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Critiques de Ahmadou Kourouma (217)
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Allah n'est pas obligé

Ce livre a été une grosse baffe dans la gueule (en restant poli). On y suit Bihirima, petit garçon libérien qui est entrainé dans la spirale des enfants soldats en Afrique. On voit de l'intérieur l'ambiance de ces milices, de ces enfants qui ont vu trop de choses beaucoup trop tôt. Ça fait vraiment froid dans le dos. Quand on a 9, 10, 11 ans, on n'a pas la construction mentale d'un adulte et quand on voit des horreurs tous les jours, on s'y habitue et ça devient normal. L'auteur s'est mis dans la peau d'un de ces enfants-soldats et c'est vraiment saisissant et bouleversant.
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Yacouba, chasseur africain

Mathieu débarque à Abidjan, la perle des lagunes pour ses premières vacances en Côte d'Ivoire dans la famille de son oncle. Dans l'étouffante chaleur le petit touabou découvre une autre culture du marché des feux rouges au respect du aux anciens et aux chasseurs, sorciers et guérisseurs professionnels. La rencontre avec le premier d'entre eux, Yacouba, lors de la crémonie du Kénai, cérémonie au cours de laquelle les garçons et les filles sont scarifiés pour marquer le passage à l'âge adulte bousculera ces certitudes et ouvrira son esprit et celui du lecteur à un espace culturel bien vivant aujourd'hui.



https://youtu.be/pCdjhtt9g24
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Allah n'est pas obligé

D’un registre horrifique conjugué à un ton lyrique. Kourouma parle des violences historique oublié, les guerres civiles au Liberia et au Sierra Leone. Un récit touchant mais extrêmement dur à lire par moment, Kourouma se met à la place des bourreaux, des scènes presque impossible à imaginer. L’auteur aborde aussi le sujet des enfants soldats, enfants drogués et utilisés dont l’espérance de vie est d’environ 20 ans…

Des sujets oubliés, des gens oubliés bref lisez ce livre
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Allah n'est pas obligé

Allah n'est pas obligé d'Ahmadou Kourouma ( Points - 224 Pages )



En lisant ce livre, j'ai vécu depuis deux jours dans l'horreur. Oui, dans les tueries, les tortures, les viols et j'en oublie.

Un petit bambin orphelin est emmené au Liberia par un marabout escroc pour retrouver sa tante.

Libéria qui a déclaré son indépendance en 1847

Cet enfant qui raconte sa vie deviendra un enfant-soldat avec une Kalachnikov.

Ces mômes sont drogués pour se sentir forts et tuer sans état d'âme.

Il ira en Sierra Leone, pays en pleine guerre tribale et coups d'états.

Sierra Leone est une ancienne colonie anglaise fondée pour accueillir les noirs américains libérés de l'esclavage.

Pays indépendant depuis 1961.

Les massacres défilent le long des pages.

Pire que des bêtes sauvages, aucune pitié même pour les bébés.

Ces hommes sont des barbares qui croient à leurs gris gris qui les rendent invulnérables aux balles.

Certains mangent le coeur de leurs victimes pour être plus forts.

Durant tout ce récit des années 90, aucun empathie, la folie est partout.

J'ai refermé ce bouquin en étant heureuse de me retrouver tranquillement chez moi loin de ces pays sanguinaires pourris par la corruption.

J'espère qu'aujourd'hui ces pays ont trouvé un régime plus démocratique et que ces pauvres gens puissent vivre en paix.

J'ai gardé de merveilleux souvenirs du Sénégal, de la Cote d'Ivoire où j'ai rencontré des habitants charmants.

L'anarchie conduit au pire où la noirceur de l'âme humaine peut commettre des actes abominables.

A lire si vous avez un caractère solide pour supporter l'enfer.

Mireine







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Les Soleils des indépendances

Parfois, cette écriture m'a fait presque jouir. Cette façon d'imager, la crudité, sans tabou, pour tout sujet du plus pauvre au plus élevé, dans la drôlerie folle. Pas loin d'être jouissif, oui.

