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Critiques de Alberto Breccia (44)
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Les mythes de Cthulhu (BD)

"On peut concevoir la survivance de forces ou d'êtres semblables, la survivance d'une époque infiniment lointaine où la conscience se manifestait sous les formes qui se sont depuis retirées de la surface du globe devant le flot montant du genre humain, formes dont seule la poésie et la légende ont conservé un souvenir fugace pour en faire des dieux, des monstres, et des créatures mythiques de toute espèce...."

(Algernon Blackwood)



Cthulhu Fhtagn ! Dans cette phrase de Blackwood est contenue toute la philosophie lovecraftienne, pieusement reprise par Breccia & Buscaglia dans cette BD un peu atypique. Les inconditionnels du maître de Providence trouveront leur bonheur avec ce "best of" - huit histoires comprenant les monuments tels que "Celui qui hantait les ténèbres", "La couleur tombée du ciel" ou "L'abomination de Dunwich", scrupuleusement respectés.



Les dessins sont spéciaux - on aime ou on déteste ! Mis à part la dernière histoire ("Celui qui chuchotait dans les ténèbres") - où les dessins sont vraiment d'un expressionnisme sauvage - j'ai trouvé ces techniques inhabituelles dans le neuvième art plutôt bien adaptées pour évoquer l'univers de Lovecraft.

le monde fantasmagorique de Cthulhu est créé grâce aux collages, photomontages, décalcomanies et monotypes - non sans rappeler certains tableaux de Max Ernst. Avec les réserves blanches calculées juste ce qu'il faut pour y ajouter les personnages à quelques traits de plume, le tout en noir et blanc. Mais attention - dès qu'on quitte le "monde de Cthulhu" pour retourner dans la réalité (dans la plupart des cas un asile ou un hôpital psychiatrique - Lovecraft n'était jamais très inspiré pour finir ses histoires autrement...) le dessin devient tout à fait ordinaire et net.



Alberto Breccia fait son "Appel de Cthulhu" à l'imagination de lecteur !

Beau et original, mais peut-être pas indispensable... à vous de voir !
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Rapport sur les aveugles

Il y a 4 ans je découvrais le travail d’Alberto Breccia (ainsi que celui du scénariste Herctor Oesterheld) avec « l’éternaute », vertigineuse BD de science-fiction, ambitieuse tant sur le fond que dans la forme. Voilà que je retrouve Breccia avec « rapport sur les aveugles » qui est tout aussi ambitieuse.



Il s’agit en fait de l’adaptation d’un chapitre d’un roman d’un auteur argentin. Je ne connais ni le roman, ni l’auteur en question, je ne peux donc pas juger de la qualité de l’adaptation ni de la pertinence de n’adapter qu’un chapitre du roman. De toute façon, une adaptation d’une œuvre sur un autre médium doit se suffire à elle-même. C’est le cas ici, il n’est nul besoin de connaitre l’œuvre d’origine pour apprécier « Rapport sur les aveugles ». En revanche, tout comme « l’éternaute » c’est une œuvre très singulière, assez aride, pas forcément accessible. Elle n’est pas pensée pour séduire le lecteur et clairement elle ne plaira pas à tout le monde. Pour goûter cette lecture, je pense qu’il faut se laisser aller à une forme de lâcher prise, il faut accepter l’idée qu’on ne va pas tout comprendre, qu’on va être dérouté, emmené sur des chemins narratifs qui ne ressemblent à aucun autre.

C’est audacieux que de vouloir évoquer le monde des aveugles dans une B.D, art visuel par excellence. Breccia y parvient magnifiquement grâce à sa maîtrise des noirs et des gris, son talent pour créer des ombres et son sens de l’abstraction. Ce n’est pas le style de dessin qui plaira à tout le monde mais si on se laisse embarquer, c’est hypnotique et très immersif, c’est une expérience sensorielle troublante, un peu dérangeante mais fascinante.



