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Critiques de Ahmadou Kourouma (217)
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Allah n'est pas obligé

L'Afrique est un continent qui m'a toujours fascinée. Ce roman retrace les événements marquants qui ont touché plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest pendant les années 1990, en particulier le Liberia et le Sierra Leone.

Birahima est une jeune ivoirien de 10 ans. Il a été abandonné par sa mère et il quitte son village pour rejoindre, à pied, son unique famille, c'est à dire sa tante qui vit au Libéria.

Il va être enlevé en chemin par une bande redoutable, il va connaître l'horreur des camps d'"enfants-soldats", des colonels sanguinaires, des dictateurs ridicules, des religieuses qui manient la kalachnikov pour survivre.



C'est un récit qu'on n'oublie pas. Ces pages tragiques de l'histoire de l'Afrique contemporaine sont écrites et analysées par la conscience d'un enfant qui a prafois du mal à exprimer toute l'horreur des situations auxquelles il est confronté. Un enfant privé d'instruction, comme il y en a encore tant dans de nombreux pays et plus particulièrement en Afrique.

Le seul lien à la culture et même le seul accès à la culture et à l'instruction sera pour Birahima la lecture régulière d'un gros dictionnaire qui va aider le jeune enfant à mieux préciser ce qu'il ressent et les situations terribles qu'il traverse.

Quelle intensité, quelle brutalité dans ce livre! L'horreur et la violence à l'état brut. On compatit face au vécu de ce jeune enfant.

Ce livre vous marque, c'est un témoignage d'une force incroyable.

A tel point que mon amie américaine qui a vécu en Afrique de l'Ouest pendant cette période, me disait récemment qu'elle n'avait toujours pas pu finir la lecture de ce livre, tant elle retrouvait des situations dont elle-même avait aussi été témoin.

La galerie de personnages est absolument stupéfiante: les mots me manquent pour évoquer ce terrible colonel "Papa le Bon"!!! Un Papa qui recrute dans la violence ses enfants-soldats et qui les manipule en les abreuvant de hasch.

La soeur Gabrielle qui dirige d'une main de fer son couvent est absolument étonnante: elle n'hésite pas à donner une formation "militaire" à ses religieuses et a été auparavant une exciseuse très connue!

Les rivalités ethniques sont remarquablement analysées de même que les conflits entre les différents dictateurs en jeu.

Ainsi on peut découvrir les alliances entre plusieurs ethnies, alliances qui compliquent encore plus la situation: rivalités entre Bambaras (= "ceux qui ont refusé") et Malinkés en Côte d'Ivoire, le héros étant lui-même un Malinké et rivalités entre Krahns, Gyos au Libéria, ces deux dernières ethnies s'étant finalement alliées pour mieux lutter contre les descendants des esclaves noirs américains qui ont constitué au fil du temps une classe dirigeante très "fermée".



On apprend à cette occasion que les Gyos ont été soutenus par M. Houphouët Boigny, alors Président de Côte d'Ivoire et par le colonel Kadhafi.

Voilà les principaux tenants de cette terrible guerre tribale qui va commencer à Noël 1989 et qui va se prolonger tout au long des années 1990.

On y voit le parcours du très inquiétant Taylor qui a sévi longtemps au Libéria.

C'est un témoignage incomparable.

L'auteur, Ahmadou Kourouma, est né en 1927. Il était ivoirien. Il est mort en 2003. Il a obtenu le prix Jean Giono pour l'ensemble de son oeuvre.