Alors que.

L'agression est permanente dans ce grand coin du monde, tellement puissante, tellement "normale", "banale", c'est ça qui tue. L'Occident doit comprendre ça. Et évidemment dans quel sens il ne fait qu'en profiter, aveugle ou cynique qu'il est.

L'Islam aussi doit comprendre ça. Lui aussi est aveugle. Ou cynique.

Le traitement des femmes est une ignominie.



Ce qui est à lire, n'est écrit nulle part ailleurs*.

Si je ne mets que quatre étoiles, c'est parce que trop souvent ma lecture et ma compétence et attention de lecteur se sont perdues. Dans de l'autre. Dans de l'ailleurs. Perdu.



---

*Récemment, j'ai lu Le devoir de violence de Yambo Ouloguem, on peut y trouver des élément ressemblants, mais en plus sombre (bien que), en plus dur (bien que), et en moins drôle (bien que).

Deux livres qui ne seront jamais anodins.
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Allah n'est pas obligé

Un livre édifiant qui éclaire les affrontements sanglants en Afrique de l'Ouest depuis l'indépendance jusqu'au début de ce siècle.

La vision et la narration par un enfant qui a tout perdu et qui devient un enfant soldat pour survivre éclaire ces conflits et la situation des populations d'une lumière insolite et glaçante.
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En attendant le vote des bêtes sauvages

Voici un livre que j'ai adoré. Pourtant, au début, j'ai eu du mal à entrer dedans avec sa forme narrative particulière.

Kourouma raconte, dans un ton très ironique, à l'aide de situations souvent ubuesques, la tragédie historique continue que rencontre le continent africain.

Il narre les péripéties magiques et politiques d'un dicateur / président d'un pays imaginaire.

Les potentats qu'il décrit ont tous le désir de domination d'une classe sur une autre.

Le personnage principal concentre d'ailleurs l'intégralité des stéréotypes du tyran africain; il est un monstre d'avidité, de pouvoir, de gloire, de sang, ...

Mais Korouma, en se servant de l'histoire politique de l'Afrique, la modifie pour la faire converger vers son récit "imaginaire".

Et il nous fait découvir une galerie de collègues "dictateur", plus monstrueux les uns que les autres.

Si on connaît un peu l'Afrique, on pourra y reconnaître Bokassa, Mobutu,, Hassan II, Sekou Touré ...

Mais sinon, cela ne porte pas préjudice à la lecture.

Un livre remarquable qui doit donner le désir aux Africains de vivre de manière pérenne dans une Démocratie en oubliant les réflexes mortifères.

Furieusement d'actualité









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Allah n'est pas obligé

Le narrateur, un enfant-soldat, raconte à la première personne les guerres civiles du Libéria et du Sierra Leone. Un récit incroyable, terrible et drôle à la fois, porté par une langue inventive, qui mêle la petite histoire du jeune narrateur et des personnages secondaires qu'il rencontrés dans son pénible sanguinaire à la grande Histoire de la prédation des jeunes Etats d'Afrique de l'ouest au lendemain des indépendances. Dans le fond comme sur la forme, un roman essentiel.
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Allah n'est pas obligé

Ce roman raconte l'histoire d'un enfant soldat après la colonisation. Les personnages sont puissants et une description des actions bien construite. Ce livre décrit un véritable enfer sur terre, rien ne peut y être plus corrompu, plus violent, plus sale, plus misérable et horrifique. La bonne idée de l'auteur a été de le raconter par la voix de cet enfant soldat, qui crée une certaine distance aux faits qui rendent les choses légèrement plus soutenable.
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En attendant le vote des bêtes sauvages

Un roman qui a un style particulier, oscillant entre le conte oral et la biographie romancée. Un bilan d'une carrière certes imaginaire mais tellement vraie qu'elle reflète celle des dictateurs d'Afrique de l'Ouest. Cette critique acerbe n'est pas uniquement celle de ces régimes mais également des pays colonisateurs, des traditions et des mythes, d'une société et de ses valeurs.

