AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Albert Camus (6721)


Maria à Albert
Dimanche soir, 22 septembre [1957]

Mon cher amour,
Tu ne me reconnaîtrais plus : je garde ma chambre depuis hier soir, et depuis hier soir je n’ai pris qu’un petit déjeuner. Je n’ai donc pas sauté un simple repas ; j’en ai sauté deux, et sans raison. Que t’en semble ?
Nous sommes arrivés hier à 6 heures du matin à Montevideo après un voyage en bateau de trois jours qui n’a servi qu’à me confirmer ce que je pensais secrètement mais que je n’avais osé formuler parce qu’il existe une convention plus que favorable pour les croisières. Je n’aime pas du tout le bateau de voyageurs et je déteste particulièrement la première classe. Cette roulotte marine qui tient de l’hôtel de luxe, de la plage mondaine où l’on est condamné à manger dans un faux restaurant, à faire de la gaieté factice dans une fausse boîte de nuit, à prendre des bains dans une fausse piscine qui tient du seau face à l’océan, où l’on voit les plus mauvais films dans un faux cinéma et où l’on doit dormir et se laver dans des armoires à vous rendre claustrophobes pour la vie, ne me procure aucun plaisir, et de surcroît je trouve parfaitement insupportable la cohabitation obligatoire et aimable avec des gens que l’on ne connaît pas et avec qui il semble naturel de lier connaissance. Non ! Non ! Non ! Il n’y a pas de pire prison que celle qui vous enchaîne devant le vaste horizon de l’océan et je ne trouve la mer sur un bateau de touristes que lorsque je passe une heure de solitude totale couchée sur la proue...
Commenter  J’apprécie          5722
Mais selon lui, sa vraie maladie, c'était la vieillesse et la vieillesse ne se guérit pas.
Commenter  J’apprécie          570
Albert Camus
Le but de l'art, le but d'une vie ne peut être que d'accroître la somme de liberté et de responsabilité qui est dans chaque homme et dans le monde.
Commenter  J’apprécie          563
Albert Camus
Toute vie dirigée vers l'argent est une mort. La renaissance est dans le désintéressement.

(" Carnets")
Commenter  J’apprécie          565
Albert Camus
Quand on a vu une seule fois le resplendissement du bonheur sur le visage d'un être qu'on aime, on sait qu'il ne peut pas y avoir d'autre vocation pour un homme que de susciter cette lumière sur les visages qui l'entourent...

(" Carnets")
Commenter  J’apprécie          560
Albert Camus
Un destin n'est pas une punition.
Commenter  J’apprécie          566
J'ai pensé que je n'avais qu'un demi-tour à faire et ce serait fini. Mais toute une plage vibrante de soleil se pressait derrière moi. J'ai fait quelques pas vers la source. L'Arabe n'a pas bougé. Malgré tout, il était encore assez loin. Peut-être à cause des ombres sur son visage, il avait l'air de rire. J'ai attendu. La brûlure du soleil gagnait mes joues et j'ai senti des gouttes de sueur s'amasser dans mes sourcils. C'était le même soleil que le jour où j'avais enterré maman et, comme alors, le front surtout me faisait mal et toutes ses veines battaient ensemble sus la peau. A cause de cette brûlure que je ne pouvais plus supporter, j'ai fait un mouvement en avant. Je savais que c'était stupide, que je ne me débarrasserais pas du soleil en me déplaçant d'un pas. Mais j'ai fait un pas, un seul pas en avant. Et cette fois, sans se soulever, l'Arabe a tiré son couteau qu'il m'a présenté dans le soleil. La lumière a giclé sur l'acier et c'était comme une longue lame étincelante qui m'atteignait au front. Au même instant, la sueur amassée dans mes sourcils a coulé d'un coup sur les paupières et les a recouvertes d'un voile tiède et épais. Mes yeux étaient aveuglé derrière ce rideau de larmes et de sel. Je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front et, indistinctement, le glaive éclatant jailli du couteau toujours en face de moi. Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux. C'est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m'a semblé que le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j'ai touché le ventre poli de la crosse et c'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur.
Commenter  J’apprécie          562
Ce monde, tel qu'il est fait, n'est pas supportable. J'ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l'immortalité, de quelque chose qui soit dément peut-être, mais qui ne soit pas de se monde
Commenter  J’apprécie          560
Albert Camus
Il n'est pas nécessaire de se livrer aux autres, mais seulement à ceux qu'on aime.
Commenter  J’apprécie          550
Albert Camus
Il n'y a ni justice ni liberté possibles lorsque l'argent est toujours roi.

