Lorsqu’ils recherchent pouvoir et argent, les requins se retrouvent : ceux d’occident, richissimes et respectables, qui rentrent du conseil d’administration caresser leur chères petites têtes blondes, ceux des pays "sous-développés en voie de développement", qui citent la bible à longueur de journée et achètent des palaces grâce à l’aide humanitaire. Et les autres, tous les autres, actionnaires, cadres supérieurs, députés de démocraties libérales, présidents de républiques nauséabondes aux ministres nombrilistes assoiffés de notoriétés, militaires avides et policiers corrompus. La liste n’est pas clause, loin s’en faut. Tous ceux donc qui regardent ailleurs faignant ne pas savoir, de ne pas vouloir s’ingérer dans les affaires d’autrui, mais sont ébahis par les prouesses de leurs rejetons.
A ceux là on doit le pire que l’homme en quelques millénaires de barbarie ait pu produire : armer des enfants pour faire la guerre à leur place.
“Allah n’est pas obligé d’être juste dans toutes les choses qu’il a créées ici-bas.” Telle est la maxime favorite du jeune Ibrahima pour justifier l’avalanche de malheurs qui s’est abattue sur lui depuis sa naissance.
Armé d’un Larousse, d’un Petit Robert, de l’Inventaire des particularités lexicales du français en Afrique noire, il entreprend de conter son histoire sur un mode tragi-comique : celle d’un orphelin qui, envoyé chez sa tante au Liberia par le conseil du village, s’enfoncera dans la guerre civile en devenant enfant-soldat. En lui prêtant sa plume, Ahmadou Kourouma, l’une des plus grandes voix de la littérature africaine, fait surgir avec maestria toute l’horreur des destins arrachés à l’enfance par les affres de l’histoire contemporaine. Un livre bouleversant.
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