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Allah n'est pas obligé

En préambule, ce livre a été multi primé, des lecteurs l’ont apprécié, ceci n’est qu’un ressenti.

Je n’ai rien compris. Pourquoi ce style, pourquoi ces parenthèses permanentes ? Pour se mettre à auteur d’enfant, pour alléger l’atmosphère ? Le texte en est devenu illisible, dès la deuxième page, j’ai sauté toutes les parenthèses. Pourquoi toutes ces redites ? Pour la tradition orale du conte ? C’est tellement indigeste. Sur le fond, on a plus une liste d’exactions qu’autre chose. J’ai appris sur le conflit et les protagonistes, c’est extrêmement intéressant et édifiant mais j’ai eu une lecture diagonale pour en extraire les infos.

Sur le même thème, Johnny chien méchant d’Emmanuel Dongala.

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Les Soleils des indépendances

Les soleils des indépendances /Ahmadou Kourouma (1927-2003)

Quand souffle l’harmatan et que chantent les griots…

L’histoire, qui se déroule dans un pays utopique d’Afrique Noire appelé Côte des Ébènes, évoque la fin de l’hégémonie de la puissance coloniale et la vague des déclarations d’indépendance qui apparut aux yeux de tous comme le salut et l’avènement de la liberté pour une vie meilleure dans le développement économique harmonieux.

Hélas, pour beaucoup, ce changement engendra peines et tristesses, pauvreté et désespoir.

On fait alors connaissance de Fama Doumbouya, prince malinké, dernier descendant et chef traditionnel du clan. Avec l’indépendance, il a connu la perte de son commerce, l’indigence et le malheur et n’a plus comme héritage qu’une carte nationale d’identité plus celle du parti unique.

Avec sa femme Salimata, il a quitté le pays de ses ancêtres pour arpenter les différentes funérailles afin d’assurer son quotidien. Mais Salimata, qui ne parvient pas à lui donner de progéniture, est là cependant pour l’aider grâce à un petit commerce de plats préparés pour les travailleurs.

Salimata a été excisée puis violée par le marabout féticheur Tiécoura dans sa jeunesse et le souvenir indélébile de ces atrocités l’obsède.

Les années passent…La mort de son cousin Lacina va amorcer un changement radical dans la vie de Fama, car alors il doit lui succéder comme chef de clan à Togobala : il redécouvre la terre de ses aïeux qu’il avait quittée il y a maintenant bien longtemps. Il constate alors que l’âge d’or du clan Doumbouya est bien terminé et est bien décidé à redorer le blason familial en restant à Togobala et prenant pour seconde épouse celle veuve de son cousin, la belle Mariam.

Il rentre auprès de Salimata pour lui annoncer sa décision malgré les conseils d’un féticheur qui lui annonce ce voyage comme maléfique. La suite est comme l’avait prévue le mage.

Quel sera le sort de Fama au temps de l’indépendance et du parti unique tandis que l’ancien et le nouveau vont s’affronter en un duel tout à la fois tragique et dérisoire tandis que passe l’histoire avec son cortège de joies et de souffrances.

Dans ce beau et premier roman paru en 1968, une fable politique pourrait-on dire, au style merveilleux et très personnel, une langue réinventée pour la circonstance, pleine de foules, de fragrances et de bruits, Ahmadou Kourouma tout en évoquant la vie africaine mêlant le quotidien et le mythe, nous dépeint un tableau sombre d’une Afrique, avec les violences induites par les abus de pouvoir et l’autorité du parti unique, une critique des régimes politiques post-indépendance. L’auteur, portant un regard critique sur les gouvernants de l’après -décolonisation, dénonce avec ironie et humour le manque d’ouverture politique et l’absence de liberté, réduisant le peuple à la pauvreté économique, morale et intellectuelle. La démocratie est un leurre. Est aussi largement évoquée la triste condition des femmes avec excision traditionnelle et viol courant, des femmes soumises et en servitude comme le prescrivent les commandements d’Allah.