L’intrigue est elle aussi fascinante par son étrangeté et dérangeante par le sentiment d’oppression dégagé par le récit. Cette plongée aux portes de la folie et de l’obsession est hypnotique même si on ne comprend pas forcement tout ce qu’on lit. L’histoire est en effet assez hermétique, son sens reste mystérieux et se prête sans doute à de multiples interprétations.



« Rapport sur les aveugles » n’est assurément pas une œuvre facile mais, pour peu qu’on soit sensible à ce genre de BD particulières et qu’on se laisse aller, elle se révèle d’une beauté envoûtante. Il faut vraiment que je poursuive ma découverte d’Alberto Breccia dont la maestria m’a encore une fois soufflée.



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L'Eternaute

"L'éternaute" est une œuvre vraiment singulière. Etonnante, immersive, déroutante, cette B.D ne ressemble à rien de ce que j'avais pu lire auparavant.

Je n'ai lu que la 2nde version, datant de 1969, je ne peux donc pas faire de comparaison avec la série originelle publiée entre 57 et 59.



Le scénario de l'argentin Hector Oesterheld est solide, très bien maîtrisé. Cette histoire d'invasion extraterrestre à l'allure de post-apo et mâtinée de voyages temporels a une tonalité très particulière. L'atmosphère y est triste, presque désespérée, et inquiétante.

Cette ambiance est renforcée par les illustrations d'Alberto Braccia. Le noir et blanc est vraiment surprenant, l'auteur ayant recours à des techniques inattendues. Ces images, à la fois belles et dérangeantes, renforcent l'impression d'immersion dans le récit. Si elles sont parfois à la limite de l'abstraction, les illustrations transcrivent parfaitement l'atmosphère apocalyptique du récit et les sentiments des personnages. Certaines visions sont dignes des meilleurs récits d'épouvante et sont bien Lovecraftiennes.

Les planches de Breccia sont de véritables œuvres d'art pictural qui hissent "l'éternaute" au rang de sommet de la science-fiction dessinée.



Avec "l'éternaute" je découvrais à la fois le scénariste Oesterheld et le dessinateur Breccia. Je ne manquerai pas de m'intéresser plus avant à leurs travaux respectifs.



Challenge B.D 2017

Challenge Atout -prix 2017 - 6 (Prix Max et Moritz 92 pour l'ensemble de l’œuvre de Breccia)

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Dracula, Dracul, Vlad ? Bah...

Comme des vitraux qui auraient fondu, des couleurs froides une ambiance étrange, pas particulièrement angoissante, plutôt baroque, certaines illustrations sont magnifiques. C’est une adaptation muette, très libre, du mythe de Dracula. Breccia y glisse quelques raillerie, il y a un peu d’humour, mais le chapitre intitulé “Je ne suis plus une légende est sans fioritures, il est directement question de la dictature argentine (1976-1983). Ce Dracula un peu rococo, presque burlesque en devient finalement folklorique comparé à la réalité, cette réalité est-elle le fléau qu’il nous a apporté Sous la forme d’un général couvert de médailles (Videla ?) ou comme le laisse penser le titre du chapitre, le dépasse. Un panneau publicitaire dans un décor de misère “Todo va mejor con Coca Cola”. Cette bande dessinée toute jolie, baroque, burlesque, laisse de douloureuses questions, du grand Art !
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L'Eternaute