Le livre "Allah n'est pas obligé" a obtenu, en 2000, le prix Renaudot, le prix Goncourt des Lycéens et le prix Amerigo-Vespucci.
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Allah n'est pas obligé

Mon avis est, ici, mitigé. Il n'y a pas eu d'enthousiasme, de coup de coeur. La lecture est intéressante mais n'empêche pas l'ennui, la faute à l'écriture qui alourdit le texte même si elle révèle, aussi, le talent de l'auteur. Il en faut, en effet, du talent pour faire parler un enfant de 12 ans. Il faut le rendre crédible. C'est le cas dans ce roman. C'est Birahima qui parle, qui raconte ses "aventures", les guerres auxquelles il prend part. C'est Birahima qui dit les horreurs et les misères qu'il rencontre. Il dit un monde "sauvage" que l'on ne connait pas. Il le dit avec une distance, une hauteur, un froid qui interroge. Il n'y a pas d'émotions dans sa voix, il n'y a pas de sensibilité. Il y a un regard qui témoigne, qui dit ce qu'il vit, ce qu'il sait, ce qu'il voit. Sa plume n'étant pas suffisamment armée, il s'aide de dictionnaires pour se faire comprendre. Ce n'est pas très bien écrit. C'est pleins de traductions et de répétitions qui ralentissent la lecture et la rendent pénible mais on ne peut attendre autre chose d'un narrateur de 12 ans. L'écriture donne ainsi une crédibilité au récit qui perd, en même temps, de sa qualité. Il faut cependant ajouter qu'elle gagne en maturité puisqu'elle évolue au fil du récit. Elle est moins défaillante, moins hésitante. Elle est d'ailleurs d'une grande efficacité lorsqu'il s'agit, pour le narrateur, de parler politique; ce qui fait perdre au récit un peu de sa crédibilité; un enfant de 12 ans ne pouvant pas en être l'auteur. Difficile, dans ce roman, d'allier crédibilité et beauté. Ce roman est à conseiller même s'il n'est pas le coup de coeur espéré.
Lien : http://kanimezin.unblog.fr/2..
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Allah n'est pas obligé

L'itinéraire initiatique d'un enfant soldat, magnifique.....
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Allah n'est pas obligé

Allah n'est pas obligé d'Ahmadou Kourouma est un des livres que je pourrais lire plusieurs fois sans m'en lasser. L'histoire du jeune orphelin Birahama qui deviendra par la suite un "enfant soldat" nous montre bien la dure vie des enfants africains durant les guerres qui ravagent leur pays. Birahama est un enfant qui a subi beaucoup de malheur dans sa vie mais malgré ça il reste un enfant naif. Ce personnage est le genre de personne à qui on s'attache dès le début du texte, peut être l'une des raisons pour laquelle ce livre est si entrainant. Dans ce roman on nous montre la guerre mais on nous plonge également dans les traditions et croyances africaines qui restent ancrées dans le pays malgré tout. Dans sa facçon d'écrire, Ahmadou nous donne l'impression qu'il est un jeune enfant âgé d'à peine quatorze ans. Grâce à sa façon d'utiliser des mots et expressions d'habitude utilisés seulement par les jeunes ,qu'il prend le temps d'expliquer à chaque utilisation. En conclusion, ce livre est un livre que je conseille à n'importe qui, surtout aux personnes amatrices de roman d'aventure et de drame.

Morgane
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Allah n'est pas obligé

Livre obligatoire au cegep alors qu'il venait de gagner le Gongourt. Le seul livre que j'ai vraiment détestée, peut être parce que je devais le lire jusqu'au bout. Je n'ai pas aimée tout ce flux et ce reflux de haine, de colère et de ressentiment. Les structures de phrases n'étaient pas traditionnelles non plus. Peut être que dix ans plus tard j'apprécierais ce livre d'avantage mais le seul souvenir que j'en garde est de la colère d'avoir du subir cette lecture.
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Allah n'est pas obligé

Dès l’incipit, Birahima, le narrateur, enfant-soldat, annonce la couleur en six points. Au commencement, il est « p’tit nègre », non pas parce qu’il « est black et gosse » mais parce qu’il « parle mal le français ». Deuxièmement, il a quitté l’école très tôt. Troisièmement et quatrièmement, il est insolent et impoli. Cinquièmement, pour clarifier son français au doigt mouillé et profondément africanisé, il dispose de quatre dictionnaires qui accompagneront le lecteur tout au long du récit. A la fin, comme un point incontournable de sa personnalité, il avertit et assume qu’il est maudit parce qu’il a « fait du mal à sa mère ».