Écrivain ivoirien d’ethnie malinké, Ahmadou Kourouma a vécu une partie de son enfance à Togobala en Guinée (ici appelée république socialiste de Nikinaï). La Côte d’Ivoire est appelée Côte des Ébènes dans le roman.

En bref, un grand classique de la littérature africaine.

Extraits : « La piste montait et tournait ? Près de vingt ans de vie commune avaient amené Fama et Salimata à se connaître comme la petite carpe et le crocodile cohabitant dans le même bief. »

« Les soleils des indépendances sont impropres aux grandes choses ; ils n’ont pas seulement dévirilisé mais aussi démystifié l’Afrique. Il n’y eut aucune diablerie ébahissante, mais de toutes petites… »

« Lors des funérailles, tous les présents n’étaient pas que des hommes. Des génies-, des mânes, des aïeux, et même des animaux avaient profité de ce rassemblement et s’étaient ajoutés à la foule. »

« Du train ils débarquèrent dans la capitale, Fama et sa jeune femme Mariam, la veuve du défunt Lacina. Le matin était couleur petit mil et moite, un matin de sous-bois après une nuit d’orage… »

« Fama pensait que tout allait finir par s’arranger. « Même la guêpe maçonne et le crapaud finissent par se tolérer quand on les enferme dans une même case et pourquoi pas Maria et Salimata » se disait-il. »

« En politique, le vrai et le mensonge portent le même pagne, le juste et l’injuste marchent de pair, le bien et le mal s’achètent ou se vendent au même prix…Ils s’étaient tous enrichis avec l’indépendances (les politiques), roulaient en voiture, dépensaient des billets de banque comme des feuilles mortes ramassées par terre, possédaient parfois quatre ou cinq femmes qui sympathisaient comme des brebis et faisaient des enfants comme des souris. »





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En attendant le vote des bêtes sauvages

Amadou Kourouma nous offre un roman admirable sur plusieurs points, mais la lecture n'en est pas toujours facile.

Admirable par l'originalité de la narration avec ce concept de récit de griot en 6 veillées, qui chante les louanges du président dictateur Koyaga, tout en détaillant les abus auxquels lui et ses proches se sont abonnés.



Admirable aussi en tant que fresque historique qui nous replonge dans les intrigues de la colonisation, la periode des indépendances, de la guerre froide et de la françafrique. L'auteur nous présente donc , sous des noms d'emprunts, les dictateurs du Togo, du Maroc, de la Centrafrique, de la Côte D'Ivoire et de la RDC. Un rappel de l'immense cruauté et de la cupidité sans borne des colons et des pantins qu'ils ont mis au pouvoir est toujours utile, pour ne pas oublier ou banaliser le drame de cette époque pour les peuples colonisés.



Mais c'est justement là que la lecture se complique pour moi. En entrant dans les détails des pratiques de ces 4 dictateurs pour se maintenir au pouvoir en terrorisant les opposants, l'auteur nous assome de description de tortures,de meurtres et de toutes sortes de vices. Cela en devient éprouvant, car on ne peut s'empêcher d'être en colère contre l'absurdité tragique de ces dictatures et de l'immense souffrance des populations. C'est sûrement un but de l'auteur, nous plonger la tête la première dans la folie d'une poignée d'hommes africains et occidentaux , qui ont détruit tout espoir pour les générations à venir.



Voilà une lecture qui m'a secoué et m'a appris des choses sur ces périodes sombres, dans un style unique mais quand même un poil trop long à mon goût, j'ai dû m'accrocher pour le terminer.