" Combat, 21 octobre 1944"
Commenter  J’apprécie          541
On se fait toujours des idées exagérées de ce qu'on ne connait pas.
Commenter  J’apprécie          540
Albert Camus
Hommes et femmes sont faits pour vivre et créer, vivre et créer. Jusqu’aux larmes.
Commenter  J’apprécie          541
Regardez, la neige tombe ! Oh, il faut que je sorte ! Amsterdam endormie dans la nuit blanche, les canaux de jade sombre sous les ponts neigeux, les rues désertes, mes pas étouffés, ce sera la pureté, fugitive, avant la boue de demain. Voyez les énormes flocons qui s'ébouriffent contre les vitres. Ce sont les colombes sûrement.
Commenter  J’apprécie          541
Albert Camus
Ceux que j'aime,rien ni moi-même ni surtout pas eux-mêmes ne fera jamais que je cesse de les aimer.Ce sont des choses que j'ai mis longtemps à apprendre.Maintenant je sais.[Le Premier Homme]
Commenter  J’apprécie          543
J'ai répondu cependant que j'avais un peu perdu l'habitude de m'interroger et qu'il m'était difficile de le renseigner. Sans doute, j'aimais bien maman, mais cela ne voulait rien dire. Tous les êtres sains avaient plus ou moins souhaité la mort de ceux qu'ils aimaient.
Commenter  J’apprécie          540
Albert Camus
{N. B. : saviez-vous qu'Albert Camus était un fan de la première heure des Dupond & Dupont ?}
Lui parlait lentement et j'ai remarqué qu'il avait l'habitude de compléter tout ce qu'il avançait par un " et je dirai plus ", même quand, au fond, il n'ajoutait rien au sens de sa phrase. À propos de Marie, il m'a dit : " Elle est épatante, et je dirai plus, charmante. "

L'ÉTRANGER, Première Partie, Chapitre VI.

On a écouté Masson qui a déclaré que j'étais un honnête homme " et qu'il dirait plus, j'étais un brave homme ".

L'ÉTRANGER, Deuxième Partie, Chapitre III.
Commenter  J’apprécie          543
Lundi soir [3 janvier 1949]
Maria à Albert

Oh oui ! Toi. Si tu savais comme j’ai de la langueur, de la nostalgie de ta présence et comme je me sens seule ! Ce soir, mon chéri, je voudrais tant pleurer contre toi, avec toi. Je voudrais tant me recroqueviller en toi. Toute petite. Me voilà toute petite et seule sans toi. Et humiliée, affreusement humiliée.
Mais laissons.
La nuit du réveillon, je n’étais pas seule. J’ai passé la soirée jusqu’à minuit et quart chez mon père avec lui et Pitou.
Il y avait la radio. Radio Espagne. Et en attendant les douze coups de l’horloge du ministère de l’Intérieur (Puerta del Sol), nous avons subi un discours de Franco, d’abord, et puis, pour me remettre à bien avec le ciel, La Vie en rose, chantée par Édith Piaf.
J’étais sentimentale, mais heureuse, patiente et bonne, réconciliée. Papa était très fatigué ce soir-là et j’ai fait de mon mieux pour le distraire. Dans tout cela, pas une seconde, tu ne m’as quittée, et lorsque minuit est arrivé je me suis tellement concentrée pour bien vouloir mes vœux que je me suis embrouillée avec mes raisins, et j’en ai mangé seize au lieu de douze, on ne sait pas très bien comment, au grand désespoir de mon père qui craignait pour ma respiration et au milieu des éclats de rire de Mireille et d’Angèle.
Quand j’ai fini, j’avais les yeux pleins de larmes et quelque chose qui les fit tous taire.
Ensuite je suis rentrée dans mes appartements privés avec toi.
Voilà mon réveillon.
...
Commenter  J’apprécie          5312
Albert Camus
« L'habitude du désespoir est pire que le désespoir lui-même ».
Commenter  J’apprécie          530
Albert Camus
"Que d'heures passées à écraser les absinthes, à caresser les ruines, à tenter d'accorder ma respiration aux soupirs tumultueux du monde ! Enfoncé parmi les odeurs sauvages et les concerts d'insectes somnolents, j'ouvre les yeux et mon cœur à la grandeur insoutenable de ce ciel gorgé de chaleur. Ce n'est pas si facile de devenir ce qu'on est, de retrouver sa mesure profonde.

Mais à regarder l'échine solide du Chenoua, mon cœur se calmait d'une étrange certitude. J'apprenais à respirer, je m'intégrais et je m'accomplissais. Je gravissais l'un après l'autre des coteaux dont chacun me réservait une récompense, comme ce temple dont les colonnes mesurent la course du soleil et d'où l'on voit le village entier, ses murs blancs et roses et ses vérandas vertes.

Comme aussi cette basilique sur la colline Est : elle a gardé ses murs et dans un grand rayon autour d'elle s'alignent des sarcophages exhumés, pour la plupart à peine issus de la terre dont ils participent encore. Ils ont contenu des morts ; pour le moment il y pousse des sauges et des ravenelles.

La basilique Sainte-Salsa est chrétienne, mais à chaque fois qu'on regarde par une ouverture, c'est la mélodie du monde qui parvient jusqu'à nous : coteaux plantés de pins et de cyprès, ou bien la mer qui roule ses chiens blancs à une vingtaine de mètres. La colline qui supporte Sainte-Salsa est plate à son sommet et le vent souffle plus largement à travers les portiques. Sous le soleil du matin, un grand bonheur se balance dans l'espace..."
Commenter  J’apprécie          530
Albert Camus
Qu’est-ce que le bonheur sinon l’accord vrai entre un homme et l’existence qu’il mène?
Commenter  J’apprécie          530



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs de Albert Camus Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz sur l´Etranger par Albert Camus

L´Etranger s´ouvre sur cet incipit célèbre : "Aujourd´hui maman est morte...

Et je n´ai pas versé de larmes
Un testament sans héritage
Tant pis
Ou peut-être hier je ne sais pas

9 questions
4778 lecteurs ont répondu
Thème : L'étranger de Albert CamusCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..