Et peut-être comme un signe tragique de cette malédiction, il perd très tôt sa mère atteinte d’un cancer incurable. La communauté villageoise décide alors que Birahima, du haut de ses dix ans, sera confié à sa tante, désormais sa mère putative. Il incombe à Yacouba, un bandit boiteux du village, de le conduire chez Mahan résidant au Libéria. Féticheur et multiplicateur de billets de banque, ce dernier espère se faire beaucoup d’argent dans ce pays déchiré par une guerre tribale et où justement les gris-gris contre les balles se vendent à des prix mirobolants.



Ce voyage constitue une seconde initiation qu’accomplit le petit Birahima. Si la première avait sanctionné son entrée dans l’âge « adulte », par le biais de la circoncision, à travers celle-ci, il se frotte aux réalités de la guerre et découvre le drame d’un pays et d’une population livrés au chaos, à la boulimie et à la cruauté des acteurs politiques.



C’est aussi un voyage dans une faconde et un langage atypiques. Heureusement, le narrateur dispose de plusieurs dictionnaires pour éclairer la lanterne du lecteur, sinon celui-ci aurait chaviré dans ce flux de mots insolents, décomplexés. Car la parole de Birahima dérange les esprits à cheval sur la morale et le français pur.



Durant tout ce voyage pittoresque, le lecteur demeure constamment secoué par une langue authentique, cadencée, menée tam-tam battant.



Nos deux baroudeurs pénètrent dans le Liberia en guerre par la petite porte et se font accueillir par des rafales de mitraillettes de la faction NPFL, l’une des trois qui écume le pays. L’enfant s’incorpore toute affaire cessante dans la section des enfants-soldats de l’armée du colonel Papa le bon, tandis que Yacouba est engagé comme « grigriman », féticheur. Ce seigneur de guerre, l’un des bandits de grand chemin faisant main basse sur le Libéria, porte plusieurs casquettes : prêtre, « désensorcelleur », philanthrope et juge. Mais son camp finit par être pillé et saccagé à la suite d’une émeute des prisonniers de guerre.



Les deux aventuriers rejoignent ensuite la faction du Ulimo, la bande des loyalistes et héritiers du défunt Samuel Doe. Dix années plus tôt, ce troupier en connivence avec Thomas Quiompka, tous ressortissants des deux principales ethnies indigènes du pays, avaient réussi un coup de force contre le président d’origine afro-américaine, appartenant lui à une communauté d’esclaves affranchis et réinstallés au Libéria. Tenant le haut du pavé, ils se sont comportés pendant des décennies en colons arrogants et égoïstes envers les indigènes.



Une fois aux manettes, Samuel Doe élimine les grands cadres afro-amériacains et assoit un pouvoir tyrannique et tribal dont le rouleau compresseur finira par écraser Quiompka, son second couteau d’hier et d’autres grosses légumes de la même ethnie. Les rescapés s’en fuiront en Côte d’ivoire, puis seront refilés au seigneur Kadhafi par le dictateur Boigny. Entrainés en Lybie, ils revienvront avec quelques armes et surtout un esprit vindicatif. C’est l’amorce de la guerre civile en 1989.



Le roman est jalonné de la scansion d’oraison funèbre en l’honneur des enfants tombés au front. Histoire de leur rendre un dernier hommage, Birahima revient sur leur bref parcours sur cette terre, révulsé qu’il est par l’injustice des adultes qui les ont obligés à s’enrôler dans des groupes armés. « C’est la guerre tribale qui veut ça » tinte dans le récit comme un refrain macabre soulignant l’horreur du conflit. Quant à la récurrence des jurons et des invectives, elle suggère le caractère oral du texte et l’insouciance du narrateur. Birahima n’a absolument pas la langue dans sa poche et se fend de tout de ce qu’il croit être la vérité sans se soucier du politiquement correct : « c’est bien qu’on assassine affreusement [les patrons sociaux libanais], ce sont des vampires ».



