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EAN : 9782020259217
216 pages
Seuil (24/10/1995)
3.83/5   268 notes
Résumé :
Quel sera le sort de Fama, authentique prince malinké, aux temps de l'indépendance et du parti unique ? L'ancien et le nouveau s'affrontent en un duel tout à la fois tragique et dérisoire tandis que passe l'histoire, avec son cortège de joies et de souffrances.

Au-delà de la fable politique, Ahmadou Kourouma restitue comme nul autre toute la profondeur de la vie africaine, mêlant le quotidien et le mythe dans une langue réinventée au plus près de la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
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Les Soleils de Indépendances est le premier roman écrit par Ahmadou Kourouma, publié en 1968.

1968 : cela fait seulement huit ans que la Côte d'Ivoire est indépendante. La colonisation a pourtant laissé des traces dans le pays, Fama Doumbouya a payé pour le savoir. Ruiné par les Soleils des Indépendances, Fama n'a pas d'autre choix que de gagner sa vie en déambulant d'obsèques en obsèques. Ne vous étonnez pas, les obsèques dans certaines tribus africaines, durent quarante jours et tout le monde peut y participer. Y ont lieu des palabres sans fin et une distribution générale de nourriture.
Fama est donc un vautour. Quel sort amer pour ce dernier descendant d'une longue lignée de chefs de tribu malinké ! Salimata, son épouse, travaille dur pour le nourrir mais elle ne le supporte plus. Fama est incapable de lui faire un enfant, alors elle dépense tout son argent chez les marabouts. Quel triste ménage !
Alors Fama décide de retourner au village natal au fin fond des plaines arides et de reprendre les rênes de la tribu.
La suite, vous la saurez en lisant le livre !

Le style de ce livre est très particulier, Ahmadou Kourouma met la langue française au service de sa culture africaine malinké pour nous offrir ce roman. Ne passez pas à côté d'un des plus grand auteurs africains francophones !

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Dans son roman, Les Soleils des indépendances, A. Kourouma offre au lecteur une aventure au sein de la littérature africaine. Il mêle audacieusement le langage orale à son écriture, créant parfois un sentiment de malaise chez le lecteur. Toutefois, lors de la relecture de cette oeuvre, le lecteur s'aperçoit de toute la richesse et du charme ainsi crée par l'auteur. La langue française et malinké ne font qu'une pour entraîner le lecteur dans le monde postcolonialiste de l'Afrique du Sud. Les termes étrangers aspirent le lecteur à la suite du personnage principal et complexe de Fama Doumbouya, un prince malinké déchu. L'auteur ne présente pas un héros, mais un homme tiraillé entre sa déchéance en tant que prince et son humanité qui le pousse à être parfois antipathique au lecteur. Il ne s'agit nullement d'une simple critique contre la colonisation, mais plutôt de l'héritage et des profonds bouleversements qu'elle a laissés derrière elle. C'est là une oeuvre qui nous permet d'avoir un point de vue véritablement humain d'un homme qui a voulu profiter de l'ordre nouveau à bâtir, mais qui est nostalgique de son enfance princière.
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La référence de l'oeuvre de Kourouma. Un livre qui se lit en français et en dioula. Une certaine expérience de l'Afrique de l'ouest est surement nécessaire pour comprendre toutes les nuances linguistiques et culturelles de cet ouvrage qui retrace l'histoire d'un "prince" dérouté dans la période des indépendances africaines.
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Quelques années après l'indépendance de la Côte d'Ivoire, le peuple sort de ses désillusions. le départ des Français n'a pas apporté la prospérité ni la liberté. La situation au pays se détériore, le respect dû aux traditions et aux vieilles familles princières n'est plus ce qu'il était. Fama Doumbouya, un prince malinké déchu, erre dans la ville, d'un enterrement à l'autre. Même les griots (caste de poètes-musiciens, dépositaires de la culture orale) confondent l'histoire des grandes familles et improvisent des célébrations pour récolter quelques pièces.

Fama Doumbouya se rend compte de tout cela. On se rend compte de son destin tragique, dernier descendant d'une lignée de chefs de tribu, il n'arrive même plus à réaliser quelques profits au marché (ah… le temps des colonies…). Maintenant, il est presque contraint à mendier. Son combat entre sa déchéance et son honneur est triste et terrible. Justement, le roman constitue une longue, extrêment longue diatribe. En fait, ce n'est pas tant des récriminations qu'une lamentation. Écrit ainsi, ça peut paraître barbant mais j'ai bien apprécié cette lecture. C'est le premier roman d'Ahmadou Kourouma que j'ai toléré. le style est moins décousu, on est loin du narrateur enfant-soldat qui crache un lot incohérent de paroles, sautant du coq à l'âne.