Le graphisme est dans le style des BD des années 50 en apparence, mais beaucoup plus poussé, avec des traitements à la manière de gravures en eau forte se mêlant avec des trames et des formes parfois géométriques, intégrant des conceptions de l’Art contemporain des années 50-60. Certains points de vues sont très cinématographiques, et parfois allant jusqu’à l’abstraction. Les contrastes sont forts, marqués, l’ambiance est angoissante. C’est la version de 1969 dessinée par Alberto Breccia, car il y a eu une version antérieure dessinée par Solano Lopez. D’après ce que j’ai vu de cette dernière, celle de Breccia est résolument plus audacieuse. C’est une histoire d’invasion extra-terrestre, cela se passe à Buenos Aires, La première attaque se fait sous la forme d’une neige tueuse, entre fascination merveilleuse et horreur absolue. La trame de l’histoire monte progressivement, s’accélère, la ville argentine est très présente, on ressent au travers de l’aventure de SF des préoccupations politiques locales, ce sentiment d’abandon de l’Amérique du Sud par les pays riches, la notion de totalitarisme… La structure de l’aventure avec le personnage qui vient dans le passé proche pour raconter l’effroyable histoire à un scénariste et une idée alléchante qui nous laisse dans une sorte de mystère, est-ce sorti de l’imagination du scénariste qui se met lui-même en scène, ou faut il croire l’éternaute. J’ai aimé ce petit jeu de paradoxe qui donne du piment à l’histoire. Les personnages sont subtilement présentés, autour de cette partie de cartes du début, puis l’action se déploie, au fil de l’histoire, l’aspect intimiste laisse la place au récit de survie, de guerre, d’angoisse et de courage. C’est une très bonne bande dessinée de post apocalyptique qui n’a pas pris une ride malgré son âge (le scénario a été écrit en 1957).

Il existe une suite à cette histoire que je vais tenter de dénicher.
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Dracula, Dracul, Vlad ? Bah...

J’ai eu du mal, au départ, d’apprécier cet ouvrage, car j’ai détesté les dessins ! Ils sont horribles, comme les couleurs…



Le personnage de Dracula est grotesque, drôle, amusant… Loin de ce que l’on connaît. Je me suis même surprise à rire à la fin des différents récits qui composent cette bédé sans paroles.



Mais ce n’est pas vraiment le vampire de Stoker qui est visé, il sert plus d’avatar à l’auteur pour parler de la dictature et des disparitions (30.000 morts) qui eurent lieu durant les heures sombres en Argentine.



Évidemment, il vaut mieux le savoir au départ, et heureusement, dans la préface, c’est expliqué, sinon, sans ces données, le lecteur ne comprendrait pas l’analogie qui est faite entre ce vampire suceur de sang (et donc, assassin) et ceux qui firent régner la terreur.



Dracula sortant de son château, suivi par sa bande de loups, a sans doute aussi sa signification et les loups ne sont pas que les mammifères, que le Canis Lupus, mais les sbires des dirigeants, ceux qui faisaient le sale boulot…



Si les dessins sont moches, ils sont, en revanche, riches de détails funèbres et macabres, notamment dans le château du vampire.



Les nouvelles intitulées "La dernière nuit du carnaval", "Latrans canis non admortet", "Un coeur doux et éploré" et "Poe ?… Puaf !?" sont burlesques, amusantes, on sourit, on pouffe.



Par contre, changement de ton dans « Je ne suis plus une légende » car là, plus de doute, les despotes sont dessinés et le sang coule car ce sont eux qui tuent les gens et Dracula qui se retrouve couvert de sang. Les rôles sont inversés…



Il y a même une scène de torture, des corps entassés, des veuves pleurant au cimetierre, une scène de pédophilie, la famine règne, le tout sous une banderole qui proclame que "Todo va mejor con Coca Cola". On ne rigole plus.



Lorsque j’ai ouvert cette bédé et découvert ces dessins horribles et sans paroles, je pensais la lire et faire une chronique vite fait bien fait, persuadée qu’elle serait lapidaire… Ben non.



Oui, c’est horriblement mal dessiné (pas dans mes goûts) mais bordel de dieu, c’est profond et fallait être couillu pour réaliser cela en pleine dictature.



