné ?
— Non plus : c’est parce qu’un soir d’hiver, dans une rue de Bagdad, tu as ramassé une chatte abandonnée et l’as réchauffée dans ton manteau. »
 
Vous devinez la suite. Onze siècles plus tard, Sammy Kamau-Williams, idéaliste en faillite, revenu de tout et rejeté par tous, m’a ramassé dans la rue et m’a offert le gîte et le couvert. Sans contrepartie, il m’a réchauffé dans son manteau. Tout homme, bon ou mauvais, est le dépositaire d’une parcelle de la Divine Chanson.
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Les enfants, d'où qu'ils viennent, n'appartiennent pas à leurs géniteurs, à leurs parents. Ils s'appartiennent, c'est tout. Ils enchantent nos âmes lasses. Ils naissent, glissent sur des parquets d'acajou ou se vautrent dans la poussière, grandissent, partent, font à leur tour des enfants qui ne leur appartiennent pas, puis meurent. Qu'ils dorment sous les dalles mauresques, dans des palaces dahoméens ou à la belle étoile ne change rien à l'affaire. Le lieu de naissance n'est qu'un accident; la vraie patrie, on se la choisit avec son corps et son coeur. On l'aime toute sa vie ou on la quitte tout de suite.
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Dans les pays chauds, les gens s'habillent de la tête aux pieds.Il n'y a que les occidentaux pour se mettre à poil dès qu'ils sentent le soleil leur chauffer un petit peu la couenne.
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Le soleil est là, c’est la monnaie d’or du pays. La baie de Salvador de Bahia est unique au monde par son attachement viscéral à l’Afrique. Imaginez un instant que vous vous êtes égaré, comme Reginald Kamau, dans le vaste espace des Amériques et que vous venez de tomber sur un morceau d’Afrique si vibrant qu’il paraît incarner seul toute la sève et tout l’oxygène du continent, alors nul doute n’est permis : vous êtes bel et bien, corps et âme, à Salvador de Bahia, à l’extrême orient de ce Brésil qui abrite la plus grande diaspora noire du Nouveau Monde. Vous voilà pris dans l’écrin en bois massif de l’Afrique.
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La mémoire est une force impérieuse, un courant qui emporte tout sur son passage. Impossible de la contrôler, impossible de lui échapper. Elle me fait revivre, en cet instant même, ces images vues et vécues qui me serrent le cœur et qui me trempent de sueur.
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Horreur tribale et traces d'inhumanité dans paysage décati. Le soleil rissole les silhouettes désarticulées. Des monticules affligent la savane chauve : cimetières qu'on dirait termitières. Des os, d'homme ou d'oiseau, se décalcifient à tout bout de champ. Une femme jeune et décomposée mordille un fémur. Les boyaux d'un âne passent d'une main à l'autre. Des osselets sont croqués avec conviction.
Sans rancoeur, le coeur de la terre veut sourire ici, il n'y arrive pas.
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Tout m’est revenu.
Je suis cet enfant qui nage entre le passé et le présent. Il me suffit de fermer les yeux pour que tout me revienne. Je me souviens de l’odeur de la terre mouillée après la première pluie, de la poussière dansant dans les rais de lumière. Et je me souviens de la première fois où je suis tombé malade. Je devais avoir six ans. La fièvre m’a fouetté toute une semaine. Chaleur, sueur et frissons. Frissons, chaleur et sueur. Mes premiers tourments datent de cette période.
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Aucune analyse politique , aussi "juste" soit-elle, ne peut rendre compte du millième de ce que vivent les individus. Cela est vrai dans toute l'Europe occidentale. Mais ici, ce décalage devient proprement tragique. D'ou des secours, des remèdes, des solutions d'urgence.
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Epigraphe
« Alors, si tu vois venir le vautour, si tu le vois décrire des cercles dans ta tête. Souviens-toi que toute fuite est impossible, car il restera toujours derrière toi, tout près. Promets-moi seulement de livrer bataille ; bataille pour ton âme et pour la mienne. »
GIL SCOTT-HERON
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Le parent idéal n’a envers sa progéniture aucune attente. Il est là juste pour le bien de ses enfants. Leur transformation, leur bonheur. (p. 86)
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Me voici en mission dans me pays qui m'a vu naître et cependant n'a pas su ou n'a pas ou me garder auprès de lui. Je ne suis ps doué pour le chagrin, je le confesse. Je n'aime ni les adieux ni les retours ; j'abhorre toute forme d'effusion. Le passé m’intéresse moins que l'avenir et mon temps est très précieux. Il a la couleur du billet vert. Dans le monde d'où je viens, le temps n'est pas un étirement nébuleux. Le temps, c'est de l'argent. Et l'argent, c'est ce qui fait tourner le monde. C'est la Bourse avec ses flux de pixels, d’algorithmes, de chiffres, de denrées, de produits manufactures, d'indice signalétique, d’idées, de sons d'images ou de simulacres qui tombent sur les écrans du monde. C'est l’élan vital de l'univers, la mise a mort du concurrent et le gain du marché convoité.
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Tous attendent une paix qui n’est pas de ce jour.
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Pourquoi Maman me détestait-elle autant ?

Cette question, je n’osais pas me la poser. Ce n’est que plus tard qu’elle s’immiscera dans mes pensées. Elle se logera dans mon cœur. Elle y creusera son trou noir.
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Les anciens nomades qui composent mon arbre généalogique disent que la vérité sort de la bouche des enfants et que la gratitude se lit dans les yeux de la vache qui vient de vêler. Cet adage que je trouvais hier idiot ne m’a jamais paru aussi juste que ce matin-là. Toi, ma fillette, tu me renvoyais la vérité avec une dose d’affection non dénuée de fermeté.
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"Méfie-toi des miroirs aux alouettes, des femmes fatales, de l'argent trop vite gagné. Sammy méfie-toi surtout de toi-même, du serpent tapi dans ton ventre. Tu es ton meilleur ennemi."
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Je n'avais jamais vu Les Mystères de Paris, Les Lettres de mon moulin, Les Trois Mousquetaires, Les Misérables, Le Petit Chose ou Sans famille traîner dans mon quartier. Les choses qui se passaient à l'école n'arrivaient jamais à s'introduire dans nos foyers. Inversement les odeurs et le boucan d'enfer de notre quartier ne franchissaient pas les grilles de l'école du Château-d'Eau. Seuls les enfants passaient le matin du quartier à l'école. Puis rebroussaient chemin en fin d'après-midi.
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Attention , tu vas devenir aveugle , me prévenait ma mère Zhara en proie à une nouvelle peur panique en me voyant dévorer un Pif le chien ou un Picsou magazine .
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Les oiseaux voletaient sur les collines comme si de rien n'était, on notait cependant le survol insistant d'une nuée de charognards.
Ah! toutes les intelligences abîmés pour toujours, toutes les lignés épuisées, éteintes, toutes les jeunesses sandwichées entre l'enclume et le marteau qui ne connaîtront les tendresses de l'amour!
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Ici, on tire d’abord ; puis on retourne le cadavre et parfois on s’écrie : "Zut, c’était un ami !"
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Socrate ou Sócrates, je ne comptais pas me moquer de mes anciens camarades de classe. C'était leur problème s'ils confondaient le philosophe antique avec le footballeur natif de Belém. Ils avaient hier raillé ma démarche. J'ai choisi de taire leur ignorance, de leur épargner mes moqueries.
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