Dans leurs pérégrinations chaotiques et mouvementées dans le Liberia en guerre, Birihima et Yacouba vont collaborer successivement avec plusieurs groupes rebelles, mais secrètement aiguillonnés par un seul objectif : retrouver Mahan.



Sur le ton de la raillerie, le narrateur s’en prend aux agissements de l’establishment de ce monde « totalement pourri ». Tout le monde est en effet coupable de quelque forfaiture, que ce soient l’Ecomog qui massacre sans faire le détail, les chefs de guerre, les compagnies forestières ou minières, les présidents dictateurs ou encore les féticheurs. Exclusivement, les enfants-soldats sont innocents mais manipulés et utilisés par cet aréopage de grands bandits.



La rareté des dialogues illustre que seul compte le point de vue du narrateur. Birahima est un enfant sûr de posséder la vérité, cette vérité innocente par-devers les enfants.



En tant que régisseur incontesté et incontestable, il raconte l’histoire à son unique guise, interrompt la relation de certains événements en promettant d’en reparler un peu plus tard si cela lui sied, ou s’interrompt tout bonnement parce que lui aussi, comme Allah, n’est pas obligé de raconter sa « chienne de vie » avec l’effort supplémentaire de consulter dictionnaire sur dictionnaire pour se faire comprendre des lecteurs du monde entier (portée universelle) et révéler à l’humanité à travers sa vie les atrocités de la guerre. Parfois, énervé, il va jusqu’à insulter (« Faforo, bangala du père » ; « Gnamakodé ») et annoncer brusquement qu’il s’arrête là pour aujourd’hui.



D’autres cas de force majeur poussent ensuite Birahima et Yacouba à s’enrôler dans la faction du prince Johnson, comme enfant-soldat et féticheur musulman. Ce sont là deux métiers très réclamés dans le Liberia de la guerre tribale. Ce bandit de grand chemin, prince Johnson, a réussi à avoir sous sa coupe non seulement l’institution religieuse de la sainte Marie-Béatrice, mais aussi la compagnie de caoutchouc qui lui verse mensuellement des royalties. Un accord qui suscita la convoitise des autres factions subversives et le déclenchement d’une confrontation sanglante tragiquement ponctuée par l’intervention de l’Ecomog.



Les deux flibustiers réussissent à s’enfuir et apprenant au vol que Mahan est partie pour la Sierra-Léone, ils continuent leurs pérégrinations vers ce pays voisin.



La Sierra-Leone est à son tour déchirée par une guerre civile et un chapelet de coups d’Etat depuis son indépendance en 1961. Fodé Sankoh à la tête de la rébellion, RUF, tient tout le pays en otage. Il rompt les accords de paix aussi rapidement que signés. Cruel, il a coupé la main de plusieurs de ses compatriotes pour les empêcher de se rendre aux urnes.



Nos deux aventuriers intègrent ce groupe en tant que féticheur et enfant-soldat. Cependant au milieu de ce chaos, une femme de poigne, Hadja Aminata Gabrielle, arrive à s’imposer et à défendre un pensionnat de filles intactes avec pour noble mission de protéger leur virginité jusqu’au retour de la paix, moment où elle les excisera avant les rendre à leur famille. Tout malheureux qui dépucelle une de ces filles est sauvagement assassiné. Pour venger l’un des leurs, les Kamajor, une milice à la solde du gouvernement, après deux semaines de siège, finirent par l’abattre.



Plusieurs personnages se font ainsi un clin d’œil dans le roman, une espèce de gémellité les liant. Birahima l’enfant-soldat à la recherche de sa tante et son cousin Saydou engagé pour le même objectif. Yacouba et Sékou, féticheurs et multiplicateurs de billets de banque, se rencontrent épisodiquement au Libéria et en Sierra-Leone où ils espèrent faire fortune. Marie-Béatrice et Hadja Aminata Gabrielle, femmes religieuses de caractère, croient en leur divine mission et protègent avec hargne leurs institutions et leurs idéaux.