Une revisite du mythe Dracula avec humour car on découvre un Dracula amoureux, luttant contre un Superman, chez le dentiste, devenant chrétien…



Mais sous le couvert de l’humour, il y a de la profondeur et une attaque contre tous les dictateurs, despotes, tyrans, du monde.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Les mythes de Cthulhu (BD)

Dessins, peintures, collages, tous les moyens employés par Alberto Breccia traduisent bien la peur de l'inconnu, de l'indéfini, du mystérieux et l'angoisse qui entourent les textes de Lovecraft. Une réussite.
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Les mythes de Cthulhu (BD)

Je possède une ancienne édition des Humano de cette BD retirée du commerce à l'époque pour des problèmes de brochage.

L'esthétique de Breccia qui s'harmonise très bien avec les récits de Lovecraft m'avait profondément touché il y a 30 ans déjà , hélas je ne relis pas l'ouvrage de peur d'en perdre les pages :-) Un mythe en plus ?.
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Les mythes de Cthulhu (BD)

Ce recueil illustre, sous la mine, la plume, les ciseaux et toute la palette artistique d'Alberto Breccia, quelques nouvelles du maître du fantastique et de l'horreur, H.P. Lovecraft, adaptées par Norberto Buscaglia.



Disons que je partais d'une mauvaise expérience, celle de Reanimator de Florent Calvez qui ne m'avait pas vraiment emballé. Trop rapide, trop creux, comme si le 9ème art n'était pas fait pour retranscrire l'ambiance émanant des écrits de Lovecraft. Comme si, finalement, tenter cela était une gageure.



Mais le talent de Breccia, couplé au profond respect des textes adaptés par Bascuaglia (quoique, parfois, amputés par des coupes trop claires), font que Les mythes de Cthulhu sont une réussite.

Un véritable travail d'artiste, fruit de plusieurs années de travail.

Le résultat est vraiment à la hauteur du défi. Collages, calques, superpositions, variation des techniques, matériaux et médiums : génial.

En outre, les dernières pages du volume permettent de mieux comprendre la vision des auteurs et le cheminement de ces adaptations.



On regrettera quelques coquilles dans les textes, avec pour effet de gâcher l'immersion.



Quant au contenu, nul besoin de détailler ou de faire des résumés des histoires présentes dans ce recueil. Une simple liste suffira au néophyte pour s'imaginer la teneur des récits, liste qui sera à même d'apporter effroi et tremblements aux nombreux connaisseurs du maître de Providence.



Le cérémonial

Le monstre sur le seuil

Le cauchemar d'Innsmouth

La cité sans nom

L'abomination de Dunwich

[L'appel de] Cthulhu

La couleur tombée du ciel

Celui qui chuchotait dans les ténèbres

Et que dire de cette couverture ? Horrible image d'un cadavre semblant animé... elle est glaçante. Mais lorsqu'on la retrouve dans la nouvelle "le monstre sur le seuil", elle en devient tout bonnement cauchemardesque.

À bon entendeur..
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Dracula, Dracul, Vlad ? Bah...

Avec sa bouche lippue et ses allures grotesques, le Dracula d'Alberto Breccia n'a rien du vampire fascinant et ténébreux. Ses mésaventures improbables pétries d'humour et d'ironie sous-tendent pourtant une colère froide qu'une mise en contexte par le préfacier Carlos Sampayo permet de comprendre : "En 1982 et en Argentine, Alberto Breccia entreprit de dessiner sa version personnelle de Dracula ; il devait terminer un an plus tard, en synchronisme parfait avec la dernière période de la dictature militaro-financière qui avait mis le pays à genoux pendant sept ans. Encore que seul l'avant-dernier épisode faisait directement allusion à la férocité de cette organisation d'assassins, la totalité de cette oeuvre constitue la risposte personnelle de Breccia à la situation que vivaient à l'époque les argentins, dont le principal antagoniste était précisément le sang." (extrait de la préface). Travail donc engagé que cette bande-dessinée du talentueux dessinateur argentin. Entre autres situations cocasses, Dracula se bat contre Superman ou fait la rencontre d'Edgar Poe et de son corbeau. Ainsi les cinq histoires tragi-comiques imaginées par Alberto Breccia (La dernière nuit du carnaval, Latrans canis non admortet, Un coeur doux et éploré, Je ne suis plus une légende et Poe ?... Puaf !) parodient-elles subtilement sous des couverts de bande-dessinée humoristique, tous les despotes de la planète. Grâce à cet ouvrage, La dictature militaire argentine (1976-1983) personnifiée par le ridicule vampire de Breccia a donc trouvé un visage : celui d'un monstre caricatural toujours surpris la main dans le sac...



