Quelques années après l'indépendance de la Côte d'Ivoire, le peuple sort de ses désillusions. le départ des Français n'a pas apporté la prospérité ni la liberté. La situation au pays se détériore, le respect dû aux traditions et aux vieilles familles princières n'est plus ce qu'il était. Fama Doumbouya, un prince malinké déchu, erre dans la ville, d'un enterrement à l'autre. Même les griots (caste de poètes-musiciens, dépositaires de la culture orale) confondent l'histoire des grandes familles et improvisent des célébrations pour récolter quelques pièces.
Fama Doumbouya se rend compte de tout cela. On se rend compte de son destin tragique, dernier descendant d'une lignée de chefs de tribu, il n'arrive même plus à réaliser quelques profits au marché (ah… le temps des colonies…). Maintenant, il est presque contraint à mendier. Son combat entre sa déchéance et son honneur est triste et terrible. Justement, le roman constitue une longue, extrêment longue diatribe. En fait, ce n'est pas tant des récriminations qu'une lamentation. Écrit ainsi, ça peut paraître barbant mais j'ai bien apprécié cette lecture. C'est le premier roman d'Ahmadou Kourouma que j'ai toléré. le style est moins décousu, on est loin du narrateur enfant-soldat qui crache un lot incohérent de paroles, sautant du coq à l'âne.
Lire
Les soleils des indépendances, c'est être témoin de la lente agonie de ce monde, de ces griots et de ces chefs de tribu d'une autre époque et qui éprouvent de sérieuses difficultés à s'adapter à la modernité, au post-colonialisme. Maintenant, la corruption est partout et les politiciens sont davantage concernés à se maintenir en place et toute opposition est frappée durement. le pauvre Fama, qui n'a pas sa langue dans sa poche, se retrouve ne prison. Insulte suprême ! Ahamdou Kourouma a bien rendu ce magistral chant du cygne. À lire.