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Citations de Aharon Appelfeld (433)


Il y a des visions qui se sont gravées dans ma mémoire et beaucoup a été oublié, mais la méfiance est restée inscrite dans mon corps, et aujourd'hui encore je m'arrête tous les quelques pas pour écouter.
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Nous ne pouvions plus supporter l'intensité du silence et nous sortîmes. Étrangement, aucun de nous ne pleurait. Les cigarettes que nous allumâmes à cet instant furent le témoignage le plus fidèle de notre attachement. Que peut-on dire d'un ange de Dieu ? Que dire une fois qu'il a replié ses ailes ?
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Cela faisait des années qu’il n’avait pas vu un tel crépuscule. Parfois, une teinte violacée s’infiltrait un instant dans la cour du camp, avant d’être engloutie par l’obscurité.
À présent, le ciel s’ouvrait devant lui dans une limpidité bleutée, et la lumière se déversait à l’intérieur de son corps comme dans un récipient vide.
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Rien ne vaut le premier café de la journée, il nous restitue quelque chose de perdu et de précieux.
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" Tant que la fenêtre est ouverte et que je reste éveillée, je ne crains pas la solitude. Dommage que les morts n'aient pas droit à la parole. Je suis certaine qu'ils auraient beaucoup à dire. "

(page 215).
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C'est le poète Y.S. qui nous instruit, un petit homme maigre et chauve qui ne payait pas de mine et ressemblait à un commerçant mais dès qu'il prononçait quelques mots, sa voix faisait votre conquête. IL nous apprenait la poésie et le chant, le tout en yiddish. Il faisait partie des instructeurs dépêchés par Erets-Israël. Ces derniers étaient des tenants de l'hébreu et lui, du yiddish. Les instructeurs d'Erets-Israël étaient plus grands que lui, beaux et surtout, ils parlaient au nom de l'avenir, au nom de la transformation positive, au nom de la vie qui nous attendait en Palestine. Lui, bien entendu, parlait de ce qui avait été, de la continuité qui serait rompue si on ne parlait pas la langue des suppliciés. Celui qui parle la langue des suppliciés leur assure non seulement le souvenir en ce monde mais élève un rempart contre le mal et transmet le flambeau de leur foi de génération en génération.

page 97
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Dans la forêt j'étais entouré d'arbres, de buissons, d'oiseaux et de petits animaux. Je n'avais pas peur d'eux. J'étais sûr qu'il ne me feraient aucun mal. Avec le temps je me familiarisai avec les vaches et les chevaux, et ils me procurèrent la chaleur que j'ai conservée en moi jusqu'à ce jour. Parfois il me semble que ce ne sont pas des hommes qui m'ont sauvé mais des animaux qui s'étaient trouvés sur mon chemin. Les heures passées auprès de chiots, de chats ou moutons furent les plus belles heures de la guerre. Je me serrais contre eux jusqu'à en oublier qui j'étais, m'endormais près d'eux, et mon somme était alors paisible et profond, comme dans le lit de mes parents.
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On peut assassiner les corps mais pas l'âme, voilà ce que nous avons appris dans les camps.
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" Il m'est aisé de découvrir la fragilité d'un être, en d'autres termes, son humanité. "

(page 23).
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... l'espace entre les mots parle plus que les mots eux-mêmes.
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Tu dormais tranquillement, tu étais si beau. Il me semblait que c'était toi qui vivais la vraie vie, pas nous qui étions dans la plus grande confusion.
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Otto est pessimiste, comme sa mère, qui ne cesse de dire : "Il y a des gens que la guerre rend plus forts. Moi, je lève les mains en l'air et je me rends. Je n'ai pas le courage de me battre pour un morceau de pain. Si c'est ça la vie, je suis prête à renoncer."
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- J'ai l'impression que tu es tout le temps nostalgique. La nostalgie est une fuite devant ce que nous possédons.
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Il faut bénir chaque jour qu’un enfant passe dans son monde.
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Chaque être qui a été sauvé pendant la guerre l’a été grâce à un homme qui, à l’heure d’un grand danger, lui a tendu la main. Nous n’avons pas vu Dieu dans les camps mais nous y avons vu des justes. La vieille légende juive qui dit que le monde repose sur une poignée de justes était vraie alors, comme elle l’est aujourd’hui.
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Chaque être qui a été sauvé pendant la guerre l'a été grâce à un homme qui, à l'heure d'un grand danger lui a tendu la main. Nous n'avons pas vu Dieu dans les camps mais nous y avons vu des justes.
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Nous reprenons la route. Grand-père fredonne une prière mais c'est une prière différente, sans fièvre. Le ciel est rempli d'étoiles dont la lumière se répand sur nous. Grand-père dit qu'on se hâte vers la synagogue et qu'on s'en éloigne lentement.
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Grand-père est plongé dans la prière et ne s'aperçoit pas de mon arrivée. Je reste debout près de lui en regardant l'arche sainte enveloppée dans son rideau. J'essaie de saisir un des mots avec lesquels les gens s'adressent à Dieu mais je n'y parviens pas. Désormais c'est clair : je suis muet. Tous murmurent, font des efforts et moi je suis dénué de mots. Je contemple et cette contemplation me fait mal. Je ne pourrais jamais rien demander à Dieu puisque je ne sais pas parler Sa langue. Papa et maman ne savent pas parler Sa langue. Papa m'a déjà dit un jour : "Nous n'avons rien d'autre que ce que nos yeux voient."
Je n'avais pas compris cette phrase. A présent, il me semble que j'en devine le sens.


page 25
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Ma poétique personnelle s'est formée au début de ma vie, et lorsque je dis "au début de ma vie", je pense à tout ce que j'ai vu et perçu dans la maison de mes parents et pendant la longue guerre. C'est alors que s'est déterminé en moi mon rapport aux hommes, aux croyances, aux sentiments et aux mots. Ce rapport n'a pas changé avec le temps. Ma vie s'est pourtant enrichie, j'ai amassé des mots, des termes et des connaissances, mais le rapport fondamental est demeuré tel quel. Durant la guerre, j'ai vu la vie dans sa nudité, sans fard. Le bien et le mal, le beau et le laid se sont révélés à moi mêlés. Cela ne m'a pas transformé, grâce au ciel, en moraliste. Au contraire, j'ai appris à respecter la faiblesse et à l'aimer, la faiblesse est notre essence et notre humanité. Un homme qui connaît sa faiblesse sait parfois la surmonter. Le moraliste ignore ses faiblesses et, au lieu de s'en prendre à lui-même, il s'en prend à son prochain.
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Durant la guerre on ne débat pas, on n’insiste pas sur les divergences. La guerre est une serre pour l’attention et le mutisme. La faim, la soif, la peur de la mort rendent les mots superflus. A vrai dire, ils sont totalement inutiles. Dans le ghetto et dans le camp, seuls les gens devenus fous parlaient, expliquaient, tentaient de convaincre. Les gens sains d’esprit ne parlaient pas.
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