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Allah n'est pas obligé

Le roman raconte l'histoire d'un enfant soldat impliqué dans les guerres civiles qui touchent le Libéria et le Sierra Leone à travers sa propre narration. Birihima raconte son histoire de manière crue, sans filtre.



Il raconte également le destin tragique d'autres enfants qui ont suivi la même trajectoire à travers l'oraison funèbre qu'il en fait, ce qui donne un aperçu de la vie tragique des ces enfants laissés pour compte qui, pour survivre, sont amenés à s'engager en tant qu'enfants soldats.



J'ai aimé ce livre, car à travers une plume originale et déroutante, Ahmadou Kourouma parvient à faire réfléchir sur cette triste réalité mais aussi sur l'état catastrophique de la gouvernance de ces pays. Personne n'est épargné et toutes les responsabilités sont évoquées.



Le livre m'a fait réfléchir au sujet de plusieurs problématiques telles que la tyrannie, l'oppression, l'ingérence politique, la place des différentes religions et croyances (monothéistes et animistes)et leur rôle dans ces guerres, et surtout au sujet de la protection de l'enfance qui incombe aux états.



PS : âmes sensibles s'abstenir, le récit est narré de manière très crue, et comprend, comme on peut s'y attendre, des histoires atroces. Le registre de langue y est parfois très vulgaire en accord avec la psychologie du personnage.
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Les Soleils des indépendances

LES SOLEILS DES INDÉPENDANCES, UN CLASSIQUE QU'IL FAUT TOUJOURS RELIRE





On ne peut pas ne pas citer Ahmadou Kourouma dès qu'on évoque la notion de roman africain. Nombreux critiques prennent sa création romanesque comme le début des productions romanesques des auteurs dits de la deuxième génération; car son écriture apporte des innovations formelles qui se démarquent des canons esthétiques des romans de la colonisation (première génération). Les Soleils....est devenu le bréviaire de cette nouvelle esthétique romanesque. Parlons-en un peu.



Ce qui fait la particularité de ce roman kroumanien, cest le style iconoclaste adopté par l'auteur. Son écriture sort des poncifs narratifs du roman colonial pour se frayer de nouvelles pistes. L'art n'est-il pas création? Kourouma réinvente donc le roman.

D'abord Les Soleils....n'est pas un récit linéaire où le narrateur développe une seule histoire ; c'est une compilation de deux histoires qui s'imbriquent pour former le récit : un macro-récit (La déchéance de Fama) et un micro-récit (la vie de Salimata). La narration est donc un va et vient entre le récit enchâssant qui englobe un récit enchâssé. Le narrateur réussit cette compilation avec une dextérité inouïe à travers une narration directe des faits; une narration à partir des souvenirs de Salimata ; et en donnant par moment la parole au griot.

Le récit se présente en trois parties; chacune des parties est composée de chapitres dont les titres sont prémonitoires du contenu et sont métaphoriques ou proverbiaux.......

En sus, l'innovation formelle dans Les Soleils.....est surtout perceptible au niveau de la langue. La problématique de la langue de l'écrivain se pose avec acuité dans ce roman. Peut-on réclamer une identité en nous exprimant dans la langue de l'Autre? Peut-on parler de liberté, d'affirmation de soi en écrivant toujours dans la langue de l'Autre? La langue française peut-elle traduire exactement l'émotion nègre ?.... C'est, me semble-t-il, à ces questions que répond l'innovation linguistique de Kourouma. L'auteur procède par une déstructuration de la syntaxe française, une traduction littérale de la langue Malinké, une adaptation de cette langue, une transposition de certains termes du terroir....en un mot, Kourouma réinvente la langue.

Le titre "Les Soleils des Indépendances" n'est qu'une traduction littérale du Malinké ; on peut lire :>. Dès la première phrase déjà, cet aspect se perçoit. , p.9. Dans ce passage, l'annonce du décès de Koné Ibrahima (avait fini) n'est qu'une traduction littérale du Malinké ; cette formule ne traduit pas l'idée de mort du point de vue de la langue française. Aussi le narrateur précise-t-il : .... Le terme "Gnamokode", partout dans le texte est d'origine Malinké. Le récit abonde également en proverbes d'origine Malinké.....