Lire Les soleils des indépendances, c'est être témoin de la lente agonie de ce monde, de ces griots et de ces chefs de tribu d'une autre époque et qui éprouvent de sérieuses difficultés à s'adapter à la modernité, au post-colonialisme. Maintenant, la corruption est partout et les politiciens sont davantage concernés à se maintenir en place et toute opposition est frappée durement. le pauvre Fama, qui n'a pas sa langue dans sa poche, se retrouve ne prison. Insulte suprême ! Ahamdou Kourouma a bien rendu ce magistral chant du cygne. À lire.
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Une belle introduction à la culture africaine.
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Citations et extraits (71) Voir plus Ajouter une citation
Les soleils des Indépendances s'étaient annoncés comme un orage lointain et dès les premiers vents Fama s'était débarrassé de tout : négoces, amitiés, femmes pour user les nuits, les jours, l'argent et la colère à injurier la France, le père, la mère de la France. Il avait à venger cinquante ans de domination et une spoliation. Cette période d'agitation a été appelée les soleils de la politique. Comme une nuée de sauterelles les Indépendances tombèrent sur l'Afrique à la suite des soleils de la politique. Fama avait comme le petit rat du marigot creusé le trou pour le serpent avaleur de rats, ses efforts étaient devenus la cause de sa perte car comme la feuille avec laquelle on a fini de se torcher, les Indépendances une fois acquises, Fama fut oublié et jeté aux mouches.
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Il y avait une semaine qu'avait fini dans la capitale Koné Ibrahima, de race malinké, ou disons-le en malinké : il n'avait pas soutenu un petit rhume...

Comme tout Malinké, quand la vie s'échappa de ses restes, son ombre se leva, graillonna, s'habilla et partit pour le lointain pays malinké natal pour y faire éclater la funeste nouvelle des obsèques. Sur des pistes perdues au plein de la brousse inhabitée, deux colporteurs malinké ont rencontré l'ombre et l'ont reconnue. L'ombre marchait vite et n'a pas salué.
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Mais alors, qu'apportèrent les Indépendances à Fama ? Rien que la carte d’identité nationale et celle du parti unique. Elles sont les morceaux du pauvre dans le partage et ont la sécheresse et la dureté de la chair du taureau. Il peut tirer dessus avec les canines d'un molosse affamé, rien à en tirer, rien à sucer, c'est du nerf, ça ne se mâche pas. Alors comme il ne peut pas repartir à la terre parce que trop âgé (le sol du Horodougou est dur et ne se laisse tourner que par des bras solides et des reins souples), il ne lui reste qu'à attendre la poignée de riz de la providence d'Allah en priant le Bienfaiteur miséricordieux, parce que tant qu'Allah résidera dans le firmament, même tous conjurés, tous les fils d'esclaves, le parti unique, le chef unique, jamais ils ne réussiront à faire crever Fama de faim.
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Pourquoi les Malinkés fêtent-ils les funérailles du quarantième jour d'un enterré ? Parce que quarante jours exactement après la sépulture les morts reçoivent l’arrivant mais ne lui cèdent une place et des bras hospitaliers que s'ils sont tous ivres de sang. Donc rien ne peut-être plus bénéfique pour le partant que de tuer, de beaucoup tuer à l'occasion du quarantième jour. Avant les soleils de Indépendances et les soleils des colonisations, le quarantième jour d'un grand Malinké faisait déferler des marigots de sang. Mais maintenant avec le parti unique, l'indépendance, le manque, les famines et les épidémies, aux funérailles des plus grands enterrés on tue au mieux un bouc. Et quelle sorte de bouc ? Très souvent un bouc famélique gouttant moins de sang qu'une carpe. Et quelle qualité de sang ? Du sang aussi pauvre que les menstrues d'une vieille fille sèche. C'était pour ces raisons que Balla aimait affirmer que tous les morts des soleils des Indépendances vivaient au serré dans l'au-delà pour avoir été tous mal accueillis par leurs devanciers.
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La politique n'a ni yeux, ni oreilles, ni cœur; en politique le vrai et le mensonge portent le même pagne, le juste et l'injuste marchent de pair, le bien et le mal s'achètent ou se vendent au même prix. (p.164 / éd. du seuil, 1970)
Commenter  J’apprécie          1980

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Avez-vous lu le grand roman des indépendances africaines ? C'est une satire remarquable signée par un romancier ivoirien qui écrivait un français somptueux…
« Les Soleils des indépendances »,d'Ahmadou Kourouma, c'est à lire en poche chez Points/Seuil.
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