D’après une nouvelle une information sur la présence de la tante dans un camp de réfugiés, Birihima et Yacouba s’y rendent et à leur grande déconvenue apprennent la mort de Mahan. C’est en rentrant en Côte d’ivoire à bord du véhicule de son oncle que l’enfant commencera à raconter à celui-ci ses aventures picaresques, militaires et tragiques. Celles de tout un continent sombrant dans le chaos à la charnière du vingtième et vingt-et-unième siècles.



Birahima se pose le long de l’histoire en justicier ou plutôt en procureur assénant systématiquement un titre, une épithète culpabilisante à tous les bourreaux : « les libanais voleurs et corrupteurs ; « les nègres indigènes sauvages » ; « les Toubabs colons colonialistes anglais » ; « Doe le dictateur du Liberia » ; « Taylor le bandit de grand chemin » ; « Ecomog, forces d’invention qui ne s’interposent pas » ; « Yacouba le bandit boiteux… »



Dans ce roman viscéralement poignant, Ahmadou Kourouma nous frappe encore de plein fouet avec sa marque de fabrique langagière d’une exceptionnelle particularité. Il sait toujours sortir du sentier battu et emprunter un raccourci à la fois neuf et incroyablement dérangeant.



Page après page, à travers la langue insolente et décapante de l’enfant, défile l’histoire contemporaine de l’Afrique et son cortège de dictatures, de guerres tribales et de défis à relever. Il force le trait notamment sur la balkanisation raciale de nos pays. La composante démographique se trouve être malheureusement le péché originel du Liberia et de la Sierra-Leone, tout comme de maintes nations africaines en proie à des frictions à connotation politique et surtout ethnique. A se demander si L’Afrique sera un jour assez intelligente et forte pour dépasser cet imbroglio tribal et vivre sur un large espace de paix et de tolérance. A-t-elle d’ailleurs une autre solution crédible que celle de l’ouverture identitaire pour accéder à un développement intégré et inclusif ?



Clin d’œil à mon pays, la Guinée, souffrant d’une même tare originelle.
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Allah n'est pas obligé

Très bon
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Allah n'est pas obligé

Dans la tête d'un enfant soldat : un livre dont on ne sort pas indemne. J'ai tout aimé, seulement été dérangé parfois par la narration un peu trop vulgaire - mais justifiée du narrateur- . Ce roman à l'immense mérite de dénoncer l'horreur de la guerre et des actes barbares raconté par un enfant soldat, qui ne mesure pas tout ce qu'il fait. Certains passages sont durs.

Hélas toujours autant d'actualité qu'à sa sortie...
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Allah n'est pas obligé

Un récit fort, comme l’annonce le résumé, il s’agit d’un enfant embrigadé dans une guerre dès son plus jeune âge. Il est précisé qu’il s’agit d’un roman et pourtant on croirait à un long article, il s’agit vraisemblablement d’un livre fait autour de plusieurs témoignages. C’est aussi une bonne occasion pour (re)voir son histoire sur l’Afrique de l’Ouest.

Barahima, un enfant lucide, avec son innocence il sait se poser les bonnes questions, il sait que tuer c’est mal même sous couvert d’une religion. C’est ce qui m’a le plus plu, l’intelligence de ce gamin est ce qui porte le roman, sans ça le roman serait probablement passé à côté de l’essentiel, et le petit serait mort avant la fin du livre.

Les chapitres sont longs mais se laissent dompter, il y a beaucoup à raconter, ça ne m’a pas dérangé car l’écriture est bonne, tous les détails sont utiles, bref il y a un bon rythme.



