Citations de Albert Ducloz (66)
Madeleine se tait,dit merci d'un signe.Nicolas avise Guillaume,se tourne vers l'enfant et lui sourit avant de partir vers le pont sur le Lignon où l'attendent ses grands-parents.Posté sur son arbre,Jean-le-blanc observe. Nicolas n'ose pas lever la tête.
Le Puy -en-Velay ,mercredi 30 septembre 2009.
La chance pour Ludwig et ses homes fut d'être faits prisonniers par des soldats qui comme eux s'étaient battus. Depuis leur débarquement au Maroc en passant par l'Algérie jusqu'aux plages de Provence et les combats terribles de la vallée du Rhône, tous connaissaient les souffrances de la guerre. Qu'ils soient Américains, Anglais ou Français de Leclerc, ces hommes avaient combattu la Wehrmacht et connaissaient les lois de la guerre.
Pour vaincre les nazis, il nous faut des soldats, des armes, des résistants, mais d'abord et avant tout des renseignements. Sachez qu'en ce moment, tout le monde, chacun à sa façon. Les paysans observent les déplacements de troupes, les ouvriers et ouvrières sabotent dans les usines, les cheminots posent des bombes sous les rails, les maquisards s'arment et s'organisent dans le Vercors pour combattre les troupes allemandes lorsque le temps sera venu
Les premiers mois, les habitants de la zone libre s'imaginaient à l'abri des Allemands, des rafles, des persécutions et surtout des rationnements. Mais rapidement, il leur avait fallu se rendre à l'évidence. Le régime de Vichy était aux ordres de Berlin. L'appétit et les exigences de l'occupant sur la collaboration se révélaient de plus en plus exorbitants.
Furieuse, la locomotive crachait sa fumée noire de charbon mal brûlé et, dans la vallée du Rhône, une fois Lyon traversé, le train rencontrait le mistral et s'efforçait à le fendre. Déchaînées, les rafales remontaient de la Méditerranée. Malgré elles, le train s'acharnait à poursuivre sa percée en direction de Valence et, longeant le Rhône vers le sud, parvenait à combattre la force des bourrasques encore jeunes et vaillantes.
Rappelez-vous : les hommes sur le front ne sont pas en état d’écrire souvent ; de plus, la poste aux armées se trouve elle aussi soumise aux aléas de la guerre.
Parler du loup le fait parfois sortir du bois.
Pour chaque homme, le baquet contenait trois patates. C’était le meilleur repas consommé en leur état de prisonniers. Les pommes de terre savourées, car les hommes mangeaient lentement, comme pour mieux apprécier et faire durer plus longtemps leur pitance, à tour de rôle ils se passèrent le bidon.
La peur ne nourrissait pas. Les hommes désignés pour la corvée de ravitaillement n’en revenaient pas toujours, fauchés en route par l’explosion d’un obus ou la rafale d’une mitrailleuse. Parfois, terrorisés, pour survivre, où qu’ils soient, même sur d’autres cadavres, ils se plaquaient au sol dès les premiers sifflements. La bouffe se renversait, les bidons de vin et d’eau pissaient leur contenu. Lorsque ces hommes revenaient, s’ils revenaient, ils se faisaient méchamment engueuler de n’avoir rien rapporté, ou si peu.
Le plus dur n’était pas de marcher, du moins pour les paysans comme moi qui en possèdent l’habitude ; en revanche, les gars des villes souffraient davantage.
Non, le plus dur se faisait sentir dans le manque de nourriture et de boisson. Pour plusieurs jours : une boule de pain rassis, douze biscuits, une boîte de singe, un bidon de rouge et une gourde d’eau.
Pourquoi parler ? Elle s’écarte. Les mains de Jean la saisissent, ses lèvres en attente embrassent les siennes épaisses. Bientôt, sa bouche descend, couvre de baisers le cou et puis les seins piquants titillés de la pointe de la langue ; elle descend encore jusqu’à la naissance du monde. Fous de plaisir, leurs corps se lovent l’un dans l’autre. L’excitant de la main, il la pénètre. Jeune et plein de forces, désirant la posséder sans cesse, il la reprend.
- Vous n'allez tout de même pas m'obliger à vous maintenir toute votre vie hospitalisée d'office ?
Cette question du médecin eut le don de la mettre en fureur.
D'un bond, elle se leva, les yeux injectés de sang, le teint grisâtre, le mufle menaçant, la lippe pendante et soufflée.
Le médecin avait bien compris le souci de cette femme d'abréger les souffrances inutiles de son mari.
- Embrassez votre père une dernière fois.
Déjà, le front sentait le froid.
Louve est partie. Elle a reçu une lettre, s'est enfermée dans la chambre pour la lire, a fait sa valise et puis le lendemain s'en est allée à pied sans me dire où et pas même au revoir.
L'essentiel restait que Rémi soit soigné et si possible qu'il vive. son amour pour Florent, leur vie maritale la culpabilisaient suffisamment déjà. Elle n'ignorait pas combien sa position se révélait fausse et serait condamnée par les bonnes âmes.
De chaque côté du chemin, sur les champs de terre rouge sombre, de tous les côtés du ciel, s'abattent des corbeaux. Il volent et tournent dans l'air avec de grands cris, font un nuage énorme qui vire sur lui-même et continuellement. Durant le trajet et jusqu'au bois, Julie se tait. Florent respect son silence, imagine tout ce qui peut agiter l'esprit de sa patronne. Il se représente le couple, une femme jeune et pleine de vie mariée à un homme à moitié paralysée ; cela ne doit pas être facile, ni pour l'un ni pour l'autre.
Depuis, Rémi vivait dans sa prison sur roues, se raccrochait pour être utile aux seuls petits travaux qu'il pouvait accomplir assis. Sa fierté restait la traite ; il avançait son fauteuil sous les bêtes, liait par une ficelle de chanvre la queue de la vache à sa patte pour ne pas qu'elle le fouette et trayait à deux mains.
Tout le long de son corps, ma main droite entreprend un voyage au long cours, glisse sur la robe rouge au tissu fin soyeux, va jusqu’à la cuisse, remonte sous le vêtement. Comme sa peau est douce ! Le velours de ma paume découvre et repère des territoires cachés, écarte la minuscule cotonnade, s’aventure doucement sur le jardin secret.
Quoi de plus agréable que d’être bien assis dans une cuisine à écouter la musique du café et sentir son parfum ? Une fois passé, nous savourons doucement le liquide noir et chaud.
L’essentiel pour lui est de réussir ses études. Sur ce point, je serai ferme. Pour le reste, chacun d’entre nous possède son violon d’Ingres.