Dessiner la dictature en la dénonçant sans un mot (l'album est en effet totalement exempt de texte !), voilà un tour de force merveilleusement réussi par Alberto Breccia. Les planches superbes parlent d'elles-mêmes. Les dessins presque enfantins distillent ouvertement sur chaque planche des détails funèbres ou accablants qu'on ne peut pas ignorer et qui "trahissent" l'intention de Breccia. Donc à ceux qui seraient tentés de croire que ce livre relève de la littérature jeunesse, je confirmerai que ce livre ne se destine pas nécessairement à un jeune public. Quant à son traitement graphique, Breccia s'offre même le luxe d'une somptueuse mise en couleur comme s'il voulait conjurer le sombre sort des 30 000 desaparecidos arrêtés ou tués durant la sale guerre d'Argentine (drôle d'expression quand on y pense : avez-vous connaissance de guerres propres ?). Le style adopté ici par le dessinateur (Breccia a produit d'autres oeuvres qui n'ont aucun rapport. Cf. L'éternaute du même auteur) peut déplaire pour ses traits naïfs, grossiers ou ultra caricaturés. De mon point de vue, nous tenons avec ce Dracula une oeuvre de qualité qui convainc à la fois par ses illustrations et son intention. C'est divertissant, parfois drôle et paradoxalement léger. Bref, c'est à lire !



Quel dommage qu'Alberto Breccia ne soit plus. Cette belle mise en bouche me frustrerait presque tant j'ai aimé ce travail et que je sais qu'il ne publiera plus de nouvelles bandes-dessinées. L'éminent illustrateur qui a enseigné à la Escuela Panamerica de Arte tout comme de Hugo Pratt, était comme le montre ses collaborations avec Oesterheld ou ses travaux sur les oeuvres d'Edgar Poe (cf. Le coeur révélateur mais aussi dans le même esprit Le chat noir de Horacio Lalia), Umberto Ecco ou Lovecraft, passionné par la littérature (il était en l'occurrence attiré par les mêmes auteurs que moi). Les tomes de sa série Perramus sont introuvables ou hors de prix. Cet effet de frustration me donne d'autant plus envie de les lire. Mais je vais pour l'instant me contenter de lire les titres disponibles. Soit dit en passant, si une âme charitable voulait bien me prêter (je dis bien prêter) ses exemplaires de Perramus, je le bénirai jusqu'à la 30e génération (bon, je sais, je peux toujours rêver)...
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Che

Il est toujours bon de retrouver le Che. Cette BD, en noir et blanc, n’est pas d’un graphisme très attirant. La vie et la mort du révolutionnaire, en passant par sa révolte, en tant que médecin, en voyant les pauvres, sa rencontre avec Fidel Castro, la guérilla qui l’emmènera à travers l’Argentine, le Guatemala, Cuba et le Congo. Biographie fidèle.