Impossible de rester insensible face à toutes ces tragédies, une intrigue d’une rare violence et cruellement vraie.
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Allah n'est pas obligé

Allah n'est pas obligé attendait depuis plus de 10 ans dans ma bibliothèque, il était temps que je le lise! Le narrateur, Birahima, 10 ou 12 ans, nous raconte son parcours d'enfant soldat dans le chaos des guerres tribales dans l'Afrique de l'Ouest des années 1990. Les forces de ce roman, qui a reçu plusieurs prix, font aussi ce qui m'a déplu. L'auteur se met à la place d'un enfant soldat, qui a quitté jeune l'école, ponctue ses paragraphes d'injures, et explique beaucoup des termes employés à l'aide du dictionnaire. Ce style est très bien adapté au roman et à son propos, mais je n'ai pas accroché. Autre point positif pour l'auteur mais négatif pour moi : malgré les atrocités racontées, je n'ai ressenti quasiment aucune émotion, moi qui suis d'habitude très sensible. Mais finalement ça colle bien avec ce personnage d'enfant soldat qui a été drogué, déshumanisé et habitué à subir/provoquer la violence dans une anesthésie des sentiments. Enfin, les passages décrivant le contexte ont un côté documentaire qui m'a fait un peu décrocher. Je suis peu familière de cette région du monde et de cette histoire, j'avais envie d'en savoir plus mais j'étais un peu perdue.
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Allah n'est pas obligé

L'histoire commence par la présentation d'un enfant vivant en Afrique.Il raconte son enfance ainsi que celle de sa mère, il ne nous dit rien par rapport à son père.Un jour sa mère meurt et il va être obligé de partir avec un homme pour rejoindre sa tante dans un autres pays.Au cours de ce périple il va lui arriver plusieurs mésaventures, il finira enfant soldat, il participera donc à plusieurs conflits entre bandes rivales et devra changer de pays pour retrouver sa tante.



J'ais bien aimé ce livre (allah n'est pas obligé) car l'histoire de ce jeune homme est intéressante et l'écriture est facile en revanche la fin de l'histoire est plus compliquer à comprendre et elle est trop longue.
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Allah n'est pas obligé

Birahima est comme beaucoup d'enfants de ce coin d'Afrique , délaissé par son père et orphelin de mère .Alors comme d 'autres , ils tombent entre les mains de marabouts , grigri man ou multiplicateur de billets à deux balles et c'est la fin , symbolisée par une kalach et des gris gris fétiches.



A travers l'histoire de cet enfant soldat, l'auteur revient sur l'histoire mouvementée du Liberia et de la Sierra Leone . C'est culturellement très intéressant et humainement effroyable !

Un exemple : pour que des élections ne se tiennent pas un groupe rebelle s'évertua à couper mains et bras à tous ceux qui pouvaient mettre un bulletin dans une urne. Oui, dans ce livre aussi les limites sont repoussées.



Ce qui fait le sel de ce roman est la prose de l'auteur qui s'appuie sur le narrateur , le jeune Birahima , qui s'exprime comme un enfant de 10 ans , avec des expressions puisées autant en Afrique qu'en Occident. Si cela n'atteint pas le niveau de la vie devant soi de Romain Gary, c'est quand même réussi. Et parfois drôle , puisque le jeune Birahima nous explique beaucoup de ses tournures , Faforo ! (bangala de mon père, c'est le sexe !).



Une lecture instructive , qui fait froid dans le dos et relativise certains problèmes occidentaux
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Allah n'est pas obligé

Ce roman m’a fait découvrir le sort des enfants-soldats en Afrique. J’ai reçu cette histoire comme une claque en pleine figure.



On y suit l’itinéraire de Birahima. Du Libéria à la Sierra Leone, il se retrouve enfermé dans une spirale de violence.