On pourra encore dire beaucoup de choses sur la forme,la langue de ce roman (les classiques sont inépuisables), Allah n'est pas obligé du même auteur illustre fort cette problématique linguistique....

Retenons que l'innovation formelle a fait de ce texte un panthéon romanesque...



Erick DIGBE
Lien : http://tatobook.blogspot.com
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Les Soleils des indépendances

Tout comme Force ennemie le mois dernier, je ressors de cette lecture sans savoir si j’ai aimé ou non. Je n’ai pas trop apprécié le personnage de Fama, mais en revanche j’ai beaucoup aimé celui de son épouse, qui permet à l’auteur de dénoncer toutes les violences faites aux femmes.



Challenge 2023 : un roman écrit par un auteur francophone.
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En attendant le vote des bêtes sauvages

Un livre passionnant qui nous fait plonger en plein cœur de l'Afrique au sein d'un régime dictatorial. Une vaste épopée que ce roman d'Ahmadou Kourouma qui retrace la vie d'un dictateur africain, de sa naissance à son règne en passant par sa prise de pouvoir, la vie de ses parents et de certains de ses conseillers.

Une fresque très imagée, de par la présence de nombreux proverbes africains, servie par une langue foisonnante. La magie et la sorcellerie, le culte des ancêtres sont omniprésents.

Ahmadou Kourouma dresse un triste mais réaliste portrait des relations de ce continent avec les pays occidentaux, de la colonisation aux soutiens de dictateurs mis en place et courtisés sur fond de guerre froide et de lutte anti-communiste. L'histoire contemporaine récente nous montre encore aujourd'hui que l'instrumentalisation de l'Afrique sur fond de sphères d'influence reste malheureusement d'actualité.

L'auteur s'inspire de personnalités, de chefs d'état ayant vraiment existé pour décrire les différents protagonistes rencontrés par Koyaga lors de son voyage initiatique.

Roman instructif, coloré, jubilatoire par instants, à lire bien sûr.
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Allah n'est pas obligé

Je ne comprendrai jamais comment ce livre a pu recevoir autant de prix littéraires; les 223 pages ne font que conter (avec délectation?) meurtres tous plus sanglants les uns que les autres, viols et autres exactions, sans parler des trafics, vols et autres détournements. "C'est normal puisque c'est la guerre tribale". Cette description brute sans le moindre recul me parait extrêmement pernicieuse; dans le meilleur des cas, ce livre n'apporte rien.
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En attendant le vote des bêtes sauvages

Ce livre narre la cérémonie purificatoire du dictateur Koyoga qui a pris la tête de la République du Golfe.

J'ai tout d'abord apprécié la description des traditions orales avec ces 6 veillées menées par Bingo, un "Sora" poète récitant qui fait la louange du dictateur et s'accompagne d'une cora, sorte de harpe africaine. Il y a aussi un autre homme pour l'accompagner : un "répondeur" , son apprenti.

Ils chantent et dansent ces récits de chasse appelés "donsomana" en malinké.

J'ai également apprécié l'ironie avec laquelle le roman restitue les différents événements historiques, guerres mondiales, guerre froide, guerres du Vietnam et d’Algérie, la décolonisation auxquels est liée l'histoire de ce dictateur. Le récit de la tournée initiatique auprès des grands dictateurs du continent est tristement irrésistible.

Un bon moment de lecture.
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Allah n'est pas obligé

Birahima, nous raconte son histoire.

Celle d'un petit garçon africain, âgé de 12 ans, qui après avoir perdu son père et sa mère, intègre l'armée des enfants-soldats. Il nous livre un récit terrifiant sur une époque de massacres dont les enfants sont les tristes héros.
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