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L'Eternaute

L'Éternaute, navigateur de l'éternel, est condamné à parcourir le temps et l'espace à la recherche d'une cause perdue. Tout commence à la fin des années 60 lorsque Buenos Aires est victime d'une invasion extra-terrestre. Par simple contact, une neige assassine a soudainement décimé la plupart des habitants de la ville. Rares survivants de la subite attaque, Juan Salvo, sa femme et sa fille (Hélène et Martha) ainsi que deux de ses amis (Favalli et Lucas), mettent au point des combinaisons isolantes contre la neige mortelle pour fuir leur retraite devenue trop dangereuse... Publiée dans le magazine Gente en 1969, cette série imaginée par Hector Oesterheld et initialement illustrée par Francisco Solano Lopez, a été reprise par le scénariste en collaboration avec Alberto Breccia pour cette version. Censurée à l'époque suite aux mécontentements des lecteurs du magazine conservateur, cette seconde mouture de l'Éternaute (rééditée en France en 1993 par Les Humanoïdes Associés pour la présente édition) accentue le désaveu croissant d'Oesterheld pour la politique argentine d'alors...



Alberto Breccia ou l'explorateur graphique de l'épouvante

"La bande-dessinée n'a jamais eu pour vocation - aux yeux des éditeurs - d'être un média dérangeant. Avec Alberto Breccia, dont le clair-obscur produit sur notre œil l'effet d'une ingestion d'acide lysergique diethylamide, l'épouvante prend corps et, soutenue par un texte d'une efficacité non moins redoutable, annule soudain tous les repères d'une lecture convenue. La structure du récit entame, de la façon la plus traîtresse, ce parcours cauchemardesque au cours duquel le plus rétif d'entre nous perd son assurance." (p.11). Voilà un extrait jubilatoire de la préface de Jean Rivière qui devrait donner l'eau à la bouche à quelques amateurs. De la même façon que pour d'autres de ses œuvres comme Le cœur révélateur ou Dracula (dont je recommande également la lecture), le dessinateur argentin, en insatiable explorateur de l'art graphique, s'est approprié l'histoire en jouant avec les textures, en jonglant avec les techniques et en exploitant les contrastes de noir et blanc avec une maîtrise remarquable (notamment ses superbes peintures au couteau qui se prêtent particulièrement à l'ambiance apocalyptique de l'Éternaute). Et son art qui distille insidieusement le venin de la terreur, sert à merveille un scénario-cauchemar de science-fiction des plus vertigineux...



L'Éternaute, le récit d'une dystopie illustrée ?

Et puisque le succès de ce titre ne tient pas uniquement aux dessins de Breccia, soulignons également l'inquiétant scénario d'Oesterheld. Plus qu'une histoire de science-fiction, l'Éternaute augurait comme une sombre prémonition, l'imminence d'un désastre politique (qui devait causer deux décennies plus tard la disparition brutale du scénariste). Peut-on dès lors parler de l'Éternaute comme le récit d'une dystopie illustrée ? Peut-être que oui, peut-être que non. Toujours est-il qu'il marquera durablement son temps par sa modernité et son côté visionnaire... A (re)lire !
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Rapport sur les aveugles

Le style de Breccia est inimitable, un mélange d'expressionnisme, de tachisme et de photo-réalisme qui paraît jeté au hasard sur la feuille mais qui fonctionne à merveille. Une vrai leçon de peinture et de dessin. A lire donc même si le sujet, paranoïaque en diable, est très sombre.
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Les mythes de Cthulhu (BD)

Je découvre Alberto Breccia tardivement mais je reconnais un grand artiste qui use de plusieurs techniques toujours en noir et blanc pour illustrer des nouvelles et romans de Lovecraft. Il retranscrit bien l'atmosphère pesante et cauchemardesque de ces histoires. En relisant ces textes, j'ai pu remarquer la récurrence de l'homme seul qui vient à un rendez vous ou fait une découverte, le récit se terminant souvent par un évanouissement ou une métamorphose. Quel univers ! Et c'est bien avant Gou Watanabe que Breccia eut l'idée de retranscrire l'horreur du mythe de Chtulhu à coup de pinceaux et d'encre sombre.
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L'Eternaute

Absorbés par Lovecraft (Et donc Poe) et Casares (Et donc Borges), autant que par le cinéma américain et les combats politiques de leur époque, Alberto Breccia et Hector Oesterheld ont placé l'Argentine sur l'orbite haute de la bande dessinée, au frontispice de laquelle l'Éternaute est gravé parmi d'autres noms illustres.