Ahmadou Kourouma est ivoirien et nous livre cette histoire écrite dans le « parler africain », ce qui rend le récit encore plus réaliste. Les horreurs de la guerre y sont décrites crûment, sans aucune concession...



la suite sur http://leslecturesdeclarinette.over-blog.com/article-664881.html
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Allah n'est pas obligé

Que se passe-t-il en ce moment ? Alors que dans toute ma carrière de lectrice, les abandons de lectures doivent se compter sur les dix doigts, voilà que cette semaine, j'en suis à deux livres stoppés par manque d'intérêt... Mauvais choix de départ ou prise de conscience (tardive !) que la vie est trop courte pour s'ennuyer dans un roman alors que tant d'autres m' attendent ?



Avec le soleil, j'ai envie d'Afrique et ce désir avait été pleinement comblé avec "La saison de l'ombre" de Leonora Milano. Attirée par tous les prix reçus par "Allah n'est pas obligé", je pensais poursuivre ma découverte du continent africain. L'histoire de ce jeune orphelin parti au Liberia à la recherche de sa tante et enrôlé comme enfant-soldat aurait pu être émouvante. Mêlant cynisme et humour, Birahima nous conte les atrocités de son quotidien, la guerre étant un environnement naturel pour lui. Si je comprends tout à fait que les mots sont ceux d'un enfant d'une douzaine d'années, je n'ai pas vraiment trouvé de justification à ces définitions tirées du Larousse et autres dictionnaires, qui reviennent sans arrêt. Si le fond est tout à fait louable, pour moi, le style est déplorable : saccadé, répétitif, il rend la narration compliquée. J'ai honte devant certaines critiques très positives, mais j'assume : 1/2 étoile pour abandon à mi-parcours.
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Allah n'est pas obligé

Roman réaliste qui donne le frisson. Tout semble vrai, et l'est sans doute. Un enfant-soldat (mesurons déjà l'absurde de cette situation...) raconte avec naïveté et lucidité sa vie de merde dans la guerre tribale, les crânes sur des poteaux à l'entrée de camps, les kalachs aux cous des bandits, les morts atroces, les viols, le hasch, le labyrinthe mortifère des factions politico-maffieuses du Liberia et de Sierra Leonne, le bordel des violences tout azimut. Lecture effarante quand on se dit que c'est aujourd'hui, que ce que nous montre l'actualité, la Côte-d'Ivoire au bord de la déchirure, ça aboutira fatalement (car c'est la fatalité, Allah n'est pas obligé d'être juste dans toutes ses choses ici-bas) à des horreurs comme celles décrites. Que faire ?

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Allah n'est pas obligé

Grande découverte ! très beau livre retraçant le parcours d'un enfant soldat

Birahima. Au début le style d'écriture peut déranger mais le lecteur s'y fait vite

! On découvre à travers les pensées et la vie du personnage la guerre qui sévit.

Très touchant et amène à réfléchir.
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Allah n'est pas obligé

Roman sans fioriture sur les enfants soldats...
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Allah n'est pas obligé

Birahima, jeune garçon malinké de dix ou douze ans, a quatre dictionnaires pour raconter son blabla, sa vie de merde: le dictionnaire Larousse et le Petit Robert pour "chercher et expliquer les gros mots français aux noirs nègres indigènes d'Afrique", l'Inventaire des particularités lexicales du français d'Afrique pour la même raison mais dans l'autre sens, pour nous; et enfin le Harrap's pour nous expliquer le pidgin.



Car Birahima a beaucoup à nous dire sur sa vie d'enfant soldat, et il nous joint tout de suite, avec son insolence et son "parler petit nègre" à nous asseoir, à l'écouter et à noter tout ça.

Commence alors le récit de ces horribles années, la mort de sa mère, son enrôlement dans la guerre civile, son kalachnikov, la drogue, la mort, les massacres.

L'écriture est riche, orale, percutante, insolente comme ce gamin, et on en oublierait presque que c'est ce vénéré, ce grand et vieux Ahmadou Kourouma qui se cache derrière ce récit.

Les premières lignes surtout nous entraîne et une fois qu'on les a lues, ferré, on ne peut plus abandonner ce livre. Et tant mieux. Car en dehors de son indéniable qualité littéraire, il nous entraîne tout droit dans ce cauchemar qu'endurent des milliers d'enfants-soldats totalement déboussolés et manipulés dont on ne parle, bien souvent, qu'une fois le conflit apaisé.



A lire, absolument.

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Allah n'est pas obligé

Roman d'Ahmadou Kourouma. Lettre K de mon Challenge ABC 2010.



Birahima raconte son histoire. Il a 12 ans, appartient à l'ethnie Malinké et a déjà traversé le Liberia et la Sierra Leone. Dans ces deux pays déchirés par les guerres ethniques, il est enfant soldat, portant haut et avec assurance sa kalachnikov. Birahima, jeté sur les routes après la mort de sa mère, accompagné de Yacouba, un grigriman féticheur et multiplicateur de billets, raconte un récit fait de violence, de cruauté et de barbarie, mais teinté d'innocence et d'insolence.



"Allah n'est pas obligé d'être juste dans toutes ses choses ici-bas." (p. 9) Cette phrase, répétée à l'envi par le garçon, ancre le récit dans l'Islam d'Afrique noir et résonne comme le verset d'une sourate. Entre fatalisme et rébellion, le jeune narrateur délivre son histoire: à la fois résigné et soumis aux volontés de son dieu, il s'insurge quand on piétine ses valeurs. L'ethnie Malinké, qui pratique l'Islam, à laquelle il appartient s'oppose à l'ethnie Bambara, composée de "cafres", des non-convertis à l'Islam. Mais si les deux ethnies s'affrontent, Birahima reconnaît que "les Bambaras sont les vrais autochtones, les vrais anciens propriétaires de la terre." (p. 22) Le droit du sol et le droit du sang sont au coeur d'un conflit qui ressemble à tant d'autres.



La francophonie trouve un représentant de choix dans Ahamadou Kourouma qui prête à son personnage un langage coloré fait d'un métissage de langues. "Suis p'tit nègre. Pas parce que suis black et gosse. Non! Mais suis p'tit nègre parce que je parle mal le français. [...] Même si on est grand, même vieux, même arabe, chinois, blanc, russe, même américain: si on parle mal le français, on dit on parle p'tit nègre." (p. 9) Et pourtant, Birahima fait des efforts. Il possède quatre dictionnaires: le Larousse et le Petit Robert pour la langue française, l'Inventaire des particularités lexicales du français d'Afrique avec lequel il explique les mots que les toubabs - les blancs - ne peuvent pas connaître et un Harrap's pour les mots d'anglais. Son discours est sans cesse ponctué de définitions et de précisions lexicales, comme si l'enfant était fier de dresser la liste des mots qu'il connaît.



La qualité principale du récit de Birahima, c'est la franchise décomplexée. Il ne cache rien de son passé violent: "J'ai tué beaucoup d'innocents au Liberia et en Sierra Leone où j'ai fait la guerre tribale, où j'ai été enfant-soldat, où je me suis bien drogué aux drogues dures." (p. 12) Quand il est fatigué de raconter, il stoppe son récit et envoie paître son interlocuteur. Il ponctue son récit de gros mots malinkés, tous en rapport avec le sexe. L'enfant, qui a déjà tout vu des horreurs du monde, n'est pas traumatisé. Enfant-soldat volontaire et enthousiaste, il montre la guerre tribale sous un jour qui, s'il est fait d'horreur et de sang, n'est pas malheureux. Birahima présente le quotidien privilégié de ces enfants qui, arme à la main, se sentent les rois du monde.



Malgré toutes les qualités et les beautés tragiques de cette histoire, je n'ai pas été touchée par le récit de Birahima. Les cent premières pages m'ont plu. Mais la suite qui traite beaucoup de politique et de guerre m'a ennuyée. Peut-être parce que je connais mal cette région, son histoire et ses troubles. Néanmoins, la plume d'Ahmadou Kourouma m'a séduite: chaude et colorée, elle jette un voile de douceur sur un récit d'horreur.
Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Allah n'est pas obligé

un très belle ouvrage
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