L'argument de l'invasion extraterrestre prête comme il se doit à d'infinies exégèses, mais essentiellement, il permet à Breccia de produire des images saisissante gouvernées par la suggestion, spécialement lorsqu'il s'agit de dépeindre l'indescriptible. En bon plasticien, il compose des plans où interviennent frottages, grattages, lavis, photo-montages et inclusions dans les encrages. Des cases sont parfois abstraites, et le graphisme s'adapte aux situations et aux personnages, comptant sur la complicité du lecteur.



Un livre maîtrisé et passionnant, un fragment littéraire magnifiquement exprimé par les moyens spécifiques de la bande-dessinnée.
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L'Eternaute

Extrait de ma chronique :



"Par ailleurs, pour donner du relief à ses cases, donc les extirper du flux de la lecture (qui s'accommode mieux de cases "plates"), Alberto Breccia les scinde souvent en différents plans, l'action principale étant reléguée à l'arrière-plan pendant qu'un premier plan occupé par un cadavre (d'humain ou d'extraterrestre) nous saute à la figure (voir les planches 3 du 05/06/1969, 1 du 03/07/1969, 2 du 10/07/1969, 1 du 17/07/1969, 2 du 14/08/1969, 1 du 21/08/1969 ou 2 du 28/08/1969) – oui, c'est l'équivalent en bande dessinée du "montage dans le plan" pratiqué notamment par Orson Welles.





Sans surprise, puisque Breccia est de ceux qui ne recourent à une forme que pour servir un fond, cette primauté accordée à la vue était déjà présente dans le scénario d'Oesterheld, d'abord centré (comme Celui qui hantait les ténèbres, décidément) sur une fenêtre, par laquelle on voit tomber une neige mortelle, une fenêtre qu'il ne vaut mieux pas ouvrir donc – mais la suite de L'Eternaute 1969 est à l'avenant, avec ses innombrables scènes de reconnaissance militaire face aux extraterrestres, dont il faut déchiffrer les actions."
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
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Buscavidas

Du très noir argentin, des petites histoires cruelles, voir méchantes. Un style un peu gélatineux en noir et blanc, je n'ai pas accroché.
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L'Eternaute

Si Breccia est, par la diversité et le sens du trait, l'un des dessinateurs de BD les plus intéressants, L'Eternaute est sans aucun doute son oeuvre la plus aboutie. Plus resserré que dans la version de Lopez, le récit, limpide, brille ici par les fulgurances graphiques du maître argentin (même s'il est né en Uruguay) tout en noir et blanc somptueux. Un des sommet de la SF, tout bonnement inoubliable.
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Les mythes de Cthulhu (BD)

Alberto Breccia est un auteur sud-américain trop peu connu des nouvelles générations. C'est pourtant un "artiste" qui a bouleversé les moyens traditionnels de la BD, notamment par sa technique. Ici d'autant plus car cet album est d'une beauté effrayante, aussi dense et complexe qu'il est immédiatement déroutant et efficace. Il s'agit d'un style quasi impossible à imiter sans tomber dans la caricature. A n'en pas douter, Alberto Breccia a su toucher là les vrais horreurs d'un monde secret auquel Lovecraft avait accès. Oui ce voyage des ombres vaut le détour et aura une influence décisive sur vous.
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Perramus, tome 4 : Dent pour dent

En ce moment je suis dans ma période de BD argentine, je découvre des auteurs au graphisme intéressant. Dans PERRAMUS, c'est l'encre noire, tellement noire que parfois il devient ardu de distinguer ce qui se passe dans la case. Le titre de ce quatrième tome "dent pour dent" constitue une épreuve et un défi extrêmement original lié au chanteur Gardel. Il va entrainer les héros dans un tour du monde dentaire si on peut dire.
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